Chapitre 11 - Hostilités

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— C'est encore vous capitaine Kervalen ? Que se passe-t-il encore ?

Gareth s'était relevé de sa chaise et s'approcha du jeune homme qui tremblait comme une feuille.

— C'est affreux seigneur Libram !

— De quoi parlez-vous ?

— La dragonne... Jaelith a eu un rêve... Elle a vu Goldrynn attaquée par des dragons noirs et détruite ! Les paroles de la dragonne disaient que les humains finiraient par être détruit par les dragons ! Qu'est-ce que nous allons faire si ce rêve est en fait une prémonition ?

Elrynd faisait à présent les cents pas dans le bureau de son supérieur. Ce dernier avait gardé son sang-froid.

— Tout d'abord, tachez de vous calmer capitaine. Nous ne savons même pas si c'est une prémonition ou pas. Tout ce que nous pouvons faire pour le moment, c'est tenter d'en apprendre un peu plus à ce sujet. Où se trouve votre petite protégée ?

— A l'infirmerie. Elle a fait un malaise tout à l'heure. C'est là qu'elle m'a parlé de son rêve.

— Accompagnez-moi, nous allons aller lui rendre une petite visite.

Les deux hommes sortirent alors de la salle. Contrairement au calme qu'il laissait paraitre, Gareth avait peur. La jeune femme ressemblait beaucoup à sa mère. Beaucoup trop même, pour que ce rêve ne soit qu'une simple coïncidence. Il aurait voulu que s'en soit une, mais il en doutait.

A peine le vieil homme avait-il refermé la porte derrière lui qu'il fut appelé par un groupe de jeunes paladins. Il avait reconnus les voix, jeunes et mal assurées, ce qui confirma que c'était des hommes peu expérimentés. L'un d'eux, un gamin qui ne devait avoir que seize ans, un brun aux cheveux très courts et aux yeux très sombres, prit la parole.

— Seigneur Libram, nous avons appris par la bouche de nos confrères plus âgés qu'il y avait un dragon parmi nous.

— C'est exact oui.

— Est-ce que vous n'avez pas peur que ce dragon ne mette en danger les membres de l'académie ? Je me fais le porte-parole des autres, mais je pense que nous ne sommes pas en sécurité avec un dragon entre nos murs !

— Il s'agit précisément d'un dragonnet. Une petite bête dont vous devez faire deux fois la taille. Vous avez peur d'une créature aussi petite ?

— Ce n'est pas de sa taille qui nous fait peur seigneur Gareth. Mais imaginez que ce... Monstre puisse grandir confortablement entre nos murs alors que des centaines d'hommes sont morts en les combattants je trouve cela...

Le jeune paladin cherchait ses mots. Ce fut Elrynd qui les trouva à sa place.

— Risqué ? C'est le mot que vous cherchiez, Ilgard ?

Le jeune homme ainsi nommé acquiesça. Elrynd fronça les sourcils.

— Est-ce que vous avez vu ce dragonnet de vos propres yeux ?

— Non capitaine, mais...

— Alors pourquoi est-ce que vous venez vous plaindre de sa dangerosité au seigneur Gareth ici présent ? Pourquoi n'êtes-vous pas venu me voir, moi qui suis le supérieur direct de la personne qui a amené ce dragon ?

— Parce que tout le monde sait ce qu'il y a entre vous et cette fille mon capitaine.

Le regard d'Elrynd changea et se remplit de colère. Il attrapa Ilgard par le col de sa chemise et le plaqua contre le mur de pierre tout proche. Personne n'avait osé lever le petit doigt. Le regard du capitaine, furieux, fixa celui du jeune paladin qui tremblait à présent. D'une voix froide, il demanda.

— Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Répond moi !

— C'est ce qui se dit... Vous êtes tout le temps ensemble, et puis vous la protégez tout le temps pour tout et n'importe quoi. Et y'a qu'à voir comment vous la regarder...

Elrynd relâcha alors le gamin qui se laissa glisser le long du mur jusqu'à s'assoir sur le sol. D'une voix froide, s'adressant à l'assemblée ici présente, le capitaine annonça :

— Il n'y a rien entre elle et moi. J'espère que c'est clair !

Les paladins reculèrent, impressionnés et apeurés. Gareth posa sa main sur l'épaule du capitaine.

— Ce dragonnet n'a rien d'agressif pour le moment. Nous en reparlerons plus tard les enfants si vous le voulez bien.

Gareth n'aimait pas ces gamins qui disaient suivre l'appel de la lumière pour devenir paladin. C'était leurs parents qui les envoyaient ici dans l'espoir qu'ils fassent quelque chose de leur vie. Mais la plupart des jeunes ne restaient qu'un an ou deux, et n'entendait pas l'appel de la lumière. Ils retournaient alors à leurs pénates, déçus. Le vieil homme laissait leurs chances à tous ceux qui voulaient devenir paladins, mais le feu sacré était une des premières choses à posséder pour le devenir réellement. Ceux qui le possédait, même en infime partie, pouvaient prétendre continuer leur entrainement et espérer devenir de véritables paladins.

