2. "Dans la vie j'ai eu le choix entre l'amour, la drogue et la mort." J.M

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Tony

La fête de début de terminale battait son plein. Cela promettait une belle dernière année de lycée ! Vers 20 heures est arrivé un groupe de cinq filles que je n'avais jamais vu dans ce genre de soirée, dont j'étais pourtant un habitué. Je me dirigeai vers elle pour me présenter.

_ Eh les filles ! Je m'appelle Tony, lançais-je avant de leur faire la bise comme si nous nous connaissions depuis des années.

Elles me regardaient toutes, mais une plus particulièrement encore, comme troublée. Je pris alors moi aussi le temps de la reluquer. Ses cheveux châtains étaient détachés, et assez longs pour lui tomber juste au dessus de la poitrine. Elle portait un short très court dans lequel elle essayait de se sentir à l'aise. Mais je connais ce genre de fille : je suis persuadé qu'habituellement elle porte un jean, et limite un col roulé pour sortir. Et encore, quand elle sort !

Après m'avoir longuement fixé, elle se décide à me présenter son groupe d'amies, puis elle-même. Emma. Joli prénom, celui d'une fille sage. Mais j'espère me tromper à son sujet. Dans tous les cas, je ne saurais l'expliquer, mais quelque chose chez cette fille m'attirait. Elle semblait tellement innocente et à la recherche d'aventures dans le même temps.
Je les guidais toutes les cinq vers le bar.

_ Et voilà mesdemoiselles, dis-je en présentant le comptoir à boissons d'un geste du bras très théâtralisé. Puis je les quittais pour aller vaquer à mes occupations.

En effet, la raison principale de ma venue dans ces soirées ce n'était pas les filles, bien qu'elles m'intéressaient beaucoup quand même, mais j'étais surtout là pour le business. C'était dans ces soirées-là que je faisais mon plus gros chiffre d'affaire. Je faisais de la vente. Mais attention, pas de Tupperware, de drogue ! Et j'en consommais aussi, en grande quantité. Par ci, par là, au coin d'un couloir sombre, j'échangeai un petit sachet de poudre contre quelques euros.

Je suis l'aîné de trois enfants, que la mère a abandonné. Elle nous a laissé seuls avec mon père, qui a fait de son mieux pour nous élever correctement. Mais il y a deux ans, lors de mes 16 ans, il s'est fait renvoyer. Le problème, c'est qu'à son âge on ne retrouve pas de boulot facilement. Nous avons vécu miséreux quelques mois. J'avais honte d'aller au lycée, mon frère et ma soeur n'osaient pas inviter leurs amis à la maison. Alors un jour, j'en ai eu ras le bol de voir ma famille souffrir ainsi et j'ai décidé de chercher un travail étudiant. J'ai épluché toutes les petites annonces qui ne demandaient pas de qualifications particulières. Une seule me correspondait, sous l'intitulé "vendeur à domicile". Ils m'ont très vite donné rendez-vous, sans même me demander de lettre de motivation ou autre support généralement requis. Je ne me suis pas méfié.

_ Tiens, goûte et dis nous ce que tu en penses, m'a dit un des hommes présents.

Je n'avais encore jamais passé d'entretien, mais cette façon de procéder ne me semblait pas ordinaire. Je le regardais, perplexe. Me voyant hésiter, il me lança brutalement :

_ Tu le veux ce travail, oui ou non ?!


J'hochais positivement la tête.


_ Alors vas-y, fais pas ta fiote !

Je pris alors le billet enroulé qu'il me tendait, me laissai aller vers la table et sniffai la ligne d'une traite. Depuis ce jour, je me suis métamorphosé : j'ai repris confiance en moi, et tout le monde l'a remarqué au lycée. J'étais devenu populaire. Et il s'est avéré que j'avais le feeling pour la vente car je faisais parti de ceux qui faisaient le plus gros chiffre d'affaire. D'ailleurs, cette Emma me semble être la proie idéale ! Sage et rebelle à la fois, exactement ce qu'il me faut.

Elle était assise dans un coin, sans ses amies. Je décidai d'aller la voir pour jouer de mon charme avec elle. Je m'asseyai à côté d'elle et rapprochai la table basse afin d'y étaler ma poudre. En le faisant, je la sentais me fixer.

_ Tu devrais essayer, lui lançais-je, un sourire en coin, avant de me pencher vers la table et de sniffer la ligne.

Je m'essuyais le nez et presqu'aussi tôt je me mis à rire, sans raison. Puis lorsque je vis le visage d'Emma, bloqué sur une expression qui ne la mettait pas du tout en valeur, mon rire s'emplifia.
Je dessinais une nouvelle ligne avant de lui assurer qu'il n'y avait aucun risque et qu'elle devrait essayer.

Aucun risque... C'était loin d'être vrai. J'étais moi-meme accro depuis deux ans et mon organisme s'était tellement habitué que j'avais dû augmenter ma dose d'origine pour ressentir encore les effets. J'avais l'impression de ne plus être au maximum de mes capacités sans elle. Mais si je disais la vérité à chaque fois, je ne serais pas le meilleur vendeur.
Après avoir longuement hésité et cherché ses amies dans toute la salle, elle se laissa tenter. Et voilà, c'était dans la poche !

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