Sélène
Quand le Soleil s'en va, emporte sa puissance,
Asséchant d'autres cieux éloignés et nouveaux,
Ou retourne en tremblant à son obscur caveau;
Que ses rayons mortels oublient l'incandescence
Et emportent avec eux les clartés du monde,
Ces inconstances brèves, allumées, immondes.
Quand le soleil pâlit et nous laisse survivre,
Que sa chaleur épagne enfin les frêles ailes
Des papillons blessés, dont le lent vol s'emmêle
Sous l'enfer aveuglant de Phœbus fou et ivre;
Alors les ombres aux contours s'évanouissent,
La lumière faiblit, devient sa propre esquisse.
Puis cette nuit maîtresse, installe sa douceur,
arrondit les cimes, étourdit les peureux,
Et la Lune enneigée, dévoile sa rousseur
Pour quelques fidèles étonnés mais heureux;
Elle absout, dans le noir doux, humide et penseur,
Les laideurs que le ciel éclairait de ses feux.
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