Chapitre V

13 minutes de lecture

« Quarante ans, c'est la vieillesse de la jeunesse, mais
cinquante ans, c'est la jeunesse de la vieillesse. »

Victor Hugo

Le week-end s’était écoulé sans un appel téléphonique. Nous ne nous connaissons pas encore assez et, d'ailleurs je ne connais pas ton numéro de téléphone, mais je n'ai pensé qu'à ces moments passés en tête à tête, disséquant chaque mot, chaque tic de langage, chaque petite hésitation.

*

* *

Je suis arrivée tôt ce matin. Édouard a déposé Manon à l’école. Encore un week-end de m.. Il m’a fallu rester près d’elle à chaque instant et lui n’a fait que végéter et papillonner autour de nous comme une âme en peine sans pour autant prendre le temps de l’occuper un peu. Bien sûr, j’aime ces moments avec elle, c’est mon trésor ! Mais quel connard, il pourrait faire un effort ! Il me prend souvent l’envie d’en être débarrassé, mais ça, ça n’arrivera jamais ! Au moins n’a-t-il pas fait de crise de colère, c’est déjà ça. Il continue à me parler de sa maison et tente de m'intéresser à ses plans, et ça me casse les pieds.

Je ne sais pas pourquoi, je n’ai cessé de penser à ce garçon. D’abord j’ai vraiment envie de savoir pour les roses, même si je doute un peu que ce soit lui. Et ensuite ça m’a fait du bien de parler avec lui la semaine dernière ! Il m’attire, je ne comprends pas trop pourquoi ! Il semble tellement différent de tous les autres qui ne pensent qu’à me sauter ! J’ai envie de le découvrir un peu plus !

J’ai beaucoup de temps sur mon compte et je peux bien prendre une heure ou deux à midi ! Je vais lui envoyer un message pour savoir s’il veut déjeuner à nouveau avec moi. Comme on n’a pas réussi à se faire un bon resto la dernière fois, je lui dirai que je vais me rattraper ! je ne vais pas en parler aux filles cette fois-ci ! Après tout elles me connaissent, quand Jérôme était là, je passais mon temps avec lui à chaque pause déjeuner. Maintenant qu’il est parti, c’est toutes ensemble que nous mangeons chaque jour. J’aime bien, mais bon… !

*

* *

Nous sommes cette fois-ci dans un restaurant du centre-ville. Un de ces endroits où se plaisent à venir les nombreux consultants externes inféodés aux exigences des assureurs niortais. L’immense salle intérieure qui nous accueille est presque vide. Nous sommes encore en été, en début de semaine de surcroît, beaucoup sont encore en vacances. C’est toi, le matin même, qui m’a proposé de déjeuner ensemble et naturellement, j’ai accepté. J’étais ravi, un peu surpis, mais ravi. Nous évoquons notre week-end et pour la seconde fois, plus clairement encore que tu ne l’a fait la première fois, c’est un couple à l’agonie que tu me décris. Seule ta fille éclaire ton quotidien et tu te plains du peu d’intérêt que ton conjoint lui prête, mais dans le fond, tu t'en fous un peu. Tu as dû pas mal gamberger en pensant à notre premier face à face, comme moi d’ailleurs, et plusieurs petits détails t’ont intriguée. C’est d’ailleurs pourquoi, après les quelques banalités d'usage, une nouvelle fois, tu me demandes si je n’ai pas d’autres enfants. J'ai du laisser tomber un fragment d'hésitation l'autre jour, un petit bruit qui a résonné en toi depuis. Moi, je ne peux plus faire marche arrière. Je reste engoncé dans mon mensonge craignant de voir la magie de nos premiers moments s’estomper trop vite.

Je me mets à penser à mes deux adorables filles et ma trahison me saute sauvagement au visage. Jamais cela ne m’est arrivé auparavant. Pourquoi, cette fois ci, avec toi, j'agis ainsi ? Je les chéris plus que tout, pourtant, et qu'importe après tout ! Le sentiment que l’aveu mettra une distance inacceptable entre toi et moi est si fort qu’il m'est impossible de rétablir la vérité. Hors de question pour le moment de corriger ce premier mensonge !

Rassurée, tu n’insistes pas. Une autre question te taraude néanmoins.

Dans le silence presque feutré de cette immense salle vide, on nous amène les plats commandés quelques minutes plus tôt. Tu me proposes de goûter ton poisson. Je ne veux pas te dévoiler ce défaut stupide qui m’empêche de toucher toute nourriture hors de mon assiette. Un bout de ma fourchette va fouiner sur un rebord dégagé de la tienne et, résistant aux ridicules réticences qui m’envahissent, je t’autorise à en faire autant.

