Du haut de sa tour blanche, Il ne voyait que le bleu du ciel et le blanc des nuages. À perte de vue il y avait seulement une mer de coton qui se perdait à l’horizon. La nuit, Il se sentait seul. Ils ne s'entendaient que très mal avec Blanche, elle le rendait triste, elle lui rappelait qu’il y avait quelque chose en bas auprès duquel Il ne retournerai jamais et quelque chose en haut qu’Il n’atteindrai jamais. Mais pires encore, ils y avaient les nuits sans Blanche où Il devait rester éveillé, plaquer au sol par la peur de tomber de son invisible tour, immobile dans cette noire solitude sans fin. Heureusement, chaque matin, inlassablement, Il retrouvait Précieux. C’était son meilleur ami, son seul ami. Il passait des journées à lui raconter des histoires, à essayer de se rappeler ce qu’il y avait en bas. Il ne s’en rappelait jamais alors Il imaginait des paysages dans des couleurs qu’Il inventait et Il riait. Il sentait Précieux le réchauffer et lui enlever toutes les tristesses de la nuit avec Blanche. Quand Il le voyait, Il savait qu’Il n’était pas seul parce que Précieux ne pouvait pas exister que pour lui. Mais un jour, Précieux n’est pas venu. Au départ il y avait Blanche, puis elle s’est enfui et plus rien. Le noir absolu et le froid glacial. Il est assis et grelotte et personne n’est là pour lui ôter les pensées sombres de Blanche. Elles s'immiscent et s’infiltrent, se tortillent et parasitent son esprit. Petit à petit Il perd la raison, ses souvenirs de Précieux s’effacent, tous ses souvenirs s’effacent. Il ne pensent plus à rien, le temps s’arrête comme figé dans un vide immense. Il n’est pas mort Il n’est seulement plus là.

“Docteur Hermant veuillez noter que le détenu n°76428D est arrivé en phase terminale au 1265 ème jour de sa sentence.”