Les couchers de soleil sont la preuve que peu importe ce qui se passe, chaque journée peut se terminer joliment
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Si l’on me cherche à La Rochelle, vous me trouverez à quatre endroits différents : En premier lieu, dans les ruelles, à repérer les lieux ou les faiblards dans la plus grande des discrétions. S’il y a une personne avec une capuche de passer ? Ne doutez plus, c’est Moi. Une ombre se déplaçant derrière vous, se mouvant discrètement, tant, que vous l’oublierez. Secondo, sur les toits des habitations. N’ayant pas de domicile fixe –ou presque-, icelieu, Nous serons nichées là-haut, à prendre de la hauteur pour mieux vous toiser, mieux vous critiquer, mieux voir vos infidélités et mieux entendre vos mensonges. Ce doit être mon passe-temps favori, de vous méprendre de la sorte. Encore, vous pourrez me trouver à la plage, à observer ces couchers de soleil. Non pas que je sois fleur bleue, il n’en est rien. Mais simplement parce qu’il y a au moins une chose qui me passionne, et c’est la grandeur de l’Océan, la grandeur du ciel qui se teinte alors le soir de moult couleurs différentes. Prenez le temps, d’observer le soleil se coucher, ou bien se lever, la beauté de la chose vous met parfois une claque aller et retour à vous faire réaliser que la vie n’est pas si moche. Enfin, vous me trouverez à la Synthèse. Chambre 23, plus précisément si je ne suis affalée dans ce coin rénové avec presque goût par le De Machaut. Le Quadra s’est donné du mal, à refaire son établissement, mais au-delà des couleurs froides de sa taverne, et son faciès gelé, on finit par y trouver un peu de chaleur.
Et si vous ne me cherchiez pas, que vous dites ? C’est moi qui vous trouverai. Vous ne me connaissez peut-être pas, mais je passe assez de temps à vous observer pour déterminer vos habitudes et vos endroits fétiches.

Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, c’est le confort que je recherche. Alors la nuit tombée, mes pas me ramènent automatiquement à la Synthèse. C’est devenu une habitude, même si je voulais en partir pour trouver une autre auberge, je ne sais si je le pourrais. Le confort dans l’inconfort, le bordel dans l’organisation, les bouteilles d’eau de vie. Tout ça me retient ici. Et un peu le Quadragénaire, peut-être. Lui, j’ai l’impression de le connaître par cœur, et dans le même temps je ne sais pas trop quoi penser de lui. Il me surprend tout comme il m'effraie. Je peux difficilement calculer ses futures réactions, anticiper ses prochains coups. Il me ressemble. Du moins, en partie.
Et c’est non sans surprise que je le retrouve là, dans le petit coin de sa taverne réaménagé pour un plus grand confort.

-  Approchez ! Jouons !

Les yeux se plissent, mais je m’exécute dans l’ordre posé, uniquement dans le but de descendre un peu d’alcool. Si le Piastre est parfois de marbre, des lubies lui prennent parfois afin d’en savoir plus à Notre sujet. Il essaie, souvent en vain. Mais il garde tout de même le mérite de tenter, de foncer la tête dans le mur. La tête haute et redressée fièrement, mais à finir par se prendre le mur de plein fouet malgré tout.

- Il nous emmerde, l’autre, à vouloir jouer. J’ai une tête à vouloir m’amuser avec lui ? Qui dit s’amuser, dit passer du bon temps. C’est non.
- Bonsoir, De Machaut.
- Tu crois que ça va être quoi son jeu ? Cap, pas cap, et si t’es pas cap, je te donne le gage que je veux ?
- Jouer ? À quoi donc, Piastre ?

Pas de dés. Pas de cartes. Pas d’argent. Juste l’Eclopé et Nous, et une bouteille de vodka. Si c’est un jeu de logique, au moins nous avons le mérite d’être à deux contre un. Mais aux vues de son sourire, cela n’envisageait rien de bon pour Nous. Piastre, quelle idée farfelue as-tu encore derrière la tête ?