Ch.4 - 2 | La semaine avant la fin du monde

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Gill ne savait pas exactement ce que ferait “Asor Lerion” mais, puisque cette personne venait à peine de commencer à exister, pour une fois, il pourrait décider pour lui-même. Avant de marquer quoi que ce soit dans l’histoire de sa nouvelle vie, il voulait donc se recentrer et se remettre physiquement. La bille bien fixée sur sa bague, il déverrouilla le cadenas du petit abris de plage qui appartenait à Diane et y dénicha un vélo. Il se rendit à l’appartement de son amie, qu’il avait déjà vu tellement de fois. C’était comme arriver dans son vrai chez-lui. En fait, c’était concrètement le cas. Il connaissait l’emplacement des meubles, des portes: il avait, en quelques sortes, déjà vécu ici. Il se cuisina un bon petit plat et fouilla les placards en quête de quelque chose de chouette à se mettre: comment s’habillait Asor Lerion ? Il trouva d’abord les affaires appartenant à Diane, et ne pu s’empêcher de les sentir: c’était la première fois qu’il sentait l’odeur de la personne avec qui il avait partagé sa vie. Les larmes aux yeux, il continua de fouiller, et découvrit des habits neufs -ils avaient encore leurs étiquettes- disposés là par son amie. Elle avait vraiment pensé à tout. Ce n’était pas du tout dans ses habitudes, pourtant. Elle avait dû y mettre beaucoup de coeur, pour lui cacher ça. Un petit mot était accroché au ceintre d’une veste un peu plus usée que le reste:

“Je ne prétends pas savoir quels sont les mouvements de ton âme à présent. Mais même l’esprit le plus volubile a besoin de s’habiller. J’ai cousu quelque chose à l’intérieur de la manche.”

Il s’empressa de vérifier, retourna le vêtement. En lettres d’or, il était écrit:

“Si je te donne mon nom”

Il sourit. C’était la première chose que Diane lui avait dite, lorsqu’ils s’étaient rencontrés au point zéro, enfants.

“Diane, tu m’as donné tellement plus que ton nom, répondit-il à haute voix.”

**

Jayli regardait sa petite soeur conduire et s’endormait à moitié, accoudé sur la fenêtre de la voiture, lorsqu’un coup de frein brusque le sorti de sa torpeur.

“Mina ! s’écria-t-il. Qu’est-ce qui te prend ?!”

Le visage de Mina Virankowski était figé dans une expression de colère mêlée à de la surprise, elle semblait bouche bée. Lorsque Jayli tourna son regard vers la route, il enfila à peu près la même expression. Devant eux, à cinq mètres, se trouvait Mina Virankowski. Ou du moins, ce qui semblait être son parfait sosie. La personne avança vers la voiture et Mina sorti pour aller à sa rencontre. Les deux femmes se battirent avec les mêmes gestes, les mêmes attitudes, la même posture. Les agents de la seconde vague avaient exactement les mêmes réflexes moteurs. Ils s’étaient entraînés durement pour parvenir à ce résultat. En cet instant, les deux Mina avaient donc la même signature cognitive. Jayli sorti par la droite du véhicule et pris appui sur le capot pour sauter par-dessus et rejoindre les deux Mina, dans l’intention de les séparer. C’est à cet instant que les billes des deux capitaines Virankowski se mirent à surchauffer.

Elles se regardèrent, froncèrent les sourcils, retirèrent lentement leur bille de leur bracelet -seul signe de leur identité réelle. Les deux avaient maintenant une brûlure visible au creux du poignet. Lorsque l’une attacha sa bille à son oreille, l’autre la garda dans ses doigts et décrocha un solide coup de poing qui sonna son adversaire. Elle lui attrapa alors le front avec sa main libre et transita au point zéro. Elle déconnecta ses propres thermo-régulateurs, ce qui déconnecta ceux de l’autre Mina qui se mit à vomir, encore inconsciente, submergée par la dissonance. Elle la laissa s’effondrer au sol et récupéra la bille à son oreille. Elle s’adressa alors à Jayli qui les regardait, confus:

“Je crois que nous avons trouvé l’agent de l’apocalypse.”

Elle se dirigeait vers le coffre de la voiture lorsque M. Virankowski s’écria:

“Attend !”

Elle se tourna lentement vers lui.

“Prouve-moi que tu es la Mina que je connais, dit-il.

- J’aurais joué dame en D4, cet été-là au Chalet. On n’a jamais fini la partie parce que tu es trop mauvais perdant.

- Par tous les dieux…

- Aide-moi à la hisser dans le coffre, s’il te plaît.

- J'ai grandit depuis, tu sais ?”

Diane attrapa un solide câble dans la voiture des Virankowski et la jeta à l’attention de Jayli. Elle jubilait. Ça avait marché. Elle aurait voulu prévenir Gill mais la confiance devait suffire.

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