Chapitre 1 : Arrivée en forêt

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La musique festive ne tarda pas à s’arrêter, les danseurs purent reprendre leur souffle, pendant que les serveurs se préparaient à servir le grand repas. Les applaudissements retentissaient, tandis que les artistes descendaient de la scène. Philaes De Shannos, le maire du Village de la Fouine, monta sur l’estrade et attendit que les acclamations s’estompent pour enfin prendre la parole :

« Bonsoir à tous ! J’espère que cette danse vous aura plus ! À présent, je vous invite à vous installer à votre table et vous souhaite un bon appétit ! »

Les spectateurs s’installèrent à leur table dans un brouhaha joyeux, alors que les serveurs débarquèrent, le repas à la main. La plus jeune serveuse du restaurant, prénommée Cassiopée, attrapa un plat avant de se rendre à une table où cinq hommes parlaient latin. Cette langue n’était utilisée que par des personnes au haut statut ou venant de la région nord du Pays du Nord. Cependant, Cassiopée connaissait très bien cette langue et ne put s’empêcher d’écouter leur conversation :

« J’ai convoqué l’assemblée, ce soir, quand la lune atteindra son zénith, déclara le premier homme.

Tout le monde doit venir, c’est important », répondit un second.

Le premier homme fit un signe à Cassiopée avant de demander :

« Excusez-moi, pourrions-nous avoir de l’eau ?

— Pas de problème. Je vais chercher cela tout de suite. »

Cassiopée fut déçue de ne pas pouvoir écouter la fin de leur discussion, mais s’exécuta. Elle se dépêcha de chercher un pichet d’eau, mais, quand elle revint, les individus étaient partis. Par instinct, elle leva la tête vers le ciel étoilé et constata que la lune était déjà bien haute. Posant ce qu’elle avait dans les mains, elle fit voguer son regard sur la foule et repéra, au loin, les furtifs s’éloigner discrètement. Bien trop curieuse, elle détacha son tablier que les serveurs du restaurant où elle travaillait étaient obligés de porter. L’euphorie de cette soirée donnait beaucoup de facilité à la jeune fille pour s’enfuir en suivant ces mystérieux hommes. Elle traversa un parc, gardant une distance parfaite entre elle et ses proies. Pas trop loin pour ne pas les perdre de vue, ni trop près pour ne pas se faire repérer. Elle se retrouva bientôt devant la forêt qui bordait son village, une forêt qu’elle n’avait jamais traversée à cause des sombres légendes dont elle était la source. Mais, sa curiosité la poussa à repousser ses craintes et à entrer dans les bois. Rapidement, elle remarqua qu’elle avait perdu de vue ceux qu’elles suivaient. Paniquée, elle prit une direction aléatoire, espérant silencieusement ne pas se perdre. Quand elle entendit des voix, elle s’arrêta brusquement et se concentra. C’était du latin, elle en était sûre, mais elle était trop loin et pas assez concentrée pour chercher à comprendre. Elle se guida grâce à cela et se prit les pieds dans une racine et se retrouva bientôt dans un buisson qui écorcha légèrement ses joues. Elle se releva, époussetant ses vêtements pour retirer les feuilles, et effleura ses égratignures. Lorsqu’elle releva la tête, elle aperçut à travers les arbres des yeux luisants, mais ne put identifier à qui ils appartenaient à cause de l’obscurité. Un frisson courut sur son échine, mais elle secoua la tête pour se reprendre. Elle avança de quelques pas et vit une lueur au loin. La voix d’un homme la sortit de ses pensées, elle était grave et confiante. Doucement, faisant attention à l’endroit où elle posait ses pieds et se cacha derrière un arbre lorsqu’elle aperçut les hommes qu’elle devait servir au repas. Cette fois, elle put comprendre ce qu’ils se racontaient et fut déçue de constater qu’ils ne parlaient uniquement de banalités de la vie comme la météo ou l’état de santé des familles. Ils y avaient sept personnes au total qui avaient tous de nombreuses années de leur vie qui s’étaient écoulées. Au bout d’un certain temps, ils levèrent les yeux vers le ciel, imitée par Cassiopée, et attendirent en silence que la lune atteigne le milieu de sa course. Pendant de nombreuses minutes, rien ne se passa, Cassiopée se contentait de regarder la scène du moins étrange, mais, soudainement, une lumière aveuglante l’obligea à mettre une main devant ses yeux bleus. Elle provenait d’un bassin en argent, placé au milieu du cercle, que la jeune fille n’avait pas remarqué. Un homme au visage marqué par l’âge se le va et prit la parole, une fois de plus en latin :

