Chapitre 29- Une arrivée brutale

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15/06/1941

Mon bien-aimé,

Nous nous étions dispersés dans l’aéroport en nous cachant derrière des avions et des cargaisons. Nous avions même réussi à voler quelques parachutes avant que deux trois soldats Allemands viennent fouiller l’hangar. J’avais donné le signal à Joseph et à Vincent pour qu’ils étendent le fil, très discrètement, sous les avions. Nous avions placé le détonateur derrière une grosse caisse. Ils reculèrent en défaisant la bobine. Nous étions arrivés dans une nouvelle pièce qui ne contenait que des caisses en bois. Elles étaient toutes empilées les unes sur les autres. Nous voulions faire exploser l’hangar pour divertir les soldats, pendant que nous, nous volerions les avions. Arrivés tout au bout de l’hangar, Joseph enleva la bobine entre ses mains et fit le signe que nous devions repartir. Pour le moment tout se passait bien, tout le monde était reparti en sens inverse, quand soudain, j’avais remarqué que le fil s’était coupé en deux. Je m’étais penché pour en faire un double nœud, mais je n’avais pas eu le temps, car au même moment, des soldats étaient entrés. Les autres m’attendaient de l’autre côté. Je m’étais caché derrière une grosse caisse et attendis que les soldats repartent. J’avais lu sur le visage qu’ils s’étaient aperçus qu’il y avait quelque chose de louche. Ils avaient commencé à fouiller dans la salle, j’étais mal parti. J’avais récité plusieurs « Je vous salue Marie », en remarquant qu’il ne me manquait plus qu’à resserrer le nœud. Très discrètement, j’avais étendu ma main pour resserrer le bout qui me manquait, mais au même instant, un soldat avait écrasé ma main. J’avais hurlé à l’intérieur de moi, en vous demandant que le soldat parte d’ici, mais il ne bougea pas en enfonçant sa chaussure dans mes ongles. J’avais récité à une vitesse folle le chapelet, jusqu’à ce qu’il parte. J’avais soufflé sur ma main pour faire partir la douleur et m’étais mis à quatre pattes. Les soldats avaient appuyé sur le bouton pour refermer la porte. Au même instant, je m’étais précipité pour ramper et avait fait un saut pour me retrouver de l’autre côté. Puis, j’avais vite pris mon arme, mais la porte avait coincé mon bras. Au moment de hurler, un soldat m’avait retenu par la bouche et me tira pour m’enlever de ce bobard. Vraiment mon doux Jésus, ce fut une véritable catastrophe… Et moi qui croyais que dans les films ça marchait à tout les coups… Ils avaient appuyé sur le bouton et au même instant, nous avions vu des pieds de soldats surgirent au seuil de la porte. Ils m’avaient hissé derrière une caisse juste à temps avant que les soldats reprennent leur chemin. Nous avions échappé belle… Quand je vous disais que j’étais le roi des catastrophes mon bel Amour, j’en suis vraiment un… Puis, nous nous étions éclipsés jusqu’au détonateur. Au moment d’appuyer, Joseph nous avait fait remarquer que tous les avions étaient en train de partir. Notre piège avait échoué. Nous avions tout de même fait exploser la salle des cargaisons et courions vite pour entrer dans un avion, en restant le plus discret possible. Les Allemands qui avaient entendu du bruit, étaient partis voir où avait eu lieu l’explosion et commencèrent à nous rechercher. Pendant ce temps, nous avions réussi à nous infiltrer dans un très grand avion. Nous nous sommes cachés jusqu’à ce que nous partions pour prendre notre envol… On ne savait même pas où nous allions, mais nous espérions tous que nous partions au Japon… Je m’étais excusé pour le plan qui avait échoué, mais Vincent m’avait dit que je n’avais pas totalement échoué comme nous avions réussi à faire exploser au moins une salle. Il n’avait pas totalement tort… Mais vous le saviez mieux que moi mon bel Amour, que je suis une personne qui échoue tout le temps, la plupart du temps, même si j’y mets tout mon cœur…

