Étoile (à Suzanne)

2 minutes de lecture

 J'ai passé ma plus belle nuit sous les étoiles d'Auvergne, à contempler le ciel avec celle que je croyais être ma vie. Allongés sous les astres nocturnes, dos nus sur la route déserte, nous avions ce quelque chose qui nous poussait vers l'inconnu. Deux individus qui se croisent, se reconnaissent puis décident de partir vers l'inexploré. Une semaine de vacances avec elle, que je ne connais pas. Pourquoi pas. N'est ce pas le meilleur moyen de savoir si l'on est compatibles ? Nous étions compatibles. Pour sept jours nous étions compatibles. Pour un ans, deux, trois, cinq, nous étions compatibles. Pour les étoiles nous étions compatibles puisque dans le ciel il y avait LA constellation que nous avions inventé et qui nous caractérisait si bien : La tortue ninja qui danse le disco. Dans l'herbe il y avait la fraîcheur, dans la pierre le sang froid, dans les montagnes le grandiose. Il y avait la solitude qui vous fait sentir unique même à deux et la chaleur de la cheminée qui vous rappelle que dans votre errance il y a une finalité. Il y avait le fauteuil pour faire l’amour, la pierre pour faire l’amour, l’herbe pour faire l’amour, il y avait les arbres pour témoins d’une osmose parfaite.

C’est là que j’ai appris à écrire, pas d’un point de vu technique car il y a encore des progrès à faire, mais d’un point de vu psychologique. Ecrire comme purgatoire, ce que tu ne dis pas, écris le. Ce que tu pense, écrit le. Ce que tu sais, écrit le et tu te rendra compte que tu pense savoir mais n’y a jamais réfléchis. C’est là pour la première fois que l’on m’a dit “écris”, c’est là pour la première fois que l’on ne m’a pas demandé “à quoi tu pense ?” mais que l’on m’a dit “écris”, sous entendu écris et je saurais à quoi tu penses.

Et j’ai écrit, vingt minutes, trente minutes, une heure, puis les heures sont devenues jours, les jours mois, les mois années. Et j’ai continué à écrire bien après elle mais aujourd’hui, chaque fois que j’écris, c’est à elle que je pense, sur une petite table de jardin à me dire “vas-y, ce que tu écris on s’en fout, l’important c’est d’écrire”, à encourager un néophyte par amour (ou était-ce de la curiosité, notre couple n’étant pas si vieux), par envie de le voir aller mieux.

Je vais mieux aujourd’hui. Parce que l’écriture, je vais mieux. Parce que l’amour, je vais mieux et parce que la vieillesse, je vais mieux. Mais une chose est certaine, je n’irais pas mieux sans elle, qui est passé, présent et (qui sait) future, elle qui m’a donné les lettres que je n’osais brandire. Elle qui m’as donné vie sous les étoiles d'Auvergne.


Merci !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Felix.V ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0