« Bienvenue à vous, gardien des créatures. Le Conseil des Anciens a, cette nuit, été convoqué pour une raison dont vous vous doutez. Le Monstre de la Nuit. L’homme marqua une pause en dévisageant la foule. La bête ne montre plus aucun signe de vie or, même si elle saccageait nos lieux de vie, elle fait partie de notre monde et ne doit disparaître. »

Un second homme se leva. Il avait l’air plus jeune, mais son âge ne devait pas être inférieur à la cinquantaine en se référant à ses cheveux gris. Il fit un geste de la main comme pour saluer quelqu’un et commença :

« Merci, garant du Stil, de nous avoir si bien exposé le problème. Malheureusement, il semblerait qu’il y a un autre problème… soupira-t-il tandis que le premier garde s’asseyait. Jane le Profanateur utilisera la bête pour tuer. »

Cassiopée s’agita. Elle n’y connaissait que très peu en termes de créatures élémentaires et ne savait donc pas ce qu’était le Stil, mais elle avait entendu de nombreuses légendes sur le Monstre de la Nuit. Elle étouffa un cri lorsque quelque chose lui attrapa le bras et la tira sur le côté. Elle se retrouva rapidement bientôt à terre après avoir trébuché sur une nouvelle racine. Lorsqu’elle releva la tête pour voir ce qui avait non seulement causé sa chute mais l’empêchait de suivre la suite du Conseil. Un jeune homme, qui devait avoir un peu près le même âge que la jeune fille, la fit se relever et la traîna plus loin dans les bois sombre. Il tenait dans sa main libre une lanterne qui aurait dû avertir la serveuse de son arrivée si elle n’était pas aussi concentrée sur la traduction des paroles de ceux qui se nommaient les Anciens. Lorsqu’il s’arrêta, il posa son regard sur elle et elle pu voir sur son visage qu’il était vraiment en colère.

« Étiez-vous en train d’espionner le Conseil des Anciens ? la sermonna-t’il en levant la lanterne pour mieux voir son visage.

— Je… balbutia-t-elle en se cachant les yeux. Non… je… je me suis perdue…

— Quel est votre nom ? »

Effrayée, la jeune fille n’eut pas l’initiative de se demander si donner son identité à un inconnu était une bonne idée et elle répondit d’une voix tremblante :

« Je me nomme Cassiopée, de la famille des Valenr… Je viens du village de la Fouine, où je travaille comme serveuse… »

Le jeune homme la fixa, cherchant probablement à savoir si elle disait la vérité. Au bout de quelques instants, il fronça les sourcils et reprit, l’air grave :

« Je me vois dans l’obligation de vous mener au roi de la forêt Paxcentia. Vous êtes entrée sur ses terres sans son autorisation.

— Qui êtes-vous ? demanda la jeune en reculant d’un pas, cherchant à s’enfuir sans succès, car son interlocuteur lui tenait toujours fermement le bras.

