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Les Ranvlonick ne s'étaient pas fait attendre, mais comme toujours ils avaient refusé d'ouvrir la porte de leur demeure, cacher dans une maison commune d’un village tout aussi commun, refusant l'accès de leur plateau à des membres de la famille Van GeaYust. Ce dont ces derniers ne se plaignaient guère, redoutant de constater l’Ordre et la Règle qu’imposaient leurs rivaux à leur peuple, malgré les quelques règles élémentaires protégeant les humains tout autant que ceux qui en avait la responsabilité. Fusis, la Dicta de la famille, avait sentit leur présence et les avait accueillit dans le hall d’un musée collectif du quartier bleu du plan Van GeaYust, entourée de sa famille au complet. Du plus âgé au plus jeune, se tenait ses trois frères, Narco, Yavol et Lédor, ainsi que son unique sœur, Deïloo. A l'annonce du rassemblement du conseil extraordinaire pour juger Merkhan, un membre de la famille qui était l'amie des Van GeaYust, ils furent on ne peut plus ravit. Seule la Dicta garda un visage impassible, bien que dédaigneux. Les autres se permirent railleries et ricanements. Clisio et Barrow restèrent de marbre, ils savaient garder leur sang-froid en toute circonstance, c'est pourquoi Naïa les avait choisit. Même sous la douleur physique, il était presque impossible de leur arracher ne serait-ce qu'un froncement de sourcil. Des personnages tout à fait lassant pour les Ranvlonick qui savaient pousser le plus sage à une rage destructrice, au-delà de toutes ses limites. Clisio, Barrow, ainsi que leurs invités, arrivèrent donc à l'heure prévue et sans encombres dans la demeure Van GeaYust. Pour les présents événements, le grand hall avait été aménagé en salle d'audience. Trois sièges en bois blanc semblables au douze autres sièges qui les entouraient, différenciés par leur couleur brune cependant, avaient été placés en parfait arc de cercle. Face à tous, à égale distance au centre, des petites flammes bleutées formaient un cercle où se tenaient Merkhan, à genoux. Lya se trouvait sur le siège de gauche, les six chaises à ses côtés occupés par Siakhel, Zarog, Solec, Roxelane, Sixoïl et Othilie. Naïa était placée au milieu, en tant que présidente du conseil et Dicta de la famille la plus nombreuse. Si sa droite était occupée, les sièges de gauches étaient encore vides, attendant le reste du conseil. Fusis et les siens y prirent place. Clisio et Barrow n'hésitèrent pas à prendre les sièges qui restaient, Clisio ne s'émouvant pas de se trouver à quelques centimètres de la cadette Ranvlonick. Le ciel, au-delà du dôme, était paré d'étoiles scintillantes, et le croissant de lune brillait d'une douce lueur. Naïa se leva, les flammes autour de Merkhan prirent une couleur rouge alors qu'il se levait à son tour :

« Le conseil extraordinaire est réunit en cette nuit pour juger Merkhan Epanheul, accusé d'avoir enfanté avec une être humaine, violant ainsi les lois fondamentales de notre espèce. Accusé, que plaidez-vous ? Malgré sa tristesse, la voix de Naïa était solennelle et empreinte d'autorité. Merkhan jeta un regard imperceptible au dernier siège de sa gauche puis inspira.

- Coupable, Dame Naïa, Dame Lya, Dame Fusis.

- Votre défense sera assurée par votre Dicta, Dame Lya. Dame Fusis représentera le témoin neutre, ainsi que tous nos membres. Je représenterai moi-même l'accusation.

- Je préfèrerai assurer seul ma défense si vous n'y voyez pas d’obstacle cher conseil.

- J'en vois, pour ma part. Déclara brutalement Lya.

- L'accusé à tout à fait le droit de se défendre seul. S'il le souhaite ainsi, il n'y a…

- Je défendrai Merkhan aussi surement que tu défendrai l’un des tiens Fusis. » Cingla la Dicta Epanheul.

Fusis eut un petit rire narquois mais n'ajouta rien. La Dicta Ranvlonick était, de part bien des aspects, impressionnante. Sa lourde et longue chevelure d'ébène tombait en cascade jusque ses cuisses, sa peau très pâle, était presque translucide, de sorte que l'on voyait son réseau veineux, ses paupières lourdes et ses longs cils surmontaient deux yeux bleus. Sa bouche était pulpeuse, ses coins tombants légèrement, surmontée d'un fin nez grec. Elle était grande et élancée, portant un longue robe empire blanche, qui marquait sa taille et ses hanches plus larges. Son inquiétante beauté était parée d'un charme fascinant, comme l'on regarde le vide. Son sourire la rendait presque hypnotique, aussi Lya s'adressait à elle en évitant de la regarder.