* * *

Cela faisait des jours que nous étions restés dans l’avion. Nous étions en train de roupiller lorsque brusquement, mon ventre avait gargouillé. Nous n’avions pas mangé depuis que nous sommes arrivés ici… En me réveillant avec l’arme à la main, j’avais remis mon casque comme il faut sur la tête, lorsque subitement, un soldat Allemand était juste au-dessus de moi. Quand Joseph s’était réveillé, j’avais plaqué ma main sur ses lèvres. On entendait très facilement sa démarche, ça faisait ça comme bruit « chtouc, chtouc, chtouc ». Les yeux de Joseph s'étaient écarquillés, lorsque brutalement, il avait brandit son arme en renversant une caisse. Nous avions entendu quelques coups de feu et il était reparti vers notre direction. Je vous avais prié en demandant à la Sainte-Vierge de trouver une solution, lorsque je voyais que nous pouvions ramper jusqu’à la prochaine caisse. J’avais fait le signal à Joseph d’avancer doucement et il avait compris le message, lorsque soudainement, il souleva la caisse et me vit. Il m’avait attrapé par le col en arrachant mon arme des mains et m’avait jeté contre un mur. Joseph s’était levé pour me sortir de là, mais je lui avais interdit d’intervenir. Le soldat Allemand m’avait demandé si j’étais seul, ce à quoi, j’avais hoché la tête. Il avait enlevé le parachute que j’avais sur mes épaules et l’avait jeté au bout de l’avion. Tremblant, il m’avait demandé de me mettre à genoux et de plaquer mes mains contre ma tête. J’avais crû que mon heure était arrivée, lorsqu’il avait ouvert l’arrière de l’avion. Mes amis s’étaient cramponnés aux caisses pour ne pas tomber. Une alarme sonore avait retenti dans tout l’avion. Puis, il m’avait ordonné d’avancer. Je lui avais obéi au moment où il me poussa avec son fusil. J’avais perdu l’équilibre et était tombé avec les autres caisses. Ce fut la première fois de ma vie que je n’avais plus senti mon cœur battre. Tout s’était passé très vite… Lorsque je sentis que je tombais à des kilomètres de haut, j’avais vu ma vie défilait à une vitesse folle. Je revoyais mes frères qui m’avaient encouragé à devenir prêtre, cette belle communauté que j’admirais tant… Puis, Philémon était apparu dans mon âme en me disant qu’il m’avait toujours considéré comme son propre père et après, je vous ai vu apparaître… Soudainement, une caisse avait heurté ma tête et j’avais aussitôt perdu connaissance…

* * *

Le réveil fut très brutal. J’avais encore la tête dans les choux. Je pensais que je vous avais rejoint lorsque subitement, je me voyais pencher à dix mètres de hauteur. J’avais pris peur en relevant ma tête et vis un parachute coincé entre les branches. L’homme qui était au-dessus de moi venait de se réveiller aussi et me fit un petit coucou ironiquement.

— Alors mon père ? On croyait être au paradis ?

J’avais souris lorsque j’avais reconnu Joseph. Il s’était penché pour me détacher et nous étions descendus de l’arbre en enlevant les feuilles qui s’étaient accrochées à nos vêtements.

— Où sont les autres ?

Puis, nous avons vu avec joie les autres, qui sortaient des bosquets en pestant.

— Je dormais bien avant que ce sale Nazi nous réveille !

Je reconnu les ronchonnements de Vincent qui m’avait redonné le sourire. Tout le monde était encore en vie, j’en fus rassuré.

— Et ba, il s’est pas gêné pour vous balancer par-dessus bord…

— Vous avez dû avoir très peur mon père, vous allez-bien ?

— Oui Joseph rassures-toi… J’ai juste cru que mon heure était arrivée, mais vous êtes tous venus me sauver alors je voulais vous remercier.

— J’imagine que vous auriez aimé qu’on vous laisse mourir pour que vous rejoignez celui que vous aimez tant, avait rit Vincent.

Il n’avait pas totalement tort, mais en même temps, si Dieu désirait que je reste en vie, c’était pour une bonne cause.

— Où sommes-nous ?

— À Mandchoukouo, j’entendais des Allemands le dire lorsque nous sommes arrivés brutalement, répondit Jérémy en regardant tout de même la carte.

— Attendez, y avait pas une histoire entre les Russes et les Japonais à ce moment-là ?

