Chapitre 13 : La Morgue

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La puanteur avait augmenté au point de pénétrer au cœur du bâtiment. En compensation, les domestiques avaient installé partout des brûleurs à parfums et des fleurs, avec une efficacité limitée. La plupart des concubines, y compris Deirane, portaient un masque rempli d’herbes odorantes. Le harem était devenu un lieu étrange peuplé de femmes au corps dénudé, et au visage couvert. Le fait que l’ensemble du palais fût atteint mettait Brun de mauvaise humeur. Qu’il sentît comme une décharge portait préjudice à son prestige.

Heureusement, l’équipe de Chenlow s’était montrée diligente. Elle avait trouvé l’origine du problème et la situation revenait progressivement à la normale. Pas au point de retirer le masque pourtant. Construit telle une forteresse au temps des feythas, le système d’égout du palais communiquait avec celui de la ville par des conduites étroites, destinées à se protéger de toute invasion par cette voie. Leur petit diamètre les rendait malheureusement difficiles à nettoyer. Elles avaient fini par se boucher. D’habitude, une grille servait de filtre pour empêcher les débris trop gros de l’atteindre. Avec le temps, cette grille avait rouillé. Et vu la rareté du métal, elle ne risquait pas d’être remplacée. Des agents descendaient le nettoyer chaque année. Mais le tsunami avait remis en circulation des années de détritus en une seule fois. Heureusement dès que les ouvriers libéraient une canalisation, l’eau croupie s’évacuait mieux et la situation s’améliorait.

Un soir, Loumäi entra affolée dans la chambre de Deirane. « C’est fou ce que cette petite paniquait facilement », pensa la jeune femme. Elle se reprocha juste après cette réflexion injuste. Normalement, les domestiques, y compris les esclaves, menaient une vie tranquille au palais. Il était même possible qu’elle fût heureuse deux ans plus tôt. Seulement, Loumäi avait bénéficié de ce qu’on pouvait appeler « l’effet Deirane ». Se retrouver au service personnel de la concubine l’avait exposée en pleine lumière, mettant fin à son anonymat. Elle ne semblait pas le regretter, cependant elle vivait dès lors dans une peur quasi permanente. Afin de recouvrer son calme, Deirane prit une longue respiration avant de lui adresser la parole.

— Que se passe-t-il ?

— Un monstre rôde dans le palais, répondit-elle.

— Un monstre ?

Deirane s’attendait à tout, sauf à cette nouvelle. Le seul monstre, le frère de Brun avait été mis dehors il y avait quelques mois et depuis la paix régnait en ce lieu. En apparence du moins.

— Quel genre de monstre ?

— Un qui dévore les gens.

L’Yriani ne put retenir un sourire.

— Si des gens disparaissaient dans le palais, cela se saurait.

Loumäi ne sembla pas rassurée pour autant.

— Pas les domestiques. Personne ne s’occupe de nous.

— Si, même les domestiques. Si une chambre n’était pas nettoyée, ou un repas pas servi parce que la responsable ne s’était pas présentée à son poste, tu entendrais certaines hurler jusqu’à Sernos.

Loumäi esquissa un sourire bien triste. Les concubines comme Deirane étaient rares. La plupart ne supportaient pas la moindre contrariété, aussi minime fût-elle. Elles n’hésitaient pas à battre leur personnel quand elles n’étaient pas satisfaites de leurs offices. Loumäi était l’une des seules à ne pas cacher d’hématomes sous son uniforme. Du moins, jusqu’à sa rencontre avec Larein, quelques douzains plus tôt.

— Je vais vous montrer, proposa-t-elle.

L’Ocarianite se leva. Elle se dirigea vers la porte. Deirane ne bougeant pas, elle lui fit signe de la suite.

— Je fais quoi des enfants ?

Les deux nièces de Dovaren s’amusaient ensemble sur le tapis.

— On les laisse à Dursun. Sa chambre se trouve sur le trajet.

L’idée n’était pas mauvaise. La jeune novice accepterait volontiers de les surveiller, même si cela allait perturber son intimité avec Nëjya.

Deirane rassembla la marmaille, ravie à l’idée de passer la nuit avec « tante » Dursun.

