XVII [corrigé]

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Une douleur vive, tranchante la tira de son sommeil sans repos. Anna devina immédiatement où elle se trouvait, car elle connaissait les lieux. Les mêmes lits se tenaient en rangs de part et d’autre de la grande pièce toute en longueur. Les mêmes tentures représentant le symbole ecclésiastique recouvraient les murs. Et la même jeune fille aux cheveux d’argent la scrutait avec inquiétude.

Par réflexe elle essaya de porter une main à son ventre qui la faisait atrocement souffrir, mais comme jadis, des sangles de cuir la retenaient prisonnière aux quatre membres.

— Qu’est-ce que... ?

— Noiraude ! Comment te sens-tu ?

— Pourquoi… pourquoi ces liens ?

Il n’y avait rien d’autre que la colère dans la voix de l’Échosiane. Elle en voulait au monde entier sans vraiment savoir pourquoi. Ce lit l’agaçait, cette pièce l’horripilait, même la présence de Sélène devenait chaque seconde plus irritante.

Dans un réflexe idiot, elle tira de toutes ses forces sur ses bras, essayant à tout prix de faire céder les solides liens de cuir qui, évidemment, restèrent intacts.

— Laisse-moi sortir !

— Je… je ne peux pas, Noiraude. Tu ne te rappelles de rien ?

La voix de Sélène tremblait, à mi-chemin entre la tristesse et l’effroi.

Anna, elle, n’avait plus mal nulle part. Elle ne ressentait plus aucune fatigue. Elle explosa :

— De quoi ? Du millier de cadavres que j’ai laissé là-bas ? Ou de l’épée de mon frère plantée dans mon ventre ? Ou encore de ma tutrice que je croyais morte, mais que je retrouve à incinérer des templiers par douzaine ? Ou peut-être veux-tu parler de ce connard d’Étranger qui amène les miens au suicide ? Une brochette de fils de catins dégueulasses. Ils croient que je les ai trahis ? Mon propre frère, mon sang. Il pense que j’ai tué Esther ! Mais ce sont eux les traîtres. Ils m’ont tous abandonnée, laissée seule, si seule. Si loin.

À mesure qu’elle vomissait sa rancœur, sa voix se transformait, laissant derrière la haine pour la tristesse et le regret.

— Mais voilà où nous en sommes aujourd’hui. Je me retrouve vraiment seule, car ils sont tous morts… je… je les ai tous tués.

Elle ne parvenait même plus à discerner la maladie de son amie tant ses yeux se noyaient sous les larmes. Mais Anna pouvait sentir, palper la peur de Sélène, comme une mauvaise odeur, un présage nauséabond.

— Alors tu sais. Et tu comprends, j’espère, pourquoi tu es attachée.

Il y eut un silence lourd et désagréable. Anna voulait essuyer ses pleurs, se rouler en boule, disparaître, mais rien de tout ça n’était possible.

— Qu’ai-je fait exactement, Sélène. Ne me cache rien. S’il te plaît. Y a-t-il des survivants ?

— Peu. Très peu.

Les sanglots enrouaient aussi la voix de la jeune fille.

— Ton ancienne professeure, Estelle, je crois, est enfermée à deux pas d’ici. Elle a pu protéger quelques-uns des rebelles, mais elle n’a pas réussi prendre la fuite. Tous les Templiers engagés dans la bataille sont morts, mais la plupart des mages ont survécu. Quelques civils aux abords des faubourgs ont dû être soignés, mais ils s’en sortiront.

Elle marqua une pause et essuya ses propres larmes, toujours sans oser s’approcher d’Anna. Puis elle regarda pour la première fois cette dernière dans les yeux :

— Pourquoi as-tu fait ça ?

— Je ne le voulais pas. Je crois...

Tout était parfaitement clair dans sa mémoire. Elle se souvenait avoir perdu le contrôle. Elle se voyait même ouvrir les vannes et déployer tout son châtiment sous l’injonction indiscutable de cette boule, de cette voix éthérée et abstraite.

— Sélène, je t’en prie, détache-moi. Tu ne crains rien, il ne peut rien se passer… il ne peut plus rien se passer. J’ai des questions à poser, il faut que j’aille retrouver Estelle. Défais mes liens, je t’en supplie.

— Même si je le voulais…

Elle désigna du menton deux Templiers qui gardaient la porte, immobiles. Anna ne les avait même pas remarqués. La porte qu’ils gardaient s’ouvrit brusquement, sans pour autant provoquer un semblant de réaction chez les deux colosses.

Une frêle silhouette voûtée, appuyée sur un bâton entra en trombe. Anna aurait tant espéré voir Morald.

La cardinale s’approcha du lit sans adresser le moindre signe à Sélène.