— Si Vincent, tu as parfaitement raison, ce territoire est encore sous l’emprise des Japonais, répondit Joseph.

— Et ba, vous êtes bien calé en histoire.

— Donc ça veut dire que nous sommes pas très loin du Japon ?

— Va falloir qu’on traverse la mer les gars, avait précisé Jérémy.

— Oh purée, j’ai le mal de mer… J'sens que je vais pas tenir longtemps…

— T’inquiète Vincent, ça va bien se passer.

— Où se trouve le prochain port ?

— Il est à Kounachir.

— Parfait, on y va.

* * *

Je savais que Thomas était le seul disciple qui était venu en Chine, mais jamais aucun d’eux ne s’étaient rendus au Japon. C’était la première fois que je découvrais de nouveaux paysages qui m’étaient totalement inconnus. Nous marchions dans un champ remplis de petites plantes dont nous ignorions totalement leurs noms, mais comme nous avions très faim, ils s’étaient précipités pour en déraciner et trouvèrent cela excellent. Le goût était exquis, j’avais rendu grâce au Seigneur avant que je n’avais remarqué qu’ils avaient encore faim. Lorsque nous étions approchés d’un champ de blé, je leur avais demandé d’en cultiver. Surpris, ils m’avaient obéis et lorsque nous nous étions rendus dans un petit village, j’avais remarqué qu’il y avait encore un ancien four à pain. La lecture de saint Paul apôtre dans sa lettre au Corinthiens, me fit soudainement rire, parce que c’est exactement ce que j’allais faire « Frères, ne savez-vous pas qu’un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte ? Purifiez-vous donc des vieux ferments, et vous serez une pâte nouvelle, vous qui êtes le pain de la Pâque, celui qui n’a pas fermenté. Car notre agneau pascal a été immolé : c’est le Christ. Ainsi, célébrons la Fête, non pas avec de vieux ferments, non pas avec ceux de la perversité et du vice, mais avec du pain non fermenté, celui de la droiture et de la vérité. ». Même si le Christ était ressuscité depuis longtemps, mais quand même, alléluia d’avoir trouvé un four à pain au centre du village ! Je leur avait demandé de séparer les épis de blé et de les verser sur un gros cailloux. Pendant ce temps, j’avais réussi à trouver des bols d’argiles, cassés, dans de l’herbe. Les Japonais avaient certainement dû les jeter quand ils ont du fouiller les maisons… Après une bonne heure pour séparer les épis de blé, ils soufflèrent un bon coup, jusqu’à ce que Joseph était venu pour prendre du bois. Pendant ce temps, j’avais trouvé un gros cailloux plat pour écraser les graines dans un gros bol. Je le fis plusieurs fois jusqu’à ce que la poudre soit très fine. Puis, j’avais pris un grillage et avait posé la farine là-dessus pour tamiser. J’avais obtenu mon résultat en produisant le même geste. Ils ne comprirent pas du tout ce que j’étais en train de faire, jusqu’à ce que Joseph avait tilté et était parti vers la rivière pour prendre de l’eau. Je lui avais demandé s’il y avait un peu de sable et il m’avait dit qu’il en avait trouvé dans un petit pot. J’avais tamisé le sable pour obtenir le sel et avait mélangé l’eau avec la farine à l’aide de mes mains. La pâte avait commencé à se former. Tant pis, je n’avais pas le temps pour la reposer. Lorsque j’avais obtenu une belle pâte, je m’étais lavé les mains et avais vu que les soldats avaient allumé le feu dans le four à pain. J’avais disposé tous les petits pains en les ouvrant au-dessus à l'aide de mon doigt et les avais mis au four. J’avais espéré que la fumée n’allait pas faire venir des Japonais à nos trousses… Mais au contraire, il y avait quelques villageois qui s’étaient cachés, en nous demandant dans une langue complètement étrangère, s’ils pouvaient avoir du pain, en nous faisant des signes avec leurs mains. Je leurs avais répondu qu’il y allait en avoir pour tout le monde, jusqu’à ce qu’une jeune femme m’avait donné du levain. Je lui avais répondu que ce n’était pas la peine et qu’on allait tous imiter Saint-Paul. Tant pis, la pâte n’allait pas gonfler… J’avais surveillé la cuisson jusqu’à ce que j’avais remarqué, que les pains étaient bons. J’avais imiter une poule à une femme, ce qui avait fait rire les enfants, en voulant lui demander si elle avait des œufs. Elle m’avait répondu oui et m’en avait apporté pleins. J’avais pu prendre le jeune d’œuf pour dorer les pains et en donnais, en premier, aux enfants qui rigolaient. Mes amis s’étaient précipités et avaient dégusté en disant que cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas goûté un merveilleux pain. Les villageois semblaient être surpris. Peut-être qu’il n’en avait jamais goûté ? J’en avais partagé pratiquement à la moitié de la population, et j’en avais profité pour donner des chapelets en disant qu’il fallait toujours espérer que la guerre se termine, jusqu’à ce que nous avions pris notre envol en leurs disant au-revoir.

