45 - Ariana

13 minutes de lecture

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Ariana

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   Je n'arrive pas à dormir. Depuis presque trois heures que je me suis couchée, je garde les yeux grands ouverts, furieusement agitée, je me tourne et me retourne dans mon lit, mal à l'aise, mal en point.

Je n'arrive pas à discerner le fait que ce soit l'appréhension ou bien l'excitation qui m'envahit de me savoir en première ligne demain. Demain à cette heure-ci, Donni sera mort, et nous pourrons enfin quitter la ville avec la certitude qu'il ne pourra jamais plus nous faire de mal.

Je souris à pleines dents dans la pénombre de ma chambre, m'imagine déjà ce poids en moins, notre nouvelle vie ailleurs, loin d'ici, avec pour point de départ la disparition de la cause des maux de mon petit frère. Peut-être qu'avec Donni en moins dans l'équation, il arrivera à enfin remonter la pente ?

Je soupire, et me redresse pour aller prendre l'air. De toute manière, vu mon état, je n'arriverai pas à dormir tout de suite.

Il y a du bruit à l'étage. Visiblement, je ne suis pas la seule à combattre Morphé.

La lumière vient de la salle de bain.

Furtive, je grimpe les marches sans faire de bruit, et jette un œil à travers l’entrebâillement de la porte. Damian est en train de se laver les mains, convulsivement.

Mes dents mordent l'intérieur de ma joue, brutalement, alors que je réalise qu'il n'a pas agi de la sorte depuis sa sortie de l'hôpital.

Lors de son séjour au service pédiatrique après son retour du Mexique, les infirmiers s'inquiétaient de le voir se laver les mains assez souvent, et avec une volonté presque maladive. Les premiers jours, on parlait de deux à trois lavages de mains par heures, quelque chose de démesuré et de clairement psychologique. Monsieur Ross a placé le terme ''mécanisme de défense'', et a demandé à ce que ce trait soit contrôlé, mais pas entravé. C'était son boulot à lui, de travailler cette réaction étrange bien qu'explicable chez Damian.

Alors, on l'a laissé faire. Et il avait réussi, plus ou moins. Depuis son retour à la maison, il continuait à prendre un soin tout particulier à avoir les mains propres oui, mais n'agissait plus de manière aussi compulsive.

Mais là, tout de suite, il se frotte les paumes avec une telle ardeur que j'ai peur que la peau ne vienne avec le gant qu'il utilise.

— Dami, je lance en poussant la porte, qu'est-ce que tu fais ?

Il relève à peine la tête vers moi, les yeux obstinément rivés sur ses mains couvertes de savon. L'eau coule à grand jet, il a le front froncé, comme lorsqu'il est extrêmement concentré.

Lentement, je m'approche de lui, et coupe l'eau, avant de sursauter lorsqu'il la rouvre à nouveau.

— Damian, je répète fermement en coupant l'eau et en l'écartant du lavabo.

Il gronde, essaye de me contourner pour retourner auprès du lavabo, mais d'une main intransigeante, je le bloque fermement, et m'attire son regard plus embrumé qu'agressif.

— C'est bon, je marmonne tandis qu'il essaye à nouveau de forcer le passage. C'est bon Dami, oh, c'est bon...

Il brasse de l'air en cherchant à passer outre ma prise, renverse le tancarville, ainsi qu'une bonne partie d'un rayon de la petite étagère des jumeaux.

Il va réussir à se faire mal.

— C'est bon, stop maintenant. Damian, c'est bon, c'est ok, je suis là, tout va bien.

Fermement, j'attrape ses mains que je garde serrées entre les miennes, avant de l'attirer contre moi et de le ceinturer à la taille.

Contention.

Il s'agite encore un peu, siffle entre ses lèvres serrées, jusqu'à ce que doucement, il ne se calme enfin, se repose contre moi.

Ses mains sont glacées entre les miennes, humides, rouges et gelées, je me demande depuis combien de temps il se les lavait.

Il extirpe ses mains de ma prise, et attrape mes épaules, se raccroche à moi avec une force impressionnante.

Mais il ne dit rien, et c'est ça qui m'inquiète.

En réalité, je ne suis même pas sûre qu'il soit bien réveillé.

Lentement, je le serre un peu plus fort contre moi, et lui murmure des mots doux à l'oreille, avant de lentement le faire sortir de la salle de bain pour le reconduire jusqu'à sa chambre.

Danny nous observe par l’entrebâillement de la porte de sa chambre.

— Va te coucher mon cœur, tout va bien.

— Il a quoi Dami ?

— Il a fait un cauchemar, mais ça va, t'inquiète pas. Allez, va au lit.