— Vous n’avez aucun droit à me poser ce genre de question. Maintenant, soyez sage et laissez-moi vous mener au roi. »

Cassiopée ne répondit pas. Elle regarda attentivement le jeune homme qui se trouvait devant elle. Avec la faible lumière que dégageait la lanterne, elle put constater qu’il portait une cape à capuche et une armure de forestier. Un carquois et un arc étaient attachés dans son dos et il avait au pied des bottes noires. Selon ce qu’elle savait sur le Royaume de la forêt, il lui sembla qu’il s’agissait de bottes de messager. Il était donc le messager. Elle n’eut pas plus le temps de le décrire dans sa tête, car la serra contre lui pour l’empêcher de s’enfuir et commença à avancer. Elle ne se débattit pas, elle ne pouvait rien y faire. Et puis, elle n’avait rien fait de mal et s’était simplement perdue, que pourrait-il lui arriver ? Elle espérait profondément que le roi soit bon et la laisse partir, mais ne pouvait s’empêcher d’imaginer toutes sortes de scénarios plausibles. Ils traversèrent ainsi la forêt sur de nombreux mètres, évitant racines et autres choses qui pourraient les faire tomber grâce à la faible lumière qui émanait de ce que tenait le messager. Au loin, un hululement de chouette et un hurlement de loup se firent entendre. Enfin, Cassiopée repéra une grande forteresse aux couleurs sombres, à moins que ce ne soit que l’heure tardive qui la rendait si effrayante et morose. Quand ils s’approchèrent de la porte qui semblait être en chêne, deux gardes ouvrirent la porte et s’inclinèrent devant le jeune homme au plus grand étonnement de sa prisonnière. Cette dernière fut d’abord éblouie par la lumière et la beauté de la pièce dans laquelle elle venait d’arriver. Il s’agissait d’un grand hall avec beaucoup de verdure est un doux et lointain chant de cascade d’eau. Sans laisser plus de temps à la contemplation, le messager la mena dans un des nombreux couloirs qui déboucha sur une pièce bien plus impressionnante. Le plafond était si haut, qu’il ne semblait pas exister, mais l’on voyait des parcelles qui la traversait en hauteur. Au milieu, se trouvait deux trônes, celui de gauche était vide, mais à côté était assis un homme à la stature royale et un regard de glace. Ses cheveux blonds parfaitement coiffés lui arrivaient à peine au-dessus des épaules et une couronne de branches entremêlées était posait sur sa tête. Quand ce dernier aperçut son messager, il se leva et fit un signe de la main pour le pousser à parler :

« Je l’ai trouvé dans la forêt, annonça-t-il sur un ton confiant, espionnant le conseil des Anciens.

— Merci Ameedé. »

Le concerné lâcha Cassiopée qui manqua de tomber, s’inclina et s’éloigna laissant deux autres hommes attraper la jeune fille de chaque côté. Le roi la dévisagea avant de lui demander :

« Quel est ton nom ?

— Cassiopée… se contenta de répondre la jeune fille, tremblante.

— Que faisais-tu sur notre territoire ?

— Je… Je me suis perdue… »

Le roi ne répondit pas. Il se contenta de faire un mouvement de tête vers les gardes qui la tenait. Ils hochèrent à leur tour, et tirèrent leur prisonnière sans qu’elle n’essaie de les en empêcher. Elle avait l’étrange impression que le roi avait eu un choc en le voyant et se répétait dans sa tête qu’elle se faisait des idées. Ils descendirent un escalier de marbre poussiéreux avant d’arriver dans des sortes de cachots bien moins éclairés. Les gardes la poussèrent dans une geôle avant de l’enfermer sans dire un mot de plus. Cassiopée se releva et passa ses cheveux d’un noir de jais derrière ses épaules. Si elle était encore calme, elle pouvait entendre au loin les cris et les pleurs des autres prisonniers. Cependant, cela ne la dérangea pas. Le nom Ameedé envahissait son esprit. Il lui était familier, même s’il n’était pas si courant. La jeune fille laissait les cents pas tandis qu’elle laissait danses ses pensées dans son esprit. Étrangement, elle ne paraissait pas très affectée par l’idée de rester ici peut-être jusqu’à la fin de sa vie. Ceci ne manqua pas d’attirer l’attention. Un homme extrêmement maigre attrapa deux des barreaux et la regarda pendant quelques secondes avant de chuchoter :

« Qui êtes-vous pour être si sereine en ces lieux dit maudits ?

— Je suis Cassiopée, répéta-t-elle plus fermement. À qui ai-je l’honneur ?

