CHAPITRE 1 

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Elles fuyaient à travers les rues de la bourgade. Les larmes envahissaient les joues de sa petite soeur depuis le drame. Serrant le corps de l'enfant contre elle, la jeune fille précipita le rythme de sa course. Elle sentait la blessure infligée sur son flanc gauche empirer. Grimaçant sous la douleur, sa respiration se hachura, sa vue se troubla. Elle trébucha, résista, une flambée d'adrénaline parcourut ses veines. Sa course s'accéléra. La jeune fille abandonna la piste bétonnée et une immense forêt s'offrit à son regard. Des kilomètres carrés de canopée entourait le village. Son instinct lui commandait de pénétrer sous cette sylve, demeure des Changeants.

Elle entendit des bruits de cavalcade derrière elle. Son pas se fit alors plus rapide et sans comprendre pourquoi elle suivit un chemin qu'elle ne connaissait pas mais qui lui était étrangement familier.

L'enfant leva la tête au même instant.

  • Non, non. Arya on n'as pas le droit. Nous allons être…
  • Je sais chaton, mais malheureusement nous n'avons pas le choix.

Elle regarda à la dérobée sa petite sœur et tout en évitant un nombre incalculable de racines sortant du sol, ajouta, la respiration encore plus saccadée:

  • C'est la seule Option! Les Changeants ne nous ferons pas de mal Maïa.

La jeune Maïa leva la tête et voyant les quatre hommes qui les pourchassaient, ses larmes redoublèrent .

  • Ils vont nous attraper Arya!
  • Moi vivante jamais ils ne te feront du mal petite sœur. Je vais te mettre sur mon dos ma beauté. Accroche-toi de toute tes forces à moi.
  • Mais tu as un b…
  • Ne t'inquiète pas pour moi chaton. C'est à peine si je sens la blessure.

Un pieux mensonge. Son corps souffrait atrocement mais elle ne pouvait montrer sa faiblesse. Sans s'arrêter de courir et avec une aisance presque féline, elle fit passer sa petite sœur sur son dos. Maïa serra sa soeur de toutes ses forces et passa les jambes autour d'elle.

Leurs poursuivants venaient d'entrer sur les terres d’Arès. Jetant un regard en arrière, elle secoua la tête et reprit pour sa petite sœur.

  • Avec tout le bruit que nous faisons, je suis certaine que tous les Changeants habitant la forêt ne vont pas tarder à nous entendre mais je vais quand même te demander de hurler de toutes tes forces dès que je te le dirai. Tu peux faire ça pour moi Chaton ?

Maïa émit un léger son d'acquiescement. C'est alors que les premiers tirs venant de leurs opposants commencèrent à retentir à travers la forêt.

Arya jura entre ses dents. Elle puisa dans ses dernières forces et accéléra l'allure et le déferlement des balles reprit de plus belle. Leurs assaillants venaient de signer leur arrêt de mort. Entrer dans un domaine ne leurs appartenant pas et utiliser des armes à feu dans une zone protégée par la Meute de Changeants la plus puissante du pays était un aller simple pour le crématorium le plus proche. Les habitants des bois n'allaient pas apprécier.

Elle entendit un des hommes se rapprocher d'elle.

  • Je ne suis pas assez rapide. pensa t-elle tandis que sa blessure la lançait de plus en plus.

Elle avait perdu énormément de sang et elle sentait que son tee-shirt était trempé. Il collait contre la plaie. Sa petite sœur cria à ce moment là. Se tournant sur sa gauche, ses yeux s'écarquillèrent quand elle vit l'un des hommes tendre la main vers elle et attraper son bras. Il serra sa prise aussi fort qu'il le put et d'un geste brusque fit tomber les deux demoiselles. Arya pensa aussitôt à Maïa. Atterrissant sur le sol de la forêt brusquement, la jeune fille se recroquevilla et des larmes commencèrent à envahir ses prunelles violette. Mais elle avait réussi à récupérer Maïa entre ses bras. Cette dernière tétanisée, se pelotonna contre sa sœur et regarda l'homme.
Plus grand que la norme habituelle, il était habillé de noir de la tête aux pieds. Les deux sœurs ne pouvaient voir que son regard. S'approchant d'Arya, il attrapa la jeune fille par les cheveux et s'exclama :

  • Tu croyais faire quoi là ? N'oublie pas à qui tu appartient.


Il jeta un regard sur Maïa et ajouta :

  • Vous n'êtes que des animaux bons à être enfermé dans une cage.


Tirant plus fort sur la chevelure d'Arya il ajouta :

  • Tu as intérêt à te tenir tranquille.


La petite fille dans les bras d'Arya se mit alors à sangloter. Posant son regard sur Maïa, l'homme lâcha sa prise sur sa sœur et se pencha vers la petite. Il avança sa main et essaya alors d'attraper la petite fille par le col de sa petite veste. Arya ne le laissa pas faire. Malgré le peu de force qu'il lui restait, elle cracha au visage de l'homme et de toute sa volonté envoya son poing dans la figure de son tortionnaire. Ce dernier? sous le coup de la surprise, recula de plusieurs mètres et s'effondra sur le sol alors que ses complices arrivaient sur les lieux.


