Chapitre 7

9 minutes de lecture

Plume

Callie à raison, je dois penser à autre chose et m’occuper de mon fils.

Il est la prunelle de mes yeux, sans lui je ne sais pas si j’aurai eu la force de survivre. Il est mon bonheur, ma vie, mon tout et aussi la dernière chose qui me relie à son père et l’amour que nous avions l’un pour l’autre. À ces pensées mes yeux s'embuent légèrement, avant de recevoir une tornade pleine d’énergie dans les jambes. Il a six ans et demi, les yeux bleu-gris de son père, et les cheveux blond vénitien hérité de mon côté de la famille.

— Maman ! Maman ! Demain on va courir tous les deux, demande-t-il avec un sourire splendide coller aux lèvres et un regard pétillant d’anticipation.

Mon cœur se gonfle et mes soucis disparaissent.

Comment le lui refuser ?

— Tu nous as espionnés, petit chenapan, ne puis-je m’empêcher de lui répondre avec un sourire, d’une voix douce remplie d’amour tout en lui pinçant légèrement la joue.

Que j'aime ce petit bonhomme.

Il se met à rire doucement, tout en me lançant un regard innocent, comme s’il ne savait pas de quoi je parlais. Avec son corps qui se développe, il a fait ses premières transformations lupines peu de temps après notre emménagement. C’est d’ailleurs comme ça que Callie a découvert notre secret.

Elle le gardait alors que je faisais un marché assez loin de la maison. Normalement sa première transformation aurait dû être plus tardive. Mais bon que voulez-vous, si la vie était simple, je le saurai. C’est un coup de téléphone de Callie totalement paniquée, qui m’annonçait que mon fils avait été remplacé par un louveteau, alors que j’étais sur le chemin du retour.

Quand j’ai reçu son appel, je n’étais plus qu’à une bonne demi-heure de chez elle. Finalement, il ne m’a fallu que quinze minutes pour arriver. Totalement paniquée et stressée pour mon fils. J’appréhendais aussi la réaction de Callie et de son conjoint Paul, je me voyais déjà devoir fuir en urgence avec Erwann. À peine la camionnette arrêtée devant chez eux, que j’ouvrais avec fracas leur porte, pensant devoir protéger mon fils. Les bras m’en sont tombés, quand j’ai vu la scène.

Ils étaient assis à côté de mon petit loup, les mains dans son pelage pour l’apaiser. En lui répétant que maman arrivait et qu’il n’avait rien à craindre. Je devais avoir une tête totalement ahurie, car quand le couple avait relevé la tête vers moi, ils étaient partis dans un grand fou rire. Comme si la situation était des plus normales.

Ils n’avaient pas peur de mon fils ?

J’en étais bouche bée. Je m’étais donc rapprochée d’eux et avais pris Erwann contre moi, tout en collant mon dos au mur en le berçant doucement. Au bout d’une bonne demi-heure à le câliner, il avait fini par redevenir le petit bonhomme que mes amis connaissaient.

J’hésitais à croiser leur regard, de peur d’y voir du dégoût et de la terreur. Là encore, ils m’ont surpris. Leurs iris étaient certes teintés de stupeur, mais surtout d’amour. Toutefois, j’ai laissé mes émotions prendre le dessus, l’angoisse que je ressentais m’a fait partir précipitamment de chez eux, avec mon adorable fardeau dans les bras.

Durant une bonne période en me réveillant je n’avais qu’une frayeur, qu’une horde de villageois apeurés et en colère se retrouve devant chez moi pour nous virer de leur communauté dans laquelle je commençais à peine à trouver ma place. Mais rien ! Un matin avant d’emmener mon petit bout à l’école, mes amis s’étaient déplacés jusqu’à mon domicile. Ils m'avaient enguirlandé, car je ne leur avais pas donné de nouvelles et qu’ils avaient peur que j’ai fui.

Je me souviens avoir ouvert la bouche plusieurs fois d'affilée, comme un poisson hors de l’eau, souhaitant dire quelque chose, mais rien ne venait. J’étais trop estomaquée pour ça.

Je me souviens de leurs paroles ce jour-là : écoute, je sais que l’on se connaît peu, mais si tu es arrivée ici, c’est qu’il y a une bonne raison. Tu n’aurais jamais mis ton fils en danger et tu ne regarderais pas derrière toi à tout instant comme si tu avais le diable aux trousses. Ça nous a surpris c’est vrai, lâcha Paul en haussant les épaules avant de reprendre. Mais ce n’est pas pour autant qu’on va vous tourner le dos. Tu es comme une sœur pour Callie et nous considérons Erwann comme notre neveu. On sera là pour vous, et on gardera le secret, avait-il fini avec un clin d'œil.

