Chapitre 31- Judas l’Aristote

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Chapitre dédié pour ThomasRollinni :)


31/02/1941


Cher Théophane,
J’espère que tu auras cette lettre, malgré les informations que je vais te transmettre… J’ai fait exprès de l’envoyer à un ami, qui pourrait la faire passer sans que les Allemands la lisent. J’aimerais te partager une drôle d’aventure qui nous est arrivée, à la fois dangereuse et miraculeuse. Je pense que tu vas y croire, en connaissant ton cœur pur.
Récemment, une troupe de juifs nous a rendu visite dans notre Abbaye en demandant refuge. Comme ils étaient beaucoup trop nombreux, nous les avons fait dormir dans la grange à moulin. Ils nous racontaient qu’un grand malheur était tombé sur eux et que Hitler voulait tous les envoyer. Où ? Ils ne savaient pas du tout… Nous les avons aidés, jusqu’au jour où des Nazis ont commencé à fouiller notre monastère. Nous avions eu très peur, il était minuit environ… Pendant qu’ils cherchaient les juifs, mes petits frères et moi nous sommes rendus, dans une effroyable tempête, avec des torches, au grenier. Le vent était épouvantable, des braises ont même sali nos aubes. Nous luttions contre le vent, jusqu’à ce que nous avions dit aux juifs de se cacher dans la grange. Ils ont commencé à renverser toutes leurs affaires, jusqu’à ce qu’un Nazi a commencé à attraper ma main. J’ai eu très peur qu’il me tue, mais si c’était la volonté de Dieu, je l’aurais fait en son honneur. Soudainement, un grand tremblement de terre nous a séparés jusqu’à eux. Les Nazis étaient pétrifiés en disant que ce lieu était hanté et sont partis. Un tremblement de terre à Argenteuil ? Qui l’eut crû ? J’ai dit à tes frères que c’était un signe qui nous a été envoyé du ciel pour tous nous sauver. Nous avons grandement remercié le Seigneur, car les juifs ont pu partir tranquillement le lendemain. J’espère que tu vas bien mon fils… J’ai si peur de te perdre, tu ne l’imagines pas… Je t’admire beaucoup, sache le. Ce n’est pas pour rien que le Seigneur t’ait envoyé là-bas. Je suis sûr qu’il te guide sur le bon chemin et que les autres espèrent en toi. Nous t’embrassons tous très fort, reviens vite nous voir, tu nous manques beaucoup.
Signé, ton père supérieur.


* * *


08/07/1943


Mon bien-aimé,
Soupir… Je sais que cela fait deux ans que je ne vous ai pas reparlé… Mais beaucoup trop d’événements sont intervenus lors de notre opération… Je n’ai pas les mots tellement que j’en ai les larmes aux yeux… Je me sens très humilié d’un seul coup mon bel Amour… Si vous vous demandez où je suis, je suis à l’hôpital des petites sœurs et moines de Charité, à Toulon. Vous vous demandez certainement ce qui s’est passé avant que je n’en arrive là… Je vais vous raconter quand nous sommes arrivés au Japon.
Siméon nous avait rejoints en cours de route, en nous disant qu’il était tombé de moto, mais que rien de grave ne lui était arrivé. Une fois que nous étions arrivés là-bas, avec mes confrères, nous avions hissé la barque jusqu’à l’île. Par miracle, une personne avait laissé son moteur allumé et nous n’avions pas eu d’autre choix que de la voler. Nous nous étions aidés de la carte pour nous rendre à la prochaine base aérienne. Nous étions tous prêts à accomplir notre mission. En plein milieu de notre route, un pneu avait éclaté. Vincent avait râlé, jusqu’à ce que nous avions remarqué que nous n’avions pas d’autre choix que de marcher, mais Jérémy disait que la prochaine base était encore bien loin. Soudainement, nous avions eu très peur lorsque nous avions vu un soldat traverser la brume qui brouillait notre champ de vision. Ils avaient tous brandis leurs armes, jusqu’à ce que nous entendions « attendez, je parle Français ! ».

— Qui es-tu ? avait pesté Vincent.