« Malheureusement Fusis a raison Lya… Déclara Naïa à regret. A toi de décider Merkhan.

- Merkhan, en tant que Dicta, je te recommande vivement d'accepter ma défense. Sa voix vibrait d'autorité et de tension. Merkhan fixa un temps sa sœur, puis soupira.

-Bien. » Lya sembla soulagé mais resta tendue.

Naïa s'inquiétait de savoir comment Lya allait bien pouvoir défendre son frère. Elle était bien trop intelligente pour ne pas soupçonner d'elle une carte qui pourrait soustraire Merkhan à la justice. Les Ranvlonick, eux, semblait de bonne humeur. Une aura de complaisance malsaine émanait d'eux, alors qu'une fois de plus les évènements prouvaient l'impossibilité d'une paix durable entre les trois familles. « Pourrions-nous avoir plus de précisions quant aux charges qui sont retenues contre l'accusé ? Cela est nécessaire si nous voulons être totalement impartiaux…

Fusis regarda alors Othilie avec un sourire cruel. Celle-ci était bien trop pâle et, malgré le peu de temps qui s'était déroulé depuis l'assemblée de sa famille, elle semblait avoir maigris. De grandes cernes soulignaient ses yeux qui fixaient le vide. Elle fumait toujours, un bras autour d'elle, les jambes croisées, enfermée dans la fuite d’une douleur qu’elle ne contrôlait pas.

- Tu auras de plus amples explications en même temps que tous. Nous allons commencer à présent Merkhan. Nous ne demandons que la vérité, tes mensonges, aussi bien masqués soient-ils, seront décelés et seront utilisés contre toi comme nouvelles charges à ton encontre. Es-tu prêt?

- Oui. Répondit Merkhan qui semblait vouloir résister pour ne pas garder ses yeux sur Othilie.

- L'humaine avec qui tu as commis le parjure, porte le nom de Meneallem?

-Oui.

-Depuis quand la fréquentes-tu?

-Six ans. Elle vit près de mon foyer humain.

-Quand l'as-tu touchée pour la première fois?

-Il y a un an.

-As-tu eu plusieurs ébats avec cette humaine?

-Non, cela ne s'est produit qu'une fois.

- Comment cela est arrivé? Tu connaissais la loi, pourquoi l'as-tu dédaigné à cet instant? Bien qu'elle répugne à infliger cela à sa sœur, Naïa devait faire connaître devant tous, tout les faits de la faute.

- J'ai été… Terriblement faible. Nous étions ce que nous pouvons appeler des amis. Du moins le croyais-je, mais elle… avait autre chose en tête.

Il semblait de plus en plus mal-à l'aise, ses yeux ne cessait d'aller et venir entre ses juges et Othilie, qui ne se mouvait que pour tirer des bouffées de cigarette. Elle est venue me trouver chez moi un soir. Elle a insisté pour m'inviter à dîner. Je ne voulais pas la froisser, de plus je l’appréciais, alors j'ai accepté. Le repas et la conversation était très agréable, d'autant plus qu'elle ne cessait de me servir du vin. Peu à peu nous nous sommes rapprochés… J'étais solitaire depuis… que… Je… me sentais seul, des années s'étaient écoulées depuis… Paloma… Il ne finit pas, contrit et bouleversé, tentant sans cesse d'accrocher un regard de la jeune femme rousse que ne daignait rien voir.

- Ton animalité a donc prit le dessus sur ta nature spirituelle si je comprends bien.

- Oui… souffla-t-il. Elle est désirable, j'en avais envie, je l'ai fait. Je regrette, mais ce qui est, est.

- Quand as-tu su pour l'enfant? Continua implacablement Naïa.

- Tardivement. Quelques minutes à peine après notre… relation, je lui ai dit qu'elle devait garder le silence sur cela. Je lui ai aussi annoncé que nous ne nous reverrions plus seule à seul. Elle en fut attristée mais se montra compréhensive. Nous n'avons plus eut de contact pendant les six mois qui suivirent. Puis un jour, je l'ai croisée… Son ventre était rond. J'ai su alors. Elle me la confirmé, sans avoir conscience de ce que cela impliquait…

- Tu as donc prit la décision de le cacher.