Comme elle s’y attendait, Loumäi guida le petit groupe jusqu’à l’aile des chanceuses. Dursun consentit à garder les deux fillettes sans opposer aucune difficulté. Puis elles ressortirent dans le couloir. Une tenture entre deux chambres masquait une porte. C’était l’un des nombreux corridors de services utilisés par les domestiques pour se rendre partout dans le palais. À la grande surprise de Deirane, elle n’était pas verrouillée.

Deirane retint Loumäi par le bras.

— J’ai le droit d’aller par là ? demanda-t-elle. Ne risques-tu pas d’avoir des problèmes ?

— Si ça s’ouvre, c’est que vous avez le droit.

Deirane hocha la tête. Elle ignorait que les caves du harem lui étaient accessibles. Elle n’avait jamais essayé en fait.

Le couloir, s’il n’était pas aussi luxueux que les zones réservées aux concubines, offrait quand même un bel aspect. Les murs étaient recouverts d’un papier peint pastel, d’une couleur reposant les yeux et les pieds s’enfonçaient dans une moquette moelleuse gris perle. Loumäi avait raison. Les domestiques et les eunuques qu’elles croisèrent ne s’occupèrent absolument pas d’elle. Pour eux, la présence de Deirane ne présentait rien d’incongru.

De nombreuses portes étaient équipées de la serrure feytha. Elles montraient l’aspect d’une décoration à côté du chambranle et on les ouvrait au moyen d’un bracelet que l’ensemble du personnel portait.

Personne dans le monde d’aujourd’hui n’était capable de fabriquer une telle chose. Autrefois, ces tyrans disposaient de centaines d’objets de ce genre. Et de toute évidence, l’Orvbel avait pu se procurer certains de ces gadgets. Elle décida d’en savoir plus. Peut-être existait-il d’autres vestiges du passé dont elle pourrait tirer profit.

— Il y a quelques mois, quand tu as fait entrer Biluan tu pouvais ouvrir toutes les portes dont tu avais besoin avec ton bracelet ?

— Oui.

— Et à l’instant, tu as dit que les portes s’ouvraient aussi si j’avais le droit.

— Depuis l’intrusion de Biluan, les règles ont changé. La serrure vérifie aussi les personnes qui m’accompagnent. Et la porte ne s’ouvre que s’ils ont le droit de passer aussi.

— Et si tu me le prêtais, qu’est-ce qui arriverait si j’essayais de déverrouiller une porte à laquelle j’ai droit ?

— Rien. Il est personnel. Si quelqu’un d’autre le met, il ne marche pas.

Voilà qui expliquait pourquoi ces couloirs n’étaient pas gardés. Il n’y en avait pas besoin. Les portes assuraient leur propre surveillance. Elle comprenait aussi pourquoi personne n’avait tenté de s’en servir afin de s’enfuir. Elle ne se berçait pas d’illusions, les autres concubines savaient. Certaines tout du moins. Seulement, l’information n’avait pas circulé, témoin de sa faible valeur à leurs yeux.

En y réfléchissant, Deirane pensa qu’avec un tel système de protection, Biluan n’aurait jamais dû pouvoir pénétrer dans le palais sans se faire repérer. Sauf si on lui avait ouvert les portes au fur et à mesure. Et seuls Brun et peut-être Dayan en avaient la possibilité. Le roi voulait donc la mort du négrier. Qu’avait bien pu faire ce dernier pour qu’il mît fin à leur collaboration ? Et pourquoi utiliser une manœuvre si alambiquée alors qu’un assassin aurait aussi bien pu faire l’affaire ? La question ainsi posée, la réponse était évidente : renforcer les liens de subordination qui unissaient Deirane à ce monstre.

Deirane, perdue dans ses pensées, ne repéra pas le chemin. Elle fut surprise quand la domestique s’arrêta. La salle où elles étaient arrivées était sombre et fraîche, mais pas humide. L’air y circulait. Elle y trouva une dizaine de tables. Certaines étaient couvertes d’un drap, d’autres non.

— Voilà, annonça Loumäi, nous y sommes.