* * *

Une fois arrivée au beau milieu de la nuit, j’avais demandé à mes soldats de s’arrêter pour nous reposer avant de prendre le bateau. Nous avions trouvé, pas très loin, une petite chapelle qui surplombait sûre une petite colline. Je leur avais dit qu’on allait passer la nuit à côté d’elle, car il y avait une autre maison en ruine. Pendant qu’ils avaient posé leurs affaires, je m’étais rendu discrètement dans cette petite chapelle. En allant rentrer, je vis devant elle, une statue de la Sainte-Vierge qui tenait dans ses bras le petit Jésus. Elle était représentée très différemment de celle que nous avions en France. Quand j’ai repensé à la France, je me disais que j’étais très très très loin de vous… Et j'espérais que nous puissions y retourner… Un jour… En rentrant, je vis qu’elle était complètement effondrée. Des cadavres surgissaient au sol, lorsque je vis qu’ils étaient encore tout frais. Soudainement, je reconnus mon oncle que ma grand-mère me parlait beaucoup, qui était allongé au sol, habillé à l'office du jour. Il était déjà venu dans notre monastère pour me rendre visite. J’avais versé des larmes en le serrant contre moi. Je l’avais bercé, jusqu’à ce que le bruit d’un briquet m’avait fait sursauter.

— C’est bien fait pour eux, ils n’avaient pas cas venir jusqu’ici.

— Je t’interdis de dire ça !

— Vous êtes tous les mêmes de toute façon, vous fouillez toujours dans les affaires des autres pour nous dire que le monde est merveilleux et qu’il est rempli de paillettes. Tu parles, ton Dieu nous a tous mis dans la merde !

Vincent avait frappé dans un cailloux qui avait percuté un cadavre d’un jeune moine.

— Tsss, tu me fais pas peur, avait-il craché à côté de lui.

— Si tu n’es pas content, pars d'ici.

— Et tu vas faire quoi ? Tu vas me pousser pour que je sorte d’ici ?

Au même moment, un tank avait percuté le mur de la chapelle et avait foncé vers Vincent. Inquiet, j’avais hurlé son nom en espérant que le tank ne l’avait pas écrasé. Puis, un soldat Japonais avait visé sur l’épaule de Vincent et était reparti comme si rien ne s’était passé. Lorsqu’il partit, je m’étais précipité vers Vincent, qui s’était en plus de cela, reçu des briques de pierre. Il criait qu’il avait mal et qu’il allait mourir. Je lui disais que ce n’était rien et qu’il allait continuer de vivre. Au même instant, j’avais sorti mes affaires en l’opérant très vite. Ce fut vite fait car la plaie n’était pas très profonde. Je l’avais aidé à se relever lorsque j’avais terminé et il en fut bouleversé.

— Tu… tu viens de me sauver la vie alors qu’il y a peine quelques secondes j'te crachais à la figure….

— Tu sais Vincent, ce n’est pas parce que tu as une dent contre Dieu qu’il te déteste davantage. Il fera n’importe quoi pour que tu vives.

Vincent, qui resta encore sous le choc, avait repris sa clope en tremblant. Il revoyait les images de ce gros tank qui avait été à deux doigts de l’écraser. Il pensait qu’il allait mourir, mais après coup, il se rendit compte que c’était grâce à Dieu qu’il était encore en vie. Jamais il n’aurait crû que je lui sauverais la vie.

Signé, le père Théophane qui pense très fort à vous !

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