— Je me nomme Caliwen. Autrefois, je travaillais aux services du roi.

— Qu’avez-vous fait pour vous retrouver dans ces cachots ?

— Il se pourrait que j’ai accidentellement trahi la majesté, répondit mystérieusement le vieil homme.

— Que voulez-vous dire ? »

Caliwen poussa un soupir avant de se décider à donner une réponse :

« J’aurais fait passer une information confidentielle par courrier. »

Il marqua une pause avant de reprendre :

« Et vous ? Que faites-vous ici ? »

Cassiopée ne répondit pas et s’assit sur un banc de pierre en posant sa tête dans les paumes de ses mains. Elle poussa un profond soupir, si bien que ses épaules se soulevèrent longuement.

« Je me suis aventurée dans cette forêt pour suivre cinq hommes qui parlaient latin. Je les ai suivis jusqu’à une sorte de clairière, même si entre temps je me suis un peu perdue. Là-bas, deux femmes les ont rejoints, finit-elle par expliquer.

— Le Conseil des Anciens… s’exaspéra le prisonnier. C’est un mauvais présage…

— Et pourquoi donc ? »

Des bruits de pas les interrompirent. Le vieil homme se recula et Ameedé apparut devant la cellule de Cassiopée. Il baissa la tête pour regarder la jeune villageoise dans les yeux et annonça :

« Venez avec moi. Vous devez vous entraîner.

— M’entraîner !? s’exclama la jeune fille. Mais à quoi ? »

Le messager ne répondit pas et ouvrit la grille. Il la prit par le poignet et l’emmena en haut. Cassiopée remarqua que de nombreuses personnes la regardaient passer. Ils devaient avoir été mis au courant de son arrivée… Ils arrivèrent dans une salle ne contenant que quatre petits tabourets avec quelques gardes postés contre les murs. L’un d’eux était occupé par un vieil homme qui ressemblait étrangement au garant du Stil, à moins que ce soit les mêmes personnes. Ameedé fit asseoir Cassiopée et s’installa à ses côtés, la fixant d’un regard noir. Un silence suivit avant qu’il ne soit coupé par l’ouverture de la porte. Le roi entra et prit le dernier siège. Il regarda longuement la serveuse devant lui avant d’annoncer :

« Cassiopée De Valenr, tu as pris connaissance d’informations confidentielles en espionnant le Conseil des Anciens. »

L’interressée sursauta à l’entente de son nom complet. Le messager devait le lui avoir dit. La voix du souverain coupa ses pensées :

« Tu devras donc payer ta faute. Le gardien du Stil va t’annoncer ce que tu devras faire. »

Le garant assis à côté d’elle se leva et se posta devant la prisonnière. Il la toisa et commença :

« Vous devez participer à notre quête.

— Qu… quoi !? bégaya la brune. Une quête ? Quelle quête ?

— Nous devons trouver le Monstre de la Nuit. Sur notre chemin, il y aura sans doute beaucoup de dangers. Nous devrons combattre et survivre dans des situations souvent compliquées.

— Je ne sais pas me battre ! Je suis serveuse au Village de la Fouine !

— Alors, tu vas apprendre, répondit le roi en se levant. Tu auras un mois pour apprendre à manier l’arc et l’épée auprès de mon fils Ameedé, qui a aussi accepté de t’accompagner. »

Cassiopée ne répondit pas. Elle tremblait de tout son corps tout en essayant de le cacher. Elle balaya la pièce du regard et croisa celui du messager, qui était en réalité le fils du roi. C’était un regard aussi froid que la glace. Si froid, que la jeune fille fut contrainte de baisser les yeux. Le silence devint pesant, mais personne ne le brisa. Au bout d’un certain temps, le gardien attrapa une épée et la tendit à Cassiopée en murmurant :

« On ne demande pas votre avis. Vous en avez l’obligation. »

La villageoise leva ses yeux bleus vers l’homme. D’une main tremblante, elle prit l’épée en grimaçant. Jamais elle n’avait tenu une arme et fut surprise par son poids.