Deirane regarda autour d’elle. Pourquoi avait-elle suivi sa domestique dans les souterrains déjà ? Pour voir un monstre. Elle s’approcha de la première table et souleva le tissu. Des ossements humains y étaient disposés en vue de reconstituer la silhouette d’un individu incomplet.

— Le monstre a dévoré ces gens, déclara Loumäi d’une voix tremblante.

Deirane jeta un coup d’œil sur les autres tables. Tous portaient un squelette en cours d’assemblage sauf une couverte d’os en vrac qui n’avaient pas encore retrouvé leur propriétaire. Deirane, venant d’une ferme, avait participé suffisamment souvent à la mise à mort de bestiaux pour se forger une opinion.

— Ce n’est pas un monstre qui a tué ces gens, la détrompa-t-elle, ou si c’est le cas, c’était il y a longtemps. Regarde ces os, ils ont été décapés par le temps. Ça fait des années qu’ils traînent dans les égouts.

— Pourquoi ne les trouve-t-on que maintenant ?

— À cause du tsunami. Il les a délogés de là où ils étaient coincés. Le flux les a ensuite entraînés jusque dans les canalisations qu’ils ont bouchées.

— De quoi sont-ils morts alors ?

— Que sais-je, c’est peut-être des gens pauvres de la ville ne pouvant bénéficier d’une sépulture et jetés dans le collecteur général.

En réponse, l’Ocarianite montra de l’index un collier en or et diamant posé à côté de l’un des cadavres puis un bracelet jumeau de celui qu’elle portait au poignet. Au temps pour sa théorie. Le premier était riche, le second appartenait à une domestique du harem. Et puis de toute façon, ces squelettes semblaient trop beaux. De leur vivant, ces gens étaient en bonne santé et bien nourris. Seule partie de son raisonnement qui tenait encore, l’âge de ces cadavres. Ils paraissaient anciens, trop propres pour ne pas dater d’au moins deux ou trois décennies, voire davantage. Ils ne montraient pas non plus de traces de morsure, preuve que ce n’était pas un charognard qui avait nettoyé la chair, seule la corruption du temps en était la cause. Un squelette toutefois attira son intérêt. Ses os étaient très sombres, comme des fossiles, et le crâne portait des orifices supplémentaires en plus des orbites. Elle le regarda attentivement, intrigué par sa structure. Une maladie ? Un défaut. Au bout d’un moment, elle renonça à résoudre ce mystère. Elle n’était pas là pour mener une enquête. Elle était venue voir les victimes des monstres de Loumäi, elle les avait vues. Cependant, ce crâne plus que tout autre pouvait être qualifié de monstrueux.

Deirane était concentrée sur son examen quand la porte s’ouvrit. Le bruit la fit sursauter, comme si elle commettait une faute. Pourtant si tous les passages s’étaient dégagés devant elle, c’était qu’elle était autorisée à visiter ce lieu. Néanmoins, elle éprouva du soulagement en découvrant que la personne qui entrait était une domestique. C’était la vieille femme qui nettoyait sa chambre pendant la défection de Loumäi.

— Excusez-moi, dit-elle, je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un.

— Tu as le droit de venir ici, la rassura Loumäi.

— Et puis nous allions partir, ajouta Deirane.

En passant devant elle, Deirane lui adressa la parole.

— Tu as travaillé chez moi, et je ne connais même pas ton nom.

— Kathal, répondit-elle.

— Je te laisse procéder à tes affaires en toute tranquillité. Je rentre dans mon quartier.

Deirane salua la vieille femme qui manifesta son plaisir d’un sourire. Puis elle sortit. Loumäi lui emboîta le pas.

— Je peux vous poser une question ? demanda-t-elle.

— Depuis le temps que nous nous fréquentons, tu n’as pas besoin de prendre de précautions si tu désires me parler. Et puis, est-ce normal que deux amies se vouvoient ?

D’autant plus que dans son travail, la domestique ne se montrait pas avare de conseils ni d’ordres.

— Où avez-vous connu Kathal ?

Devant l’absence de réaction de Deirane, elle corrigea.

— Où as-tu connu Kathal ?

— Chez moi. Elle t’a remplacée le temps que je règle son compte à Larein. Cela te gêne ?

