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La puce infiltrée sous sa peau la fit entrer sans problèmes. On ne lui posa aucune question sur sa destination ou d’où elle pouvait venir. Seulement sur son état physique. Comment elle se sentait, de quoi avait-elle besoin. Elle avait envie de leur cracher à la gueule, qu’il la foute en taule, de crever dans la pleine injustice. Mais elle était trop fatiguée. Elle leur répondit sagement. Puis Adsa, elle, était là. On la transporta d’urgence dans le centre de soin le plus proche avec douceur et bienveillance. Bientôt elle se retrouva dans une chambre partagée en quatre par de hauts murs de bois et de tissus, couchée sagement dans un lit baigné par le soleil. Elle se leva cette première fois pour fermer les stores, blessée par l’éclat dont elle avait plus eu le goût depuis des mois. Elle voulait encore restée dans l’ombre froide et sèche, car là-bas, lui y était aussi. Elle avait la sensation qu’elle allait gerber son cœur. Qu’elle pouvait se retourner comme un gant et se liquéfier. Il lui semblait que ça lui aurait fait du bien. Les soigneurs pensaient s’y prendre autrement. Elle se laissa ausculter bien sagement. Adsa avait un coin aménagé près de son lit, deux grosses couvertures épaisses, de l’eau et une gamelle pleine. Mais Adsa n’y toucherai pas. Pas avant que Psymio ne le lui permette. Ce qu’elle fit une fois que la chienne eut émit un énième gémissement. Seulement, Adsa une fois rassasié, alla se recoucher pour gémir à nouveau. Pensait-elle à sa sœur ? Pressentait-elle leur absence comme anormale malgré les fois où ils avaient du se séparer quelques jours ? Elle devait se taire, restée là bien sagement. Elle était amoureuse et il l’aimait. Alors que se passait-il ? Elle se recroquevilla dans les draps propres aux odeurs fraîches, comme elle n’en avait pas touché, ni sentie depuis longtemps. Elle voulait s’en réjouir, sincèrement.

Seulement, à quoi bon si elle ne pouvait le partager avec lui ? Sa peine était trop vive. L’assistante guérisseuse, une jeune femme joviale, blonde, le corps généreux, l’œil clair et vif, vint la prévenir qu’elle serait bientôt prise en salle de soin par l’un des mages du service. La demoiselle semblait très admirative de ce dernier, lui faisant un éloge niais et peu objectif. Elle avait envie de la gifler. N’en fit rien. Demanda sagement des calmants. L’assistante se précipita avec enthousiasme, revint tout aussi gaie, une haute et large tasse fumante entre les doigts. Elle posa le lait de Cana sur la table de chevet, la prévint de la boire par petite quantité, puis s’en fut. Psymio attendit sagement que la boisson refroidisse. Alors elle but le demi-litre d’une traite. Les effets ne furent pas long à se faire sentir, elle fut bientôt enveloppée d’une douce langueur, un bien-être et un détachement vinrent endormir ses maux brûlants, lui donnant un sourire. Ce n’était que superficielle, et en même temps elle voulait ne jamais quitter cet état, ses pensées devenaient fantaisistes et absurdes. Elle eut un rire un peu fou, entre béatitude et angoisse, elle se sentait flotter, en proie à chaque brise. Elle demanda à Adsa de la rejoindre sur le lit. La chienne vint avec plaisir se blottir contre le ventre de la bipède, qui alors s’endormit. Un éclair de dixième de seconde, elle eut put mettre sa main à coupé qu’à son réveil, il était là. Elle avait sentit sa présence, la chaleur de sa peau, son poids sur le lit. Cet éclair passé elle enfouie son visage dans son coussin et le tout sous le drap, mordant sa main jusqu’au sang. Son épaule la lança alors violemment et elle perdit connaissance. A cet autre réveil encore il y eut un flash. Cette fois une atèle la contraint dans ses mouvements, entravait son bras droit et son épaule. De là lui parvenait une odeur d’argile, de consoude et de cana. Ici, la douleur était moindre. Ce qui lui faisait le plus mal était indicible, invisible, impalpable. Il l’avait laissée. Quelques âmes savent, ressentent ce que ces mots font. Elle se laissa pleurer, se releva pour mettre son visage entre ses genoux.