— Ça n’était PAS ce que j’avais demandé, jeune fille. Tu devais maîtriser cette arme, t’en servir contre les rebelles et seulement contre eux. Qu’est-ce qui t’a pris ?

Elle fulminait. Sa peau flasque faisait des vagues répugnantes sous les gesticulations et les vociférations.

— Toi, libère-la, ordonna-t-elle à Sélène, toujours sans un regard. Il faut qu’elle vienne avec moi. Et toi, l’Échosiane, tu te tiens à carreau. Inutile de tuer encore mille personnes ou raser la ville. Il veut te voir.

La cardinale embrassa son index.

Sans mot dire, Sélène s’exécuta, gardant une distance maximale avec la prisonnière. Mais Anna ne pouvait réellement lui en vouloir : la jeune fille avait probablement dû assister à la pièce depuis le toit du réfectoire, ne ratant pas une miette du spectacle écarlate. Une scène traumatisante, assurément.

Anna s’assit sur le rebord de la couche, effaçant du revers de la main les larmes séchées aux coins de ses yeux. Son ventre lui arracha un gémissement de douleur.

Elle prit conscience qu’elle portait toujours son pantalon de cuir et ses bottes maculées de sang. En haut, un épais bandage la recouvrait de la poitrine au nombril. Et elle puait la mort et la désolation.

Elle essaya de se lever, mais une vague de douleur l’envoya se rasseoir prestement, à tel point qu’elle manqua de tourner de l’œil. La plaie sous les bandages saignait encore, elle le sentait.

— Hé bien, ne reste pas plantée là ! Aide-la !

À l’inverse de Morald, aucune compassion ne transparaissait dans l’intonation de la vieille femme. Docilement, Sélène attrapa Anna sous l’épaule et l’aida à se lever. Toutes les trois prirent la direction de la sortie.

La cardinale ne cessait de pester :

— Qu’allons-nous faire de toi ? Hein ? Si tu ne peux pas te contrôler, et que personne ne le peut, à quoi vas-tu nous servir ?

Elle soupira bruyamment.

— Il n’y a rien à faire. Rien à tirer de vous. On vous forme, on vous instruit, on vous loge, on vous nourrit, et en retour, rien. Pire, vous œuvrez contre nous.

Le couvent semblait être désert, cette nuit, à l’exception de quelques chats bien trop occupés à chasser. À force de mouvement, la douleur s’atténuait quelque peu et Anna réussit à marcher sans l’aide de son amie. Elles dépassèrent un premier cloître empruntèrent le chemin de terre qui menait vers la cathédrale.

C’est alors que Sélène attrapa au sol une branche de prunier et frappa violemment la tête de la rombière de toutes ses forces. Cette dernière s’écroula, inanimée.

— Sélène ? Qu’est-ce que…

— Chut, dis pas un mot, aide-moi, on va la planquer dans le buisson là. Ne t’inquiète pas, je ne l’ai pas tuée, elle est juste assommée. Ces vieilles sont plus solides qu’elles n’en ont l’air.

Trouvant des forces inestimées en elle, la jeune femme saisit la cardinale par les pieds et ensemble elles jetèrent le corps dans un fourré comme on se débarrasse d’un chat de gouttière mort.

— Viens, suis-moi.

Sélène prit la direction du sud, rebroussant tout-à-fait chemin. Elles contournèrent le bâtiment central et continuèrent jusqu’au cloître le plus au sud. Sélène s’arrêta devant une porte. Celle-ci revêtait une lourde serrure à trois points, comme on pouvait en voir dans les cachots des grandes villes. Mais il ne tint pas plus de cinq minutes face aux doigts de fée de la fille aux cheveux blancs. Armée de deux tiges en métal sorties d’on ne sait où, elle joua avec le mécanisme jusqu’à entendre un « clac » sonore. La porte s’ouvrit d’elle-même.

L’intérieur se révéla vide et délabré. La lumière filtrait difficilement à travers la fenêtre à barreaux recouverte d’un tissu sombre.

Dans la pénombre ambiante, Anna discerna pourtant le contour d’un corps humain allongé sur le sol. La pâle lumière faisait ressortir les dentelles déchirées et la richesse passée de la robe qui habillait l’étrange silhouette.

— Estelle ? Estelle, est-ce vous ?

— Qui… qui est-là ?

Anna frissonna en entendant cette voix. S’il s’agissait bien de celle de son ancienne tutrice, elle ne chantait plus comme avant. Elle était rauque, inégale, comme si quelqu’un tentait de l’étrangler. Mais l’Échosiane n’éprouva pas longtemps de pitié ou de compassion pour la femme. Elle se rapprocha d’elle et s’accroupit à hauteur de son visage.

