2.

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— Alors c’était comment le monde ? demanda tatie, qui cherchait partout son calme, perdu récemment en voyant un mage assit dans son canapé.

— Tu crois vraiment que j’ai fait le tour en six jours ? répondit Thomas.

— Non, mais je ne croyais pas devoir me débarrasser de ce canapé avant il y a six minutes, donc je ne suis plus sûre de rien en ce moment.

Plus personne ne se souvient exactement pourquoi les mages et les sorcières ne s’entendent pas. Cette querelle remonte à bien trop longtemps et fera sûrement l’objet d’une histoire prochaine. Tout ce dont les mémoires les plus vielles veulent bien se rappeler, c’est que la « profession » de mage est réservée aux hommes, tandis que le « hobby » de la sorcellerie est purement féminin, c’est comme ça et pas autrement et personne ne s’en plaint.

Bref.

Thomas le mage était agité, il n’arrêtait pas de tourner une de ses bagues dans tous les sens, comme s’il espérait trouver une révélation dans un des reflets qu’il envoyait involontairement dans les yeux de tatie Christina. Cette dernière, agacée par des jeux de lumières phénakistiscopiques, (l’ancêtre des effets stroboscopiques, mais tatie ne connaissait pas encore l’évolution de cette invention belge), attendait patiemment que son visiteur, non apprécié, lui explique la raison de sa venue.

— Tu commences quand tu veux !

— Hein, oh, oui, bien sûr, voyons, par où commencer, mhhh…

— Eh bien, tu reviendras quand tu sauras, ou mieux tu ne reviens pas, en tout cas jamais ici. Ce n’est pas possible, t’imagine le nombre de chaudrons de plantes pourries que je vais devoir brûler pour enlever ton aura de mage de ma maison !

Le mage leva les yeux vers tatie et celle-ci se tut, puis il dit :

— Le monde en dehors de ce village, eh bien, il a changé.

— Quelle gentillesse d’être venu jusque chez moi pour me dire ça, je te suis extrêmement reconnaissante, merci beaucoup, oh mais tu as vu l’heure, dix-huit heure sept, il se fait tard, je ne te raccompagne pas, et on se dit à jamais.

Tatie aimait se moquer des mages et toutes les occasions étaient bonnes pour une bonne vielle session de sarcasme.

— L’homme a fait des nouvelles découvertes.

— Ouais, j’en ai vu une, un aspirateur qu’ils appellent ça.

— Et puis il y a les gens comme nous.

— Qu’est-ce que tu as vu Thomas ? le mage venait de capter l’intention de tatie.

— Je n’en croyais pas mes yeux, rien ne pouvait nous préparer à …

— Parle ! Abruti de mage.

— Apparemment un certain Gandalf, un grand mage d’après ce que le responsable de la bibliothèque m’a dit, …

— Qu’est-ce qu’il a fait ? tatie était au bord de la crise de nerf, elle n’était pas prête à retrouver son calme avant un moment.

— Il … il nous a rendus populaire. Les mortels s’amusent à se déguiser comme lui et ils nous respectent.

— Saperlipopette, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez eux ?

— Ce n’est pas tout, apparemment ils ouvrent des écoles de sorcellerie… mixtes !

— Pourquoi ? Bougre de cornichon, pourquoi font-ils ça.

— C’est à cause d’un jeune garçon, Harry quelque chose.

— Si je mets la main dessus il va le sentir passer mon balai.

— Ce n’est pas fini !

— NON… ! tatie était à deux doigts de faire une attaque.

— Eh bien, c’est une nouvelle tendance d’après le bibliothécaire. Les mortels éprouvent des sentiments amoureux pour les vampires, les loups-garous et tous les êtres surnaturels.

C’était trop, Christina était tombée les fesses au sol. Comment les mortels pouvaient être passés de la poursuite dans un but néfaste, voire pire, à l’adulation et l’amour envers eux.

Thomas s’était levé et s’approcha, prudemment, de la sorcière.

— Tu veux une tisane ?

— Non, il y a une bouteille de whisky dans l’armoire de la cuisine.

— Ok.

— Sans glaçon !

— Ok.

— Et sois pas radin, un verre plein !

— Ok.

— Et tu peux t’en prendre un, si tu veux !

— Ok… QUOI ! Tu me proposes un verre ?

— Et je regrette déjà.

Le mage était parti dans la cuisine à la recherche de la bouteille de tonifiant, quand tout à coup… un flash, des ombres, les Montbleu, une bourse d’argent, un gros chien, un dogue pour être précis, un rire et enfin une voix, un mot, « apocalypse ».

— Christina, on a un autre problème !

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