Chapitre 3

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Le lendemain matin May sortit la tête de son oreiller réveillée par la faible lueur du soleil levant. Les yeux gonflés par les pleurs de la veille, elle essaya de discerner dans quel sens elle se trouvait sur son lit. Il ne fallait pas se tromper car d’un côté elle se prenait le mur et le coin en pvc de la seule fenêtre qui éclairait son mini studio et de l’autre il y avait le reste de son logement et la machine à café. Se cognant contre le mur, en tentant de se relever, elle se rendit vite compte que la machine à café était, définitivement, de l’autre côté.

- Aïe… fit-elle se frottant la tête à l’endroit de l’impact où elle crut sentir les prémices d’une bosse.

Elle se leva pour aller faire couler du café. L’odeur de sa boisson chaude, transportée par la vapeur qui s’en échappait, la berçait dans sa routine du matin. Elle réussit enfin à ouvrir grand les yeux en entrant dans la salle d’eau. Quand elle se vit dans le miroir, qui tenait avec seulement quatre petites fixations, au-dessus d’un petit lavabo rétro sur pied, elle se dit qu’il aurait mieux fallut qu’elle ne réussisse pas. La jeune femme s’était couchée la veille avec un pull déformé, troué et détendu par un nombre de lavage excessif, et quelques misères, il n’était même plus blanc depuis des lustres. Ce pull ressemblait plus à un haillon qu’à un pull, même pour servir de pyjama. Elle n’avait même pas besoin de se rapprocher du miroir pour voir les énormes poches sous ses yeux qui s’accordaient à son teint blême. May ne tarda pas à prendre une douche histoire de récupérer un peu de couleur, même si, à la base elle avait déjà un teint pâle.

En sortant de la douche la jeune femme se couvrit d’un peignoir, le temps de choisir ses vêtements pour la journée. Influençable et touchée, May repensa à ce que lui avait dit Chase la veille. Ne voulant pas non plus trahir ses propres goûts et envies elle échangea son jean noir troué par un jean noir délavé et lacéré, ses baskets par des rangers noires bas de gamme et son sweat-shirt noir par un sweat-shirt à capuche blanc avec une étoile en strass rouge au milieu.

Elle faillit oublier son café qui avait coulé depuis une bonne trentaine de minutes. N’importe qui l’aurait trouvé froid mais elle le trouva tout juste tiède. Soudain, elle entendit comme un hurlement de loup passer au travers même de la fenêtre qui était fermée. Sa première réaction ne fut pas d’avoir peur, mais de prier pour que ce ne soit pas ce qu’elle pensait. Apparemment cela n’avait servi à rien, en allant ouvrir la fenêtre, qui se trouvait au deuxième étage du vieil immeuble, elle aperçut Shadow au-devant du bosquet qui arborait ses belles couleurs de printemps et qui filtrait les rayons du soleil. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite. Sous une bouffée de chaleur elle se demanda comment il avait pu arriver là et espérait très sincèrement que l’autre abruti ne serait pas avec lui.

May entendit ensuite sonner à sa porte. Elle posa sa tasse sur la petite commode en acajou qui se trouvait juste à côté. Pensant que c’était son voisin de palier qui venait lui proposer le journal comme chaque matin, elle ne se méfia pas et entreprit de lui ouvrir. Mais elle croisa le regard de Chase juste avant de lui claquer la porte au nez. Elle ne manqua pas de la fermer à double tours. La peur fit place à la colère. Ne pouvant ni sauter du deuxième étage ni faire face au sans cœur qui se trouvait dans le couloir, l’étudiante se rua sur le lit, dont la chaleur corporelle n’était pas encore tout à fait partie, et s’assit en tenant ses genoux entre ses bras attendant impatiemment que le garçon sorte de l’immeuble.

Après quelques instants, plus aucun bruit ne se fit entendre dans le couloir. La jeune femme alla vérifier en entrouvrant la porte guetter un quelconque mouvement. Dans son plus grand malheur, elle perçu du bruit derrière elle. Elle se retourna lentement en refermant la porte et se plaqua violemment contre celle-ci de stupeur quand elle vit l’homme blond passer par la fenêtre.

- Tu fais ça souvent ? maugréa-t-il en se frottant les mains.

- De quoi ? dit-elle en se redressant avant de se décoller de la porte tout en surveillant son “invité”.

- Claquer la porte au nez des gens, râla Chase.

- Seulement quand ils sont pas les bienvenus, répondit la jeune femme.

Elle aurait voulu ajouter une phrase du genre : “Si ça peut satisfaire ton égo, t’es le premier à qui je fais ça.” Mais elle préféra se raviser. Chase l’observa de haut en bas puis de bas en haut et esquissa un sourire fier. Il s’assit sur le lit encore défait essayant de décrypter chaque expression faciale de la jeune femme qui semblaient toutes représenter sa frustration.

- Si tu n’as rien à faire ici, je te prierai de t’en aller de la même manière que tu es venu et de faire comme si tu ne m’avais jamais rencontrée, lança-t-elle, tremblante et se tenant le plus éloignée de lui possible.

- Ça, ça va être compliqué, annonça-t-il.

May à la frontière de l’implosion insista :

- C’est pas mon problème. Barre-toi.