— Ne peut-elle pas incanter pour se sortir de là ? demanda-t-elle à Sélène.

— Elle est attachée, comme tu l’étais il y a cinq minutes.

— Parfait.

Anna retourna son attention sur la parodie d’Estelle qui remuait doucement.

— Estelle ? C’est moi, ton élève, tu te souviens ?

— Oui… Anna, oh, Anna, comme je suis désolée !

— Tu peux… oui, tu peux. Tout ça est ta faute, à toi et à l’Étranger. Vous avez été les premiers à vous servir de moi. Les premiers à me berner sous couvert de bonnes intentions. Vous êtes aussi méprisables que cette Église contre laquelle vous luttez. Par la peste, ce que je vous hais, presque autant que je me hais. Maintenant, dis-moi, raconte-moi pourquoi tout ceci ? Qu’attendiez-vous de moi ?

Estelle ne bougeait plus. Il y eut un silence que finit par rompre le bruit des chaînes lorsque la clergesse se tourna vers Anna.

— Tu te trompes… L’Étranger voulait réellement t’aider et… et moi aussi, je le souhaitais. J’aurais tellement aimé être celle qui éduque l’Échosiane… être la première à… à prouver que c’est possible. Mais je me suis trompée. Et l’Église aussi. J’aurais dû le voir, j’aurais dû être lucide. Mais je veux croire que ce n’est pas… une fatalité. Que tu n’es pas condamnée comme les autres !

— De quoi parles-tu ? Condamnée à quoi ?

— À la destruction, au chaos et au malheur. Tu as réussi, à Felerive, à utiliser ton pouvoir pour sauver des vies. Il te faut en apprendre… plus. Il faut que tu ailles à Ain Salah, dans la grande bibliothèque. Tu y trouveras bien plus de réponses, j’espère. C’est ce que nous aurions dû faire dès le début… toutes les deux, ensemble.

— Je n’ai sauvé personne à Felerive. Tous les enfants sont morts. Comme dans les champs de maïs et de colza. Tout le monde est mort. Je les ai tous exterminés. Tu entends Estelle ? Je crois même avoir rigolé alors que je sentais le sang des innocents bouillir. Je ressentais la souffrance de tous ceux que j’ai aimés, même de mes propres amis de Val-de-Seuil. J’ai accompagné leur âme hors de leur corps je… je me suis délectée et cette sensation de vie qui s’échappe. Peux-tu le comprendre ? Parce que moi, j’en suis incapable. Je regrette tellement, j’aurais aimé être forte, je voulais vous sauver, tous. Je voulais vous protéger, me servir de ce pouvoir pour faire le bien. J’étais si sûre de moi. Mais je ne le peux pas, car je suis faible, impuissante face à mes émotions. Il ne me reste plus rien. Ni Esther, ni Valian, mon monde s’effondre.

— Je suis là, moi. Je peux aider.

Sélène fit un pas en avant et posa sa main sur l’épaule d’Anna.

— Tu as entendu Estelle. Personne ne peut m’aider. Et si je suis honorée d’être ton amie, combien de temps me faudra-t-il avant que je ne te perde toi aussi.

Une violente toux secoua l’ancienne maîtresse. Elle semblait inspirer moins d’air à chaque nouvelle respiration. Une gerbe de sang s’échappa de sa bouche et de son nez. Anna se releva, jetant sur la mourante un regard dédaigneux.

— Tu vas mourir ici n’est-ce pas ? Tu as pu en protéger certains, mais au prix de ta propre vie. Tu vas m’abandonner toi aussi, mais je comprends. Je vais en faire de même. Plus qu’un pouvoir, c’est un fardeau, une malédiction. Si je n’ai pas encore créé de tsunami ensanglanté, je finirai par faire pleuvoir du feu sur l’ensemble du royaume le jour où je serais de mauvaise humeur.

— Cesse donc de geindre, petite sotte... Va à Ain Salah. Ressaisis-toi et pars. Maintenant. Tu as le cœur qui bat… juste un peu plus fort que les autres. Ne le tais pas, c’est ce qui fera la différence entre toi et tous les autres Échosianes qui se sont... condamnés en ce monde.

Les trois femmes restèrent un moment silencieuses. La mort paraissait pourtant être la solution parfaite. Ainsi, Sélène serait sauvée, les milliers de cadavres jonchant les champs de maïs et de colza seraient vengés, et il ne resterait plus personne de Val-de-Seuil. Un oubli éternel, un pardon si aisé.

— Comment pourrais-je encore vivre avec autant de morts sur la conscience ? Comment me lever chaque matin en espérant ne pas en tuer davantage avant le crépuscule ? Ma vie ne vaut pas plus que celle de n’importe lequel de ces idiots morts hier.

