Chapitre 23- De retour en France

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Les deux jeunes femmes s’étaient précipitées pour préparer leurs affaires. Sœur Humbeline avait jeté un dernier coup d’œil dans sa chambre, ferma la porte et croisa en même temps Coline qui descendait déjà les escaliers, sans lui adresser un seul regard. Le comportement de son amie l’avait rendu soucieuse. Les parents qui étaient surpris de les voir partir plus tôt que prévu, les attendaient en bas de l’escalier.

— Tu t’en vas déjà ma puce ?

— Oui maman, j’avais promis à Joseph de rentrer plus tôt, mentit-elle en l’embrassant.

— Vous avez tout ce qu’il faut ? rajouta le père, d’un air inquiet.

— Oui monsieur Braunsdörf, merci pour votre hospitalité, répondit la sœur en les embrassant tous les deux.

— Faites-bon voyage !

En allant partir, Coline se donna une petite frappe au visage et retourna à la maison pour aller revoir ses parents.

— Dites-moi papa et maman ? Comment-avez-vous eu les lettres du père Théophane ?

Les parents, qui s’étaient tous les deux regardés, réfléchirent pendant un bon moment, jusqu’à ce que la mère prit la parole :

— Oh si, ça me revient ! C’était après que tu rentres de guerre mon chéri, non ?

Le père qui s’en souvenait parfaitement, avait acquiescé la tête. Sœur Humbeline avait froncé des sourcils. Peut-être que le père de Coline était-il au courant de quelque chose ?

— Mais si Oscar, tu dois d’en rappeler ! Il y avait ce jeune soldat qui avait frappé à notre porte et qui nous avait demandé de mettre ces lettres dans le grenier !

— Qui était ce soldat madame Braunsdörf ?

La mère avait mis un petit temps et retrouva sa mémoire au bout de deux minutes.

— Je crois que c’était un certain… Monsieur Prior… C’est ça ! Siméon Prior !

Les yeux écarquillés, la jeune sœur les remercia encore et songea jusqu’au train, en se demandant comment Siméon avait pu obtenir ces lettres… Peut-être que le père Théophane lui avait demandé de les cacher chez les parents de Coline ? Mais comment connaissait-il les parents de Coline ? Pourquoi est-ce qu’il aurait demandé de les cacher particulièrement chez eux ? Trop de question à la fois, elle sortit de ses pensées lorsqu’elle vit son amie mettre les bagages en hauteur et à avoir le visage blafard. Puis, le train commença à avancer doucement, jusqu’à ce qu’il quitta la gare, en direction de Besançon. Sœur Humbeline se demandait ce que pouvait bien avoir son amie. Elle eu un déclic lorsqu’elle repensa aux rêves qu’elles avaient fait avec le père Théophane et Philémon. Elle comprit à ce moment là, que ce fut un choque pour la jeune femme rousse qui venait d’apprendre que Philémon l’aimait. Elle posa ses mains sur ses genoux et fut attristée pour son amie.

— Je ne pensais pas que le père Théophane pouvait faire une chose pareille.

La jeune femme rit d’un ton nerveux, accoudée au bord de la vitre.

— J’imagine que ce n’est pas la première fois que tu rêves de tout ça, ma sœur.

Elle avait visé juste, la jeune sœur se sentit très honteuse de ne jamais pu lui avoir raconté ses visions.

— Je suis désolée Coline… Je, je ne voulais pas en parler par peur qu’on me prenne pour une folle…

— Ne t’inquiète pas, même moi j’ai l’impression d’avoir halluciné…

Elles avaient soupiré en même temps et rirent cette fois-ci, plus détendues. Puis, elle revit Coline, s’essuyait les yeux.

— Ça dû te faire un choc pour Philémon…

— Non non, rassures-toi… C’est juste que... Soupire, je n’aurais jamais pensé qu’il m’aimait. Lui ? Phil ? Alors que nous étions simplement de meilleurs amis ? Mais j’ai de la peine de lui avoir brisé le cœur… Je m’en veux…

— Écoute, quand tu auras l’occasion d’être avec lui, vous pourriez en discuter plus tranquillement. Je suis sûre qu’il comprendra.

