Tout est calme. Bien trop calme. Une heure que je suis en planque, calfeutré derrière les vitres fumées de mon fourgon banalisé. Dans les rues la nuit se fait plus intense. Il y a pas mal de nuages, du coup on y voit pas grand’chose. La lune poursuit sa course et moi je suis là à poireauter comme un con. Un autre jour que celui-la et j’aurai pas bronché mais là il ne se passe rien. Un point de vente mon cul ! Ou alors y a un collègue qu’a fuité, je sais plus qui croire aujourd’hui, mais y'a pas un blaireau sur le macadam. Qu’on puisse empêcher les dealers de venir je veux bien, mais les junkys ? Pas moyen. C’est certain qu’y se passera rien ici ce soir, ni aucun soir. Et je pense pas qu’on ai pu me repérer, y a au moins cinq camtars comme le miens dans la rue. Remarque je dois être le seul avec des vitres teintées. Merde ça m’fout les boules ce silence. C’est beaucoup trop tranquille, jamais vu un quartier aussi calme, y’a même pas un clébard pour la ramener. Heureusement que j’ai prévu du café parc’que j’ai déjà envie de pioncer. Bordel j’entend déjà le patron taper sa gueulante demain matin. “Vous vous êtes endormis Delinger - c’est comme ça qu’y prononce mon nom avec son accent anglais à deux balles - , vous avez dû louper quelque chose. Alors vous y retournez fissa et vous avez intérêt à me ramener de nouvelles plus intéressantes que ce matin ! ”. Nan mais y se fout d’ma gueule avec ses infos pourries, et c’est toujours pour ma poire. La planque des braqueurs du mauvais côté de la ville, c’est pour John. Le bateau de trafiquants où y’a que des pêcheurs, c’est pour John ! Et le carrefour des dealers de coke où y’a un pas un pequenot c’est pour qui ? C’est pour John. Je dois être fait pour le tranquille, probablement qu’il y’aura jamais rien d’excitant dans ma carrière. Bordel je sens que je vais me faire chier…

*PAN !*

Aïe, sainte mère de foutre-dieu ! Je viens de m’retourner le café sur la cuisse. C’était un coup de feu ça merde ! Et je vois toujours rien. Au bordel y m’ont repéré.

*PAN !*