Le rêve de Janice

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Luc tenait tendrement Janice dans ses bras. Le visage radieux, ses yeux marron clair pétillaient de bonheur. Janice faisait une moue enfantine, les doigts de sa main gauche tiraient le bouc naissant sur le menton de Luc. Tous les deux offraient leurs sourires à l’objectif qui les prenait en photo. Janice bougea affectueusement sa tête, puis posa le cadre à sa place, enfila sa veste et sortit en direction de sa voiture.

En chemin, elle s’interrogea sur les raisons de son départ précipité. Après tout, son rêve, même si ça semblait la première fois que Luc lui apparaissait à l’endroit de sa disparition, se nourrissait de ses souvenirs. Pourtant, en se remémorant les mots et symboles hachés propres au contexte onirique, qu’elle notait à son réveil dans un carnet, et le moment où elle était couchée sur le sol, à proximité de la route où Luc s’était volatilisé, rien ne fut plus authentique que cet instant où il était agenouillé à ses côtés. Or, elle ne l’avait jamais vu dans cette position auparavant depuis qu’elle le connaissait.

« Pourquoi es-tu pensif ? se rappelait-elle lui avoir demandé.

(Luc) J’essaie de comprendre ce que je suis.

— Me trouves-tu belle aujourd’hui ? avait-elle repris.

(Luc) depuis le commencement.

— J’aime quand tu me regardes.

(Luc) je ne t’ai pas oublié.

— Je t’aime.

(Luc) Je viens te chercher.

— Luc aime Gaëlle ! Luc aime Janice ! » s’était-elle mise à chanter.

S’il y avait message à comprendre, c’est sur place qu’elle le saurait. Le vide qui remplissait sa vie depuis quinze ans lui pesait de jour en jour. Seule la joie d’élever leur fille avait su la maintenir debout. Par moment, à travers elle, des traits de Luc lui rappelaient sa présence ainsi que la douleur de son absence. Maintenant, Gaëlle était grande et vivait avec son homme dans son propre appartement. Elle venait lui rendre visite régulièrement, et parfois, dormait chez elle, comme au bon vieux temps de son enfance.

De cela, Janice en était heureuse et les choses auraient pu continuer comme ça jusqu’à sa vieillesse. Pourtant, et de plus en plus souvent, Luc lui rendait visite dans ses rêves. Depuis ce terrible jour où elle et Gaëlle du haut de ses dix ans étaient en train de préparer des cookies, et qu’une sorte de prémonition l’avait envahi, ses apparitions dans ses rêves s’étaient succédé à intervalles réguliers. Elle n’oublia jamais la première fois, après le choc du drame, où Luc s’était présenté devant elle une fleur à la main. Ses paroles résonnaient encore dans sa tête :

Elle s’appelle Éternité et je te l’offre.

Arrivée près de l’endroit qui fut jadis un promontoire, Janice se gara près du rail de sécurité, puis quitta sa voiture en direction d’un coin de broussailles sur lequel elle s’était vue, allongée. En fouillant le rideau d’herbes, elle trouva l’anneau qu’elle lui avait offert le jour précédant sa disparition.

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