L'absence d'épices-2

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Léa trouva le sommeil avec difficulté, les mouvements d’Océane la sortant de son assoupissement chaque fois qu’elle se retournait. Elle avait déjà dormi avec ses ex. Et avec Hugo, bien sûr. Ça n’avait jamais été aussi difficile. La respiration profonde de sa voisine lui apprit qu’elle n’avait pas autant de scrupule à s’endormir avec une quasi-inconnue.

Sans s’en rendre compte, ses pensées devinrent moins lucides, puis la torpeur l’emporta. Entre réveils et retours rapides au sommeil entrecoupés de rêves perturbants, Léa avait l’impression que la nuit était interminable. Un son proche la sortit de sa somnolence. Encore léthargique, elle mit un moment à réaliser où elle se trouvait et d’où venait le bruit.

Juste à côté d’elle, Océane émettait de petits gémissements en bougeant en rythme.

J’ai l'impression que c’est un rêve agréable.

Plus le temps passait, moins ça en avait l’air. La jeune brune s’agitait de plus en plus, comme si elle se battait, ses gémissements allant crescendo. Profitant du fait qu’elle lui tournait le dos, Léa posa une main entre ses omoplates pour la caresser.

— Doucement, hé, chuchota-t-elle pour tenter de l’apaiser.

Océane bougea plus lentement, puis retourna à la quiétude sous sa main. Peu à peu, les paupières de Léa retombèrent.

Lorsqu’elle se réveilla, le petit matin pointait derrière les rideaux, encore trop bleu pour être qualifié de jour. La douce chaleur d’Océan et l’odeur de ses cheveux contre son visage étaient si agréables…

Hein ?

Léa ouvrit complètement les yeux. Se réveiller entre les bras de son hôtesse ne l’aurait pas tellement surprise, mais c’était exactement l’inverse. Les cheveux sombres attachés en chignon lui chatouillaient le menton et le bout du nez. Sous la couette, elle pouvait sentir son bras enlacé autour du torse d’Océane, qui avait à son tour posé le sien dessus, comme pour la garder prisonnière de son propre assaut. Contre ses hanches, elle pouvait sentir les fesses chaudes et pour finir leurs jambes se mélangeaient passé le genou.

Aaaaaah ! Comment c’est arrivé ça ?!

La respiration d’Océane manquait de régularité. Si elle n’était pas déjà réveillée, ça n’allait plus tarder. Il fallait trouver un moyen de quitter les lieux du crime au plus vite ! Le cœur de Léa battait la chamade, sans qu’elle sache si c’était dû à l’excitation ou à un sentiment de culpabilité.

La culpabilité d’être excitée ? Oh mais arrête ! Réfléchis, pense, allez !

Léa tira légèrement sur son bras pour le dégager, mais Océane émit un gémissement de protestation en réponse avant de resserrer son étau.

Allez, sois une gentille fille et laisse-moi partir !

Au second essai, la main d’Océane s’empara de son poignet et amena la paume de sa prisonnière contre sa poitrine. Léa se contracta sous le contact.

Comme elle est petite… mais on s’en fout ! Arrête d’y penser et trouve une solution !

C’était plus fort qu’elle. Ses doigts étaient comme parcourus d’électricité. Ils se posèrent par à-coups sur le reste du sein. Sous sa paume, elle sentit durcir le téton. Océane gémit à nouveau, mais cela n’avait plus rien d’une protestation. Sa respiration s’accéléra légèrement, puis elle soupira et tourna la tête vers Léa, l’air complètement endormie.

— Bonjour, souffla-t-elle sans s’émouvoir de la situation.

— Bonjour, répondit mécaniquement Léa, la preuve de son infraction toujours bien en place.

Océane tourna un peu plus la tête et lui déposa un baiser sur les lèvres, une caresse à peine moins légère que celles de la veille. Léa était figée, son cerveau à l’arrêt. Océane se détourna lentement, tirant sur le bras que Léa finit par dégager pour la laisser glisser vers le bord du lit.