- Il était trop tard pour la faire avorter, et de toute façon l'idée me répugnait. Et… je ne voulais pas… perdre la femme que j'aimais pour une faiblesse d'une nuit… qui a mit à mal, peut-être pour toujours, des siècles d'amour. Naïa eut les yeux emplit de tristesse alors qu'Othilie se mettait à trembler. Sixoïl fusilla Merkhan de ses yeux jaunes, sa lumière devint plus brulante sous sa peau.

- Tu es impardonnable ! Tu mérite de mourir ! Merkhan sembla refouler des larmes.

- Sixoïl! Le reprit sévèrement Naïa.

- Nous ne faisons pas de mal à ceux que nous aimons, ceci est écrit dans nos lignes, ou les dernières défaites les ont tant mise à mal que nous les avons oubliées? Gronda celui-ci, ses mains se contractant autour des accoudoirs de son siège. Le jeune Epanheul se tourna alors franchement vers la jeune Van GeaYust.

- Je suis désolé de la peine que cela t'inflige. Mais cela ne remet en rien l'amour que je te porte. Cela ne change rien pour moi! Tu es la femme que j'aime et avec qui je veux vivre.

- Pouvons-nous passer pleurnicheries et mièvreries pour revenir au jugement ? Naïa n'as-tu point d'autorité ? Lança Fusis, semblant exaspérée par la scène qui se déroulait sous ses yeux brillants. Naïa ne releva pas la provocation.

- J'appelle Meneallem à venir devant le conseil. Merkhan quitta Othilie des yeux pour voir entrée la femme qui lui avait fait commettre l'irréparable.

-Elle est ici ? S'exclama Lya, soudain effrayée.

- Bien entendu, je ne pouvais la laisser en proie à un quelconque… accident. »

Lya sembla furieuse et vexée mais elle se contint. L'humaine sortit de sous une tenture près de l'entrée, masquant un petit salon. Elle était de taille moyenne, son corps, mit en valeur par un jean moulant, des hauts talons et un pull à col roulé, était sensuel, mince mais formé, son visage angélique laissait percevoir une peau dorée. Blonde, des yeux noisettes, non pas empreint de peur comme on pouvait s'y attendre, mais de défi. Elle était en effet très belle pour une humaine. Dans ses bras dormait le fruit de la faute. Elle avança jusqu'à Merkhan, s'arrêtant devant lui, plus proche du conseil qui put alors voir le nourrisson.

Tous se laissèrent gagner par une envie croissante de protéger cet enfant dont l'aura finissait de les convaincre. Une étrange énergie émanait de lui, mais rien de ce à quoi ils s'attendaient. Comment avaient-ils put supposer qu'il fut dangereux? Même Fusis et les siens semblèrent attendrit. Othilie, elle, ne leva pas les yeux. Merkhan pourtant tentait désespérément d'avoir un contact visuel. Un autre l'observait sans qu'aucun d'entre eux ne le remarque, pourtant son regard brulant semblait vouloir incendier la maison entière. Naïa sonda discrètement les esprits avant d'interroger l'humaine. Elle confirmait les dires de Merkhan en tout point.

« … son profond regret m'a fait beaucoup de peine, mais je savais qu'il était amoureux d'une autre, j'avais juste eut l'espoir de la lui faire oublier. Lorsque j'ai su pour le bébé, je ne pouvais décemment pas lui demander d'en être responsable. Mais alors, quand nous nous sommes croisés, je ne pouvais lui cacher plus longtemps. Sa réaction me bouleversa tout d'abord, j'ai cru qu'il avait une attaque. Il semblait terrifié. Je sais maintenant pourquoi… Elle se tu, serrant son fils contre elle. Elle le fixa un moment. Si vous décider de l'exécuter, je veux mourir aussi. Déclara-t-elle en levant les yeux sur Naïa.

- Comment s'appelle-t-il ? Demanda Deïloo avec un étonnant ravissement.

- Loyir. Loyir Epanheul. Tous frissonnèrent au nom.

- C'est joli. Murmura Naïa avec un sourire aimable, gardant un lien avec sa cadette pour amoindrir chaque sentiment ou émotions trop violentes. Choses difficile en cet instant. Une tempête faisait rage dans les trippes de sa petite sœur, son cœur se gonflait, éclatait, s’asséchait, en une cadence instable.

- Merci. C'est Merkhan qui le lui a trouvé.

Elle sourit au père mais celui-ci ne semblait rien voir en dehors de la jeune femme rousse qui restait immobile, muette et aveugle, ses yeux brulants dans leurs orbites. Naïa sembla réfléchir encore un instant avant d'annoncer.

