Chapitre 8 - A l'assaut du Dragon

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Comme Keder lui avait dit, Elrynd n'eut pas de problème à retrouver le chemin de la tanière du dragon. Des arbres étaient brisés, l'herbe était brûlée, et il n'y avait pas un seul animal en vue. Silencieusement, chacun descendit de sa monture pour continuer le chemin à pied, Elrynd et Jaelith en tête.

— Tu penses que nous allons réussir ?

La voix féminine avait fait sortir le capitaine de ses pensées.

— Je ne sais pas. J'espère... J'espère que nous réussirons. Pour nous, pour les habitants de Rainstram, et pour ceux qui sont tombés.

Il repensa à Keder, au fond de son lit, pleurant sur la jambe qu'il avait perdue et sentit le courage l'envahir. Il ne pouvait pas reculer. Pas maintenant. Non loin se trouvait l'entrée d'une petite grotte. C'était sûrement la tanière du dragon, pensa le capitaine. Il fit signe à tous de rester silencieux. Chacun dégaina son arme, puis ils s'approchèrent très lentement de la tanière.

Il n'y avait pas un bruit. Rien.

Seuls les bruissements des arbres alentours, ceux qui étaient encore debout, se faisaient entendre. Jaelith frissonna. Elle se doutait que le dragon n'était pas là. Mais alors, où ? Où était-il à cet instant ?

La réponse ne se fit pas attendre plus longtemps.

Une ombre immense planait au-dessus d'eux, et lorsqu'ils levèrent la tête, ils reconnurent la silhouette massive d'un dragon. Le cri de ce dernier déchira le ciel, puis il se posa au sol, entre le groupe de paladins et sa tanière.

Les ennemis s'observaient, et Jaelith ne put s'empêcher de trouver ce dragon magnifique : les écailles d'azur reflétaient la lumière du soleil, et malgré le fait qu'il était immense, sa musculature était fine. Deux grands yeux dorés les regardaient. La demie elfe pensa immédiatement que c'était une femelle. Elle allait prévenir Elrynd, mais ce dernier lança la charge.

Tous se mirent à courir vers le dragon, le capitaine des paladins en tête. Les armes ne faisaient que frapper les écailles sans les briser, et plusieurs des hommes furent balayés d'un simple revers de griffes. Tous faisaient appel au pouvoir de la lumière. Tous... Sauf Jaelith. La jeune femme était restée en retrait, observant la bataille qui se déroulait face à elle. L'un de ses camarades tomba à ses côtés. Elle se pencha vers lui et vit qu'il était légèrement blessé et inconscient. Elle le transporta en retrait avec un peu de mal, puis retourna sur le champ de bataille. Deux autres paladins étaient à terre, et aucun d'eux ne s'était relevé. Elrynd hurlait à plein poumons :

— Trouvez son point faible ! Il ne faut pas que ce dragon puisse faire d'autres victimes !

Il donnait de grands coups d'épée de toutes ses forces. Mais à quoi cela lui servait-il ? Aucun de ses coups n'atteignait le dragon !

D'autres hommes tombèrent au sol. Jaelith se demanda s'ils avaient seulement perdus connaissance ou s'ils étaient morts. Prudente, elle s'avança vers les corps de ses camarades.

Quelque chose attira son attention. Dans tout le vacarme de la bataille, elle arrivait à entendre des petits gémissements. Ce n'était pas l'un des paladins présent, alors, qu'est-ce que c'était ?

La dragonne repoussa Elrynd d'un coup de tête et ce dernier tomba sur le sol. L'immense reptile s'avança vers lui, et s'arrêta.

Entre elle et le capitaine se tenait Jaelith, debout. Aucune frayeur n'habitait la jeune femme à cet instant. Elrynd releva la tête et vit la jeune femme se tenir face au dragon. Personne ne bougea devant cette scène qui semblait irréelle. Personne ne prononça un mot. La jeune femme, dont les bras étaient tendus pour protéger son capitaine, les baissa doucement, sans détourner son regard de celui du dragon. Et d'une voix claire, elle demanda :

— Pourquoi est-ce que tu tues des hommes ?

Le dragon sembla surpris, et cette surprise fut encore plus grande quand on entendit une voix féminine répondre :

— Ils me chassent. N'est-ce pas là une raison suffisante, petite humaine ?

— Ce n'est pas ce que les habitants du village nous ont dit.

— J'aimerai savoir ce qu'ils ont pu inventer comme histoire pour que vous soyez là, face à moi, à cet instant.

— Ils ont dit que vous avez tué des gens et du bétail. Ils ont dit que vous étiez dangereuse...

— Voyez-vous ça ! Et où se trouvent mes petits alors ? Où sont-ils ? Ils ont emporté mes enfants ! Ils les ont tués ! Ils les ont dépecés comme de vulgaires gibiers ! Mes petits méritaient-ils cela ? Réponds moi !