L’évocation de la raclée qu’avait reçue la concubine éclaira le visage de Loumäi d’une joie malsaine. C’était compréhensible. Deirane avait vu les marques sur son dos et ses jambes. Si dans un premier temps elle avait regretté de s’être laissée aller, ces traces de coups l’avaient vite fait changer d’avis. Sans compter que depuis Larein les laissait tranquilles. Avec le temps, elle commençait à regretter de n’avoir pas réagi plus tôt.

— Ça ne me gêne pas, je trouve juste ça surprenant.

— Pourquoi ?

— Parce que Kathal est comme moi, elle est affectée à une seule concubine.

— Ce qui explique pourquoi je ne l’avais jamais vue avant de déménager. Tant que je logeais dans la zone des chanceuses, je n’avais aucune occasion de la croiser.

— En plus, elle travaille au quatrième étage.

Donc loin de son ancien appartement, et tout près du nouveau.

— C’est la femme de chambre de Bilti, ajouta Loumäi.

Bilti. Cette Sangären rousse qui s’était présentée à elle quand elle avait intégré sa suite bénéficiait donc une domestique attitrée, comme elle. Les deux concubines ne s’étaient pas beaucoup vues depuis, malgré la proximité de leur logement. Peut-être devrait-elle approfondir cette relation. Elle ne débordait pas d’amies au point d’en négliger quelques-unes.

— Bilti, c’est donc elle qui me l’a envoyée. C’est sympathique, à l’égal de son accueil quand je suis arrivée.

— Bilti est en effet une personne agréable. Kathal n’est pas à plaindre.

Deirane se demanda si la jalousie qu’elle avait ressentie dans la voix de son amie était le fruit de son imagination ou pas.

En dehors de Kathal, pas plus qu’à l’aller, aucune domestique qu’ils croisèrent ne fit attention à eux. Elles avaient compris depuis longtemps à ne pas se préoccuper des affaires de ceux qui possédaient du pouvoir. Et si on leur posait la question plus tard, elles nieraient avoir vu Deirane. Elles rejoignirent enfin la salle de repos des novices, au soulagement de la concubine.

Dursun les attendait. Elle avait entraîné les enfants dans la piscine et les avait confiés à Arsanvanague qui était levée depuis bien avant le lever du soleil. Puis elle s’était installée, seule cette fois-ci, sur une banquette et semblait dormir, mais dès que les deux exploratrices rentrèrent, elle se redressa.

— Alors ? s’enquit-elle.

— Aucun monstre là-dessous, répondit Deirane, seulement des cadavres.

En quelques mots, Deirane lui raconta les péripéties de son expédition. L’Aclanli étudia un moment le récit de son aînée.

— Tu penses la même chose que moi ? demanda-t-elle enfin.

— Que ce sont les restes des sacrifiés dans le petit temple de Matak ?

— Nous sommes d’accord.

— Un point me gêne cependant. Voire deux.

— Ce qui me gêne, c’est : pourquoi Brun autorise-t-il tout le monde, y compris les concubines à se rendre là-bas ? la coupa Dursun. On ne devrait pas pouvoir accéder à cette zone, sans être suivie d’un eunuque. Et toi, tu y vas accompagnée seulement de Loumäi.

— Brun doit avoir ses raisons et je doute qu’il nous les fasse partager un jour.

Elle remarqua l’expression, à mi-chemin entre l’amusement et l’exaspération, de Deirane.

— Je t’ai interrompue. Excuse-moi. Vas-y !

Sous les encouragements de son amie, Deirane continua.

— La première, c’est qu’une concubine se trouvait parmi ces corps. Or à ma connaissance, aucune d’entre nous n’a jamais été sacrifiée.

— Tu sais reconnaître une concubine à son squelette toi ?

— Elle possédait des bijoux de prix. Un collier en or et en diamants, cela coûte cher. J’ai pensé un moment à une bourgeoise de la ville, ce qui colle encore moins. Que serait-elle venue faire dans le harem ?

— Étudier, répondit Dursun du tac au tac.

Évidemment, Deirane avait oublié l’école.