Mon ami avait dû partir travailler, il en avait profité pour emmener Erwann à l’école, malgré ses dires j’étais totalement paniquée. Callie avait beau tenter de me réconforter, cela ne m'aidait pas. Elle avait donc appelé son conjoint, qui m’avait passé mon fils au téléphone, me disant qu’il était content de revoir tonton et que Paul lui avait dit qu’il était un bébé loup magnifique. Mes épaules s’étaient relâchées, mais cela ne m’avait pas empêchée d’appeler l’école une heure plus tard, pour être sûre que mon fils y soit.

J’avais invité le couple à souper le soir même. Après avoir été coucher Erwann, je leur avais raconté toute mon histoire. Ce ne fut pas simple. C’était la première fois que je racontais tout. Les larmes ont coulé. Ce jour-là, un poids immense à quitter mes épaules, je ne pensais pas un jour pouvoir me confier à qui que ce soit.

Je reporte l’attention sur mon loup et acquiesce de la tête, pour lui stipuler que demain ce ne sera que nous et la forêt.

***

Je me suis réveillée ce matin, avec une tornade mi-blonde, mi-rousse, qui me sautait dessus, en me demandant quand on partait courir. Son impatience et sa bonne humeur ont balayé mes inquiétudes des derniers jours. Le petit déjeuner fut rapide, Erwann ne tenait pas en place. Mon fils est une véritable bouffée d’air frais. J’ai laissé mes tourments me consumer ces derniers temps. Cette journée, rien que tous les deux va nous faire le plus grand bien.

Cela fait deux heures que nous marchons tranquillement, Erwann a l’air préoccupé. Je sais qu’il ne me dira rien tant qu’il n’aura pas trouvé les bons mots pour me parler.

Exactement comme son père !

J’en profite pour ramasser de la menthe, des champignons comestibles et observer les arbres qui nous entourent avant qu’il ne se décide à parler.

— Maman, tu sais que je suis grand maintenant ?

Je tourne la tête dans sa direction, puis ancre mes prunelles dans les siennes. Dans lesquelles je peux y lire toutes les interrogations qu’il a et une pointe de peur.

— Bien sûr, mon coeur.

Il détourne le regard, tape de son pied dans un caillou, tout en se balançant d’un pied sur l’autre avant de reprendre d’une voix timide.

— Alors euh… Qu’est ce qui ne va pas ? Tu agis comme quand tonton et tata ont vu ce que j’étais, dit-il en fronçant ses petits sourcils.

Mon cœur se serre, je me rapproche doucement de lui, posant un genou à terre avant de le prendre dans mes bras. Mes mains glissent dans ses cheveux mi-longs, avec lesquels je joue un peu. Je dépose un baiser sur son front, puis me recule légèrement pour que mes iris captent les siennes, même s’il tente de fuir mon regard. Je m’en veux de lui faire subir mes tourments.

— Mon chéri, dis-je, émue. Ça n'a rien à voir avec toi. Tu sais que maman a dû partir de chez elle, alors que j’attendais le merveilleux bonhomme que tu es. Et que notre nature de loup peut faire fuir les gens, car ils ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas. Mais j’ai aidé et rencontré d'autres loups récemment. Sauf que je ne sais pas s’ils sont gentils ou pas. Alors oui, j’ai peur qu’on te fasse du mal mon bonhomme, car tu sais que tu es la plus belle chose qui me soit arrivée ? Je t’aime mon cœur et ça ne changera jamais. Je suis fier de toi, tu sais.

Ses yeux s’accrochent aux miens, il me répond d’un simple hochement de tête, alors qu’il finit d’analyser mes propos. Pour alléger la conversation, je lui propose qu’on aille courir. Nous avons tous les deux besoin d’évacuer.

À peine ma phrase finie, Erwann me sourit et se jette dans mes bras manquant de me faire tomber. Un rire franc s’échappe de mes lèvres, il se détache de mon étreinte et enlève ses vêtements pour me les donner. Je les range dans mon sac que je pose près d’un arbre et fais de même avec les miens, puis rejoins mon louveteau aux poils beiges et reflets roux. Je le laisse courir devant moi, tout en scrutant les environs pour être sûre que nous soyons seuls.