- Bien, il est temps de rendre notre jugement. Différentes options s'offrent à nous, je vous demanderai de voter à main levée. Tous se redressèrent, une aura solennelle et grave s’imposa dans le grand hall. Qui est pour la mise à mort de Merkhan? Celui-ci leva la tête dignement. Deux mains se levèrent chez les Van GeaYust: Sixoïl et Solec, et seulement deux autres chez les Ranvlonick: Deïloo et Yavol.

- Bien. Tu auras la vie sauve. Othilie sortie de son immobilité une seconde pour fermer les yeux de soulagement. Merkhan l’entendit à son soupir et il voulut hurler de joie en sachant que l’amour qu’elle lui portait restait intact malgré ce qui se passait, ce qu’il avait fait.

- Je vous remercie. Lya semblait à nouveau rayonner de son aura souverain. Les choses ne semblaient pas si mal. Elle s’éteignit la minute suivante.

- Cents années d'emprisonnement, chargés de travaux forcés ? Hors les quatre qui avaient voulut sa mort et Othilie qui trembla, tous levèrent la main.

- Qu’il en soit ainsi. Merkhan tu es condamné à cent années de travaux forcés dans les entrailles de la terre où nul autre que ton aumônier ne te rendra visite. Maintenant je vais vous demander de décider du sort de son enfant. La mort ? Aucune main ne se leva. La mère laissa échapper un sanglot de joie et de soulagement. Elle serra son poupon contre elle de son bras gauche et de sa main droite elle vint trouver celle de Merkhan. Mais ce dernier ne la serra que très brièvement avant de fuir cette étreinte pour croiser les bras.

- Nous savons tous cependant qu'il est dangereux, extrêmement dangereux, de laisser vivre et grandir cet enfant alors qu'il dispose d'un molintil hors du commun. Il est à la fois Asdant, l’ancienne race humaine que nous représentons, et humain, tel que Meneallem. Deux espèces peut-être semblables en apparences, mais dont les différences sont profondes. Tous regardèrent la Dicta Van GeaYust. J'y ai réfléchis très profondément depuis que nous savons pour cet enfant. Bien que le molintil fasse partit de nous, de notre essence, il nous est encore trop inconnu. Nous savons que nous pouvons l'extraire… Il y eut un silence étrange dans la salle. Mais là n'est pas mon intention, il vaudrait mieux être mort que de se faire arracher son molintil. Mais… Ils semblèrent tous retenir leur souffle. Si nous pouvons le déplacer, peut-être pourrions-nous l'endormir ? Il serait toujours présent, mais en complète léthargie.

- Nous n'avons jamais fait cela! Nous pourrions tout aussi bien l'éteindre totalement. Remarqua Roxelane, pourtant tendu d’être entre sa sœur et ce qui provoquait sa douleur. Elle aurait bien tuée la mère, c’est tout.

- C'est pour cela que je pensais pouvoir utiliser notre prisonnier tout neuf comme cobaye.

Merkhan sembla sur le point de vomir un court instant, il se ressaisit, continua d’hésiter un instant mais il garda la tête levée, dans son esprit, Naïa lut sa détermination. Elle admira son courage malgré le goût nouveau qu’il lui donnait : le désir de faire mal, comme Roxelane. Et cette fois elle savait cet émotion venir d’elle et non pas seulement des ses frères et sœurs qui partageait cette idée violente. Car tous, à plus ou moins forte fréquence, ressentait la douleur de leur sœur présentement.

- Non Naïa, ne fait pas ça. Tous se tournèrent vers Othilie qui s’était levée, les yeux agrandis par l'horreur et la colère. Epargne-le, il est déjà punit, tu ne peux en demander d'avantage. Naïa voulut pénétrer dans l'esprit de sa sœur pour la rassurer, mais elle en fut chasser singulièrement. Pendant un instant, elle ne sut où regarder.

- C'est son fils, même s'il n'était pas notre prisonnier et coupable de l'avoir enfanté, je suis certaine qu'il se proposerait pour cela.

- Naïa, ce n'est pas une bonne idée, il a déjà eut le prix de sa faute. Dit alors Lya, dans une fureur sourde. Tu n'oserai pas le faire sur l'un des tiens, comment oses-tu le punir ainsi ?

- Il est le père Lya.

- Nous avons d'ores et déjà essayé d'extraire l'un des nôtres, tu n'es pas sans le savoir. Tu avais voté pour me semble-t-il ? Cingla Zarog.

