Chapitre 16

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Plume

Je souris en apercevant une vieille cabane de chasse au milieu de la forêt. Des bribes de discussion me reviennent avant que je ne quitte ma meute, Nick me disait régulièrement que les Vosges avaient un très beau paysage rempli de forêt immense, où l'on pouvait aisément trouver un endroit tranquille pour vivre. À l'époque, je ne comprenais pas pourquoi le vieux loup me disait ça. Il faut dire que par moments ses récits étaient étranges, à moitié fou, il devait probablement l'être. Je continue d'avancer vers la vieille bâtisse, tout en serrant Erwann contre mon torse. J'espère ne pas m'être trompée et que c'est bien Nick qui habite ici. J'ouvre avec prudence la porte, celle-ci se met à grincer et me tire une grimace due au bruit strident qu'elle fait. Mon fils rouvre les yeux et observe les alentours avec inquiétude, je pose un baiser sur son front avant de lui murmurer que tout va bien.

Je sens une présence non loin de nous, pourtant je ne m'effraie pas. Je pose Erwann au sol, dès que ses pieds touchent ce dernier, il se cramponne à ma jambe se demandant ce qu'il se passe. Je défais mon bracelet et mon collier, sur lequel j'ai entortillé le pendentif cassé avec du fil pour qu'il tienne à la chaîne, je dépose le tout sur la table, avant de reculer de quelques pas. Je reprends Erwann dans mes bras pour le rassurer. Alors que la masse avance d'un pas lent et dangereux vers la table pour mieux observer mes bijoux.

— Ne t'inquiète pas mon chéri, ce vieux grincheux cherche juste à gagner du temps.

Un grognement rauque se fait entendre et un sourire fleurit sur mes lèvres. L'homme sort de l'ombre et nous observe avec soulagement, avant de scruter avec attention le petit bonhomme dans mes bras et un sourire se dessine sur ses lèvres.

— Tu as survécu, gamine ! Remets ton bracelet. Je vois que tu as nettement amélioré la recette que je t'avais donnée. Ce n'est pas étonnant qu'ils ne t'aient jamais retrouvée.

Je récupère le bracelet sans attendre. Nick en profite pour me tendre deux couvertures afin que nous puissions nous couvrir. Une fois fait, nous nous installons autour de la table, Erwann pelotonné contre moi, mais qui observe de façon curieuse l'homme en face de nous. Il faut dire que Nick est impressionnant quand on ne le connaît pas. Il n'est pas très grand pour un loup, un mètre soixante-quinze environ. Par contre, il est large d'épaules, la carrure d'un rugbyman - tout en muscle -, ainsi qu'un visage carré et sec, avec une longue balafre sur sa joue gauche. Logiquement, elle aurait dû se soigner totalement et lui rendre un visage lisse, sauf que cette marque à été faite avec une lame en argent. Seules les armes faites de cette matière peuvent laisser des marques sur notre chair, à la suite d'une blessure. Nous ne sommes pas invincibles, loin de là, si on nous transperce le cœur ou qu'on nous arrache la tête, là c'est immuable nous mourront. Par contre, contrairement aux humains nous sommes beaucoup plus résistants, nos blessures ne s'infectent pas, notre partie loup soigne rapidement nos plaies. Nous sommes immunisés aussi contre les maladies touchant le reste du monde. Erwann me sort de mes réflexions.

— C'est toi l'ami à maman ? Mais tu es tout vieux !

Je reste interdite face à sa remarque, avant de rire suivie de près par Nick. Mon ami à disposé sur la table de quoi grignoter. Erwann ne se fait pas attendre et engouffre rapidement la viande séchée à sa disposition.

— Et comment s'appelle ce petit garçon qui n'a pas froid aux yeux ? Moi c'est Nick et je connais ta maman depuis très longtemps.

— Erwann, répond mon fils tout en continuant de dévisager notre hôte.

