Chapitre 3

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Nous sommes de retour de nos achats une heure plus tard, en effet il y avait beaucoup de monde au magasin et nous avons dû patienter dans la file d'attente durant un long moment.

Je m'occupe de sortir mon carton de fournitures pendant qu'Arwen se charge des sacs de courses. Je vais rapidement poser mes affaires dans ma chambre avant de retourner dans la cuisine pour l'aider à tout mettre à sa place :

- Que souhaitez-vous manger pour ce soir ? me demande-t-il tout en rangeant un sac de concombre.

Je réfléchis à sa question, je n'ai pas spécialement de plat qui me tente. Mais je n'ai pas envie de paraître impoli en ne lui répondant pas alors je lui fais un sourire :

- Des pâtes à la Bolognaise, j'adore ça, et ce n'est pas trop compliqué à faire, ça ira ?

Il hoche la tête et une fois que tout est à sa place, je décide de prendre les choses en mains pour essayer de me rapprocher de lui :

- Ça te dit une partie de Tekken 7 ?

Arwen me regarde, visiblement surpris par ma proposition. Il devait sans doute s'attendre à ce que je l'ignore ou me montre ignoble avec lui. À vrai dire, je pense que c'est ce que j'aurais fait si j'avais été plus jeune. Mais je suis assez grand pour comprendre qu'il ne fait que son travail, que je n'ai pas à me venger sur lui alors que c'est mon père le vrai responsable de sa présence ici :

- Ma foi oui, pourquoi pas.

Nous nous dirigeons vers le salon. Je prends l'une des manettes de la console et lui aussi. Je lance ensuite le jeu et m'installe sur le canapé en cuir :

- Tu y as déjà joué ? lui interrogé-je en choisissant Eliza car elle est vraiment belle.

- Un peu, vous savez je n'ai pas vraiment eu l'occasion de jouer à des jeux vidéo.

Il choisit Gigas et le combat commence et je le bats à plates coutures. Il n'est vraiment pas très fort et il me lance un sourire désolé :

- Je ne suis pas très doué.

- C'est pas grave, tu vas t'améliorer.

Nous jouons plusieurs parties. Je gagne presque toujours et après deux bonnes heures à nous faire la guerre nous finissons par arrêter :

- Je me suis vraiment bien amusé ! me lance-t-il avec un grand sourire sur le visage.

- Content que ça t'ait plus, je te laisse, je regagne ma chambre.

Je me déshabille avant de prendre ma forme animale, c'est à dire celle d'un renard blanc aux yeux rouges et beaucoup plus gros que la moyenne. Je m'étire en couinant, ça fait du bien d'être sous cette apparence. Je vais dans le mini jardin et m'allonge au soleil en poussant un feulement de bonheur. La chaleur caresse mon pelage de neige, elle m'enveloppe et je me sens tellement bien que je finis par m'assoupir.

Je me réveille dans un drôle d'endroit, dans une pièce Or et argent, avec de grandes colonnes qui supportent le plafond. Je ne vois pas grand-chose car il n'y a aucune lumière et un froid intense règne ici. Un long frisson me parcourt de la tête aux pieds et je m'avance vers l'une des fenêtres. L'extérieur est recouvert de neige et de glace, le blizzard et la tempête hurlent à l'extérieur, je peux les entendre :

- Tu es enfin venu, lâche une voix sombre.

Je sursaute et me tourne vers la partie non éclairée de la pièce, je ne vois toujours rien :

- Qui est là ?

Je sens l'air bouger autour de moi et soudain quelque chose m'enlace, une chose froide et terrifiante. Je sens une lame se poser sur ma gorge :

- Je vais te tuer, parce que sinon je vais me faire gronder par le maître. As-tu quelque chose à dire avant de mourir ?

- Que... Qui es-tu ? je couine faiblement.

- Mmmm, quelqu'un que tu ne connaîtras jamais.

La personne appuie un peu plus la lame contre ma peau, je sens mon sang chaud couler le long de ma gorge, sans doute mon sang. Je ferme les yeux très fort, ça y est je vais mourir.

J'ouvre soudainement les yeux, je vois le visage inquiet de Arwen pendant que celui-ci me secoue comme un prunier :

- Monsieur réveillez-vous ! crie-t-il.

Je grogne et le repousse doucement, j'ai repris forme humaine et le froid me fait greloter :

- Que... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Vous avez crié et vous vous débattiez dans votre sommeil. Vous vous êtes même blessé.

Je fronce les sourcils et le laisse m'envelopper dans une couverture. Je me suis blessé ? Où ? Je sens une liquide chaud glisser le long de ma gorge et je pose ma main dessus pour voir ce que c'est avant de regarder. Du sang !

- Vous vous êtes fait une coupure avec vos griffes monsieur.

Je ne réponds pas et me lève pour aller me regarder dans le miroir, j'ai une longue coupure à la gorge. Je fronce les sourcils, je n'ai pas pu me faire ça dans mon sommeil, pas avec de simples griffes. De plus si je m'étais vraiment mutilé sans m'en rendre compte, pourquoi il n'y a qu'une coupure et pas cinq ? Et elle est bien trop nette pour avoir été causée par des ongle coupant. Mais alors comment ?

Je me souviens soudain de mon rêve, mon agresseur a tenté de m'ouvrir la gorge. Mais ça ne peut pas être ça, c'était juste un songe, comment j'aurais pu être blessé dans la Réalité ?

- Ça va monsieur ? Je vais vous faire un bandage, au moins le temps que votre corps se régénère.