Une fois assise, Océane laissa échapper un :

— Il faut que je fasse pipi.

— OK.

Léa avait ramené sa main contre elle. Contre sa propre poitrine. En regardant Océane parcourir le chemin jusqu’à la salle d’eau, elle ne put s’empêcher de toucher. Juste pour comparer.

Les miens sont plus gros.

C’était un palmarès mesquin dans un concours où elle était la seule concurrente, mais une victoire était une victoire. Océane ne prit pas la peine de fermer la porte, déversant dans le studio suffisamment de son intimité pour calmer les ardeurs de Léa.

Elle est vraiment à côté de ses pompes, le matin.

Suivi le bruit de l’eau qui coule et d’un verre qu’on remplit. Enfin, la porte de la douche. Avec consternation, Léa comprit qu’à deux pas d’elle et sans que la porte n'ait été fermée, Océane était nue. Par réflexe, elle se tourna du côté de la salle d’eau et tressaillit en constatant qu’elle apercevait le mouvement de sa peau dorée derrière la cage en plastique transparente.

Elle l’a fait exprès ? C’est obligé.

Était-ce une invitation ? Océane était du genre exhibitionniste, mais il y avait une différence entre partager des vidéos et se montrer nue à quelqu’un dans l'espoir qu'il se passe quelque chose. Les formes étaient d’autant plus évidentes que sa peau ressortait parfaitement sur le carrelage blanc. La lumière faiblissante allait crescendo, passant du bleu à l’orange. Malgré la buée et les dépôts de calcaire, Léa en voyait plus qu’assez.

Ainsi, elle redécouvrait la toison brune en triangle et prenait conscience de la couleur brune des mamelons, la sensation pulsante dans sa paume n’en devenant que plus forte. Elle se nourrissait de ce dos sans la moindre imperfection, de ces côtes qui menaient à la naissance du sein, de son ventre parcouru des lignes douces des abdominaux. Elle avait déjà vu tout cela, mais ne s'en était pas émue alors. C'était l'acte en lui-même qui l'avait excitée.

Alors que maintenant, c'est elle. Ou plutôt, c'est cette situation complètement...

Océane ne faisait rien d’obscène, pas un geste qu’on aurait pu qualifier de provocateur, mais tout en elle criait à la sensualité. Presque avec surprise, Léa découvrit qu’elle se caressait le sein à travers son débardeur.

Sa main glissa sur son torse, dévala son ventre, puis trouva sa culotte.

— Tu veux manger un truc ? lança Océane depuis la douche.

Sursautant, Léa releva la main comme une enfant prise en faute.

— Oui ? répondit Léa, à court de cellules grises.

— C’était une question ? la taquina Océane.

— Oui.

— Je te laisse la place dans une seconde, si tu veux.

— OK.

Léa se remit sur le dos. Décidément, sa culotte en voyait de dure. Dire qu’elle n’avait pas de change.

Est-ce que je vais au moins pouvoir aller jusqu’à la salle d’eau dans cet état sans que ça se voie ?

Sa tête se tourna vers la douche lorsqu’Océane en sortit et attrapa une serviette pour s'essuyer sans vraiment se couvrir, un sourire parfaitement innocent vers elle. L’étudiante était nature, sans le moindre artifice. Léa réalisa qu’elle ne se maquillait même pas. Pourtant, elle faisait tourner les têtes si facilement. Y compris la sienne, à l’instant. Son sourire désarmant avait même fait oublier à Léa de rougir ou de se sentir coupable. Après tout, elle l’avait déjà vue nue, alors où était le mal ?

Comment est-ce qu’on peut être aussi belle sans effort ? Ça devrait être interdit.

Ce n’était pas seulement de la jalousie, elle en était consciente. Il y avait une part d’elle qui en voulait à Océane de provoquer quelque chose en elle, un désir qu’elle aurait préféré ne jamais explorer, mais qui lui éclatait en plein visage chaque fois qu’elle la voyait.

Fais chier.

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