Adsa couina, posa sa pate sur son bras gauche, les oreilles relevées. Mais Psymio continua de pleurer, en plein naufrage. Jusqu’à ce que le sommeil ne lui offre à nouveau quelques heures de repos. Les grognements d’Adsa la réveillèrent. Elle se releva sur son lit, grimaçant. Son corps se rappelait à elle. Un mage entra, flanqué de deux guérisseurs et cinq assistants reconnaissables à leurs airs d’apôtre buvant les paroles du messie et leurs stylos frémissants au-dessus de cahiers ou calepins. Adsa aboya. Psymio la fit taire d’un claquement de doigts. Asad le luit avait appris.

« Bonjour ! Illo, vous m’avez l’air bien remise de vos aventures ! Elle se souvint de la puce à temps pour cacher son étonnement à ce nom.

- Oui, je vous remercie.

- Sachez que vous avez beaucoup de chance d’être arrivée chez nous ! S’exclama le mage, réjouit. Le regard avide des assistants la fit rougir. Vos os étaient en morceaux, vraiment, tout petits morceaux, un peu partout éparpillés dans votre chaire et vos muscles, ce qui a entraîné l’infection qui était sur le point de vous tuer !

- Et vous avez tout enlevé ? Demanda-t-elle, révulsée à l’idée que des morceaux d’os puissent se balader entre ses muscles.

- Bien entendu ! Et remplacé par des os tout neuf ! Ceux que vous allez utiliser à présent viennent de cellule souche de placenta avec lesquels nous avons reproduit le processus de construction. Dans quelques jours vous serez parfaitement rétablie.

- C’est vraiment une bonne nouvelle. Merci. Elle tenta de sourire, ils aperçurent la grimace.

- Bien, nous ne vous connaissons aucune famille, mais peut-être voudriez-vous que nous contactions un ami ou bien un ancien compagnon. Si elle lui disait ta gueule, elle pouvait se défendre avec le cana. Mais elle sourit et répondit sagement.

- Non, je vous remercie. Je les verrai en sortant. Sachez seulement que je vous suis très reconnaissante pour ce que vous avez fais.

- C’est bien normal. Vous leur raconterai cet exploit, nous sommes seulement le troisième centre à faire pousser des os. Bien entendu, ce savoir est en pleine transmission ! C’est excitant ! Bien, comment vous sentez-vous.

- Bien. Les assistants se mirent à écrire avec une sorte de fanatisme fiévreux.

- Pas d’étourdissement ?

- Non.

- Vertige ?

- Non.

- Nausée.

- Non. Les autres écrivaient furieusement, elle était proprement perplexe devant ces personnages rageusement appliqués.

- Douleurs sourdes ou aigues ? Si elle lui enfonçait le…

- Non. Répondit-elle sagement.

- Parfait ! Il referma son dossier dans un « clac » théâtrale. Et bien reposez-vous !

Le déjeuner vous sera bientôt servit, une assistante passera dans la soirée changer votre cataplasme et nous, nous nous verrons demain matin ! Je vous souhaite une excellente journée ! » Et tous s’en furent dans un élan un peu loufoque. Elle garda les yeux sur la porte, les sourcils froncées, perplexe. C’était de vrais humains ? Heureux ? Ou une comédie orchestrée ? Depuis combien de temps était-elle partie ? On lui apporta son repas, une purée de courge et un morceau de viande de sésame, une banane et… une tasse de cana! Elle n’en bu que le tiers toutefois, songeant que la journée pouvait être encore longue. Quelques minutes plus tard, Psymio flottait à nouveau. Elle prit Adsa entre ses bras, la caressant tendrement, se laissant baignée dans l’amour qu’elle éprouvait pour sa compagne quadrupède. Bien heureuse Psymio. Psymio ? Non. Non. Illo à présent. Oui. Illo. Perdue entre les eaux.

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