Il hoche doucement la tête, tandis que je ramène enfin Damian dans sa propre chambre. Les oreillers et la couette sont par terre, il a fait tomber son portable de la table de nuit, sa chambre est un carnage.

Je le ''pose'' sur son lit, et commence à ramasser les coussins et la couette. Il me regarde faire avec un air hébété, comme revenu de très loin, d'une autre réalité.

— Tu as besoin d'aide ? me demande t-il subitement.

— Non mi corazon, c'est gentil mais je gère. Allonge-toi allez.

Il obtempère, s'allonge et se recroqueville en position fœtale, tourné vers moi.

Une fois la literie remise en place, je m'assois à mon tour sur le rebord du lit, et passe mes doigts entre ses mèches.

Il inspire par le nez, me laisse faire tout en papillonnant des cils.

— Duerme ya, dulce bien, mi capullo de nardo...

Ses yeux se braquent sur moi, je souris, et continue de chantonner.

— Despacito duérmete, como la abeja en la flor...

Son souffle s'apaise, se ralenti, je chantonne, encore. Ma voix est grave, destinée à ses seules oreilles attentives de retrouver cette berceuse que nous chantait parfois notre mère dans ses bons jours.

— Duerme ya, dulce bien, duerme ya, dulce amor...

Ma voix a un tremblement qui me surprend moi-même.

Damian a fermé les yeux.

— Dulces sueños tendras, al oir mi cancíon.

Une dernière fois, je vérifie qu'il se soit bien rendormi, et quitte la chambre en prenant garde de ne pas refermer la porte derrière moi, de la laisser entrouverte.

Un instant, je reste dans le couloir, à me demander pourquoi de toutes les berceuses que je connais, c'est celle-ci qui m'est revenue en tête la première. Pourquoi de toutes celles que j'aurais pu antonner, c'est celle de maman à laquelle j'ai tout de suite pensé? 

Mes pas me portent jusqu'à la cuisine, où je récupère mon paquet de cigarettes pour aller fumer sous le porche. La rue est calme, il n'y a pas un chat dehors. Chez les Portgas en face, tout est éteint.

Comme j'ai interdit à Damian de revoir Samuel jusqu'à ce que tout soit achevé du côté des King100, je me suis fixé la même contrainte avec Rafaël. Et il me manque tellement. Il doit se douter que quelque chose ne va pas car il plusieurs fois tenté de me contacter depuis hier, mais je n'ai jamais répondu. Il faut qu'ils restent à distance pour le moment, encore quelques heures et tout sera terminé.

Mes lèvres se tordent en un sourire à travers les volutes de fumée qui lentement, s'envolent dans le ciel d'encre. Il est quatre heures du matin sur mon portable.

Je ne sais pas encore où nous pourrions partir : l'Arizona serait le bon plan, au centre de la nature et de la vraie vie, au milieu des bêtes. Mais, quelque chose de plus vivant, de plus grand me tenterait bien aussi. New York par exemple, ou pourquoi pas carrément, quitter les States pour le Canada ?

Rêveuse, je darde mon regard sur la fenêtre de la chambre de Rafaël, espère le voir surgir et me sourire comme il le fait parfois, un sourire qui transpire ''tout va bien''.

Mais non. Sa fenêtre reste affreusement close, affreusement noire, alors je rentre, et retourne me coucher.

   Il est dix-sept heures à ma montre. Je fixe mon reflet dans le miroir, fronce les sourcils, et resserre ma queue de cheval avant de fermer les yeux.

Je dois retrouver mon père dans moins d'une heure pour lancer l'offensive sur le Calvin's hotel.

Dans le salon, les jumeaux regardent la télévision, une rediffusion de E.T, tandis que Damian traîne comme une âme en peine à l'étage, secoué par la nuit agitée qu'il a passée.

Après l'avoir reconduit au lit, il s'est réveillé à plusieurs reprises, est venu me trouver pour me demander une aspirine, m'a demandé de monter le chauffage, de vérifier dehors car il lui semblait avoir entendu quelqu'un dans le jardin. Je sais pertinemment que ce n'étaient que des prétextes pour se trouver près de moi, pour me sentir à ses côtés, pour ne pas être seul.

Il appréhende ma descente au Calvin's, bien qu'il n'en dise rien. Mon père a décrété qu'il était trop jeune pour l'opération, et qu'il n'y était donc pas convié et, à dire vrai, je préfère ça. Fiona doit prendre le relais à dix-huit heures, et garder un œil sur eux le temps que j'agisse.

En rouvrant les yeux, je constate la noirceur de mes cernes, le côté terne de mon teint, et soupire.

Je fais vraiment peine à voir.

Sur le côté de mon lavabo, mon portable vibre :

« Ari, faut vraiment qu'on parle là, qu'est-ce qui se passe ? Je te préviens si tu réponds pas, je déboule chez toi » - Rafaël.

