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Après avoir exposé sa vision à tatie, le mage avait recommencé ses éternels cent pas, le tout en marmonnant la même phrase « c’est la cata ». Tatie qui avait pris place dans un fauteuil le regardait faire, plus elle buvait son verre, plus le mage tournait vite.

— Ce n’est pas bientôt fini ? dit-elle.

— Tu ne comprends vraiment rien, c’est la…

— Si tu fini cette phrase, la prochaine fois que tu la diras ça sera sans les dents !

— Mais…

— Il n’y a pas de mais, le problème se règle tout seul. Des humains sont venus dans le village et Georgerus va les liquider à l’ancienne, « proprement », du coup, c’est comme si rien n’avait été.

— Et tu ne crois pas que les humains ne vont pas essayer de savoir ce qui est arrivé à cette famille. On est apprécié, sans avoir rien fait, mais si on ne fait rien, on retourne comme avant où on était persécuté sans avoir rien fait là non plus. C’est pour cela qu’il faut agir autant que faire se peut. Nous devons faire quelque chose.

— J’ai arrêté de t’écouter à partir de « arrivé à cette famille ». Ça ne doit pas être facile d’être toi tous les jours.

Thomas s’était arrêté de marcher, il regardait à présent vers la sorcière, Christina de son côté vida son verre d’un trait.

Pour la première fois de sa vie, tatie Christie se dit que le mage n’avait pas tout à fait tort, il serait ridicule de renoncer à la paix, au prix d’une famille de mortel totalement innocente. De plus, un souvenir lui était revenu, le souvenir de Sandy (la fille des Montbleu, pour ceux qui ne suivent pas ou ne suivent plus).

En effet Sandy avait laissé un souvenir dérangeant à la sorcière, une marque dans le regard, une aura odorante. Cette gamine allait marquer un changement majeur pour la vie de Christina.

Elle avait ordonné demandé au mage de s’asseoir d’un geste de la main.

Elle dit à son attention :

— Tu crois au destin ?

— Je crois en ce que je vois, et je suis clairvoyant donc, je vois ma destinée et de ce fait … oui je crois au destin.

— Rappelle-moi de ne plus jamais te poser une question.

— Pourquoi ?

— Parce que tu réponds des trucs incompréhensibles !

— Non, pourquoi cette question sur le destin ?

— L’arrivée de cette famille n’est peut-être pas totalement le fruit du hasard, dit-elle en baissant la tête.

Thomas n’appréciait pas la sorcière, son statut de mage lui interdisait, mais il n’aimait pas voir une femme bouleversée comme Christina à ce moment précis. Sa conscience ou du moins, ses consciences, jouaient au ping-pong (tennis de table pour certain) avec une boule de bowling dans sa tête. Il fut le premier surpris, parce qu’il venait de se rendre compte d’une chose que même un âne aveugle aurait vu, il n’éprouvait rien de mal pour tatie, même s’il n’éprouvait rien de bon non plus. Il venait de prendre la décision de se montrer amical envers la sorcière. À ses risques et périls.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Regarde par toi-même.

Tatie Christina plongea son regard dans celui du mage, laissant ce dernier voir son passé, son présent et son futur. Thomas était bien élevé et il tenait à la vie, de ce fait, il n’avait aucune envie de fouiller dans les petits secrets de tatie, il se contenterait seulement de ce qui y avait un rapport avec les Montbleu. Et ce qu’il avait vu l’avait laissé sans voix. La sorcière embarrassée lui dit alors :

— Tu comprends pourquoi je ne veux pas d’eux dans le village.

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