Le monde des Bâtisseurs

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La route à deux voies était déserte. Luc se souvint maintenant de la suite dans le moindre détail. Le brouillard onirique qui lui parasitait l’esprit auparavant durant ses sorties dans les sphères du rêve s’était envolé quand Janice s’était saisie de l’anneau à terre. Ce jour-là, il le tenait par le bout des doigts et l’avait fait tomber au moment où il s’était mis à épeler chaque symbole gravé dessus en se tenant face à l’horizon. Les événements qui s’étaient déroulés par la suite refirent surface dans sa tête, aussi clair et précis que la première fois.


Un vortex de petite amplitude s’était alors matérialisé à cinq mètres de hauteur, sous ses yeux. Progressivement, celui-ci s’était élargi en un énorme mouvement de particules mouvantes, où pendant une briève seconde, l’esquisse d’une fleur géante au jaune et rouge flamboyant se dessina. Ensuite, le phénomène avait continué d’augmenter jusqu'à atteindre une taille démesurée, remplissant en partie la voûte céleste devant lui. Il se souvint n'avoir ressenti aucune source de chaleur malgré la proximité du malstrom menaçant.

Il y avait eu d'un coup un grondement épouvantable provenant du milieu des spirales d'énergies avant l'implosion de celles-ci dans un bruit horrible de succion, laissant la place à un trou vide d'absence de matière dans le ciel, d'où les contours intérieurs s’écartaient par paliers successifs en une série d’artefacts électriques bleus. Un son guttural provenant de l'orifice s’était alors manifesté accompagné par une déflagration d'éclairs de feu d’une incroyable intensité.

Il était resté là, debout, paralysé devant l’ouverture qui était matérialisée en son centre. Son esprit, traversé par toutes sortes d’émotions à la vue de ce spectacle de cauchemar, peinait à considérer comme réel ce qui se dévoilait depuis le néant. À cause de lui, le monde auquel le blogueur faisait allusion était en train de s’immiscer dans le sien.

Le tableau, horrifiant, à couper le souffle, dépassait tout ce que pouvait imaginer sa conscience d’humain. Des pyramides recouvertes de métaux massifs, en lévitation dans un ciel d’apocalypse, étaient en train d’ériger et de détruire des pans du décor qui l’environnait dans un déluge de projections d’énergies d’une puissance phénoménale.

Des bourrasques issues de tous les horizons se déversaient dans tous les sens. Une d’elles avait failli l’envoyer dans les airs dans les secondes qui suivirent, mais il s’était retenu à temps en attrapant une branche à terre. La voûte céleste, tapissaient d’épais nuages sombres, était lézardé en permanence par de gigantesques éclairs. Luc se souvint s’être agenouillé devant ce chaos sorti droit d’un cauchemar, pendant qu’un ensemble de sons de cors immenses traversaient ses oreilles en un bruit assourdissant. À ce moment-là, de violentes secousses telluriques étaient en train de remuer violemment la portion de terrain ou il se trouvait.

Il se souvint de son sentiment de terreur face à ce qui lui arrivait, de ce qu’il avait déclenché et des conséquences sur sa femme et sa fille pendant que le sol était en train de se désagréger sous ses pieds. Le visage de Janice lui était alors apparu, ses deux mains vers lui, comme pour l’attraper avant sa chute. Il avait aussi tendu ses mains… vers une fleur, enracinée dans un bout de terre, qui chutait à ses côtés.


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