Son amie l’avait remercié en séchant ses larmes. Soudainement, elle se mit à tousser au point, que plusieurs de ses toux étaient très graves. Paniquée, Humbeline s’était mise à côté d’elle pour la calmer, mais les pulsions de son amie devenaient fortes. La sœur appela dans le train s’il y avait un docteur, mais personne n’y répondit. Coline n’avait plus de mouchoir pour cracher son sang, et continua de tousser sans pouvoir s’arrêter. Humbeline trouva une solution en déchirant le bout de sa tunique et le mis devant ses lèvres, en poussant délicatement sa tête.

— Courage Coline, je suis avec toi, je suis avec toi…

— Oh ma sœur ! J’étouffe !

Elle continua de cracher des gerbes de sangs, jusqu’à ce que la sœur ne sentit plus ses pulsions. Elle reprit son souffle en posant sa tête contre celle de son amie, et se reposa brutalement. La sœur la berça contre elle, en implorant au Seigneur de pouvoir la guérir pleinement.

* * *

Pendant ce temps, dans les profondeurs des Enfers, Philémon ouvrit doucement les yeux, jusqu’à ce qu’il vit plusieurs pairs d’yeux le fixer, en train de dormir. Il s’était levé brutalement en se cognant contre un lit superposé, qui était suspendu contre un mur. Les âmes avaient reculé et laissèrent le jeune prêtre se réveiller, en se massant la tête.

Mais où-suis-je ?, demanda-t-il en remarquant que les âmes avaient des boulets à leurs pieds.

Des jeunes âmes mères tenaient dans leurs bras des bébés. Des enfants étaient agrippés à elles, et d’autres âmes toussaient, tandis que d’autres essayaient de se libérer de cet endroit infernal, qui ne reflétait aucune source lumineuse.

Vous êtes dans les cachots… Elle a réussi à s’emparer de votre cœur, mon père.

Il reconnut aussitôt la voix du père Théophane qui fixait les barreaux à dix mètres d’eux.

Mais rassurez-vous mes enfants, les anges viendront vous libérer.

Ah oui et quand ? Cela fait une éternité qu’on attend d’être libres !

Il a raison, nous avons jamais voulu être ici !

Notre place doit être au purgatoire !

Les âmes avaient commencé à lancer des injures devant le père Théophane qui les calma doucement.

Je le sais, elle vous a eu, comme nous tous, mais ne nous laissons pas abattre et continuons de prier. Ils viendront, je vous le promets.

Mon père, je ne comprends plus rien ! Que faites-vous ici ? Je croyais que vous étiez avec le Seigneur ! s’exclama Philémon en se précipitant à ses pieds et tomba, face au sol.

Mon fils, relève-toi. Nous aussi nous avions tant espéré être avec le Seigneur… Mais apparemment, il s’est passé des choses entre temps dans le royaume des Cieux…

Racontez-moi tout.

Lorsque je suis venu ici, je pensais être au purgatoire, comme la plupart d’entre nous. Au lieu de ça, lorsque j’ai vu qu’il y avait une mer et un ciel ténébreux, j’ai vite compris que j’étais tombé au mauvais endroit, en me disant que le Seigneur m’avait puni pour les fautes que j’avais commise… Or, nous avions eu tous tort. C’est la reine des angoisses qui a réussi à nous emparer de nos peurs, pour tous nous mettre ici… J’ai bien peur qu’un jour, elle puisse aussi renverser le trône de Dieu et que nous nous retrouvions à jamais, dans les ténèbres…

Non mon père, il doit bien y avoir une autre solution ! Dieu arrivera avec son armée et fera tomber le malin !

C’est ce que j’espère aussi… Quand la fin des temps sera proche…

Que devrons-nous faire ?

Attendre que les filles reviennent de France, pour pouvoir nous libérer.