— Je suis un américain. J-je… J’ai entendu un bruit alors je voulais m'assurer d’où il venait…

— Et comment te-nommes-tu ? continua Vincent les interrogations.

Le soldat Américain s’était approché de nous, en passant à travers la brume et posa le fusil au sol, les mains en l’air.

— Je m’appelle Augustin… Et, et je voulais savoir où nous étions ?

Puis, mon groupe avait ri.

— Ah ! T’es bien drôle p'tit ! Tu te fiches de nous j’espère ?

Il semblait être très embêté.

— Je ne sais même pas quel jour et ni l'année qu'on est…

Puis, ils avaient explosé de rire tandis que moi, je m’étais approché de lui. Comment ce jeune soldat ne pouvait-il pas se souvenir du jour ni de l’année ? Je l’avais pris par l’épaule pour que nous nous éloignions de mon groupe.

— Je vois… Vous avez dû recevoir un choc.

— Oh oui, un très vilain. Pouvez-vous me dire où nous sommes ?

— Nous sommes au Japon, sur l'île de Sakhaline.

Il semblait complètement perdu en se grattant la tête, gêné.

— Vous, vous êtes sûr que nous ne sommes pas à Dijon ?

J’avais ri doucement.

— Oh non mon ami, vous voyez bien qu’il n’y a pas l’église Saint-Michel !

— Oui c’est vrai… Je me demande bien ce que je fais ici…

— Je pense que vous êtes venu pour nous aider, n’est-ce-pas ?

— Oh je vois, vous, vous avez besoin d’aide ?

— Oui, nous n’avons pas de pneu pour remplacer celui qu’on vient d’éclater…

— Je peux vous aider, j’ai une roue de secours dans ma voiture.

— C’est bien gentil à vous jeune homme !

— Et vous ? Vous vous appelez comment ?

— Père Théophane, ravis de faire votre connaissance.

Ce drôle de petit soldat avait sourit et commençait à sortir un pneu de sa voiture en la posant au sol.

— Moi de même mon père.

Il commençait à la porter, lorsqu’il me parlait qu’il y avait à peine quelques jours, il était à Dijon, en aidant une pauvre femme qui avait failli se faire tuer par une troupe Allemande. Je lui avais demandé son nom et il m’avait répondu qu’elle s’appelait Eva. Il me racontait à quel point il l’aimait, mais qu’il n’osait pas encore lui dire. Je lui avais répondu qu’il y arriverait et qu’il devait avoir confiance en lui. C’est drôle mon Doux Jésus, mais ce jeune homme avait l’air d’être complètement perturbé par notre époque. Peut-être que je me trompe, mais est-ce-que ce jeune homme est amnésique ? Je ne le savais pas du tout, mais en tout cas, je sentais bien que c’était un gentil homme et que si un jour il envisageait de se marier, il ferait un parfait époux, j’en étais sûr et certain. Lorsqu’il manipula notre voiture, en disant qu’il aimait beaucoup la mécanique, il l’avait réparé quelques minutes plus tard, les mains pleines de noirceur.

— Et maintenant l’Américain ? Que comptes-tu faire ? avait demandé Vincent.

— J’ai une autre mission qui m’attend en France. Je dois à tout prix aider mes amis qui font partie de la résidence et sauver la France, comme vous tous je l’imagine.

— T’as bien répondu ! File ptit gars, et merci pour la bagnole !

— Que Dieu vous bénisse mon fils, et qu’il vous garde pendant tout le long de votre mission. Bon courage, avais-je dit en tendant ma main.

Puis, il me l’avait tendu en nous disant au-revoir et avait rejoint une autre troupe de soldat Américaine.

— C’est la première fois que je vois un Américain, sympa ce type.

