Tatie Christina venait d’ensorceler l’aspirateur. Elle l’avait enfourché et déjà l’engin ménager hi-tech volant, flottait dans les airs. Sandy Montbleu regardait ce spectacle avec son frère bien sûr, mais aussi avec émerveillement.

Thomas, le mage, avait sorti une valise de sa poche, le baguage repris taille normale une seconde après avoir touché le sol. Le mage l’avait monté comme si c’était un fier destrier et dit :

— Je te suis d’en bas.

— Vous ne pouvez pas voler ? demanda Lucas.

— Les mages sont trop terre-à-terre pour voler, c’est ce qu’ils disent, moi je dis que ce ne sont que des vieux trouillards, répondit tatie.

Le petit garçon Montbleu avait essayé de prendre place derrière le mage, mais ce dernier lui dit :

— On peut savoir où tu vas comme ça ?

— Sauver mes parents.

— Sûrement pas, trop dangereux. Toi, mon petit camarade, tu restes ici avec Armaneüs.

Lucas était descendu en boudant. Sa sœur s’était adressée à tatie.

— Je monte derrière vous ?

Le mage qui avait vu le futur de la sorcière, ne put s’empêcher de regarder la réaction de Christina envers celle qui …

— Oui, mais tu ne me touches pas, et tu arrêtes tout de suite avec tes « vous », bougre de cornichon, je n’ai que cent-quatre-vingt-huit ans moi.

— À oui, quand même, dit Sandy ébahie.

La sorcière lui lança un regard noir.

— Je voulais dire, oh, rien que ça, vous ne les faites pas.

— Merci, c’est vrai que je prends soin de moi, répondit tatie, de la fierté dans la voix.

— Nan, sans rire, vous … euh, on te donnerait à peine vingt-cinq.

Tatie Christina avait rougi.

— Vingt-huit, et si tu crois que ta flatterie marche sur moi, tu te trompes, gamine.

— Quand vous aurez fini de parler de vos féminités on pourrait y aller ? coupa Thomas, qui ne se sentait pas très bien depuis que les deux regards féminins étaient braqués sur lui.

Sandy avait essayé de monter en ne touchant pas la sorcière… sans résultat. Tatie, voyant la jeune fille qui n’arrivait même pas à grimper sur un aspirateur volant, souriait de sa maladresse. Thomas lui fit un signe de la tête pour la pousser à aider la demoiselle, la sorcière tendit la main et Sandy l’avait saisie.

— Merci, c’est la première fois …

— C’est la dernière fois que je t’aide surtout ! coupa sèchement tatie Christina.

Après un dernier regard vers sa maison, Christina s’était demandée si tout ça valait bien la peine, n’ayant pas trouvé la réponse à son interrogation, elle avait décidé qu’empêcher des gens innocents de mourir était sûrement la meilleure des choses à faire.

— Montre-nous le chemin, gamine !

Sandy avait pointé un doigt dans la direction de stade, et tous trois étaient partis à toute vitesse.

Lucas, sur le trottoir, regardait ces étranges véhicules s’éloigner, jetant un coup d’œil au vieil homme debout à côté de lui, il dit :

— Et vous, vous êtes quoi ?

Armaneüs prit conscience qu’il était seul avec un mortel, de petite taille certes, mais un mortel quand même. Une ancienne peur s’était emparée de lui.

— Moi ? Je suis un homme tout ce qu’il y a de normal, je ne suis …

— Oh, tant mieux, vu la blancheur de votre peau, j’ai cru un instant que vous étiez un zombi.

— Un zombi… une malheureuse goule, par les canines de Vlad, je suis un puissant vampire moi mon garçon, rien à voir avec le petit mort-vivant de basse catégorie, un vampire tu entends ! un zombi, je vous jure.

Le maire du village s’était un peu emporté, après avoir retrouvé son calme, il regarda le petit garçon qui lui souriait. Il était tombé dans un piège gros comme un camion (même s’il ignorait ce qu’est un camion).

— Et zut.