Baleine

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 Écoutez mon histoire vous qui ne voyez pas l’invisible. Écoutez et retenez chaque détail de ce conte car un jour, cela pourrait m’éviter la folie. Il est dit qu’au centre de mon île, par delà la jungle dans une grotte faite de diamant, se trouve le squelette d’une baleine. Ahia, mère de la vie en ce monde et protectrice des enfants de la mer. Mais ce ne sont que fabulations, des tissus de mythes brodés au fil des siècles, empanachés de bienséances religieuses. J’ai suivis la voie d’Ahia. Déchiffrant des cartes plus vieilles que notre peuple, j’ai trouvé le chemin vers la vérité. De ce voyage j’ai appris la toute puissance de l’Homme et son infinie médiocrité, j’ai subis des épreuves qui m’ont approché de la mort et des miracle qui m’ont confronté à la vie. Aujourd’hui je sais que quiconque achevant ce pèlerinage pourra-t-être appelé sage puisqu’il connaîtra les mystères de l’existence.

 Après bien des périls mon voyage touchait à sa fin. J’avais affronté plus de tristesse qu’il n’est possible de supporter et plus de joie qu’il n’est conseillé de rire. J’avais surmonté les mois de cette marche solitaire sombrant tantôt dans une folie malsaine, tantôt dans une euphorie qui faisait s’illuminer la nuit. J’arrivais finalement au pied du Croc de Denethon, la montagne des morts, où reposait le squelette d’Ahia la baleine. J’avais été surpris de découvrir, quelque temps plus tôt, l’emplacement de la caverne de vie en plein coeur du sinistre mont, cette dernière information avait été le déclencheur de mon départ. J’ai trouvé l’embouchure de la grotte, un énorme rocher taillé sur place dans la forme d’une gigantesque gueule de loup, la représentation de Denethon. Puis je me suis engagé dans ce qui fût la pire expérience qu’il me fût donnée de vivre. Les couloirs obscures de la montagne des morts étaient comme les boyaux d’une bête féroce, tortueux et pestilentiels, et formaient un labyrinthe qu’il me fallut plus d’une année pour résoudre. Quiconque pénètre dans le Croc de Denethon confie son âme à Ahia pour le temps de son errance, il est alors ballotté entre vie et mort et abandonne les nécessités du vivant. Pendant un an je n’ai ni mangé, ni bu, ni dormi. Et puis un jour je me suis réveillé avec la profonde conviction de savoir. Je savais où j’étais et où je devais me rendre, je savais que trois cent soixante cinq jours exactement s’étaient écoulés depuis mon entrée dans ce tombeau. En une journée j’ai rejoins Ahia. Vingt-quatre petites heures pour réussir là où un an d’errance avait échoué. Dans l’antre de la baleine trônait son squelette, pas un os n’en manquait, pas une éraflure ne le souillait. Tout autour s’étendait la forêt la plus verte qu’il m’ait été donné de voir, elle se perdait dans l’immensité de la cavité et je su en la contemplant que chaque espèce d’arbre qui pousse sur notre Terre avait ici son représentant le plus vieux, le plus magnifique. Et chaque feuille remuait là où aucun vent ne soufflait, et de ce murmure s’éleva-t-une voix, la voix d’Ahia, la voix de la vie.

“Au sein du mont des morts à jamais je repose

Dans mon contraire je vie, me nourris des ces âmes

Sans la mort je ne suis que l’ombre d’une flamme

De ses défunts je créer, digère et recompose.

Toi qui dans ta folie à tant voulu me voir

C’est de ton long périple que te viendra le feu

Ce que tu à appris vas le donner à ceux

Qui vivent de part le monde cela est ton devoir.

Il est mort je suis vie

Il est ténèbre je luis

Si il s’éteint je meurs

Pour les morts je ne pleurs.

Va maintenant fidèle, raconter ton destin

N’oublis jamais mes mots car ce sont les derniers

Et si folie un jour à ta porte vient frapper

C’est que de ce discour il ne reste plus rien.”

 Lorsque je me suis éveillé j’étais de retour au village. Chaque seconde de ce qui paraissait être un rêve était gravée dans ma mémoire et chaque vers du poème d’Ahia formait en mon âme un livre. Et je savais que jamais ô grand jamais je ne devait laisser s’éteindre la flamme qui m’avait été donnée.

 Voyageur qui m’écoute n’oublis jamais mes mot car si tel sort arrivait j’en perdrait la raison et la vérité en serait perdues à jamais. N’oublis jamais que d’Ahia tu viens et qu’à Ahia tu retournera.

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