L’étudiante vit le garçon se rapprocher de manière inquiétante et vive, en l’espace de deux secondes à peine, il était passé du lit à ses pieds. Elle sentait sa respiration, telle une légère brise caressant son visage. Elle vira au rouge pivoine et s’arrêta de respirer sur le moment et se remit contre la porte. Pendant d’elle tremblait et imaginait toutes les suites possibles, elle sentait sa main passer derrière son dos avant d’atteindre sa hanche de l‘autre côté.

- Pas sans toi, fit-il affichant une expression fière et arrogante.

Aussitôt ses paroles dites, dans une rapidité sans pareille, il ramena la jeune femme contre lui, la bascula sur son épaule et alla sauter par la fenêtre.

- Mais t’es un grand malade ! s’écria-t-elle durant tout le long de la descente – la chute.

À la plus grande surprise de May, Chase retomba sur ses deux pieds, jambes fléchies sans aucune égratignure ou douleur, comme s’il avait atterri sur un parterre moelleux qui avait absorbé la puissance de l’impact. Shadow hurla aussitôt que le garçon toucha terre. Il faisait la fête, comme un chien qui retrouvait son maître après une longue journée à attendre seul, impatient de voir le visage de la jeune fille. Mais le jeune homme ne relâcha pas tout de suite l’étudiante qui tentait de se libérer de son emprise. Il traversa le bosquet en la portant sur son épaule, et continua d’avancer jusqu’à atteindre un bois plus dense.

- Tu vas me lâcher oui ? brama May en s’agitant le plus possible, espérant qu’il finisse par lâcher prise.

- On y est presque. Ferme-la un peu, intima Chase. Pense un peu à Shad, le pauvre, tu lui fais mal au crâne à beugler comme ça, railla le jeune homme replaçant correctement la fille, tout en marchant.

- Shad, sale traître, fit la jeune femme ballotée. Si tu n’avais pas hurlé je n’aurais jamais ouvert la fenêtre. Vilain !

Le loup gémit baissant la tête en suivant le garçon. Chase, quant à lui, ricana et ajouta :

- Crois moi j’aurais quand même réussi à entrer.

- On va où comme ça d’abord ? Tu sais à quel point je te méprise là au moins ? vociféra May.

- Alors là, si tu savais comme je m’en contrefous, répondit calmement le garçon en prenant un ton sérieux.

L’étudiante sentit comme une pointe au cœur. Certes elle lui en voulait à cause de la veille, mais malgré tout, elle se sentait bien à ses côtés. Personne ne lui avait adressé la parole, sans que ce soit pour faire le travail scolaire à la place des autres, depuis longtemps. Elle avait la fâcheuse habitude de trop vite s’attacher aux gens. Et pour ne pas arranger les choses, elle aimait les Bad-boys. Alors qu’elle commençait déjà à l’apprécier comme un ami, lui, ne la considérait pas du tout. Elle cessa de se débattre et soupira en guise de défait, la douleur au ventre creusé par l’épaule du jeune homme.

- On devient docile à ce que je vois. Si tu m’avais dit qu’il fallait que je te dise que j’en ai rien à foutre de tes états d’âme pour que tu te tiennes à carreau, je l’aurai fait plus tôt, ajouta Chase.

Le sang montant au cerveau, le haut du corps commençant à s’engourdir, la jeune fille était déjà abattue. Combien de temps allait-il encore piétiner ses sentiments ? Elle n’avait rien demandé à personne. Le loup se mit à grogner, en signe de désapprobation de son comportement, en vers le garçon qui se tourna vers lui.

- T’es sérieux là ? Tu vas prendre son parti maintenant ? Je te rappelle qu’on a quelque chose à accomplir, dit le jeune homme à Shadow.

- Alors dépêches-toi, qu’on en finisse, lança la jeune fille. Quoi que ce soit. Je n’aurai peut-être plus à te …

- J’y compte bien, coupa Chase en la posant enfin à terre. D’ailleurs, commença-t-il en bougeant son épaule dans tous les sens possibles, on est arrivé.

Il sortit un objet métallique d’une de ses poches de son pantalon et le lança à terre. L’objet se décomposa, dans un bruit à la fois sourd et strident, en quatre morceaux qui formèrent une sorte de portail inter-dimensionnel, comme ceux qu’on voit dans les films de science-fiction. Le garçon fit signe à May de passer au travers.

- Faut vraiment que je passe là-dedans ? Ça ne va pas me tuer ou quelque chose comme ça ? s’enquit-elle inquiète de ce que cela pourrait lui faire.

- Je croyais que tu voulais vite en finir, fit Chase en affichant un sourire satisfait. C’est un téléporteur, ça ne va pas te tuer, soupira-t-il. Shad va passer avant toi si ça peut te rassurer, conclut-il.

Le loup s’avança alors, et passa au travers. La jeune fille encore hésitante et terrifiée y alla à tâtons. Elle passa d’abord sa main et senti une texture s’apparentant à de la brume, il y avait des courants chauds et des courants presque glaciales, c’était comme un voile dont l’autre côté était un mystère. Par la peur de l’inconnu, elle fit un pas en arrière avant de se faire pousser par le garçon impatient. Le portail se referma derrière eux et les bouts de métal disparurent comme par magie.

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