INTERLUDE - Apprentissage du démon

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Les jours pouvaient être des années, les temps des cycles de vie sans fin. Ardat-Lilli ne revit pas Elendriel avant d’être prête.

Nabérus admit la succube dans sa cour de prestige. Ardat-Lilli était agenouillée à ses pieds, prête à le caresser et à se charger de son plaisir à tout instant.

Sans même qu’il ait besoin de le lui demander.

Petite succube, belle démone. Nabérus appréciait ses soins empressés.

Et dans le même temps, c’était rafraîchissant d’enseigner le combat à ce jeune esprit.

« Lève ton sabre petite idiote !, » clamait le démon supérieur.

« Sache frapper fort, Lilli. Montre-moi ta puissance ! »

Dérisoire, cela faisait rire le démon.

Nabérus, le commandant de quelques légions démoniaques et le grand inspecteur général des armées, se prenait de sympathie pour son nouvel animal de compagnie.

Il lui enseignait le combat à l’épée avant de la baiser durement sur sa table de commandant. Ravi de la voir gémir son nom.

Menteuse petite succube !

Il était connu que le plaisir n’était pas pour elle mais pour leurs proies.

Un jour, Nabérus, le marquis vaillant, reçut la visite de Nergal, le chef de la police secrète de l’Enfer. Le maître-espion eut une grimace éloquente en voyant la succube, à genoux devant Nabérus. Le commandant se tenait les cuisses écartées, devant la démone sérieusement à l’ouvrage.

« Par les maudits, tu ne penses qu’à cela Nabérus !, claqua Nergal.

- Que me vaut le déplaisir de ta visite Nergal, ô Maître de la Grande Ville ?, » réussit à lancer le commandant des armées, malgré le plaisir montant dans ses tripes.

Nergal, sans même un regard sur le commandant, se mit à examiner les documents éparpillés sur la table de marbre noir et poussa un sifflement éloquent.

« Trente-six légions à entraîner et les plans de conquête du prince Abalam à organiser et tu perds ton temps avec une succube. Peux-tu m’expliquer ?

- Nergal, tu devrais te laisser sucer de temps en temps, cela te détendrait. »

Un rire, amusé et méprisant.

Nergal se tourna vers Nabérus et le contempla sans colère. Apathiquement.

« Abalam m’envoie à toi. Le Prince se plaint de ton retard.

- Trente-six légions à disperser dans les sables du désert de Syrie. Le Prince croit-il que cela se crée par le jeu de l’esprit ?

- Le Prince n’est pas connu pour sa patience, » conclut posément Nergal.

Le désir s’était éteint.

Nabérus chassa Ardat-Lilli d’un coup de pied bien placé et remit de l’ordre dans sa tunique. Il se leva et rejoignit Nergal près de la table de commandement.

La succube essuya sa bouche d’un revers de la main et se fit invisible. A l’écoute des deux démons majeurs discutant de plans et de conquêtes.

« La Syrie… Terre sacrée et joyau céleste. Pourquoi le Prince veut-il absolument sa conquête ?, demanda Nabérus, agacé.

- Sa destruction serait plus juste, rétorqua Nergal. Armageddon n’est pas encore là mais le Prince veut augmenter son emprise sur les hommes.

- Est-ce au goût du Seigneur ? »

Un sourire amusé…, légèrement méprisant...

Nergal était le Maître de la Grande Ville, le chef de la police secrète de l’Enfer, le maître-espion des Démons supérieurs… Il fut un temps où lui aussi était un dieu ! Le dieu babylonien de la mort et de la guerre.

Nabérus n’était qu’un commandant de l’armée, un subalterne craignant l’ire de ses maîtres.

« Le Seigneur est d’accord avec les visées du Prince, répondit sèchement Nergal. Dans ton intérêt, il te faut terminer les plans de conquête. Le Prince n’est pas patient.

- Nergal..., commença la voix gonflée de colère du commandant.

- Je ne reviendrais pas te prévenir en personne, Nabérus. Je suis venu pour t’appuyer. »

A cela, Nabérus n’avait rien à répondre.

Dans la hiérarchie démoniaque bénéficier de l’appui de Nergal était un atout de choix. Le commandant en fut réellement surpris et reconnaissant.

« Tu es de mon côté ?, demanda Nabérus.

- De tous les commandants de l’Enfer, tu es le seul en qui j’ai confiance, Nabérus. »

Et le fat Nabérus se mit à sourire béatement.

Nergal lui rendit son sourire.

Oui, Nergal avait confiance en Nabérus, il savait qu’il était le plus facile à manipuler de tous les commandants infernaux.

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