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Ils y étaient. Tout simplement. Oui. Ils avaient atteint la frontière. Psymio était en piteuse état, qu’elle masquait tantôt d’un sourire, tantôt d’une drôlerie toute à elle. Ils étaient à présent cachés aux abords d’une des plus grandes béances. Artificielle celle-ci, elle avait pour but le passage. Encore fallait-il y prétendre. Leurs maigres provisions étaient épuisées et ils n’avaient rien trouvés dans le building en ruine où ils se cachaient. Morts de faim et épuisés, même si par miracle ils échappaient aux tests sanguins et aux scans à puces, leur allure à elle seule pouvait les disqualifier. Psymio dormait, fiévreuse, sur les quelques cartons qu’ils avaient dénichés, les deux chiennes blotties contre elle. Asad était assis à quelques mètres, un ou deux, pas plus. Juste assez pour réfléchir. Psymio devait absolument se faire soigner par de vrais médecins, recevoir de vrais soins. La preuve en était du temps qu’elle mit à entendre sa voix, elle si prompte à lui répondre en toutes circonstances. Elle planta ses yeux dans les siens, tout en restant allongée.

« Un homme va venir demain pour nous pucer.

- Je sais, j’étais là quand…

- Il ne pucera que toi. Continua-t-il en la coupant. Je n’irai pas là-dedans.

- Je n’irai nulle part sans toi.

- Et depuis quand ? Psymio ouvrit légèrement la bouche, interloquée. Elle resta ainsi une seconde, se releva péniblement, se mit assise.

- Je ne comprends pas. Dit-elle, simplement.

- Nous n’avons aucune obligation l’un envers l’autre, si ?

- Et bien non, et en même temps… Je t’…

- Nous n’avons plus d’intérêt à partager notre route, tu rentreras aisément seule avec Adsa, à nous quatre nous sommes trop repérables. Ce sera plus simple si nous allons chacun de notre côté. Nous avons plus de chance de nous en sortir comme ça. Elle fut vive d’esprit, comme il l’espéra.

- Tu veux être seul à présent. Dit-elle tout simplement. Tu vas faire quoi ?

- Je ne sais pas, rentrer peut-être… Très simplement.

- Rentrer ou ? C’était plus un constat qu’une question. Il était vrai que ce qui pouvait s’apparenter à chez lui était flou.

- Je verrai.

- Tu pourrai partir maintenant.

- Je révélerai notre présence. Je dois attendre qu’il y ai du passage.

- Je vois. » Elle se tu. Rien ne pouvait révéler la multitude inconsciente, impalpable, qui s’effondrait lentement en elle. Il avait parlé tout simplement. Une voix calme, posé, raisonné, dénué de toute passion. Sada remua lentement pour se caler plus confortablement contre elle. Un instant pour vivre le populaire « cœur brisé ». Surtout à la perspective qu’il s’en sépare.

« Et Sada ? Silence pesant.

- Je ne sais pas. »

Elle aurait voulu hurler. Le silence n’en fit pas pli. Il s’étendit jusqu’à ce qu’elle pensa qu’il puisse s’être endormit. Elle chercha tout simplement ses yeux et les trouva. Ne su qu’y lire. Elle ne soutint pas son regard, se rallongea. Il vint alors la rejoindre. Il se coucha à ses côtés sur les couvertures et les cartons, bousculant une babine au passage. Tout simplement il la prit pour qu’elle se blottisse contre sa poitrine nue. Psymio y consenti simplement, se laissa bercer par la douce chaleur de la peau et les battements de cœur. Elle devait se souvenir, elle devait graver ces derniers instants. Profiter, retenir ces larmes encore un moment. Juste une minute de bien-être absolu, encore une, avant… Ils s’étaient endormis, profondément, tout simplement. Comme ils ne l’avaient plus fait depuis longtemps. Asad se leva aussitôt réveiller. Il s’habilla, fit son paquetage. Alors Psymio prit la mesure de ce qu’il allait se produire. Elle allait le perdre. Et ce fait lui était insupportable. Tout simplement.

« Asad… murmura-t-elle. Il se tourna lentement pour lui faire face. Ses yeux semblaient la haïr alors. Je veux qu’on reste ensemble. Dit-elle simplement.

- Et moi pas. Tu m’as apporté beaucoup de bonheur et de soutient. Seulement c’est terminé. C’est ainsi, pour le mieux de chacun de nous.

- Asad, je suis amoureuse de toi. Je t’aime d’amour. Il ferma les yeux un instant.

- Moi aussi, je t’aime, et c’est pour ça que nous devons nous séparer.

- Je ne comprends pas, ensemble on…

- On va crever ! »

Il se retourna, ramassa son sac, Sada se leva instantanément. Adsa leva la tête, regarda sa bipède, les deux autres, dans l’incompréhension. Elle resta couchée cependant. Asad et Sada se dirigèrent tout deux vers l’entrée de ce qui fut un hlm. Il ne se retourna pas, franchît la porte alors que semblait résonner son nom dans l’écho d’un sanglot. Il eut mal. Marcha plus vite. Le chemin du retour se ferait exclusivement à pied, pour plus de discrétion et de sécurité. Il devait être invisible. Et trouver cet homme, cet Olaf. Celui dont parlait les voyageurs et les marchands, cet homme qui errait dans l'ailleurs depuis des années à la recherche d'un mystère dont personne ne savait donner les détails. On disait surtout qu'il passait entre les mondes. Des nuages de cendres et de poussière sèche voletaient ci et là, obstruant par moment le disque pâle du soleil derrière l’écran gris-blanc du ciel. Il marcha jusqu’à la nuit. Il s’installa dans la première maison qu’il trouva une fois que la fatigue le gagna et s’endormit comme un mort. Tout simplement.

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