- Peut-on comparer les fautes?! S'insurgea le Dicta Epanheul. Alors que Zarog allait répliquer violemment, Naïa se leva.

- Votons. Un silence de mort s'abattit sous le dôme de verre. Que ceux qui sont pour que Merkhan passe par la veille de son molintil afin de nous protéger de ce qu'il a engendré lève la main. Lya et Othilie furent les seules à garder leur main baissée. Lya semblait sous le choc.

- Tu n'as pas le droit ! Hurla Othilie. Tu me venge, mais ce n'est pas ta peine !

- Othilie, tais-toi. Elle se tourna vers Merkhan, "enfin" songea-t-il. Son cœur battait si fort contre ses côtes qu'elle avait le sentiment qu'il allait s’arracher de son poitrail. Les choses doivent être ainsi. Je l'accepte, tu le dois aussi. Même si te faire subir ma faute n'est pas ce que j'aurai souhaité… Il doit en être ainsi. Elle se leva lentement. Merkhan voulut la rejoindre, mais les flammes montèrent autour de lui alors qu'il y pensait. Ils se regardèrent profondément, le temps sembla un instant suspendu.

- Si cela ne marche pas sur Merkhan, je serai le deuxième cobaye.

-Non ! S'exclamèrent plusieurs Van GeaYust.

- Tu n'as pas à payer pour sa faute ! Gronda Sixoïl.

- J'en souffre déjà, c'est tout à fait mon droit. Elle regarda Naïa. Celle-ci soupira, vraiment contrariée.

- C'est exact, mais…

- Alors je le ferai. Il est temps de commencer. Othilie alla se placer aux côtés de Merkhan et lui prit la main en lui souriant tristement, dédaignant les flammes qui lui léchaient le corps. D’un geste, comme d’impatience, Naïa les éteignit. Merkhan rendit son étreinte à Othilie, si fortement que leurs mains blanchirent.

- Je ne crois pas qu'Othilie soit en mesure de faire ce choix, Dame Naïa. Elle n'est pas maîtresse de ses émotions. Dit alors Deïloo. Les membres de sa famille la dévisagèrent alors qu’elle gardait un air hautain et fier, Fusis eut même un rictus méprisant.

- J'ai parfaitement conscience de ce que je fais. Elle voulut protester mais Naïa l'interrompit.

- Merci Deïloo.

- Nous allons procéder. Déclara Fusis.

- Lya et Othilie, n'intervenez sous aucun prétexte, vous ne feriez qu'empirer les choses. Dit doucement Naïa, le visage empreint de tristesse et d'inquiétude. Je vais vous transmettre ma pensée pour que nous coordonnions nos intentions d’esprits en un esprit intentionné bienveillant. »

Ils se concentrèrent, fermèrent les yeux et rassemblèrent leurs esprits autour de celui de Naïa pour n'en faire qu'un, si puissant que toutes lueurs flamboyaient sous leur peau. Othilie caressait la main de son autre alors que celui-ci se figeait. Il tenta un instant de prendre sur lui, mais bientôt il ferma les yeux et tomba à genoux. Elle n'osait l'aider par esprit, consciente de la véracité des paroles de son aînée. Lya aussi s'en gardait, bien que ses traits parfaits fussent déformés par l'angoisse. Elle paraissait aussi vulnérable que son frère. Une vibration vint faire tinter les verrières, ainsi que la pierre qui les entourait, alors que ceux qui se concentraient toujours gardaient un visage paisible, comme s'ils s'étaient endormit. Les minutes passèrent, puis les heures. Interminables, infinis, pour ceux qui attendaient. Meneallem n'osait approcher du père de son enfant, surtout de cette beauté rousse qui lui tenait étroitement la main. Elle devait reconnaître que son cœur avait espérer une autre issue, mais il était évident qu'ils s’aimaient d’un amour véritable et sincère. Elle attendit longuement, comme les autres, mais la fatigue vint la faire vaciller alors que son petit réclamait sa pitance. Aussi décida-t-elle de se retirer dans le salon où elle se trouvait plus tôt. Personne ne sembla la remarquer, Othilie toujours accroupit auprès de Merkhan, Lya, les yeux cillant bien moins qu'à l'ordinaire, fixés sur son frère. Elle donna le sein au petit qui mangea goulument, inconscient de ce qu'il avait causé, inconscient qu'on ne lui laisserait guère de choix, que sa vie ne serai jamais vraiment la sienne.

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