Je le laisse prendre de l’avance, tout en suivant ses petites foulées, quand une masse sombre se jette sur nous. J’ai tout juste le temps de m’interposer entre le loup grisâtre et mon fils avant de recevoir de plein fouet le Wolf dans le flanc droit. Je ne l’ai pas senti ni entendu arriver. Je me redresse d’un bond, avant qu’il n’attaque Erwann et lui grogne dessus. Ça ne l’arrête pas. Il retrousse ses babines pour ne laisser voir que ses crocs puis me bondit dessus avec l’envie de me déchiqueter le cou. Je parviens à esquiver l’attaque et n’attends pas une seconde de plus avant de bondir sur lui et lui mordre l’épaule. Il a une forte stature. Quand nos regards se croisent, je ne peux y voir que la folie et l’envie de tuer qui s’échappe du sien. La peur remonte le long de mon échine.

Je jette un coup d'œil à Erwann qui s’est éloigné. Je lui fais un mouvement sec de la tête, afin de lui faire comprendre qu’il doit fuir, il sait qui rejoindre. Nous en avons déjà parlé. Ce n’est peut-être pas de son âge de connaître autant de choses, encore moins la noirceur des gens.

Cependant j’ai préféré être sincère avec lui, enfin dans la mesure du possible. Pendant que je vérifie que mon fils suit mes consignes, je ne fais pas suffisamment attention au loup qui se trouve face à moi. Il en profite donc pour me planter ses griffes dans l’épaule gauche et me mordre le flanc simultanément. Une profonde douleur grimpe en moi, me faisant lâcher un cri de souffrance. Ses crocs s’enfoncent plus profondément dans mon flanc, quand je tente de me défaire de sa mâchoire. Je parviens à le blesser à la patte arrière avec mes griffes, avant d’enfoncer mes canines dans sa cuisse. Il réagit immédiatement, m’envoyant valser plus loin, comme si je ne pesais rien.

Bordel… Il est fort.

Je ne peux rien lâcher, il en va de la sécurité de mon fils. Je donnerai ma vie pour lui. La douleur pulse dans mon corps, pourtant je force sur mes muscles pour me redresser et repousser son nouvel assaut. Il continue de me charger alors que je l’entaille de plus en plus.

Je n’ai jamais réellement appris à me battre, je ne vais pas faire long feu contre ce Sanguinaire. Pour preuve, il bondit une nouvelle fois sur moi, je ne réussis pas à esquiver son bond et hurle quand il enfonce ses griffes et ses dents dans mon buste. J’ai toutefois réussi à lui entailler l’arcade ainsi que la joue avec mes griffes.

Ma vue se brouille, quand je me retrouve à terre après que mon dos ait percuté de plein fouet un arbre. Au bruit que mon corps a fait, je dois avoir des côtes cassées dû à la violence de l’impact.

Ma respiration est difficile, je tente de me relever, mais je n’ai plus de force, mon corps m’abandonne comme un lâche. Le loup solitaire reprend de son aplomb, malgré sa vision amoindrie due au sang qui s’écoule de sa plaie, il me charge une nouvelle fois avec ses dents acérées en premières lignes pour mettre fin à mes jours. M’attendant à sentir ses crocs sur mon cou, je mets quelques secondes à réaliser qu'aucun choc ni aucune douleur supplémentaire ne m’atteint.

Je lève les yeux et aperçois un loup noir, suivi d’un loup brun se jeter sur mon agresseur.

J’observe le combat, tout en essayant de reprendre mon souffle et rester consciente. Mon esprit vagabonde entre la bataille qui fait rage devant moi et mes douleurs. Quand un éclair de lucidité me frappe.

Erwann…

Une décharge d’adrénaline monte en moi, sans savoir comment je réussis à me relever, je me mets à courir comme une dératée pour retrouver mon bébé. C’est la seule chose que j’ai en tête. Qui m’a aidé ? Mon état ? Mon agresseur ? Aucune importance. Je dois retrouver mon fils pour être sûre qu’il aille bien !

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Hey !

Et oui, un second chapitre ce soir :)

Profitez-en, ça n'arrivera pas souvent ^^

Dans celui-ci, on en apprend encore un peu plus sur Plume et son lien avec Callie et Paul.

Erwann n'est pas dupe, il sait que sa maman a un soucis.

Ohoh! Des loups l'aident, heureusement ! Mais qui sont-ils ? :O

Alors que pensez vous de ce chapitre ? :D J'ai adoré l'écrire.

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