— De plus, les squelettes sont dispersés as-tu dit, ajouta-t-elle, toujours en cours de reconstitution. Si ça se trouve, ce bijou n’a rien à voir avec ces corps. Il a pu arriver là par ses propres moyens.

— Comment ?

— Comme eux. Emporté par les flots.

Deirane n’était pas totalement convaincue, bien qu’elle reconnût que l’adolescente n’avait pas tort.

— Tu parlais de deux choses, reprit Dursun.

— Un squelette paraissait étrange. Ses os étaient si sombres qu’ils semblaient très vieux. En même temps, c’était le plus complet, car il était facile d’identifier ses éléments. Et puis ce crâne, bizarre. Je suis curieuse de voir à quoi aurait ressemblé la tête de cet individu de son vivant. Elle devait être étrange.

— Tête stoltz, dit une voix derrière eux.

Deirane sursauta. Elle n’avait pas remarqué Arsanvanague. Cette dernière nageait dans le bassin, et comme tous les représentants de son peuple s’y déplaçait silencieusement. En voyant les deux amies discuter, elle s’était rapprochée et les écoutait attentivement. L’Yriani était surprise de la vitesse à laquelle elle avait appris à parler l’helariamen. Il n’avait suffi que de quelques douzaines de jours pour donner l’impression de comprendre ce qu’on lui disait dans cette langue et en à peine plus de temps, elle avait commencé à répondre. Mais l’helariamen seulement. Elle semblait imperméable aux autres langues parlées dans le harem. Ce n’était pas un problème, vu que c’était celle qu’employait le plus souvent Deirane et ses amies, Nëjya se refusant à utiliser l’orvbelian quand elle disposait d’un autre choix, Dursun avait fini par adopter l’habitude de son amante. Et aucune des deux ne connaissait l’yriani. Arsanvanague pouvait donc communiquer, bien que son vocabulaire fût réduit et sa maîtrise de la grammaire imparfaite. Cela ne durerait pas, l’helariamen était si simple.

La stoltzin désigna son avant-bras en mimant un geste. Deirane restait dans l’expectative de ce qu’elle cherchait à lui faire comprendre. Dursun, comme d’habitude, se montra plus efficace.

— Os, proposa-t-elle.

— Os ? répéta-t-elle. Os dans tête ici.

Elle prit la main de Deirane et la posa sur son visage, juste au-dessus de la mâchoire supérieure. Effectivement, elle sentit la présence d’une petite barre bien que ne présentant pas la dureté de l’os.

— C’est bien ça, confirma-t-elle, les stoltzt ont un os supplémentaire sur la face. On ne le remarque pas parce qu’on le confond avec la pommette.

— Un de chaque côté, remarqua Dursun, c’est symétrique.

— Nouveau peuple, pas d’os, ancien peuple un os. Mais oiseaux nouveau peuple et os comme ancien peuple.

— Je ne comprends pas ?

— C’est simple pourtant. Elle nous donne un cours d’anatomie comparée. Tous les animaux possèdent une barre osseuse au-dessus de la mâchoire sauf les nouveaux peuples qui en sont dépourvus.

— Et les oiseaux, ajouta Deirane.

— Et les oiseaux. Je ne comprends pas, ils ont été apportés par les feythas. Pourquoi ont-ils éprouvé le besoin de modifier leur crâne ainsi ?

— C’est important ?

— Non. Ce qui compte c’est qu’on a maintenant un moyen de reconnaître les squelettes humains et stoltzt.

— Et ça nous amène à quoi ?

— À rien, en ce moment. Si ce n’est qu’avant Arsanvanague il n’y a jamais eu de stoltzint dans ce harem, du moins dans une période récente. Ce qui est à l’origine de ces cadavres remonte à longtemps. Bien avant notre naissance à toutes.

Deirane acquiesça. Le raisonnement de Dursun semblait juste à première vue. Il y avait toutefois quelque chose qui la mettait mal à l’aise. Un point qui ne collait pas, qu’elle n’arrivait pas à identifier. Impuissante à mettre le doigt dessus, elle renonça. Cela lui reviendrait certainement, peut-être au cours d’un de ces rêves si instructifs.

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