DILEMNE ET DÉLIVRANCE

6 minutes de lecture

Naël doucement berçait son bébé. Tout à sa préoccupation, il n'entendit pas la navette se poser près de sa demeure. Xavier, quant à lui, se trouvait à l'autre bout de l'exploitation. D'autre part, il ne portait pas son processeur. Ainsi, quand le robot, passa devant la fenêtre, et vit deux hommes s'avancer vers la porte, le fugitif, n'en fut pas averti. Quoi qu'il en soit, Obi dit à l'hermaphrodite : 

— Quelqu'un vient, Monsieur 

 Surpris, Naël leva brusquement la tête, puis il dit à Obi :

 — Surveille Lita.

Ensuite, il se précipita dans le hall ; la porte, à ce moment-là, s'ouvrit brusquement.

Le Colonel entra en premier, suivi par le Sergent. Naël pâlit en le reconnaissant. Il parvint néanmoins à dominer sa frayeur. Il redressa les épaules, et demanda sur un ton qu'il espéra ferme :

 — Qui vous a permis de rentrer dans mon domicile, sans y être convié ?

Le Colonel dégaina son arme, la pointa sur lui, et répondit :

 — Ici, c'est moi qui pose les questions, M. Eok ! 

Le Sergent s'exclama :

— Une minute, vous n'avez pas le droit de menacer l'enfant du Ministre de cette manière ! 

Le Colonel répliqua :

— Taisez-vous et sortez !

 — Mais... 

 — Faut-il que je commence par vous ? Il est trop tard pour avoir des scrupules !

 — Qu'est-ce que vous dites ? De quoi parlez-vous ?

 — De la finalité, l'un et l'autre sommes allés trop loin déjà pour reculer ! Alors, laissez-moi faire. Si être témoin de mes actes c'est trop pour vous, sortez !

Le Sergent fixa Naël, puis le Colonel, il hésitait encore. La voix du Colonel claqua, menaçante : 

— Je vous conseille de ne pas me mettre en colère ! 

Le sergent ferma les yeux, puis il dit à Naël :

— Je suis désolé... 

 Il sortit.

Le Colonel sans cesser de menacer Naël, le saisit par le bras et l'obligea à retourner dans le salon. Une fois-là, il lui demanda sur un ton menaçant :

 — Où est-il ?

 — Où est qui ?

 — Tu le sais très bien !  X212 est ici ! Je sais que tu le protèges !  Alors, où est-il ?

 Il colla le canon de son arme sur la tempe de l'être-double, en ajoutant :

 — À présent parle, ou je te tue !

— Qu'est-ce que cela vous apporterait, à part de gros ennuis avec le gouvernement de ce monde ?

Le ton de Naël était digne, presque sans peur. Le Colonel susurra :

 — Des ennuis, c'est toi qui risques d'en avoir, si le rôle que tu as joué, venait à être connu !  Alors, ne fais pas autant d'histoires, dis-moi où il est, et je te laisse tranquille. 

 — Je n'ai rien à vous dire ! Je vis seul ici !

Obi réagit à cet instant ; il fonça sur l'agresseur de l'hermaphrodite ! L'Ikosien détourna rapidement son arme et tira sur le robot, La tête se détacha violemment du corps qui se renversa sur le sol. Le chef roula sur le tapis, et s'arrêta prêt du berceau. C'est à ce moment-là que Lita pleura. Le colonel sursauta...


Sunny était presque arrivé devant la congère. Il stoppa. Il avait décidé de continuer à pied. Il escalada le mur de neige. 

Derrière celui-ci, il remarqua la navette. Ensuite ce fut le Sergent esparien, qui faisait les cents pas devant la porte d'entrée. Le jeune homme sut alors que quelque chose de grave se préparait. Il se dit : "Dieux ! Qu'est-ce que j'ai fait !"

Rapidement, mais silencieusement, il se rapprocha de la navette. la contourna, récupéra une branche d'arbre cassée qui traînait, puis passa derrière le Sergent, qui s'était immobilisé. Sans hésitation, il le frappa. Le militaire Esparien chuta lourdement, assommé pour le compte. Sunny n'attendit pas, il rentra dans la maison.


Le Colonel s'avança vers le berceau. Naël pâlit brusquement. L'ikosien souleva la couverture. Il s'exclama ensuite :

 — Quel bel enfant ! Il est à toi ?

 Épouvanté, l'hermaphrodite s'écria :

 — Laissez ma fille tranquille ! 

 Le Colonel caressa la joue veloutée du bébé :

 — Elle est magnifique, si petite, si mignonne, si fragile aussi !

Sans lâcher son arme, il se saisit de l'enfant, la cala au creux de son épaule, et ajouta : 

— Elle doit être précieuse pour toi. Tu dois beaucoup l'aimer. Si tu n'attaches pas d'importance à ta vie, sans doute qu'il n'en est pas de même pour ton enfant ? 