*

* *

Là, ton visage prend un air sérieux, tu t'éloignes de la table, poses tes couverts, tes mains disparaissent sous la table et tes yeux lumineux s'ouvrent plus encore comme pour mieux capter un instant de vérité.

« Je… je voudrais te demander quelque chose

— Oui. Demande. Je t’écoute. »

Un peu intrigué, je perçois cette petite fraction de silence qui annonce une chose importante avant que les mots ne se libèrent. Cet instant qui paraît une éternité. Cette seconde qui porte le mystère d’une révélation. Instinctivement, l'inquiètude me gagne.

« Eh bien ! Je reçois des roses sur ma voiture régulièrement et ...je voudrais savoir si, par hasard, tu y es pour quelque chose. »

Des roses ! Je pose un regard un peu surpris sur toi, intrigué, et sens un frisson presque douloureux m'envahir. Voilà pourquoi tu me regardes avec autant d'insistance depuis si lontemps ! Dans le fond, tes regards, tes frôlements, tes passages fréquents ne sont motivés que par cette envie de me sonder. Finalement, notre présence l’un face à l’autre ne découle d’aucune magie d'attirance mutuelle, mais juste d’une curiosité futile provoquée par l’indélicatesse d’un admirateur inconnu. Mon visage doit se décomposer, mais tu n’y prends pas garde. À vrai dire, je ne sais pas quoi répondre. Laisser planer le doute ? Dire la vérité ? Mentir ? Quel rôle peut me convenir le mieux ? Celui du coupable, ou celui de l’innocence ?

Une nouvelle question aide parfois à se ressaisir. Feignant une surprise teintée d'indignation, je réponds

« Des roses ?

— Oui. Des roses. Une première fois une rose rouge. Puis une rose en papier. J’ai pensé que cela pouvait être toi. Tes regards, cette envie évidente de se parler… je ne sais pas. Allez, dis-moi !

— Hmm ! Non ce n’est pas moi. Je te le promets ; jamais je n’oserais ce genre de chose. D’ailleurs, je ne savais même pas quelle était ta voiture jusqu’à lundi dernier.

— Promis ? Tu es sûr ? Tu ne me mens pas ? »

Je te regarde fixement et vois ton regard s'affaisser. La déception se dessinne sur tes traits fins et réguliers. Mais quelle déception ? Ne pas encore savoir ? Ou que ce ne soit pas moi ?

Relevant la tête, preque rieuse, tu insistes, avec cet air de quelqu'un qui sait mais veut juste l'entendre, pour être sûr. Comme une amie qui connait bien les tours facécieux de son compagnon et aime le jeu de l'indignation, que des siècles de ciment social, convenu, ont fortifié.

« Aller ! Tu peux me le dire. Je ne t’en voudrai pas. J’ai juste besoin de savoir, sincèrement ! »

Ton insistance à me poser la question me fait comprendre l’importance que l’événement a pris dans ta vie. Soudainement, ce déjeuner que j'ai attribué à ton envie de me revoir se révèle n'être qu'un prétexte à trouver une vérité qui décidément continue à te fuir.

« Promis… ce n’est pas moi ! Comme je te l’ai dit, je ne sais même pas où tu gares ta voiture ».

J'enchaîne en te demandant de me préciser les circonstances, de me donner les dates, de me parler des pistes que tu envisages. Une pointe de désillusion doit sans doute teinter mes mots mais tu dois t'en foutre , la seule obsession des roses posées sur ton pare-brise occupe ton esprit.

Alors ton visage ravissant s’éclaire d’un large sourire pour me faire le récit précis de chaque épisode : la rose rouge qui provient probablement du jardin intérieur jouxtant la bibliothèque, celle en papier qui suppose une dose de dextérité à l’exercice des pliages, les supputations de tes collègues de bureau qui semblent n’aboutir qu’à de fausses pistes. Tu me demandes même si autour de moi, parmi tous les consultants qui m’entourent, l’un d’entre eux pourrait être susceptible d’agir ainsi. Je reprends confiance quand tu m’affirmes trouver ce geste absurde et inconvenant et que, dans le fond, tu es ravi que je sois « innocent ». Je te promets de chercher à savoir si quelqu’un de mon entourage pourrait présenter le profil d’un « harceleur », et nous avons finalement changé de sujet.

*

* *

Le souvenir des roses se dissipe peu à peu et il devient évident qu'il nous est difficile de nous arracher à l'attraction de cette gravité qui nous maintient l'un près de l'autre, l'un face à l'autre. Souriants, riants, les premières zone d'ombre de nos vies respectives s'éclairent peu à peu. Nous parlons de tout et de rien. Je reprends doucement l'assurance perdue quelques instants auparavant à l'évocation des roses ; tu sembles les avoir oubliées aussi, et les mots que nous échangons, chuchotements effayés par l'immensité caverneuse de la salle ou nous nous attardons, entament une danse discrète, encore maladroite, pleine de promesse.

