Quinze ans plus tôt.

" Deux heures que tu m’fais poireauter dans c’foutu pub, y passent que du jazz ça m’file le blues.

— Sacré accueil pour ton seul ami.

— T’as pu voir ce que j’tai d’mandé ?

— Dis moi juste pourquoi tu te décides à tout remballer maintenant.

—  J’suis fatigué. J’en ai ras l’cul d’me coltiner les flics à longueur de journées, de raser les murs. Tu sais c’que c’est de dormir d’un oeil chaque nuit parc’que t’as peur qu’on t’flingue dans ton sommeil ?

— Oui, je vie dans la même ville que toi et je suis flic. Alors oui je sais ce que c’est. Est-ce que tu vas quitter la ville ?

— Non. C’est merdique ici mais je connais que ça et pis, j’m’y suis attaché.

— Si tu veux quitter le métier et rester ici t’as qu’une solution et tu vas pas l’aimer. Il faut que tu entre dans la police.

— Hé. T’en a bu un de trop là !

— Mais il faut que tu leur donnes quelque chose en échange.

— Attend tu m’fais marcher. T’es en train d’me dire quoi ? Que j’donne quelqu’un et y me prennent chez vous ?

— Ça pourrait suffire oui. Ils savent plus quoi faire, la moitié des gens de la ville sont des truands et l’autre moitié est pauvre, personne veut être flic ici. Ils engagent souvent des anciens de ton bord contre des infos.

— Et en quoi ça m’aide de v’nir chez vous ? Apparemment j’vais pas mieux pioncer.

— Tu ne sera pas tout seul. C’est dangereux d’être seul et fatigué dans cette ville, tu le sais mieux que moi. Une seconde d'inattention et t’as un gang sur le dos, une autre t’as un ennemi juré. Il y a de tout ici, mais personne n’est seul."

J’ai l’cafard, je sais qu’il a raison le con mais je peux pas m’résoudre à faire ça. Je fous tout dans l’placard et je r’commance tout à zero. C’est la seul solution bordel. J’suis prêt à m’tenir à carreau si y peut m’faire sortir de cette merde. Et pis foutre dieuj'suis claqué.

"Frank Meyère..."