Une lueur de compréhension et de tristesse passe dans les yeux de Nick, avant qu'il ne reporte son attention vers moi. Je hoche la tête pour lui signifier qu'il voit juste. Il soupire un coup, la fatigue se lit sur son visage, Erwann commence à s'endormir sur moi. J'attends que sa respiration se calme totalement, puis le soulève avant de l'installer sur le lit que m'indique mon ami d'un signe de tête. Mon fils bien installé, je retourne vers Nick, nous restons silencieux plusieurs minutes avant qu'il ne décide de briser le silence pesant.

— Tu l'as donc appelé Erwann, dit-il en observant du coin de l'œil mon petit garçon.

— C'était le prénom qu'il avait choisi.

Malgré le temps passé, la douleur est omniprésente. Nick me regarde avec compassion et décide de changer le sujet de conversation, je lui en suis gré.

— Je suis content de voir que vous allez bien, mais je doute que tu sois venue me voir pour une simple visite de courtoisie. Ils n'ont toujours pas lâché l'affaire, même s'ils préfèrent laisser entendre que tu es morte durant ta fuite.

J'hésite un instant, portant mon attention sur la table face à moi et mon collier trônant au centre, il l'attrape avec délicatesse tout en observant la lame du poignard cassé.

— J'ai entendu dire que tu avais pris ta retraite par ici. Et j'ai aussi besoin de renseignement sur des Wolfs Sanguinaires qui parviennent à cacher leurs odeurs et leurs traces. Ainsi que sur un groupe d'Exécuteurs.

Il m'observe sans rien dire, puis me demande de lui relater toute mon histoire depuis le dernier jour où l'on s'est vu. Je soupire un bon coup, afin d'évacuer mon stress et relâcher mon corps. Une fois fait, je lui raconte tout, depuis mon départ précipité à ma rencontre avec Rose et son mari qui m'ont pris sous leurs ailes sans rien me demander. L'apprentissage des plantes, jusqu'à mon arrivée de l'autre côté du versant depuis deux ans maintenant. Il m'écoute avec attention et un soupçon de fierté passe dans son regard. Je finis mon récit avec les attaques de Wolfs et ma rencontre avec la meute de Zander, ainsi que la discussion de cette après-midi qui m'a permis aussi de savoir que Nick était venu s'installer dans le coin. Je ne sais pas quelle réaction j'attendais de sa part, mais certainement pas à ce qu'il parte dans un fou rire, je suis surprise que la situation le fasse rire. Cependant cela me fait aussi du bien de revoir ce vieux fou. Au bout de quelques minutes, il se calme.

— Tu as tenu tête à Cayden alors qu'il t'interrogeait ? Il est le meilleur dans ce domaine pour que les gens se retrouvent au pied du mur et n'aient pas le choix de tout lui dire. Et toi... Tu retournes ses arguments contre lui. Elle est loin la petite...

— Plume ! je le coupe.

— La petite Plume craintive, qui subissait et restait dans son coin, sans jamais répondre. Tu en as fait du chemin.

Il se frotte le menton des doigts tout en réfléchissant à ce que je viens de lui dire.

— Tu sais, ils ne lâcheront pas l'affaire, ils ont fait mouche en prononçant mon nom et ceux de la Haute Instance. Ils ne savent pas encore qui tu es ni pourquoi tu te caches.

Je le regarde de façon suspicieuse et ouvre la bouche pour prendre la parole, mais il me coupe l'herbe sous le pied en reprenant le premier.

— Je ne leur dirais rien, ne t'en fais pas ! Par contre, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne percent tes secrets. Je les aime bien ces gamins. Continu d'agir comme tu le fais déjà face à eux, tant qu'ils ne viennent pas avec des indices concrets tu peux gagner du temps, si c'est ce que tu veux. Dans tous les cas, ils ne sont pas un danger pour toi. Vous avez bien plus en commun que ce que vous pouvez penser.

— Tout ce qui m'importe, c'est la sécurité de mon fils. Il ne doit pas tomber dans ses mains et tu le sais aussi bien que moi. Je ne suis pas la seule à avoir beaucoup perdu ce jour-là...

Je secoue la tête pour tenir sous clefs les souvenirs qui veulent remonter à la surface, ce n'est pas le moment.