C'est à ce moment précis que la forêt si silencieuse se réveilla. Un hurlement lointain se fit entendre. Puis un autre et ainsi de suite. Bientôt ce fut une véritable symphonie qui résonna à travers les arbres géants. Arya se tourna vers Maïa et s'exclama :

  • Maintenant chaton ! Crie autant que tu le peux !

Les yeux de la petite fille se mirent aussitôt à briller dans le noir et levant la tête au ciel, une plainte stridente, longue et forte sortit de sa gorge. Arya s'affala aussitôt sur le sol épuisée. En voyant sa grande sœur tomber dans l'inconscience, Maïa émit un son intelligible qui se transforma en une hargne puissance qu'elle retranscrit comme elle le put dans son hurlement. Elle regarda les hommes qui s'étaient tus quand les premiers chants des Changeants s'étaient fait entendre. Celui qu'Arya avait mis à terre était en train de se relever à l'aide des autres. S'approchant de la petite fille, il lui assena une gifle retentissante qui fit tomber Maïa à la renverse. Elle se redressa aussitôt et montra les dents.

Enlevant la cagoule qu'il avait sur la tête, il pointa un doigt dans la direction des deux sœurs et déclara à ses sous-fifres.

  • Emmenez-les fissa !
  • Chef, je ne suis pas s…
  • Ne conteste pas mes ordres ! S'exclama le chef.

Il envoya aussitôt un puissant coup de pied dans les côtes de l'homme. Sa victime se figea sous la douleur et une légère plainte de douleur sortit de sa bouche. Les trois hommes s'approchèrent des deux jeunes filles. Les hurlements dans les bois se stoppèrent quelques secondes plus tard. Maïa se figea aussitôt et son cri mourut dans ses lèvres. Attrapant la main inerte de sa sœur, elle se tassa contre son corps et des larmes apparurent dans ses yeux violet. Ses sens furent alors aux aguets et elle sentit dans l'air ambiant une empreinte olfactive qui lui était inconnue. Sans comprendre pourquoi, son cœur se fit plus léger. Les Changeants étaient là. Passant un bras autour du corps d'Arya, elle attrapa son tee-shirt le serra entre ses doigts et murmura alors:

  • S'il vous plaît aidez-nous !

Inconscient du murmure de la petite fille, l'un des hommes tendit la main vers elle. Il allait l'attraper, quand un grognement proche de lui le fit sursauter et reculer jusqu'à ses comparses. Et c'est alors qu'ils apparurent.

Six personnes habillés de jeans, de tee-shirts et de chemises à manches courtes ouvertes sur leurs torses se détachèrent des ombres des arbres et vinrent se positionner autour des jeunes filles.

Celui qui avait fait du mal à Arya sans se soucier du danger s'exclama:

  • Nous n'avons rien contre vous. Cette histoire n'est pas de votre ressort. Veuillez partir.

Un éclat de rire retentit. L'une des six personnes qui venaient d'arriver se détacha du petit groupe et plaçant les mains dans ses poches déclara :

  • Que vous pouvez être hilarant par moment les humains…

Faisant une pause et enfonçant ses pieds nus dans le sol de la forêt, l'inconnu porta son regard sur l'homme en face de lui et le visage soudain sérieux, ajouta:

  • Ceci est une violation de territoire. De par ce fait vous, vous êtes condamnés à mort vous-même. Seules les lois des Changeants sont applicables sur ces terres.

Regardant le nouvel arrivant, l'homme haussa un sourcil et déclara d'une voix trop doucereuse :

  • Nous ne sommes pas là pour chercher querelle monsieur. Nous souhaitons simplement récupérer notre marchandise.

Des cris d'indignation et des grognements de colère se répandirent dans l'air.

  • Je vous conseille de modérer vos propos quand vous parlez de personnes faisant partie de mon peuple.

Portant son regard sur les deux demoiselles se tenant sur le sol, l'inconnu respira lentement et il se figea. Il s'approcha alors des fuyardes et posa une main protectrice sur le corps de Maïa. Levant les yeux vers l'inconnu, l'enfant capta son regard et sut qu'enfin elle ne serait plus jamais seule. Elle sourit faiblement et murmura:

  • Il faut sauver Arya. Elle... elle est en train de partir.
  • Ne t'inquiète pas ! Nous sommes une famille et nous ne laissons jamais les nôtres derrière.


Levant son visage vers ses hommes il fit alors un geste de la tête. L'air ambiant se chargea d'électricité et des grognements d'approbation retentirent. Puis des étincelles de couleurs apparurent autour des arrivants et bientôt ne resta à la place que quatre immenses loups aux garrots impressionnant et un jaguar. Ils se jetèrent aussitôt sur les hommes qui avaient violés leurs territoires.

