INTERLUDE - Fatuité et manipulation

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Le Maître-espion allait partir et laisser le Commandant à son travail mais Nabérus le retint d’un geste amical.

Une main sur le bras du démon de la police.

Nergal n’apprécia pas le toucher et le fit savoir par un flamboiement intense des yeux.

« Ne pars pas ainsi Nergal ! Je peux te proposer ce que tu souhaites !

- Un cadeau ?, sourit dédaigneusement le Maître-espion. Je n’ai besoin de rien venant de toi.

- Pas forcément un cadeau. Tu pourrais avoir du plaisir. »

Les yeux de Nergal s’écarquillèrent de surprise.

« Comment vas-tu expliquer cela à Ereshkigal ?

- Ton épouse est absente. Je n’ai pas une armée d’espions à mon service mais tout le monde sait que ta femme est... »

L’éclat dur revint dans les yeux clairs de Nergal. Oui, il était de notoriété publique que son épouse, Ereshkigal, la Dame du Grand Milieu chargée d’apporter la Mort aux humains, n’était pas de toute première vertu.

Il fut un temps où le couple était parmi les plus soudés de l’Ether, il fut un temps où Nergal aimait Ereshkigal et était prêt à mourir pour elle, il fut un temps où leur amour devait durer l’Éternité.

Il fut un temps mais l’Éternité n’existait pas.

Et les anciens dieux déchus le savaient très bien.

En ce moment, l’épouse de Nergal le trahissait avec Marchosias, un marquis sans cervelle mais qui jouissait d’une relative puissance dans la Cour de l’Enfer.

Nergal n’était pas aussi reconnu, son poste de Maître-espion le vouait à la Nuit et au Silence, même dans les Cercles de la Cour.

« Mon épouse est absente, reconnut amèrement le démon. Que me proposes-tu ? »

Sans répondre, avec un large sourire aux lèvres, Nabérus désigna sa succube.

Ardat-Lilli se leva et s’approcha, soumise et humble.

En réalité, elle était terrifiée par le chef de la police secrète.

Les disputes entre Nergal et Alouqua n’étaient pas une rumeur...et Alouqua détestait le Maître-espion. C’était elle qui avait présenté Ereshkigal à Marchosias.

Un joli couple.

Nergal n’avait pas apprécié.

« Une succube ?!, murmura Nergal, la voix dégoulinante de mépris. Ne pouvais-tu pas te trouver une démone d’un rang supérieur ?

- C’est une gentille fille...et habile…

- Je n’en doute pas, frémit le chef de la police. Une succube dressée par Alouqua. Elle doit avoir la langue habile.

- Veux-tu l’essayer ? »

Nergal n’était pas aussi porté sur le sexe que certains démons.

Le Maître-espion était chaste et sérieux. Il noyait dans le travail le chagrin que lui causait sa ravissante épouse.

Sa déplorable chienne !

Ardat-Lilli s’approcha et doucement, elle déploya ses ailes et se mit à danser. Voulant séduire le chef de la police.

Nabérus avait déjà les yeux brillants de désir.

Oui, elle manipulait bien le commandant des légions mais le Maître-espion était d’une autre trempe…

Elle était belle, la succube. Petite, sombre mais gracieuse, tentatrice. La meilleure des filles d’Alouqua.

Nergal la contemplait et interrogea Nabérus.

Le chef de la police secrète.

« Pourquoi as-tu une succube ? Tu n’étais pas de ce genre.

- Une faveur rendue à Alouqua.

- Une faveur ? »

Nergal se fustigea de sa surprise. Quelle faveur Alouqua a-t-elle pu demander ?

C’était une chose qui intéressait furieusement le Maître-espion.

Nabérus était si stupide qu’il avoua en souriant le secret d’Ardat-Lilli.

« La petite démone veut devenir une guerrière.

- Une guerrière ? Voyez-vous cela.

- Tu imagines Nergal ? Si les succubes se mettent à faire la guerre ? »

Un rire, si méprisant.

Nergal se joignit au rire sans conviction.

Ardat-Lilli dansait toujours, le sourire tentateur, les mains glissant sur ses hanches, sur ses seins, dévoilant son corps par un lent effeuillage. Et ses ailes caressèrent les épaules de Nergal. Une touche qui devait mettre le feu...même à l’austère maître de la police.

