Bleu
Bleu, je me sens bleue.
Des volutes de bleu qui tournoient à l’infini dans le bleu du ciel. Outremer quand je plonge dans mes souvenirs au liquide transparent de mes joies d’enfant, hématome quand je songe aux fantômes d’amours d’autrefois. Des nuances de bleu qui forment une tapisserie multicolore à la trame parfois délavée par le temps. Bleu nuit de ces soirs aux accents musicaux où le soleil ne se couche pas vraiment, bleu glacier de ces yeux immenses qui me dévisagent avec curiosité. Bleu roi de ces tenues de fête où je rêvais de briller de mes plus belles étoiles, ces étoiles qui s’accrochent dans un ciel si bleu qu’il en est noir brillant. Etoiles filantes dans un indigo de lever de soleil quand le jour renaît et que les oiseaux pépient, chantent pour passer l’ennui. Bleu orage quand les éclairs transpercent de rage aux tambours éclatants des grondements de mon âme. Bleu sage aussi, sage comme ces images d’une femme en avenir, sage comme une sage des temps anciens quand jeunesse ne rimait pas d’un défaut de vieillesse.
Bleue, je suis bleue et je rêve bleu. Je rêve aux volutes de ces courants qui m’entraînent loin, loin, aussi loin que le vent au bleu transparent d’un chuchotement latent.
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