Nous allons régler la note. Je te suis du regard et m’approche de toi. J’esquisse un mouvement vers tes lèvres, mais aussitôt, tu t’écartes. Qu’ai-je fait ? Quelle maladresse ! Tu me jettes un regard furieux et je me sens sombrer, le sol se dérobe sous mes pieds, la honte et le remords m’envahissent. Je comprends moi-même à peine ce geste et pourtant, je l’ai fait. Nous sortons du restaurant et retournons à ta voiture dans un silence gêné. Je me sens penaud, bête, je marche à quelques pas de toi.

*

* *

« Il a tenté de m’embrasser. Et me dit que les roses ce n’est pas lui. Il ose essayer de faire cela en public. Sa douceur et son apparent savoir-vivre contrastent tellement avec ce geste. Je suis presque sûre qu’il me ment pour les roses. Il n’a juste pas voulu me l’avouer. C’est vrai ! Il n’y a aucun romantisme à faire peur ! Et il ose tout, tente même de m’embrasser ici, en public. Alors il s’en cache. Mais puisque nous sommes maintenant amis ou presque, pourquoi mentirait-il ? Je vais en parler aux filles au bureau. Il ne dit plus rien. Quel toupet ! »

*

* *

Je croyais que tout était perdu. Le voyage de retour au bureau se fit dans le silence de ton indignation. Une longue après-midi de rumination morbide m’attendait. Quand j’y pense, décidément, je n’ai pas beaucoup travaillé à cette époque là. Totalement occupées à songer à toi, les circonvolutions de mon cerveau cessaient définitivement de s’intéresser aux problèmes que l’on me demandait de résoudre. D’ailleurs, cela faisait déjà bien longtemps que l’informatique d’entreprise, dénuée de toute créativité, devenue instrument de torture pour tous, rendue indispensable pourtant, ne m’intéressait plus.

J’eus à l’esprit de t’envoyer un message assez vite, m’inquiétant de savoir si ton retour au bureau s’était bien passé. Une réponse laconique vint y répondre une ou deux heures plus tard. Cet après-midi-là, je ne suis pas descendu prendre un café avec les autres. Je pensais vraiment que tout était fini et qu’il valait mieux que je me replonge dans la noirceur d’un quotidien sans saveur. Persuadée que je n’étais peut-être pas l’auteur du délit floral, tu n’allais ni me rappeler ni me contacter. Qui plus est, ce geste stupide, tellement inhabituel de ma part me hantait et j’en éprouvais une terrible honte. Fermement convaincu qu’il n’y avait plus aucun espoir, que la parenthèse de nos regards complices se refermait là, j’essayais juste de m’enfermer dans le silence de la déception.

*

* *

Il m'a envoyé un message. je lui réponds sommairement. Je suis encore sous le coup de cette tentative de baiser volé. Il ne me dit pas toute la vérité, c'est sûr, et d'ailleurs, son geste prouve bien que je l'attire depuis bien longtemps. Il m'observe, m'épie ; il devait forcément savoir ou se trouve ma voiture. Il se débrouille toujours pour être là quand je dois me déplacer. Non ! C'est certain, il doit être à l'origine de tout cela. Pourtant, j'ai dit aux filles que ce n'était pas lui et elles semblent penser que c'est plutôt vrai. J'ai l'impression qu'elles s'en foutent maintenant. J'insiste pas trop. Je retravaille...

Zut ! son visage rieur revient me hanter. J’entends un groupe en pause qui vient d’arriver. Je peux attendre, je vais attendre avant de sortir, car c’est la horde que je devrai affronter et il ne sera pas là, c’est sûr. J’ai pourtant tellement envie de le revoir. C’est vrai, son geste était maladroit, mais il m’attire beaucoup et je ne cesse de penser à lui. Je crois que je suis en train de tomber amoureuse. J’aimerais bien aller à Nantes. Peut-être pourrions-nous passer un moment ensemble. La ville me manque ! Ses restaurants, ses cafés, les magasins… Je suis troublée. Je n’ai pas trompé Édouard et pourtant, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué. On ne vit qu’une fois, après tout ....

*

* *

Le lendemain, après une nuit empoisonnée par un mélange de déception et d'espoir, je n'eus pas l'envie, ou le courage, de marquer mon arrêt habituel près du distributeur à café. Le pas pesant, je dirigeai directement vers mon open-space. Le coeur encore un peu secoué.

