Ch.3 - 2 | Des flammes

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Jayli invita Grace à le suivre dans un des innombrables salons du Chalet.

“Je t’écoute.”

Grace Ganim soupira, elle n’était pas sûre de la meilleure manière d’amener la chose, et sans bille pour neutraliser sa façon de parler, elle craignait d’empirer la situation. Elle finit par cracher le morceau:

“Bon, je pense que… Marco a vu juste. Prieto veut, véritablement, qu’on se débarrasse des agents. Si on ne le fait pas, elle le fera elle-même. Après tout elle en a les moyens.

- Mais pourquoi ? Pourquoi nous avoir appelé la section Codex si ce n’est pour incarner l’unification des nations ? s’étonna Virankowski.

- Pour mieux cacher ce qu’elle met sous les yeux de tous. Tout simplement. Plus on dit fortement que notre rôle est de symboliser l’union des peuples, et plus ça semble vrai.

- C’est complètement tordu.

- Mais réfléchit, Jayli. Tant que les agents ne rentrent pas de la temporalité classique, Prieto est la seule à disposer des informations qu’ils collectent. Elle peut littéralement façonner l’Histoire de la manière qui lui chante, actuellement.

- Comment fait-elle pour le cacher à tout le monde ?

- Sa bille est la plus protégée de toutes. Elle cache ce qu’elle veut à qui elle veut.”

Jayli commençait à comprendre pourquoi Grace ne voulait pas influer sur l’opinion des autres membres de la section codex. Non seulement leurs billes sont loin d’être aussi performantes que celle de Prieto, mais en plus de ça, il allait falloir agir sur la durée. Après une courte réflexion, il commenta:

“Elle attend actuellement la quatrième Vague. Nous devrons l’attendre aussi. Nous y préparer.

- Ouais ! J’espérais que tu dises ça !

- C’est évident, repris Virankowski. Nous sommes ici pour un rôle inutile, sinon affreux. Je ne vais pas demander à mes employés de tuer leurs semblables. Des héros, qui plus est, qui ont inspirés la plupart d’entre nous à être ici.

- Je pense que c’est pour cette raison que Prieto n’a rien mis dans son rapport d’instructions: elle veut te le dire de vive voix, afin que les données ne se trouvent que dans sa bille et dans la tienne. Ainsi elle pourra suivre la circulation de l’information en sachant exactement d’où part son origine.”

Il passa sa main dans les cheveux: serait-il encore si naïf ?

*

Lorsque Virankowski entra dans le ministère de Prieto, il ne reconnu pas cet endroit d’habitude si calme et bien organisé. Des agents courraient d’un bureau à l’autre, sa bille se vrilla d’un signal aigu en chauffant contre son poignet, ce qui l’obligea à la retirer un instant: apparemment, les conversations inter-sections étaient émotionnellement trop vives pour ne pas saturer le flux du ministère.

Les grandes portes du bureau de Georgina Prieto étant au bout du couloir, il entreprit de traverser le couloir sans croiser qui que ce soit: il ne pouvait pas se permettre d’être interrompu aujourd’hui. Il avait trop à cacher, sa carrière était en jeu: sa bille devait continuer de fonctionner.

Lorsqu’il tendit la main pour saisir la poignée de porte, il entendit une voix de femme venir de derrière lui:

“Hé ! Tu es qui, tu crois que tu fais quoi ?!”

Il se redressa et ajusta les bords de ses manches avant de tendre une main vers son interlocutrice:

“Jayli Virankoski, Président de la section Codex. Et vous, vous êtes ..?”

La petite jeune femme aux cheveux blancs se rabougris légèrement, mais sa voix ne perdit pas son aplomb, lorsqu’elle répondit en lui serrant fermement la main:

“Erica Reynaud, malpolie. Écoutez, quel que soit le motif de votre rendez-vous d’aujourd’hui avec Madame Prieto, elle ne peut pas vous recevoir. Vous allez devoir décaler ça.

- Vous pouvez m’expliquer un peu ce qui se passe, ici ?

- Eh bien, on s’occupe de tout remettre à jour dans les billes après la venue de l’inconnue dans le reverse.

- Quoi ?!

- Vous n’êtes pas au courant ?

- Je viens directement du Chalet donc, non, je n’étais pas au courant.

- Oh ! Oui, bien sûr… Vous ne captez rien, là-bas…”

Jayli fronça les sourcils en faisant un visible effort pour garder patience.

“Eh, eh bien, comment dire, reprit Rika. Il se trouve qu’il y a une semaine environ, les billes ont toutes enregistré un signal très étrange sur les F.U.N. On aurait dit une transmutation totale mais aucune n’était prévue ce jour-là. Nous avons réagi au quart de tour: si un agent revient, nous devons l’accueillir comme il se doit !

- …

- En héros national !

- …Oui. Vous savez de qui il s’agit ?

- Il n’est sur aucun fichier !

- Qui est au courant ?

- Absolument tout le monde ! Tout le monde en parle !”

Le stress d’Erika était trop palpable pour Jayli qui préféra mettre fin à la conversation -c’est-à-dire ne rien répondre, dans une attitude déroutante dont lui seul avait le secret. Il devait trouver quelqu’un avec qui discuter de la conduite à suivre pour la section Codex, d’autant plus en ce moment -avec la guerre civile qui menaçait d’éclater, si ça n’était pas déjà le cas.

Il laissa Erika postée devant la porte de Georgina Prieto et lui tourna le dos. Il entreprit de descendre de deux étages trouver le Chambellan.

Tandis qu’il poussait de son épaule les diverses personnes qui bloquaient le passage et s’agitaient en tenant leur bille dans la main -sûrement en surchauffe, il tentait d’envoyer un message d’urgence à sa soeur. Après tout, elle était capitaine des armées, envoyée en mission depuis plusieurs mois déjà, on avait probablement dû la rapatrier en urgence pour gérer ce bazar. Il se déconnecta de ses sens et parvient avec l’esprit clair au point zéro:

“Mina… Mina je n’utilise pas souvent les fréquences persos, mais il faut qu’on parle. Tu m’entends ?”

Pourquoi n’avait-il pas été le premier à être contacté ? Pourquoi avait-il été mis sur la touche ? Prieto et Mina avaient toutes les deux les moyens d’envoyer quelqu’un le quérir au Chalet.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent devant lui et la cohue le poussa à l’intérieur. Il tomba sur quelqu’un qui était déjà dedans.

“Pardon, excusez-moi, c’est vraiment la folie au ministère, dit-il en se relevant et en s’époussetant.

- Ne m’en parlez pas ! Ça fait quinze ans que je le dis et personne ne m’écoute, mais je m’y suis fait.”

L’homme souriant qui se tenait devant lui n’était autre que le professeur Lachlan Layer.

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