— Je suis sûr qu’il réussira sa mission, avais-je répondu en le voyant disparaître dans la brume.
Grâce à l’aide précieuse de ce jeune Américain, nous avions pu repartir sans qu’on ait d’autres problèmes. Pourvu que la mission se passe comme il faut mon bel Amour… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un mauvais pressentiment…


* * *


Une fois que nous étions arrivés à la première base aérienne, j’avais averti mes camarades qu’il fallait qu’on évacue les citoyens avant de faire sauter l’usine. Ils étaient tous d’accord avec moi et ils m’avaient souhaité bon courage pour mettre le fil avec Siméon et le détonateur à l’extérieur de la base. Nous avons d’abord commencer à installer le détonateur en enlevant les fils qui s’étaient emmêlés, dans une petite cour, cachée, grâce à des avions qui étaient garées sur de grande ligne noir. Puis, j’avais commencé à reculer pour enlever le fil, suivi de Siméon qui tendait le fil. Nous nous étions cachés derrières des cargaisons lorsque toute une troupe était arrivée pour sortir de la base. L’un d’entre eux avait jeté une cigarette sur ma chemise, elle avait commencé à brûler mais heureusement que Siméon était là pour éteindre le début de l’incendie. Une fois que nous nous étions infiltrés dans la base, nous avons remarqué qu’un Japonais était en pleine réparation d’un tout nouvel avion. Il paraissait très grand à nos yeux. Il devait faire environ huit mètres de large. Je n’avais jamais vu des ailes aussi épaisses, elles touchaient presque l’hangar. Siméon m’avait fait sortir de mes pensées lorsqu’il m’indiquait que je devais faire le tour de l’avion et que comme il était seul, on pouvait le neutraliser. J’étais d’accord pour ce plan, jusqu’à ce que Siméon avait demandé au Japonais de lever les mains. Il avait lâché sa clé à outil et s’était mis à terre, sans bouger. Pendant ce temps, je m’étais précipité pour faire le tour de l’avion, lorsque soudainement, un général commençait à venir vers nous. Siméon avait mis en garde le Japonnais qu’à la moindre parole, il allait le buter. Il m’avait ordonné de grimper dans l’avion. J’avais arraché le fil pour ne transporter que la bobine avec moi et nous étions vite montés dans l’avion, en nous cachant derrière le pilote. Nous entendions des voix Françaises, ce qui nous avait surpris. Apparemment, le Japonais ne parlait ni Allemand et ni Anglais. Donc tout de suite, nous étions très intrigués par leur sujet de conversation.

— Alors ? La colonne A et bien sur le mètre cube B ?

Nous avions très vite compris qu’il s’agissait d’un message codé.

— Oui mon colonel, j’attends que la zone C se dégage pour mettre le mètre cube.

— Bien, je vois que vous avancez bien, Monsieur Ito. Pourrions-nous savoir ce que vous avez amélioré ?

— J’ai amélioré la canalisation d’air, cela me paraissait peu évident de les laisser lisse… Le moteur aussi vient d’un tout nouveau modèle… Nous avons travaillé dur pour améliorer nos avions… Il y a encore des ingénieurs qui travaillent sur la vitesse. Nous sommes encore bien embêtés comme la vitesse maximum n’est que de 434 km/h. Peut-être qu’un jour nous arriverons à dépasser les 500 km/h… Pour l’instant MITSUBISHI A5M « CLAUDE » se tient à merveille. Je me suis basé sur l’ancien modèle de 1919. J’ai encore des réparations à faire dans les câbles… Mais un jour mon colonel, un jour, nous arriverons à construire un avion qui dépassera la vitesse de la lumière, mais ce n’est pas facile quand le vent y joue beaucoup… En revanche, je n’ai pas spécialement touché au moteur, il est de 785 cv, mais je n’ai pas pu ajouter plus de mitrailleuses… Il n'y en aura que deux…

— Quand est-ce que nous pourrions l’utiliser ?