Mais voilà, le Maître-espion n’était pas désireux de coucher avec la succube mais il voulait en apprendre plus sur cette affaire de guerrière.

Alouqua menait-elle sa propre guerre ?

Un plan pour obtenir plus de pouvoir au sein de l’Enfer ?

Et lui, le Maître-espion n’en saurait rien ?

Cette idée lui donna la nausée.

Nergal se leva et résolument il s’approcha de la succube, maintenant complètement nue devant les deux démons majeurs.

Nergal posa sa main et ses griffes saisirent les cheveux de la succube.

Nabérus applaudit en riant.

« Une jolie petite pute…, lâcha le chef de la police. Pourquoi en faire une guerrière ?

- Je n’en sais rien, » admit le commandant en chef, indifférent.

Mais la question ne s’adressait pas au marquis idiot.

Nergal parla à Ardat-Lilli et celle-ci l’avait très bien compris. Elle fit tout pour ne pas montrer sa peur.

« Alouqua m’a juste confié sa fille, expliqua Nabérus. A moi d’en faire une guerrière ! »

Et Nabérus sourit, fat et satisfait.

Nergal et Ardat-Lilli ne se quittaient pas des yeux. Doucement la main du chef de la police relâcha la chevelure de la succube.

Le Maître-espion se décida à jouer le rôle qu’on voulait lui attribuer. Il releva la succube et la poussa en direction de la table. Il l’étendit et la força à écarter les cuisses pour lui.

Nabérus était si content qu’il lâcha des encouragements.

Mais le Maître-espion voyait le sourire réjoui de la succube, il savait qu’elle obtenait ce qu’elle voulait de lui.

Manipulatrice.

Cela lui donna envie de la revoir !

Et d’une seule poussée, brutale et violente, il la prit. Les jambes, longues et souples, de la succube encerclèrent la taille du chef de la police.

Nergal se pencha pour lécher la gorge de la succube...puis sa bouche toute proche de l’oreille de la succube, il murmura, trop faiblement pour que Nabérus l’entende :

« Pourquoi vouloir devenir une guerrière ?

- Mhmmm, gémit la succube en se mordant les lèvres. Pourquoi se contenter du plaisir ? Lorsqu’on peut dominer autrement les hommes…

- Seulement les hommes ?... »

La succube était habile.

Experte dans les jeux de l’amour.

Nergal se devait de l’admettre alors qu’il devait taire les gémissements de plaisir qui le prenaient.

Ardat-Lilli serrait ses cuisses autour de lui et ondulait son bassin en même temps que les poussées devenaient plus profondes.

« Mhmmmm, haleta la succube. Peut-être aussi les démons majeurs ?

- Tu travailles pour Alouqua ?

- Crois-tu que je vais te répondre ? »

Un rire qui se transforma en gémissement alors que le Maître-espion se faisait plus dur.

Manipulatrice.

Nergal se devait de l’admettre.

Elle le manipulait à merveille lui aussi.

Enfin, il sentit la vague se former en lui et le démon jouit au fond des entrailles de la succube.

Lentement, les deux démons se regardèrent, cherchant leur souffle. Nergal murmura :

« Je veux te revoir !

- Vraiment ? Le Maître de la Grande Ville n’a que faire d’une succube !

- Petite succube, ne joue pas avec moi ! Tu pourrais goûter de mes geôles !

- Mhmmm. Vraiment ? »

Nergal se recula.

Il n’avait pas joui depuis des siècles. La petite succube avait réussi un exploit. Mais ce n’était pas le sexe qui attirait le policier, c’était le plan d’Alouqua.

« Dans mon bureau !

- A vos ordres, puissant Nergal ! »

La succube se redressait, remettant de l’ordre dans ses boucles, indifférente à sa nudité et à la semence coulant le long de ses cuisses.

« Et n’oublie pas, petite succube, qu’avant d’être le Maître-espion, j’étais le dieu des Morts et de la Guerre à Babylone. Je pourrais t’enseigner ce que tu souhaites.

- Oui, Seigneur. »

Nergal n’ajouta pas la suite à sa phrase que la petite succube avait bien comprise.

Il pouvait lui enseigner ce qu’elle souhaitait, bien mieux que cet incompétent Nabérus.

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