 Il posa le canon de son arme sur la tempe de Lita, en concluant : 

— À présent, choisis : X212 ou Ton enfant !

Sunny surgit brusquement dans la pièce. Glacé jusqu'aux os par la scène qui s'imposait à lui, il s'écria :

 — Et vous ! Qu'est-ce que vous faites ? 

 Sans réfléchir, il fonça. Le Colonel pointa son arme sur lui et tira. Sunny fut projeté en arrière par l'impact. Il s'écrasa contre le mur et s'affaissa sur le plancher. Naël restait tétanisé, l'âme déchirée. Lita pleura de plus belle.

******

Le véhicule transportant Dreen et le général Auker arriva au-dessus des monts d'Obérik, survola le village et fila en direction de l'exploitation. Alors qu'il arrivait au dessus des bâtiments, le général s'étonna : 

— Tiens ? Il y a une autre navette devant la ferme. 

 Inquiet Dreen s'exclama :

 — Qu'est-ce que cela veut dire ?

 Auker faillit répondre :  "Je l'ignore !", mais, soudainement, un doute s'insinua en lui. Il ferma les yeux et rejoignit le flux, il s'exclama soudain :

 — Le colonel !

 — Quoi, le Colonel ?

 — Il est avec votre enfant ! Il faut nous hâter !

Le général se posa, tous deux, descendirent du véhicule volant. Ils entrèrent aussitôt chez Naël.

Xavier, qui se trouvait de l'autre côté du domaine, se figea dès que les alarmes retentirent. Ce qui arriva au moment où la deuxième navette arrivait. Laissant tomber tout ce qu'il faisait, il détala en direction de l'habitation. Machinalement, il tenta une connexion avec Obi, avant de se rappeler que Naël lui avait confisqué son processeur. Un intense sentiment de panique l'agita. Le rebelle sentait que cette fois, ce n'était pas anodin. Il accéléra sensiblement sa course.

Quand Sunny fut neutralisé, Il gisait sur le sol à moitié évanouit, son épaule droite ensanglanté. Le Colonel pointa de nouveau son arme sur le bébé en disant à l'hermaphrodite :

 — Reprenons. Tu as eu le temps de réfléchir ? La mémoire te revient-elle ? 

 Terrorisé et déchiré entre sa passion pour Xavier et son amour illimité pour sa fille. Prêt à craquer, il tenta de biaiser : 

— Je vous en supplie, je ne sais rien de votre soldat !

 — À d'autres ! D'autre part, implorer ma pitié, ne sert à rien !

 La porte, soudain, vola en éclats, le Général et Dreen entrèrent dans la pièce. 

Celui-ci eut un haut-le-corps immédiat, il ordonna au Colonel : 

— Divinités supérieures, qu'êtes-vous en train de faire ? Veuillez lâcher ma petite-fille immédiatement ! 

 Auker, tout aussi stupéfié, renchérit :

 — Vous avez perdu l'esprit ?

 Le Colonel se défendit ainsi : 

— Général, j'allais obtenir des aveux de cette personne ! Laissez-moi poursuivre.

 — C'est hors de question ! Nous sommes des soldats, mais sûrement pas des tueurs d'enfants. Reposez immédiatement ce bébé dans son berceau !

 — Mais, Général... 

 — Obéissez ! N'aggravez pas votre cas, vous êtes déjà bon pour un reconditionnement et une dégradation de surcroit !

Le Colonel se figea. Tout se remettait en place dans son esprit, il pensa : "Que suis-je en train de faire ?" Les ordres du général balayèrent ses doutes. il laissa tomber son arme à terre et remit Lita qui hurlait d'effroi, dans son berceau. 

Naël se précipita vers sa fille, la prit dans ses bras, et doucement s'affaissa sur le sol. Là, ses nerfs se relâchèrent, Il fondit en larmes. Dreen murmura : "Dieux, soyez remerciés !"

Auker très maître de lui, ramassa le pistolet laser, enleva le chargeur, puis dit au Colonel :

 — Vous êtes aux arrêts de rigueurs, jusqu'à nouvel ordre. 

 Il contacta le croiseur via son processeur et ordonna :

 — Téléportez le Colonel en cellule sécurisée !

L'homme en question disparut de la pièce. Auker s'avança vers Dreen en déclarant :

 — Veuillez accepter mes plus sincères excuses, pour l'attitude de mon officier !

 — Général, j'écouterai vos justifications plus tard. En attendant, je vous prie de sortir du domicile de mon enfant !

Auker n'avait pas vraiment le choix. Le manque de discernement du Colonel, l'avait mis dans une position très délicate. Il croisa le regard brillant de contrariété de Dreen. Il sut alors, que très bientôt, il serait indésirable sur Espar. Il pensa : "Hé bien, X212 a gagné. Pour le moment en tous les cas !" 

Et il sortit de la maison...

Annotations

Vous aimez lire Beatrice Luminet-dupuy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0