Hier

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Cela faisait... elle ne savait pas. Des jours? Des heures? Où était P’tit Gars? Personne ne voulait répondre à ses questions et si elle venait à crier sa colère ou son désespoir, une femme en uniforme venait la faire taire de sa matraque. Sa lèvre saignait encore, son œil droit était enflé, floutant sa vision. Elle n’osait regarder son corps ou l’arme s’était abattu à plusieurs reprises, redoutant de voir des dégâts plus importants qu’elle ne le devinait. La pièce où elle était enfermer sentait le sang, la sueur et l’urine, les murs avaient dut être blancs, mais le peu d’entretient les avaient rendu grisâtres. Elle ne devait pas faire plus de cinq mètres carré, les barreaux de fers semblaient avoir supporté divers coups de fureur d’anciens détenus. Malheureusement, ils étaient inébranlables. Léo avait froid, faim, mal partout et la panique manquait de la submerger. Mais elle devait tenir, elle devait attendre, savoir où était P’tit Gars, le rejoindre pour qu’ils puissent fuir. Mais comment? Elle entendait les uniformes discuter, rire, s’envoyant des blagues, tantôt racistes, tantôt sexistes. Elle ne pouvait qu’attendre qu’on veuille bien lui expliquer ce qu’elle faisait là, et surtout, ce qu’on allait faire d’elle. De temps à autre, la peur prenait le dessus et immanquablement des larmes venaient se répandre sur ses joues pâles. Elle ne s’était jamais sentie aussi sâle, aussi impuissante, aussi désemparée. Il lui arrivait même de regretter son départ de l’orphelinat. Par chance, elle connaissait quelqu’un qui l’avait prévenu de ne pas donner son vrai nom aux uniformes pour qu’ils ne la ramènent pas là-bas. Mais maintenant qu’elle y pensait, elle aurait pu plus facilement fuir de l’orphelinat que de cette prison. Le temps passa, interminable alors qu’elle gardait le silence, ses pensées tournoyants dans leur coque en os.

Enfin, on vint la trouver. La femme qui la faisait taire, et deux grands hommes aux regards durs et froids.

« Debout! Ordonna l’un.

- Où est mon chien? Je ne peux pas partir sans lui. La femme ricana et lui balança un coup de matraque dans l’épaule. Léo tomba par terre, affaiblit par la faim et la fatigue.

- Il est au chenil, il devrait être piqué dans quelques heures.

- Piqué? Elle avait compris, mais Léo ne pouvait croire en ces paroles, il devait lui mentir pour lui faire peur.

- Il a mordu un collègue, ton bâtard, il y a pas trente solutions pour cette sale race. Répondit l’autre avec un sourire cruel.

- Dommage que les créatures de ton espèce n’ai pas le droit au même sort. » Ajouta la femme. Léo ne se rappela jamais exactement ce qu’il s’était passé, elle ne se rappela que de quelques bribes et de ce sentiment de rage qui l’envahit alors. Elle voyait la femme tomber en hurlant alors qu’elle avait plantée ses dents dans sa gorge, elle se souvint avoir vaguement sentie des coups pleuvoir, quelques chocs qui ne semblaient pas l’atteindre. Elle se souvint du goût de rouille qui vint emplir sa bouche, de la texture des chaires qu’elle arrachait à la femme, du rouge, partout, sur les murs, le sol, sur elle. Puis le noir total. Elle devina plus tard que les coups avait du tombés sur son crâne et la faire perdre connaissance. Lorsqu’elle se réveilla, la pièce où elle se trouvait était plus grande, d’un blanc immaculé, et elle se trouvait attachée à un lit en fer blanc. Son cerveau ne semblait pas enclin à l’éveil, lui semblant gourd, anormalement lent. Elle retomba dans l’inconscience.

Au deuxième réveil, elle se sentit un peu plus alerte, mais encore embrumée, elle ne distingua que mal l’humain qui se penchait à la gauche de son lit, semblant trifouiller un moniteur ainsi que des tubes, qui, le remarqua-t-elle avec une lenteur absurde, s’enfonçait dans son bras frêle. Elle se rendormit à une vitesse étrange. Le troisième réveil fut aussi brumeux, si ce n’est plus, aussi commença-t-elle à tenter quelque chose. Mais le simple fait de garder ses paupières ouvertes lui demandait un effort colossal. Elle retomba dans l’inconscience. Enfin, elle se réveilla une énième fois et elle se sentit presque en pleine capacité de se relever sur son lit. Elle mit le temps, mais réussit à s’asseoir et observer plus avant son nouveau lieu de détention. Cela ressemblait plus à un hôpital qu’à une prison. Pourtant, malgré son esprit vaporeux, elle se souvenait avoir commis un acte qui devait la condamner. Mais alors, que faisait-elle ici? Léo eut alors le souvenir de P’tit Gars, elle l’imagina seul dans sa cage, bientôt amené à une mort certaine. Elle devait sortir de là! Elle devait le sauver! Il l’avait accompagné plus d’un an sur la route, il était son meilleur ami, son frère, son protecteur. C’était à son tour de le protéger! Elle regarda les liens qui lui serraient les poignets et les chevilles, telle des ceintures rembourrées. Elle commença par rouler des poignets, testant la solidité des liens. Ce simple geste lui fit mal et la vida de ses forces. Comment pouvait-elle être si faible? Elle ferma les yeux un instant, invoquant la gueule de P’tit Gars, et entreprit à nouveau de se libérer. Mais ils avaient serrés fort, elle était faible, elle ne put retenir un long gémissement alors qu’elle se sentait incapable, éreintée, écrasée. Alors une femme, vêtue et coiffée de blanc, entra dans la pièce.

« Je dois sortir, ils vont tuer mon ami! »

Elle avait voulut crier, se montrer autoritaire et sûre d’elle, mais sa voix semblait venir d’outre-tombe, aussi faible que son corps, que son esprit. La femme ne répondit pas, allant directement à sa gauche, là où les tubes semblaient s’alimenter. Elle trifouilla quelques boutons alors que Léo tentait une nouvelle fois de se détacher. Le noir la faucha une énième fois.

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