— Tu saurais m'en dire plus sur les Wolfs ? J'ai l'impression que les Solitaires et les Sanguinaires se rassemblent sous les ordres de quelqu'un d'autre. Si c'est le cas, nous sommes à deux doigts de participer à une guerre sanglante, sans en connaître les raisons.

Nick se lève de sa chaise et s'avance vers la cheminée dans laquelle un tapis de braise éclaire légèrement la pièce. Il décale et retire une brique de la structure, afin d'en sortir un pochon en tissu. Je le regarde faire puis il me tend le sac sans lâcher mon regard. Une fois récupéré, je le vide sur la table et ouvre les yeux avec étonnement.

— Comment ? dis-je, d'une voix étranglée.

— En effet, les Wolfs sont en train de se regrouper. Tu sais aussi bien que moi que Kerebel et Leguenec ont pour but de gouverner ensemble. Cela a failli se retourner contre eux, quand ils ont lancé les chasses massives et punitives sans raison. Ils ont appris de leurs erreurs, ça les rend encore plus redoutables. Il est difficile de pouvoir prouver leur lien derrière les attaques qui ont eu lieu ces derniers mois. C'est aussi pour ça qu'ils ont lancé les Exécuteurs à la poursuite de Torkal. Ils voulaient les éloigner du Gouvernement, quoi de mieux qu'une traque longue ? Tout en espérant que Torkal puisse en éliminer quelques-uns avant de mourir. La meute de Zander est de loin la meilleure pour les traques, la recherche et les exécutions, je pense que tu t'en doutes. Donc, les éloignés étaient primordial pour qu'ils puissent avancer sans les avoir dans les pattes.

Je continue d'observer les objets devant moi, tout en l'écoutant attentivement.

— Niveau stratégique c'est intelligent. Par contre, cela ne m'explique pas comment tu peux avoir tous ces emblèmes en ta possession. Si cela se sait, tu es mort. C'est un acte de trahison que le Conseil ne laissera jamais passer.

— Tu es la seule au courant. Ses emblèmes tu en connais un certain nombre non ?

Je les observe avec attention, bien sûr que je sais ce qu'ils représentent. Ce sont les emblèmes de meutes, certaines puissantes d'autres plus petites et certaines, qui ont été exterminées, car le gouvernement pensait qu'une vague de rébellion se créait contre eux. Les loups ne partagent jamais leurs emblèmes avec quelqu'un qui ne fait pas partie des leurs, sauf si le vent tourne. Ces emblèmes représentent des...

— Nom d'un radis ! Tu as formé des alliances avec eux ? Pour quoi au juste ? On va tous se faire massacrer, c'est ça que tu veux ? Pourquoi me les montres-tu ?

— Plume... Tu sais très bien que cela fait des dizaines d'années que les loups veulent changer de gouvernement. Ils sont obligés de se cacher et de jouer sur deux tableaux pour rester vivants. Combien de loups ou meutes doivent encore se faire massacrer juste pour le plaisir de Kerebel ? Ce que tu as vécu ne t'a pas suffi ? Tu veux que le prochain soit ton fils ? me dit-il avec véhémence et colère.

Je me lève et me poste devant la fenêtre, observant les alentours, la colère et l'angoisse remontent dans mes tripes. Au fond de moi, je sais qu'il a raison, mais je ne veux pas être mêlé à ça. Nick se rapproche de moi et pose une de ses mains rugueuses sur mon épaule.

— Vous devriez repartir dans quelques heures, si tu veux avoir une chance de ne pas croiser les Exécuteurs. Emmène les emblèmes avec toi, qui sait un jour tu en auras peut-être besoin.

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Et voici le chapitre 16.

Plume va -t-elle suivre le conseil de Nick et faire confiance à la meute de Zander ?

Nick à fait des alliance pour faire tomer le gouvernement :O

Elle qui voulait rester discrète, je crois qu'elle à les ennuis jusqu'au cou :/

N'hésitez pas à voter pour le chapitre si il vous à plu et me dire ce que vous en pensez :)

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