* * *

Arrivées au milieu de la journée, au monastère, Sœur Humbeline avait ouvert grand les portes de la chapelle et avait demandé aux frères qui priaient, où était passé Philémon. Ils répondirent qu’il n’avait pas bougé de son lit et qu’ils avaient peur qu’un grand malheur s’était abattu sur lui. Elle leur demanda de prier très fort pour les âmes du purgatoire afin de les libérer, en pensant particulièrement aux deux frères. Les frères de Lacroix furent tous étonnés de son discours, et se mirent aussitôt à réciter des prières de délivrance, devant l’immense croix qui était dressée devant eux. Coline avait rejoint la sœur pour entrer dans la cellule du moine qui resta figer. La sœur mit son chapelet autour de son poignet en espérant pouvoir le libérer de cet endroit et Coline se mit à l’imiter.

* * *

Un grand tremblement de terre avait surgit dans le cachot. Les âmes du purgatoire tombèrent au sol en tenant fermement leurs enfants. Le père Théophane qui regardait par la toute petite fenêtre, remarqua que des anges étaient apparues et combattaient fermement les esprits mauvais. Des épées et armures, frappèrent très fort au dessus d’eux. La bataille faisait rage, beaucoup d’anges tombèrent, tandis que les squelettes prenaient du territoire. Soudain, un archange avait fait son apparition et avait émis un grand tremblement de terre au point, que les murs du cachot commencèrent à s’effondrer. Tous inquiets, ils appelèrent à l’aide, jusqu’à ce que des anges sur des pégases vinrent les libérer en les mettant derrière eux. Quand ce fit le tour de Philémon, où un ange l’attendait, il tendit la main au père Théophane qui avait mauvaise mine.

Allons mon père, nous n’avons pas beaucoup de temps ! Venez avec moi !

Le prêtre avait tourna la tête en lui ayant dit « partez sans moi mon ami… »

Non mon père, je ne vous abandonnerais pas ! Qu’attendez-vous pour rejoindre le Seigneur ? Il est venu vous libérer !

Père Théophane qui commençait à se tapisser dans l’ombre, Philémon descendit du cheval en demandant deux minutes à l’ange qui se défendit contre le camp adverse. Philémon l’avait attrapé par l’épaule et lui demanda la source du problème. Il avait soupiré, en sanglotant, et lui montra ses mains, liées, d’une chaîne argentée. Le frère qui ne comprenait pas ces liens, essaya de les briser, mais se rendit compte qu’elles étaient très serrées.

Je vais les défaire mon père.

Non mon fils, vous ne pourrez pas me libérer de ces chaînes…

Pourquoi mon père ? Dites-moi !

Il s’était assit sur un lit en posant ses mains sur son visage.

Vous voyez ces âmes qui ont aussi une chaîne autour de leur main ?

Frère Philémon avait hoché de la tête et s’était penché vers lui pour poser ses mains sur ses genoux.

Ce sont les âmes que la reine a réussi à vaincre… Et j'en fait parti…

Mais mon père, je ne comprends pas… Vous avez réussi à surmonter votre peur pendant la guerre, je ne vois pas d’autre chose qui pourrait vous terrifiez tant que ça !

Il avait détourné la tête en l’ayant relever vers le lit du haut.

Vous ignorez tout de moi mon frère…

Alors dites-moi mon père, comment je dois faire pour vous libérer d’ici ? Comment ?!

Il ne reste plus beaucoup de temps ! Vous devez partir ! avertit l’ange en voyant une nouvelle émeute de squelette venir vers eux.

Partez vite Philémon, le temps presse.

Non attendez, je ne peux pas vous laisser ici !

Le prêtre l’avait reposé sur le pégase et ordonna aux autres de partir. Les anges l’avaient obéit et partirent avec les âmes qui avaient pu s’échapper d’ici… Tandis que lui et celles qui étaient liées avec des chaînes, n’avaient pas d’autres choix, que de rester ici…

En revenant dans la réalité, Philémon ouvrit grand les yeux et se mit à pleurer en prenant la sœur dans ses bras.

— Théophane, il, il est bloqué dans cet endroit et je ne sais pas comment le sortir de là !

— Philémon, ressaisissez-vous ! On va trouver le moyen de le sortir de là, je vous le promets.

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