Gareth sentit sa lumière lui réchauffer le cœur. Il espérait pouvoir la sentir et l'entendre pendant de longues années encore.

***

— Mais puisque je vous dis que ça va mieux Alma !

— Et moi je vous dis que vous devriez vous reposer encore un peu ma petite.

— Ce n'était un léger malaise. Je ne vais pas rester allongée toute la journée pour un simple vertige ?

La demie elfe venait de sortir de l'infirmerie, suivie de près par la prêtresse et du dragonnet. Alma ne lui avait pas demandé d'où venait cette petite créature. Elle avait été surprise de le voir aux côtés de la jeune fille, un peu effrayée, mais en la voyant aussi attachée à Jaelith, la prêtresse s'était dit qu'elle n'avait rien à craindre.

— Laissez-moi au moins vous raccompagner jusqu'à votre chambre ma petite.

— Si ça peut vous rassurer Alma, alors faites comme bon vous semble.

Les deux femmes n'avaient pas fait dix pas en dehors de l'infirmerie qu'elles furent confrontées à un groupe de paladins. Plusieurs d'entre eux avaient sorti leurs épées de leurs fourreaux. Jaelith fronça les sourcils tout en observant la situation. Ils étaient sept, elle était seule si elle ne comptait pas Alma et le dragonnet. Méfiante, elle demanda :

— Qu'est-ce que vous voulez ?

L'un des paladins prit alors la parole. Jaelith le reconnut : c'était Rean, l'un des hommes qui avait participé à l'expédition à Rainstram. Ce dernier s'en était sorti sans véritable blessures. Toisant la jeune femme, il montrât le dragon du bout de son épée.

— Nous voulons la mort de ce futur monstre.

La jeune femme entra dans une colère noire.

— Ce monstre ? Mais tu es fou ou quoi ? Ce dragon n'a rien fait de mal !

— Peut-être... Mais rappelle-moi qui a tué Leart, Jaelith ?

— Ca n'a rien à voir ! Cet idiot a attaqué le dragon alors que ce dernier avait cessé le combat !

Rean se tourna vers les autres paladins qui étaient présent.

— Voyez l'importance qu'on ses camarades pour elle. Leart a été tué par un dragon et cette imbécile préfère protéger la progéniture de ce monstre.

— Ce monstre comme tu dis mérite autant de considération que les humains !

— Et c'est cette elfe qui ose dire ça ! Je suis sûre que tu méprises les humains tout autant que les dragons.

Jaelith se redressa, et son regard de feu croisa celui de Rean.

— C'est peut-être ce que je devrais faire, mais je ne m'abaisserais pas à ton niveau Rean. Les humains, les dragons, les elfes... Tous ont le droit de fouler ces terres. Alors pourquoi s'abaisser à massacrer des dragons ? Pour la gloire ? Pour les dépouiller ? Pour l'argent ?

— Ils tuent les humains pour le plaisir.

— C'est là que tu te trompes ! Si nous prenions le temps de parler avec...

— Parler avec un dragon ? Mais c'est du délire ma pauvre Jaelith ! Tu es complètement folle ! Laisse-moi ce dragonnet. Sa mort sera rapide et sans souffrance, tu pourras faire ce que tu veux du corps.

— Jamais !

Alma tenta de calmer les esprits déjà échauffés par la colère.

— Cessez de vous disputer ! Toute cette discussion ne mènera nulle part. Si vous avez des comptes à régler, demandez au seigneur Libram de vous éclairer.

Ses paroles ne semblaient pas avoir d'impact sur les personnes présentes. Le dragonnet s'était caché derrière les jambes de sa protectrice. Il tremblait de toutes parts, conscient que la discussion tournait autour de lui et de son devenir.

— Donc si je comprends bien, Jaelith, tu te mets entre moi et ce dragon. Tu sais ce que ça signifie ?

La jeune fille avait très bien compris. A peine Rean avait-il finit sa phrase qu'elle se jeta sur lui, le faisant tomber à terre. Le paladin lâcha son épée et se protégea le visage des coups qu'elle tentait de lui porter. Car elle n'avait que ses mains pour se défendre. Son arme était dans sa chambre, bien rangée dans son fourreau. Autour d'eux, les paladins acclamaient Rean. Ce dernier repoussa Jaelith qui tomba sur le côté et se releva rapidement. Cette dernière tenta de faire pareil, mais il la renvoya au sol d'un coup de pied bien placé dans l'estomac. La jeune femme se tenait le ventre : Rean n'y avait pas été de main morte et y avait mis toute sa force ! Elle recracha le peu qu'elle avait avalé la veille et se releva avec peine. Rean l'observait, prenant son temps, comme un chat jouant avec une souris. Il l'attrapa par le col de sa chemise de lin et la souleva du sol. Jaelith lui attrapa les bras, serrait, griffait. Il lui mit alors une gifle, très vite suivit d'une autre. Rean cracha au sol et maugréera.

— Je me demande bien ce qu'il te trouve le capitaine.

Puis il la laissa retomber au sol, à moitié sonnée.

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