3.

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De retour au village.

Thomas était descendu du pupitre, les habitants quant à eux parlaient à voix basses de ce qu’ils venaient d’entendre.

Armaneüs, vampire millénaire, occupait depuis longtemps le rôle de maire, bien que jalousé par son frère jumeau Georgerus, l’homme en noir obsédé par l’apocalypse. Reprenons, Armaneüs commençait à redouter une crise de panique générale de ses concitoyens, il prit la parole pour adoucir l’assistance.

— Mesdames, Messieurs, calmez-vous, gardez votre sang froid je vous prie.

Cette remarque sur la température du sang, venant d’un vampire, provoqua une vague de regards soupçonneux de la part de l’auditoire.

— Ce n’est pas la première fois que notre communauté rencontre ce genre de…

— Cataclysme, dit Thomas la mine livide.

— Apocalypse, dit vous savez qui.

— … contretemps, fini Armaneüs.

— Contretemps, contretemps ! Thomas avait fermé les yeux et de la sueur lui recouvrait le front. Un contretemps avec deux enfants.

— Des enfants, s’écria Tatie Christina. Mais c’est affreux.

— Moi j’aime bien les enfants, répondit Maggie du couple de loup-garou.

— Mais tu es folle ma peluche d’amour, on parle d’enfants humains. Comme ceux décrits dans les contes et qui tuent les loups avec leurs grands-mères, intervint Albert.

— Mais ces livres sont d’une autre époque, mon os à moelle.

Thomas, couvert de transpiration, se balançait d’avant en arrière sur sa chaise.

— Autre époque égale autre temps, autre temps divisée par la racine carrée des êtres humains égale contretemps, c’est mathématique, on est fichu.

— Mais c’est qu’il est en train de nous griller un parchemin « le mage », c’est vrai que la situation est dramatique mais pas au point de nous faire des mathématiques. Il y a des baffes qui traînent, fais attention Thomas.

Tatie Christina s’était levée et regardait encore plus méchamment son Némésis.

— SILENCE, bon sang, cria le vampire.

Autre allusion au sang, autres regards accusateurs. Les habitants resserraient leur écharpe et boutonnaient leur chemise jusqu’au col.

Ce village est un peu spécial. En plus d’un mage, une sorcière, un couple de loup-garou, des jumeaux vampires romains, il y a dans l’auditoire un farfadet. Une momie ou un momi, personne n’a osé regarder sous ses bandelettes. Une fée qui ne cligne jamais des yeux. Un homme reconstitué prénommé Frank. Des colocataires fantômes atteints d’achluophobie. Une pizza quatre fromages qui se régénère à l’infini, et quelques autres encore. Tout ça pour dire que ce village est spécial, car tous les habitants, ont le même droit de parole durant un conseil.

— On pourrait les dissuader de rester ! reprit le pseudo maire.

— Comment ? l’interrogea Tatie.

— En leur parlant de…, Armaneüs continua à voix basse. …leur parlant de « taxe ».

— Eh oh ! Je vous vois venir avec votre trésorier, rétorqua Tatie Christi furieuse.

La momie qui tenait le rôle de secrétaire et de responsable des comptes, surement parce qu’elle avait toujours de quoi écrire, interrogea le vampire de son regard vide de globe. Mais le maire lui fit non de la tête.

— Je parle de fausses taxes.

— Taxe égal argent, l’argent met en colère et puis ça fait mal à Albert et Maggie. La colère mène à la violence et la violence ça fait mal à tout le monde. Mauvaise idée, les mathématiques ont tranchées.

Thomas parlait pour lui-même, mais tout le monde l’écoutait, du coup l’idée des taxes fut abandonnée.

— Et bien dans ce cas, je ne vois pas comment de respectables monstres comme nous, pourraient faire peur à des mortels.

Le maire alla s’assoir.

Tout semblait perdu. Thomas était sorti en premier de l’église et sans réfléchir, il avait utilisé sa magie sans regarder ce que l’avenir pensait de son coup de tête. Une simple formule, et sa maison était à présent « à vendre » dans tous les journaux du pays. Le mage ne pouvait supporter l’idée que l’on change son quotidien sans qu’il ne puisse rien y faire. Du coup, il avait décidé de changer totalement de vie et de recommencer ailleurs. Puisque c’était son choix, la situation semblait moins chaotique.

« Vendemonis maisonium in fieullas de saladis ».

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