— D’ici encore un mois…

Comme l’avion n’avait pas d’habitacle, nous avions vu le colonel lui prendre par le col en lui disant qu’il le fallait le plus rapidement possible avant que Hitler ne quitte la Pologne. Il le poussa en lui disant qu’il n’avait pas beaucoup de temps, mais qu’il devait inspecter le haut. Nous avions dégluti avec Siméon, lorsqu’ils montèrent dans l’avion. J’ai prié très fort pour que rien ne nous arrive, lorsqu’ils étaient dans l’allée centrale. Ils inspectèrent le tableau de bord lorsqu’ils allèrent se retourner pour regarder la suite. Nous en tremblions de tous nos membres lorsque Japonais nous avait aidés en disant que la suite n’était pas complètement terminée. L’Allemand l’avait poussé pour qu’ils redescendent et partent. Nous avions pu reprendre de l’air en remerciant le Japonais qui nous avait sauvé de la situation. Siméon s’était proposé pour terminer de mettre le fil. Puis, nous étions repartis comme si nous étions rentrés. Je me tenais près du détonateur lorsque je ne vis pas Siméon. Je pensais qu’il n’en avait pas finis… J’avais attendu très longtemps, avant de me décider si je devais prévenir mes amis que nous devions évacuer les gens de l’usine à armes. J’avais hésité longtemps et j'avais rejoint mes amis en espérant que Siméon allait faire exploser le bâtiment. J’avais demandé à tout le monde de descendre du véhicule et nous nous étions rendus à l’usine. Quelques Allemands surveillaient les civiles, lorsque brutalement, nous avons agi en tirant dans tous les sens, sans causer de séquelles aux civiles. Inquiets, ils étaient tous partis en courant, pendant que mes camarades fusillaient. Pendant qu’ils s’occupaient d’eux, j’aidais les gens à évacuer en ouvrant grand les portes. Par ma plus grande surprise, j’avais reconnu Marguerite qui prenait la fuite et fit à son tour des grands yeux.

— Marguerite ?! Mais, mais que fais-tu là ?!

Je l’avais serré dans mes bras.

— Les Japonais m’ont kidnappés pour que je travaille ici… Merci beaucoup Barthélémy de nous avoir délivré.

Elle m’avait souri, jusqu’à ce que quelqu’un l’avait poussé. Une fois que tout le monde fut évacué, nous attentions tous ensemble que la base aérienne soit explosée, mais rien ne s’était passé, elle est toujours intacte.

— Mais c’est pas possible ! Qu’est ce qu’il fou ? avait ragé Vincent.

Je leur avais dit que j’allais voir ce qu’il traficote. En partant vers le détonateur, je vis qu’il n’était toujours pas activé. Au moment d’appuyer, une main m’avait aussitôt saisi par le poignet et m’avait poussé contre un avion. Le bruit de la cagette avait retenti dans mon oreille gauche. Je m’étais relevé avec difficulté, lorsqu’il avait posé son pistolet sur une jeune femme. J’avais reconnu aussitôt Marguerite. Puis, mes yeux s’étaient écarquillés lorsque je reconnu l’homme qui détenait Marguerite.

— Donne-moi tes lettres ou j'la bute, m’avait-il menacé.

Il serra la femme contre elle, pendant qu’elle se débattait.

— Non Barthélémy ! Ne l’écoute pas !

Il avait insisté en posant le pistolet contre sa tempe. Pourquoi faisait-il du chantage pour des lettres ? En sortant les quelques lettres que je vous avais écrites dernièrement, je les fis glisser au sol.

— Tiens Siméon, je te les donne… Mais libère Marguerite !

Il s’était caressé les mains en ramassant les lettres et poussa le détonateur qui tomba à ma gauche, dans une petite rivière.

— Quel maladroit je suis, je suis tellement confus, ria-t-il en partant avec Marguerite qui criait mon nom.

— Relâche Marguerite !

— Jamais !

Puis, en s’éloignant de moi, j’avais commencé à courir, lorsqu’il avait pointé son arme vers moi.

— Si tu bouges, t’es mort.

Il commença à s’éloigner de moi.

— Dommage Barthélémy, jt’aimais bien… Peut-être que la seule différence que j’ai par rapport à toi, c’est que moi je tue.

— Mais qui es-tu Siméon ?

Il avait rit à des kilomètres de moi.

— Fais tes prières le prêtre !

Soudainement, il avait lancé une grenade à mes pieds. Je n’avais pas eu le temps de me réfugier, qu’elle avait explosé et me fit propulser dans la rivière. J’avais fait plusieurs pirouettes avant d’atterrir dans l’eau… Le seul souvenir que j’ai c’était une main qui était venue à mon secours… Puis après, plus rien… Satan avait réussi à me vaincre…

Signé, le père Théophane qui vous promet que je serais très vite rétabli !

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