Ici

5 minutes de lecture

« Il n’y a pas de quoi être fier, je peux te l’assurer. Coupa sèchement Naïa. Son frère se tassa sur sa chaise, une ombre sur le front. L’assemblée des trois familles resta muette, certains d’effroi et de dégout, d’autres admiratifs et appréciateurs.

- Au moins, maintenant, nous pouvons l’étudier. N’est-ce pas ce que nous souhaitions tous ? Demanda Fusis, provocante.

- Si nous avons fait bannir la torture animale de notre plan, ce n’est pas pour cautionner celle-ci ! Je ne peux concéder à traiter un être, quel qu’il soit, comme un cobaye. L’étudier en ces circonstances n’est pas envisageable. Fusis se rembrunit à son tour, lançant à Naïa un regard dédaigneux. Othilie bougea sur sa chaise, ce qui semblait ne plus arriver ces derniers temps, aussi n’eut-elle aucun mal à prendre l’attention générale.

- Le monde est plein de trésor et de sources de merveilles. L’être humain à raisonner sa vie comme une bataille, un territoire à conquérir à chaque instant, toujours laisser sa garde. Par peur. Peur de manquer, de perdre, rendant sa soif insatiable. Se faisant allègrement à l’idée qu’il était l’élu des dieux afin de régner dans et sur cet univers. Il est persuadé d’être supérieur à toutes les autres formes de vie car il a le pouvoir de raisonner. Ce raisonnement qu’il l’amène à le croire plus évolué car il peut soumettre toute vie, la détruire, la modeler à son bon vouloir. Il se torture l’esprit et l’âme en s’accrochant à des croyances contre sa nature profonde. Ce qu’il croit faire sa toute puissance est en fait son pire qui l’empêche d’évoluer. N’est-ce pas Lucifer qui avait raison ? Dans le livre religieux des humains, cet ange fut banni du monde des cieux par dieu car il refusa de s’agenouiller devant sa création.

Une créature avide, cupide, orgueilleuse, passionnée, paresseuse, égoïste… L’Humain méprise toute vie hormis la sienne, il ne respecte que son propre rêve individuel, son amour est borné, faible et faillible. Leur souveraineté est illégitime. Nous sommes comme eux, tout aussi bornés, tout aussi illégitimes. Tous.

- Comment oses-tu ? S’indigna Zarog, particulièrement touché par la tirade de sa jeune sœur.

- Je suis d’accord avec Othilie. Intervint Yavol.

- Moi pas ! S’exclama Sixoïl avec force. Tu as décris le pire, en oubliant le beau. Tout ce dont nous, humains j’en conviens, sommes capables de beaux et de sublimes. Othilie eut un rire méprisant.

- Si tu veux parler d’amour…

- C’est un très bon exemple à mon humble avis, seulement je n’en ferai rien. Du moins pas directement. L’expression de la conscience, la bonté, la compassion, la solidarité… Oh, Othilie tu y crois aussi je le sais ! Et nous n’avons aucun droit de prendre son libre arbitre à un être…

- Mais le pouvons avec l’un de nos frères. Intervint froidement Lya. Le nom de Merkhan flotta dans tous les esprits. Naïa parût mal à l’aise.

- Et à l’un de nos enfant : Loyir.

- Oh je vous en prie ! Fusis rejeta sa lourde chevelure brune et leva ses yeux au ciel. Nous avons des responsabilités vis-à-vis de ces êtres humains qui vivent sur nos plans. Notre devoir est de les protéger, d’eux-mêmes d’abords !

- Nous sommes tout aussi dangereux. Répliqua Lya.

- Cependant, nous sommes sur terre depuis quelques centaines d’années de plus. Nous avons acquis une sagesse et une conscience qu’aucun être humain…

- Tu n’en sais rien ! Rien du tout ! Tu te crois supérieure à toute forme de vie car tu vis depuis des siècles !

- Yavol. Fusis dévisagea gravement son frère. Garde ton calme je te prie.

- Ils sont trop peu évolués si tu préfères… Tenta Naïa, aussitôt interrompu.

- Peut-être pas ! S’exclama à son tour Othilie. Peut-être nous sommes nous recroquevillés dans notre peur depuis trop longtemps. La question que je vous pose à toutes et tous aujourd’hui : allons-nous encore lui sacrifier une vie ?

