Exploration (3/5)

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Ce soir-là, Mélina partit se coucher sans prendre de dessert. La réaction inhabituelle de son oncle lui avait coupé l’appétit. À présent, elle devait résoudre un problème de taille : comment allait-elle retrouver le carton en ayant constamment sa tante sur le dos ?

Alors qu’elle montait les escaliers, elle aperçut Céleste qui griffait nonchalamment l’arrière du canapé. Lorna se précipita vers le chaton et le chassa dans le jardin. La solution apparût soudain dans l’esprit de Mélina. Lorsque sa tante était en colère, elle avait tendance à en éloigner la source. Ainsi, en la provoquant suffisamment, Mélina savait que sa tante la fuirait comme la peste. D’ailleurs, avec un peu de chance, Lorna ressentirait le besoin de dessiner pour se calmer. Une fois Lorna dans sa bulle, Mélina aurait enfin l’occasion de mener ses recherches.

Bien qu’elle ne comprenne absolument pas la fascination de sa tante pour les arts graphiques, Mélina aurait aimé trouver une activité aussi prenante. Chaque fois qu’elle dessinait, Lorna entrait dans un état de transe qui fascinait la fillette. Même la pratique du vélo ne lui avait jamais procuré ce sentiment de béatitude. Si seulement Mélina pouvait, elle aussi, avoir un loisir qui lui comblerait son besoin d’évasion.

Le lendemain, la petite fille se réveilla pleine d’enthousiasme. Que son plan fonctionne ou non, la perspective d’agacer sa tante la réjouissait. Le soleil venait tout juste de se lever. Tant mieux, cela lui laisserait plus de temps. Elle s’habilla en vitesse avant de s’asseoir patiemment sur son lit. Elle tendit l’oreille.

Au rez-de-chaussée, son oncle jura après s’être cogné le pied. Dans sa précipitation, sa maladresse habituelle avait pris le dessus. Ne parvenant pas à entendre la voix stridente de sa tante, Mélina envisagea d’aller l’aider. S’il se dépêchait autant, il s’était sûrement levé trop tard. Pourquoi ? D’habitude, sa tante, avec son organisation sans faille, s’arrangeait pour le réveiller à temps. Chaque matin, elle préparait son petit déjeuner, vérifiait le contenu de sa mallette, réajustait sa cravate et son col de chemise avant de lui donner ses clés de voiture. Elle l’accompagnait ensuite jusqu’à la porte d’entrée, caressait sa barbe et lui volait un baiser rapide. Où était-elle passée ? Pour quelles raisons l’avait-elle laissé se débrouiller tout seul ?

Si Lorna était absente ou si elle dormait encore, Mélina pouvait parler sans risque avec son oncle. Finalement l’occasion qu’elle attendait la veille se présentait enfin !

Mélina bondit hors de sa chambre et dévala les marches quatre à quatre. Le sourire aux lèvres, elle évita les deux dernières et tourna vers le salon en espérant y trouver son oncle. Son cœur tambourinait si fort ! À sa gauche, le tintement des clés lui fit tourner la tête. Mélina retînt son souffle. Il était là ! Debout au fond du couloir, la silhouette massive et ensoleillée de Fred se détachait de l’encadrement de la porte ouverte. Sans se retourner, il franchit le seuil d’un pas pressé. Il tira la poignée vers lui. Mélina pensa à l’appeler pour qu’il l’attende. Les mots restèrent coincés dans sa gorge.

La porte d’entrée claqua.

Trop tard !

Il était parti.

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