Je ne bouge pas et le laisse faire. Il panse ma plaie. Je sais que d'ici une ou deux minutes elle aura disparu, mais bon si ça peut lui faire plaisir :

- Dis-moi Arwen, toi qui as étudié la magie des Rêves, est-il possible de blesser quelqu'un dans un songe et que cette blessure apparaisse dans la Réalité ?

Il me regarde, visiblement très surpris par ma question et il réfléchit quelques minutes avant de secouer la tête :

- Non, en pratique ça ne se peut pas, mais théoriquement avec une magie très puissante, ça pourrait arriver. Mais quand je dis « magie très puissante » je parle de magie Divine, or personne n'est capable de maîtriser la magie des Dieux. Alors disons que ce n'est pas réalisable sauf si on est l'un d'eux. Mais franchement pourquoi un Dieu voudrait vous tuer ?

Je ne réponds pas et il n'insiste pas ce qui m'ôte un grand poids des épaules. Il termine le pansement avant de se lever :

- Vous devriez vous rhabiller monsieur, je vais faire le repas et ensuite nous irons visiter un peu la ville d'accord ?

Il m'adresse un grand sourire avant de partir. Je me lève et vais chercher mes affaires avant de les enfiler. Mon rêve me perturbe toujours, qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé ? C'était trop réel pour n'être qu'un simple songe. Ma coupure le prouve ! Et si quelqu'un avait réussi à obtenir le pouvoir d'un Dieu ? Et si c'était même l'un d'eux qui avait tenté de me tuer ?

Je vais m'asseoir sur mon lit pour réfléchir et repasser la scène dans ma tête. Une pensée me frappe soudain, cette salle, et ce paysage enneigé, j'ai l'impression de les avoir déjà vus. Je n'y ai pas prêté attention sur le coup mais maintenant que j'y repense, ils me paraissent bizarrement familiers. Auraient-ils un rapport avec mon enfance ? Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne me souviens de rien avant mon arrivée chez Gabriel et Killian. Le seul souvenir claire dont je me rappelle est le rêve que je fais presque toutes les nuits, celui où je vois ma mère mourir.

Je soupire et me laisse tomber sur mon lit avant de poser mon bras sur mon front, c'est compliqué. J'ai envie de redevenir un enfant, le petit garçon que j'étais et qui faisait des actions simples. Qui ne connaissait pas encore toutes les complications de la vie des adultes. Parfois je me dis que je n'aurais pas dû grandir, et surtout qu'on devrait laisser aux gens le choix de devenir adulte ou de rester enfant.

Je finis par me redresser et me lever quand la délicieuse odeur de sauce tomate arrive à mes narines. Je sors de ma chambre pour aller rejoindre Arwen dans la cuisine. Il me voit et me sourit :

- C'est bientôt prêt monsieur.

J'acquiesce et mets la table avant de m'asseoir sur une chaise et le regarder faire :

- Est-ce que tu vas parler à mes parents de ce qu'il ce qu'il y a eu tout à l'heure ?

Il me regarde et hoche la tête avant de me faire un sourire désolé :

- Ne m'en veuillez pas mais votre père m'a ordonné de l'informer de tout ce qui se passe vous concernant, surtout si vous faite des cauchemars trop violents. Or vu la blessure que vous vous êtes faite, je pense que c'était le cas.

Je ne réponds pas, je sais qu'il ne fait qu'obéir aux ordres de mon père, mais je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir pourtant, il n'a rien fait de mal :

- Vous savez, l'interprétation des Rêves est incluse dans les études d'Oniromancie, si vous me le racontiez, je pourrais peut-être lui trouver une explication. Votre père m'a informé que le songe que vous faisiez presque toutes les nuits était un souvenir. Mais là ce n'était pas le même n'est-ce pas ?

Je le regarde, assez étonné par sa proposition, mais après tout pourquoi pas ? Je n'ai rien à perdre de toute façon :

- Tu as raison, cette fois il était différent. Je me suis retrouvé dans une grande salle qui ressemblait à l'entrée d'un Temple et dehors il y avait une tempête de neige qui faisait rage. Ensuite quelqu'un m'a parlé et m'a immobilisé par derrière avant de me dire qu'il allait me tuer. Puis il a commencé à m'ouvrir le cou et là que tu m'as réveillé. Et le plus étrange c'est que l'endroit que j'ai vu m'a semblé familier.

Arwen resta silencieux pendant quelques minutes, réfléchissant sans doute à ce que cela voulait dire et il fronça ensuite les sourcils :

- Un temple représente souvent une force Divine ou un Dieu, bref quelque chose de sacré. La neige et tout ce qui s'y rapproche représente le froid et donc la Mort par extension. Quand à ton agression, elle peut soit venir de ta peur de l'ignorance en ce qui concerne ton futur. Soit il s'agit d'une mise en garde inconsciente. Je sais que ça à l'air un peu vague mais l'interprétation des Rêves est une chose complexe :

- Une mise en garde contre quoi ? demandé-je car je suis vraiment perdu.

- Je n'en sais rien, sûrement contre la Mort, vu que c'est ce que représente la neige. Mais ce serait idiot car tout le monde doit faire attention à ne pas mourir. Ou sinon, les Rêves peuvent parfois être des présages envoyés par un Dieu. Peut-être que l'un d'eux a voulu t'avertir d'un danger ? Si c'est le cas je dois en parler à ton père.

- Non ! Écoute, ce n'était qu'un rêve d'accord ? Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Ce n'est pas la peine de s'affoler pour ça, alors pas un mot à mon père. Je n'ai pas envie qu'il m'enferme à double tour dans ma chambre. 

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