- C’est aussi une question qui concerne toute l’harmonie de cet univers, tout a un impact et nous avons le devoir d’anticiper les conséquences afin de faire les meilleurs choix possibles.

- Tu ne vois dont pas à quel point vous vous trompez ? Nos ancêtres ont été des enfants gâtés ! Blasés d’une vie dictée par des parents autoritaires, despotes et vieux-jeux ! Oui mon frère, les règles ont changées ! Admirez des fantômes ! Mais ne venez pas vous targuer d’avoir raison au point de vous imposer en modèles ! Je ne renie pas leur courage, ni leur clairvoyance alors qu’ils auraient pu fermer les yeux et jouir de leurs privilèges. Mais nous ne sommes pas eux, nous vivons en d’autres temps, en d’autres lieux, et nos parcours sont distincts ! Nous avons besoin de voir plus loin, avec ce que nous avons, nous devons évoluer, comme la vie l’entend et l’a toujours fait ! Nos ancêtres ont voulut conter leurs étapes d’évolutions et cela nous a appris ! Avançons désormais !

- Et vers quoi veux-tu que nous avancions ? Le chaos ? L’anarchie ?

- L’Anarchie est une unité qui ne se dit que du multiple.

- L’être humain n’est pas capable d’être libre dans le multiple, il dit le désirer, mais au contraire, c’est ce qu’il craint plus que tout ! Il s’autodétruit dans sa dualité inféconde parce qu’il a peur de tout ce qui est différent de lui !

- C’est vous qui avez peur ! Peur de n’être plus qu’un parmi tous ! Mais nous sommes tous un ! La vie est multiple, diverses, riches de ses différences, nous faisons partit de ses composants, nous ne sommes ni au-dessus, ni en-dessous d’elle. Nous avons essayés vos méthodes, vous laissant pousser votre délire, vous suivant aveuglément, il est temps d’essayer une autre voie ! Je ne dis pas que cela sera facile, rien ne l’est, mais ce vers quoi nous tendons vaut la peine de se battre, je t’assure ! Vous y croirez aussi, j’en suis sûre ! Lâcher prise sur vos égos et rendez-vous à l’aspiration de la paix universelle.

- Regardes-toi ! Tu délires complètement ! On croirait entendre Paloma ! Regardes ! Regardes, sinon ce qui a été fait, ce qui se fait dans ce monde aujourd’hui ! Ce que les humains font !

- Tu le sais mieux que personne, n’est-ce pas ? Puisque tu es leur comparse…

- Je t’interdis ! Tonna Zarog.

- Tu ne m’interdiras plus rien du tout !

- Si nous n’étions pas là, les choses seraient bien pires ! Sais-tu combien de vies nous avons sauvées contre quelques unes ? Crois-tu qu’il est aisé de faire ce genre de compromis ?

Nous nous sommes tous sacrifiés d’une manière ou d’une autre, car cela était nécessaire pour le bien commun, pour le bien universel ! Othilie éclata de rire, décontenançant Zarog qui pâlit de fureur.

- Je comprends mieux comment tu trouves le sommeil !

- Othilie, pourquoi une telle velléité contre nous, ta famille, pour cet être que tu ne connais même pas ? Quel est dont le problème de fond qui t’anime ? Interrompit Naïa, sincèrement bouleversée et désireuse de comprendre sa jeune sœur.

- Oui, pourquoi cette vie t’es-t-elle si précieuse Othilie ? Demanda soudainement Yavol. Toutes et tous se tournèrent vers la jeune Van GeaYust. Elle resta un temps sans parler, la bouche ouverte, le regard dans le vague. Elle finit par regarder Yavol.

- Cet être est… Je crois qu’il est la réponse. Je crois qu’il est ce qui nous aidera à trouver les relations entre les interférences, entre tout nos mondes, ce qui nous reliera toutes et tous. Il se soustrait à ce nous, à tous les plans, il va et vient à son gré. Il se soustrait à ce « je » pour une nouvelle pensée qui tu l’individualité, la dualité, contre soi, contre autrui, il se soustrait à nos yeux omniscient, à ce système imposé, à la monoforme. Dans son essence même il peut nous montrer la voie qui nous sauvera.

Annotations

Vous aimez lire Dune Tanguy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0