Ce fut rapide et sans bavure. Le chef essaya de fuir en tirant à l'aveugle un chargeur complet de son arme. Mais une gueule des plus impressionnantes se referma sur son bras et ce dernier fut arraché d'un seul coup. Il tomba à la renverse, hurla de douleur pendant qu'il se vidait de son sang sur l'herbe environnante. Puis plus aucun cri ne résonna dans la petite clairière et bientôt il ne resta plus que les Changeants et les fuyardes. Un gémissement de douleur intense s'éleva alors du corps d'Arya et elle cracha un long filet de sang par la bouche.

L'homme réagit presque aussitôt.

  • Ash ! Retourne à grande vitesse à la tanière et demande à Eos de se tenir prête !

Le jaguar fit un signe de tête respectueux et quitta alors les lieux à une vitesse folle. Le sauveur de Maïa la regarda. Ce dernier lui sourit et murmura:

  • Un de mes compagnons de meute va te porter et je vais m'occuper de ta sœur cela te convient?
  • Tout ce que vous voulez du moment qu'Arya soit sauvée.
  • Elle le sera ne soit sans crainte. Peux-tu te transformer ?

La petite fille le regarda. Se concentrant, elle ferma les yeux quelques instants et des larmes inondèrent aussitôt son visage :

  • Je n'y arrive pas.
  • Ce n'est pas grave ! Cela arrive parfois surtout quand nous sommes jeunes comme toi.

Un des loups avança alors vers eux. Posant une main sur le flanc de la magnifique créature, il ajouta :

  • Je te présente Connor. Te sens-tu assez forte pour monter sur lui et t'accrocher à sa fourrure ?

Maïa regarda le géant lupin. Ce dernier approcha sa tête de la fillette et lui poussa légèrement celle-ci dans un geste empli de douceur. La sœur d'Arya eut un sourire immédiat et lâchant alors le tee-shirt de sa sœur bien-aimée approcha sa main du loup. Les yeux ambre du lupin suivirent son mouvement et il baissa sa tête pour que la demoiselle puisse plonger sa main dans sa fourrure couleur neige. Maîa s'y accrocha instinctivement et Connor d'un mouvement rapide, gracieux mais également emprunt d'une extrême douceur fit monter l'enfant sur lui. Maïa s'accrocha avec ardeur et se positionna contre le garrot du loup et ses jambes autour de son flanc.
Connor se redressa et alors d'un léger grognement indiqua à son chef de Meute qu'il était prêt. Ce dernier avec un sourire légèrement malicieux se tourna alors vers Arya. Son regard se fit plus sérieux. Passant ses bras sous le corps de la jeune fille et faisant attention de ne pas la faire souffrir encore plus, il la serra contre lui et alors se mit à courir à une vitesse folle.
Les yeux d'Arya s'ouvrirent légèrement et bougeant légèrement la main la positionna contre le cœur de son sauveur. Elle sentait le vent fouetter son visage. Regardant furtivement Arya, il resserra son étreinte sur elle et la blottit ardemment contre lui. Des larmes coulèrent le long du visage d'Arya, et elle serra entre ses doigts sa chemise. Regardant le profil de l'homme, la jeune fille sentit dans son intimité psychique une porte spirituelle s'ouvrir en grand et une attache la lier avec la personne la tenant dans ses bras. Mais cela ne dura qu'un bref instant et la porte se referma en douceur dans son esprit. Arya fronça les sourcils. Pourtant, elle n'eut même pas à poser de questions. Un seul nom s'imposa à elle.

  • Cillian... parvint-elle alors à murmurer.

Tous en continuant à courir à vive allure et évitant les arbres et obstacles avec une grâce presque féline, il eut un sourire immédiat et déclara :

  • Bonne réponse Arya !
  • Comment puis-je connaître votre prénom ? Je ne vous connais pas !
  • Je répondrais à tes questions en temps et en heure mais il est trop tôt pour l'instant. Laisse-toi du temps et en attendant, repose-toi. Ta guérison va être longue. J'ai fait une promesse à ta petite sœur et j'aimerais la tenir.

Arya pensa aussitôt à sa sœur. Sentant le lien présent depuis la naissance de Maïa, elle sut que la petite n'était pas bien loin. D'ailleurs n'étais-ce pas son rire qu'elle entendit quelques secondes plus tard. Essayant de la chercher du regard elle ne put rien voir car Cillian lui cachait la vue.

  • Ne t'inquiète pas pour elle. Elle va très bien. Un de mes compagnons de meute prend soin d'elle. Répondit alors le Changeant. Repose-toi maintenant ! Je sais que tu souffres. Déclara t-il la voix pleine de dominance brute.
    La jeune fille se figea.
  • Fichu Alpha ! maugréa t-elle alors dans un chuchotement quand elle fut contrainte par la hiérarchie des changeants d'obtempérer à l'ordre de Cillian.


Elle sombra presque aussitôt.

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