L’Échosiane se pencha sur le corps faible de sa mentore

— Si quelqu’un doit mourir, ça n’est pas toi.

Sans rien ajouter, sous le regard inquiet de Sélène, elle sortit du bâtiment. Ses pas la menaient comme une âme en peine vers le carré d’entraînement derrière l’officine de Morald. Il faisait presque nuit, et cette nuit était fraîche. Mais Anna n’en avait cure. Le mordant de la brise vespérale lui caressait ses épaules nues comme un souvenir éphémère de son temps passé à Val-de-Seuil. Seulement ça ne soufflait pas comme un vent de montagne. Celui-là était chargé de puanteur, de larmes et de regrets. Il venait d’en bas, des champs rougis du sang des victimes de sa propre folie. Elle jura même un instant entendre les râles d’agonie, portés comme un écho persistant.

Seule sous le platane, elle s’assit sur le rebord du muret. La colère avait disparu. Ou plutôt s’était-elle muée en un désespoir profond.

— Dis donc, j’ai plus de seins que ça.

Sous le clair de lune, le portrait de Sélène se découpait au sommet du toit de l’édifice. Elle sauta adroitement au sol et se rapprocha de la statue faite à son effigie. La première qu’Anna avait créée en compagnie de Morald. Elle la scruta un instant, comparant divers détails avec sa propre anatomie.

— Je suis formelle, j’ai plus de seins que ça. Ou en tout cas tu aurais pu en faire des plus gros…

La jeune fille passa un doigt songeur sur le contour de la tâche qui marquait son visage. Son ton se fit plus mélancolique :

— C’est presque joli représenté comme ça. On dirait un tatouage comme les font les montagnards de l’est.

— C’est joli, répliqua Anna. Quiconque ne saurait l’apprécier ne mériterait de toute façon pas ton estime.

La fille vêtue de son éternelle robe blanche aux coutures rouges déambula un instant au milieu des statues, des arbres et des autres créations de l’Échosiane. Puis elle rejoignit son amie sur le muret.

— Que vas-tu faire maintenant ? On ne peut pas rester ici, ni toi ni moi. J’ai assommé une cardinale qui ne devrait plus tarder à se réveiller, et elle risque d’être un peu bougonne. Nous devrions aller à Ain Salah.

— Oui. Tu devrais d’ailleurs partir sans tarder. Ain Salah est loin et tu n’es pas équipée pour un tel voyage.

Sélène tourna son visage étonnement grave vers Anna.

— Je n’ai pas envie d’y aller sans toi. Je n’ai pas envie que tu m’abandonnes.

— Je ne peux pas, Sélène.

Elle se leva du muret, les bras croisés sur son ventre endolori.

— J’ai trop de sang sur les mains, c’est trop lourd à porter. J’ai tué ceux que j’aime, et je finirai par te faire du mal à toi aussi. Cette… chose au fond de moi ne peut causer que du tort.

— Non, et tout ceci en est la preuve. Elle désigna les nombreuses statues. Tu es capable de le maîtriser dans les bonnes circonstances et créer des choses magnifiques. Même si elles manquent de poitrine. Je refuse de croire que tu ne puisses que détruire. Viens avec moi. Rejoignons Ain Salah au plus tôt, je suis certaine que tu y trouveras tout ce qu’il te faut. Et puis Estelle a dit un truc qui devrait te plaire : ne rêves-tu pas de parcourir une bibliothèque encore plus grande que celle-ci ? Dépêchons-nous. Ramassons le strict nécessaire et barrons-nous d’ici.

Silencieuse, Anna se leva à son tour. Son visage ne faisait transparaître aucune émotion. Il renvoyait simplement un reflet froid et détaché.

Ensemble, elles regagnèrent leurs chambres, amassèrent rapidement quelques affaires.

— Nous emprunterons le même escalier que celui que tu as suivi pour descendre près du lac avec les mages — je t’ai suivie du regard depuis mon perchoir. Peu de chance pour qu’il soit gardé, je pense que l’Église à d’autres soucis. De là, on avisera. Les berges sont peu profondes, peut-être que nous pourrons les longer vers l’est ?

Le duo se retrouva bientôt au sommet de la falaise qui surplombait le lac. À leurs pieds, le mince escalier qui courait le long de l’à-pic descendait de manière vertigineuse, jusqu’aux abords de l’eau. Sélène s’engagea la première avec précaution.

Anna la suivit du regard un instant. Les étoiles étaient voilées cette nuit, et la lune peinait à briller.

« Un cœur qui bat juste un peu plus fort que les autres »

L’Échosiane sourit, puis sauta dans le vide.

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