« Samuel m'a raconté pour votre père, alors c'est pas la peine de faire semblant, tu sais que tu peux avoir confiance en moi non ? » - Rafaël.

« Alors s'il te plaît, réponds-moi » - Rafaël.

Je grince des dents, me force à ne pas répondre alors que j'en meurs d'envie. Lorsque je rentrerai ce soir, j'irais m'excuser, lui expliquer et, j'espère qu'il comprendra.

Un dernier regard sur ma tenue, essentiellement noire et pratique pour me mouvoir, avant que je ne quitte enfin la salle de bain accolée à ma chambre.

Mikky sourit en me voyant réapparaître, et vient m'expliquer comment le pauvre E.T a besoin d'une vraie famille.

— Ils reviennent manger quand Raf et Sam ?

— Bientôt mon chat, bientôt.

Je caresse ses cheveux, l'étreins légèrement, avant d'aller embrasser le front de Danny.

Dans la cuisine, je tombe nez à nez avec Damian, les sourcils froncés, concentré sur son bol de café face à lui.

— Il est pas un peu tard pour boire du café ?

— Non.

Et comme pour intensifier le côté déprimant du tableau, il sort son paquet de cigarettes et s'en allume une, sous mon nez.

— On fume pas à l'intérieur, je marmonne.

— Humhum.

Il ne m'écoute pas, tire une taffe, et recrache la fumée dans l'air avant de tourner une page du livre qui pourtant ouvert à côté de son bol de café, ne m'avait pas attiré jusque là.

Je me rapproche d'un pas léger pour en lire un extrait, hausse les sourcils.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Un livre.

— Non je veux dire, pourquoi tu lis ce livre ?

— Monsieur Ross pense qu'il serait bon que je comprenne d'où vient le mal pour le combattre.

— Même. Tu es pas obligé de lire ça. Où tu l'as trouvé d'ailleurs ?

Il lève à peine les yeux vers moi, tire une nouvelle bouffée de nicotine.

— C'est Lu qui me l'a pris à la bibliothèque.

— Arrête de lire ça c'est... c'est pas judicieux.

De la main, je tire le livre vers moi, et le ferme assez brutalement pour faire résonner le bruit entre les murs de la pièce.

Mon frère claque sa langue contre son palais avec mépris, et tente de me reprendre son livre des mains.

— Rend-le moi !

— Hors de question. Lis autre chose. Je suis même pas sûre que ce truc soit... soit approprié. C'est monsieur Ross qui te l'a conseillé ?

— … non.

— Donc tu l'as trouvé où ? Tu as cherché sur internet ?

Il grince à nouveau des dents, manque renverser son bol de café en se redressant pour me faire face.

Il a pris quelques centimètres depuis septembre mais, il est toujours très loin de rattraper mon mètre soixante-quinze.

Son visage se déforme en une grimace de colère, tandis qu'il m'arrache son livre des mains.

— Damian tu...

— Tu sais quoi ? Tu me lâches les baskets avec tes grandes idées sur comment gérer le trauma. Ce livre est intéressant et bien qu'il ne semble pas rentrer dans ta liste de critères pour être ''acceptable'', moi il me convient. Et surtout, il m'apprend à gérer positivement ce qui me fait du mal, au lieu d'y réagir de manière violente.

Il me crache ces mots à la figure, avant de retourner s'asseoir, et de rouvrir son foutu livre. Ses yeux balayent les nombre en bas de page, recherchent activement l'endroit où il se trouvait avant que je ne l'interrompe.

Il y a quelque chose d'autre. Quelque chose qui n'est pas lié au livre, mais qui gronde en lui comme une éruption prête à exploser.

— C'est quoi le souci ? je demande finalement tandis qu'il reprend sa lecture.

— J'ai aucun problème.

— À d'autres. Ferme ce livre et écoute-moi Dam on...

— Non. Laisse-moi tranquille.

Il termine son bol de café, en profite pour écraser son mégot dans le fond de ce dernier, pour se concentrer uniquement sur la lecture de son livre.

Je crois savoir pourquoi il est en colère mais, je ne me l'explique pas. Il devrait être heureux au contraire.

— C'est à cause de Donni que tu es dans un état pareil ?

Il se fige un instant, me jette un regard glacial, avant de doucement porter un peu de son attention sur moi.

— C'est à cause de lui ?

— Admettons. Qu'est-ce que ça change ?

— Ça change que je comprends pas pourquoi tu es en colère contre moi.

Cette fois-ci, il ferme totalement son livre, et se tourne légèrement vers moi, afin de me faire face.

— Pardon ? s'étrangle t-il.

— Tu devrais être content que je mette un terme à la vie de ce fumier et au lieu de ça tu... tu me craches ta verve à la figure. C'est quoi le souci ?