Une fois l'ordinateur allumé, J'eus la surprise de découvrir un nouveau message. C'était toi. Il me fallut le lire à plusieurs reprises pour me persuader que ce qui y était inscrit était vrai. Tu m'expliquais qu'il t'était arrivé, par le passé, de venir à Nantes pour participer à des réunions d'un groupe affilié à la Mutuelle qui t'employait. On te demandait de prendre part à l'une de ces rencontres professionnelles, à Nantes, la semaine suivante, le mercredi.

Saisissant l'oppotunité, tu me proposais de partir le mardi soir. Nous pourrions faire le voyage ensemble avec ta voiture. Tu prendrais un hôtel pour la nuit et nous dinerions en ville le soir même. Et puis l'après-midi, tu pourrais faire quelques achats et je ferais visiter. Tu avais listé les magasins qui t'intéressaient et me demandais si par hasard je savais ou ils se trouvaient.

Aussitôt le message lu, je décidai tout simplement de te proposer de se revoir pour en discuter. Il faisait encore très beau en ce mois d'aout et il était plus facile, et surtout plus discret, de se retrouver à l'extérieur pour en parler.

*

* *

« Coucou. Ça va ? Viens, on va se mettre un peu plus loin. je ne voudrais pas que l’on nous entende

— D’accord. Allons près du banc là-bas. Tu veux ? On sera assez loin.

— Oui. Bonne idée ! Dis-moi, c’est quoi ce rendez-vous ? Tu y vas souvent ?

— De temps en temps, on a des réunions dans les locaux de la filiale. Mais écoute-moi. En fait, c’est simplement que j’ai envie d’aller passer une journée à Nantes. J’ai informé Édouard que c’était pour une réunion, mais ce n’est pas vrai. Je lui ai même dit que c’était mardi après-midi. Et que je resterai à Nantes pour y faire quelques courses. Tu vois. Je prendrai un hôtel et puis… bah si tu es là peut être que l’on peut se voir. Non ? Mais toi, tu travailles, non, le mercredi. Tu n’as pas ton fils ce mercredi la si je compte bien !

— Oui, c’est vrai ! Mais qu’importe ! Je suis libre de prendre des jours comme je veux. Je suis indépendant. Donc je prends ma journée de mercredi et là, on peut se retrouver.

— Je vais prendre un hôtel. je veux pas te déranger.

— Tu peux dormir à la maison, l'appartement est grand. Et....

— Non, non. Je préfère dormir à l'hôtel. Fit-t'elle m'interrompant brusquement.

— Ok. Je comprends. Ecoutes, fais comme tu le sens ! Mais je t'assure c'est de bon coeur et sans arrière pensée. Tu peux être tranquille !

— Bon. je vais voir...

— C'est génial. On se fait un resto vendredi soir. Si on a de la chance, pas trop de bouchons sur la route, on pourra même aller se balader en ville avant. Tout reste ouvert tard..

— Cool. Mais tu es sûr ? Tu vas perdre une journée de facturation ?

— T’en fais pas pour ça ! Ah juste un truc ! Du coup, je crois que c’est moi qui conduis ce jour-là avec les covoitureurs pour venir à Niort. Il faut que j’échange mon tour. On peut partir ensemble, dans ta voiture ? Et moi, je me fais emmener et tu me ramènes !

— Oui ! Je mettrai ma valise dans la voiture le matin. C’est Édouard qui va s’occuper de Manon dans la journée. Il est d’accord. Le seul truc, il ne faut pas qu’il constate que je suis au bureau le mardi après-midi.

— Pourquoi ?

— Je suis censée travailler à Nantes l’après-midi. Pas au bureau ici. En plus, il nous faudra être discrets en partant. Tu comprends ?

— Oui, je pige. Tiens. Je te donne mon numéro de téléphone. Tu pourras me joindre !

— Je monte et t’envoie un texto. Tu auras aussi mon numéro comme cela. Il faut que j’y aille maintenant.

— C’est génial ! Je suis vraiment content de passer une journée à Nantes avec toi. Tu verras, c’est une ville très agréable. »

Un groupe de salarié profitait du soleil à l’extérieur, fumant, vapotant, ou encore sirotant un café. Il fallait passer devant eux pour pénétrer à nouveau dans le bâtiment. Je te laissai prendre le chemin du retour la première, patientant quelques minutes assis sur le banc, un peu étourdi par ce soudain revirement. Le fait de ne pas être le livreur de fleur ne t’avait pas empêché de reprendre contact avec moi. Et pour quelle raison : me proposer une escapade à deux, un jour de semaine, un mercredi. J’étais un peu perdu, mais sous le charme ! Mon angoisse de la veille avait fait long feu et pourtant, ce revirement de situation me laissait une étrange de sensation de malaise. Ce mensonge que je te voyais broder en toute quiétude, sans remords, rieuse et guillerette, me prenait par surprise.

Annotations

Vous aimez lire Armel Alexandre ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0