La dragonne avait hurlé, mais Jaelith n'avait pas fléchie. Une lueur de tristesse anima son regard qui ne se détachait pas de celui de la dragonne azur.

— Je n'ai jamais dit que les humains avaient raison de se comporter comme ils l'ont fait. Mais ce sont des choses que mes camarades et moi-même ignorions. Si j'avais su...

La jeune femme reprit son souffle avant de continuer.

— Si j'avais su... Alors jamais je n'aurai accepté de vous faire face. Et puis, il y a une chose...

La dragonne s'avança lentement vers la jeune femme.

— Laquelle, petite humaine ?

— Vous avez peut être tué des hommes et du bétail, mais vous n'avez pas touché aux femmes et aux enfants.

— Bien entendu, je ne suis pas un monstre !

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Jaelith.

— Les véritables monstres se réveilleront bientôt. Vous, pauvres humains, ne pouvez entendre leurs appels. Préparez-vous pour sauver vos vies. Préparez-vous à lutter pour survivre.

La dragonne lui montra ses camarades d'un signe de tête.

"-Emporte tes amis avec toi petite humaine, et que je ne vous revoie jamais dans les parages. "

La jeune femme salua le dragon et se tourna vers Elrynd qui restait sans voix devant cet échange des plus étranges. Elle l'aida à se relever.

— Les dragons... Ils peuvent parler ?

— Oui mon capitaine. Et ils savent faire la différence entre le bien et le mal. Aucun dragon n'attaque les humains sans raisons valables... Maintenant, nous devons partir.

— Très bien... Mais qu'est-ce que nous dirons aux villageois ?

— Je n'en ai aucune idée. Ils se sont eux même attiré des ennuis avec ce dragon. Qu'ils se débrouillent.

Elle avait un regard des plus mauvais à cet instant. Elrynd ne lui demanda pas pourquoi et préféra détourner la conversation.

— La lumière n'était pas à nos côtés tu sais.

— Je le sais capitaine.

— J'étais tellement aveuglé par la colère que j'ai été incapable de l'utiliser.

Un cri inhumain déchira le calme qui s'était installé. Jaelith et Elrynd se tournèrent vers sa provenance. Leart venait d'enfoncer son épée dans la gorge du dragon. Ce dernier secoua la tête et le paladin lâcha prise, se retrouvant à terre. Il n'eut pas le temps de bouger que la gueule du reptile s'ouvrit en deux devant lui. Il cria brièvement et se tut. Définitivement.

Jaelith courut vers le dragon et tenta d'arrêter l'hémorragie. Mais la coupure était trop profonde.

— Petite humaine... Protège-le...

Le regard de la dragonne s'assombrit, et la lueur dorée qui l'habitait disparue petit à petit. La jeune femme fondit alors en larmes.

— Tout ça pour... Que ça se finisse comme ça !

Elrynd s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Elle pleura de tout son saoul pendant quelques minutes, puis un bruit l'arracha à ses larmes.

Le gémissement plaintif recommençait. Il provenait de la grotte.

— Capitaine, il y a quelque chose à l'intérieur.

Elle partit alors en courant vers la tanière que la dragonne avait tenté de protéger, suivie de près par le paladin.

— Est-ce que tu es sûre d'avoir entendu quelque chose Jae' ?

— Oui, ça vient de là. C'est comme un gémissement...

La tanière de la dragonne n'était qu'une simple grotte. Pourtant, au fond de celle-ci, Jaelith fut surprise d'y trouver d'énormes coquilles d'œufs brisées. Elle repensa aux petits et sentit son cœur se serrer. Le gémissement était tout proche. Elle souleva l'une des coquilles et y trouva un dragonnet. Ce dernier cessa de gémir en le voyant.

— Jae', c'est...

— Un petit dragon, oui.

Le dragonnet aux écailles azur se frotta contre les jambes de la jeune femme. Il lui arrivait à hauteur des cuisses et semblait complètement inoffensif.

— Sa mère est morte. Qu'est-ce que tu vas faire ?

— Je vais l'emmener avec moi.

En disant cela, elle le prit dans les bras. Ce dernier se laissa faire.

— Jaelith... Tu sais comme moi que les dragons ne sont pas bien vus... Tu risques d'avoir des problèmes...

— Donc si je t'écoute bien Elrynd, je devrais le laisser mourir de faim ici ? Je devrais l'abandonner à son sort ? Comme tu l'a si bien dis, sa mère est morte. Qui l'a tuée ? Tu n'as pas entendu ses derniers mots ?

Le capitaine ne l'avait jamais vue aussi remontée contre lui.

— Fait comme tu veux alors. Mais je ne garantie pas que je puisse éternellement te protéger, Jaelith.

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