— Le souci c'est qu'en fait tout le monde pense que c'est moi le taré, celui qui déraille depuis le Mexique, mais en fait c'est toi. Pourquoi est-ce que tu te sens obligée d'aller planter ce gars ? On aurait juste pu prendre nos valises et nous barrer mais non. Comme papa te demande de mener l'assaut, tu l'écoutes, et tu prends le risque de te faire planter là-bas.

Je bats des cils, met un moment à percuter toutes les subtilités de ce qu'il vient en une traite, de me balancer à la figure. Avec un mouvement presque robotique, je recule jusqu'au comptoir de la cuisine, et m'y assois.

— … quoi ?

— Tu as très bien compris ce que j'ai dit, marmonne t-il. J'ai pas besoin que tu... que tu ailles risquer ta putain de vie pour tuer ce connard je... Juste partir d'ici, ça suffirait. T'as pas besoin d'aller le trouver pour encore plus aggraver les choses. Ils attendent que ça.

— Une fois qu'il sera mort Dami, on aura plus à se soucier qu'il revienne on p...

— Arrête de dire ''on''.

Hébétée, je le fixe, attends qu'il explicite son propos, en vain. Il reste juste là à me fixer de ses yeux vert gorgés de colère, le nez froncé, les sourcils arqués.

— Arrête de dire ''on'', répète t-il plus fermement. Ce n'est pas à ''nous'' que Donni a fait du mal, mais à ''moi''. Alors, ce serait normalement à moi de décider comment gérer la situation et, je vais être honnête avec toi, le tuer ne me semble pas être la meilleure des choses à faire.

— Il a buté Lina, il t'a envoyé en Enfer et il est sûrement le responsable de la mort de Hugo. Je suis désolée Dam, mais je comprends pas que tu puisses vouloir le laisser en vie.

— Parce qu'en le tuant, tu vas t'abaisser au même niveau que lui. Tu sais quoi, je suis même sûr qu'il attend que ça, que tu ailles le trouver pour lui faire la peau et ainsi te faire comprendre que tu vaux pas mieux que lui.

— Il aurait pu te tuer !

— Et je ne suis pas mort alors lâche l'affaire !

Nos cris ont dû attirer l'attention des jumeaux car dans le salon, il n'y a plus un seul bruit.

Damian s'est levé pour me faire face, les yeux brillants, les pommettes rouges de colère.

— Si tu y vas, et qu'il te tue Ariana, on aura plus personne.

Ses mots sortent tordus, étouffés d'entre ses lèvres tremblantes de colère. Ses poings se serrent, se crispent le long de son torse, tandis qu'il tente de se contenir.

Je comprends ce qu'il veut dire, ce qu'il essaye de me faire comprendre mais je reste intimement persuadée que même s'il se voile la face, il sera bien mieux quand ce crevard sera enterré trois pieds sous terre.

Je ne rétorque donc rien, préfère quitter la cuisine pour attraper ma veste, et me préparer à quitter la maison. Damian me suit, la mâchoire crispée.

— Tu m'ignores, sérieux ?

— Je ne t'ignore pas, je pense juste que ce n'est pas le moment de se prendre la tête à ce sujet.

— Mais ouvre les yeux putain, on aura peut-être pas d'autres occasions de se ''prendre la tête'' si Donni te fais la peau !

Il tremble de rage, attrape mon bras pour me forcer à me retourner vers lui.

— Ariana, c'est nous ta priorité, c'est pas lui c'est pas...

— Damian, stop.

Je le coupe abruptement, le cloue sur place. Le cœur au bord des lèvres, je le vois balbutier quelque chose, avant que subitement, ses yeux ne débordent.

— N'y va pas s'te plaît. Je t'en prie.

— La conversation est close. Fiona arrive bientôt, j'en ai pas pour longtemps !

— Mais écoute-moi quand je te parle ! Ariana, c'est dangereux c'est...

Je sais que je lui fais du mal, là tout de suite. Et je m'en veux, mais je sais que mon choix est le meilleur, et qu'il ne s'en rend juste pas encore compte.

Il ne veut pas s'avouer que la seule solution à son mal-être est la mort de son agresseur, je vais devoir lui montrer la vérité, bien qu'il s'obstine pour le moment à fermer les yeux.

— Ari...

— Je reviens vite.

J'ouvre la porte, me fais retenir par ses doigts enroulés autour de mon poignet, encore. Je me dérobe, fais un pas en avant, et lui jette un dernier regard par-dessus mon épaule.

Un sourire étire mes lèvres, dans l'espoir de le rassurer, il produit le parfait inverse.

Les larmes de Damian redoublent et, avant que je n'ai pu piper mot, il claque violemment la porte.

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