Hier

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La vie sur le bateau était tout un univers à elle seule. Il fallait voir tout cet équipage hétéroclyte mener le raffiot sur les flots, c'était magnifique! Une danse qu'on pouvait de prime abord croire improvisée! Que nenni! Tous et tout avait sa place, son poste, était un rouage irremplaçable qui faisait tourner cette grosse horloge de bois et de voiles. Dans une cohésion singuilière et stimulante, ils bravaient les flots, missioner par des hommes hauts placés, toujours dans l'ombre, ils amaissaient des relisues, des trésors, parfois emprisonnaient, gardant la distance nécéssaire à un fragile équilibre mentale. Il y avait Souad et Charles, une vingtaine d'années tous les deux, ils étaient un couple d'une telle complicité qu'ils se passaient aisément de mots, communiquant avec les yeux, les sourires, les sourcils, et quelques gestes des mains. Ils éclaitaient simultanément de rire parfois, l'un à la poupe, l'autre à la proue. Et sans avoir besoin de comprendre, les autres riaien,t aussi, et de bon coeur. Sans-cou était un jeune homme réservé et pince sans rire, se moquant des autres avec tant de subtilité qu'il ne pouvait ammené sa victime qu'à rire d'elle-même, et ainsi être indemne et parfois ragaillairdie sur la guérison d'une blessure qui pouvait suinter encore. Il était mince, petit et sec, la peau bronzée et des cheveux et des yeux bruns ours. Son surnom lui venait de sa façon de rentrer son cou gracil entre ses épaules osseuses lorsqu'il se battait. Brise bille, blanc comme la lune, les yeux verts clairs, un talent incontestable pour les noeuds, les réparations de toutes pièces en bois, et un problème de vue indéniable. Braillard et Rageuse était frère et soeurs, d'une quarantaine d'années, ils avaient deux ans d'écarts mais semblaient jumeaux. Deux hautes statures, rondes et musclées. Des peaux pâles, des yeux bleus vifs et des cheveux noirs de jais, leur lèvres minces souriaient toujours, alors que leurs yeux semblaient encore organiser certaines parties du bateau ou du voyage, plongés dans le mental. Ils étaient les capitaines implicite, même s'il arrivait que chacun tourne sur les fonctions, afin de garder une cohésion et une compassion unanime. On savait tous ce qui était le plus duire, pour qui, et ce que chacun préférait et pourquoi. Cela permettait aux jours difficiles de l'être moins pour certains, quand l'un allait mal, l'autre offrait son énergie. Et ça roulait sur la houle, le coeur en poupe. Parfois ça ralait bien sur. Parfois c'était dur, très dur. Parfois ils hurlaient et s'insultaient, mais en parlait, puis s'enlaçait, trinquant à l'amitié. Léo observait, ébahie, subjuguée par cet équipage aussi sale que beaux, aussi beaux qui saint, aussi saint que le permettait ce monde. Elle les admirait tellement, parfois se questionnant cependant, sur leur façon de vivre de carnages. Elle suivait le mouvement, s'adaptant, se mettant en retrait lors des attaques, prenant la fonction d'intendante. Elle apprenait aussi chaque jour. Les noeuds avec Brise-bille, se repérer avec les étoiles avec Souad, à recoudre les voiles avec Sans-cou, à pêcher avec Rageuse... Elle pouvait se déplace d'un mat à l'autre en sebalançant avec une corde, montait au prroquet en moins de trois minutes, différenciait les pavillons, aidait à descendre et monter la grand voile, nettoyait les armes à feu, cuisinait la poiscaille avec trois fois rien. Elle était ennivré, semblait être toute présente et sur un nuage, flottante. Le quotidien était dur, harrassant, il lui arrivait de pleurer P'tit Gars en cachette. Mais elle était dans un équipage, avec des personnes qui l'estimait et comptait sur elle sans trop lui en demander, car les choses allait de soi quand on fonctionnait d'abord avec bienveillance et compassion. Oui, elle voguait avec des pirates qui avaient des coeurs gros comme ça. Un paradoxe délicieusement humain. Un soir, alors que la mer était calme et que les dîner avait été desservit et nettoyer, ils décidèrent de sortir une bouteille de rhum arrangée, préparé sur l'île de la Réunion, ainsi que des dés et des cartes. L'ambiance devint rapidement festive et chaleureuse, Souad quitta la table de jeu pour sortir son violon et Sans-cou se mit à chanter à gorge déployée. Les autres suivirent, connaissant les paroles, et tout au fond de chacun, une chaleur douce et exquise rayonnait. Léo avait bu quelques gorgées, mais elle se sentait bien ivre et éclatait de rire, pleine de joie. Charles sourait béatement, dodelinant de la tête sur l'air que Souad jouait, les autres continuaient à chante, puis Rageuse et Braillard se levèrent et se mirent à danser une sorte de dans mêlée de geste de combat. Intense. Le coeur de Léo battait comme un tambour avec les pieds des danseurs qui battait lourdement le pont, en rythme. Le sang affluait dans la tête de la petite et elle eut besoin daller à l'autre bout du pont, dans l'obscurité et le calme, regardant la coque du bateau percer les eaux noires. La nuit était glaciale et aussi parsemées d'un milliards d'étoiles, on percevait même la voie lactée. Léo ressera son caban, sous lequel elle portait un gliet en peau de lapin. Cadeau de Brise-bille. Elle entendit alors du bruit et tourna la tête.

" Salut. Charles vint s'accouder au bastinguage, une grosse et longue cigarette dans la main.

- Salut. Répondit-elle.

- Ils en font un chmbardement, hein?

- Oh, non! J'adore, c'est juste le rhum, j'ai pas encore l'habitude...

- Un conseil, ne la prends jamais! C'est toujours plus sain de se saouler une fois de temps en temps avec un petit verre, que de boire son litron quotidien, crois-moi. L'ivresse est meilleure d'ailleurs.

- Ici vous n'êtes pas trop à ce genre de consommation, si?

- Sans-cou a plus de mal à se contrôler avec l'alcool, nous autres, excepté Souad- quelle sainte- c'est le tabac et les herbes qu'on y mélange parfois.

- Comme ce que tu fumes?

- Ouais. C'est un genre de truc pour t'aider à rester debout malgré toutes les aloperies du monde. Mais c'est aussi une forme de lâcheté.

- N'est-ce pas déjà courageux de continuer à vivre, même si on se dope?

- Tu es bien désabusée pour ton âge.

- Non, je vois les choses telles qu’elles sont, enfin je crois. Vous faîtes du mal à certaines personnes, pourtant je vous adore. Ce paradoxe entre le bien et le mal, l'amour et la haine, je le connais de mieux en mieux grâce à mon experience de vie, aux voyages, aux rencontres, et je pense qu'une fois que je l'aurai comprit, puis appliqué, alors j'irai bien. Et peut-être que certaines personnes voudront savoir comment j'ai fais, alors j'essaierai de leur faire connaître, puis comprendre et appliquer à leur tour, alors ils iront bien. Puis leurs proches et leurs connaissances voudront peut-être eux aussi connaître, comprendre et appliquer. Ainsi de suite, jusqu'à ce que l'humanité connaisse la paix, en elle-même, avec toutes ses contradictions. Elle acceptera alors son environnement, les autres êtres, et l'univers.

- C'est un joli rêve. Je le préfère au mien.

- Quel est-il? Charles regarda un instant l'enfant dans les yeux, il sembla hésiter.

- Je ne vais pas t'embêter avec ça." Il tira une longue bouffée sur sa longue cigarette et la souffla lentement. Le sujet était clos.

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