« Le reste sera déposé dans tes appartements que tu ne pourras quitter que lors des entraînements et des repas, reprit le gouverneur. Mon fils va t’y emmener. Des vêtements seront à ta disposition et l’entraînement commence dès demain. Ameedé viendra te chercher. Sois prête. »

Il n’attendit pas de réponse et tourna les talons pour sortir. L’Ancien la toisa une nouvelle fois avant de le suivre. Le regard glacial du prince posé sur elle laissa courir un frisson sur son échine. Sur un ton sec, il articula :

« Suivez-moi, je vais vous menez à votre chambre. »

Il sortit et Cassiopée le suivit sans un mot. Ils traversèrent plusieurs couloirs et montèrent plusieurs escaliers et la serveuse savait qu’elle se perdrait si elle devait se retrouver seule dans cette immense forteresse. Quand ils arrivèrent enfin dans un couloir dans lequel les portes se suivaient, la jeune fille poussa un soupir de soulagement qui attira le regard foudroyant du prince. Ce dernier ouvrit l’une des portes et ils purent voir une pièce meublée avec un mobilier de grande qualité. La plupart des meubles étaient parsemés de dorures ce qui ne manqua pas de faire sourire la prisonnière. Ayant grandit dans une famille de paysans, elle n’avait pas l’habitude de ce genre de mobilier. Le prince s’en alla sans un mot ce qui mit vite en colère la jeune fille. Elle sentait la fatigue montait et décida de se coucher. Pour une prisonnière, elle avait droit à de beaux appartements. Elle ouvrit une porte et tomba immédiatement sur la chambre. De nombreux cadres la décoraient. Elle se laissa tomber sur le lit et sombra dans un sommeil qui fut bientôt perturbé par un drôle de rêve…

Elle se voyait, armée d’une épée, sur le flanc d’une montagne. Un bruit sourd retentit. Une créature au corps brûlé s’approcha en clopinant et en criant. Une odeur d’œuf pourri se propageait dans l’air. La créature avançait sans que Cassiopée ne puisse bouger. Il s’approcha si près que la jeune fille eut l’impression de sentir son souffle dans son cou. Soudain, elle tomba.

Elle se releva en sursaut et en sueur. Ce rêve était bien étrange et qui semblait s’être vraiment passé. Elle avait senti les odeurs et le souffle de la créature. À ce moment, quelqu’un frappa à la porte. Cassiopée se dépêcha d’aller ouvrir. Un home tenant des multitudes d’habits et d’armes attendaient sur le seuil. D’une voix étouffée par la quantité de vêtements, il déclara :

« Voici vos affaires. Elles sont réunies par types et vous ne devez les séparer ou les mélanger. Il y a aussi un fourreau pour votre épée, une ceinture, un carquois, des flèches et un arc. »

L’homme posa les affaires sur le fauteuil de la première pièce et s’en alla sans un mot de plus. Cassiopée, regarda les affaires et ne put s’empêcher de les détailler. Il y avait une robe simple grise accompagnée de chaussures légères. Elle ne savait pas pourquoi il y avait ce genre de tenue, mais elle passa à la suivante. La seconde était une tenue de combat, probablement pour l’entraînement. Elle se résumait à une tunique verte émeraude et une cape vert d’eau cette fois. Il y avait aussi des bottes en cuir. Et enfin, la dernière ressemblait à une tenue de rôdeuse. Elle était composée d’un pantalon et d’une tunique, tous les deux médiévaux, ainsi qu’une cape mi-longue grise et des bottes noires. Pour les armes, l’arc, le carquois et les flèches étaient accordés et classiques et le fourreau et la ceinture étaient d’une couleur brune. Elle rangea ses affaires dans une commode et regarda par la fenêtre. Il commençait à avoir de belles couleurs à l’est. Combien de temps avait-elle dormi pour faire ce si petit cauchemar ? Elle soupira et se dépêcha de se préparer. En se rendant dans la salle de bain, elle attrapa la tenue d’entraînement, avant de fermer à double tour la porte, ce qu’elle faisait toujours pour des raisons qui lui étaient inconnues. Elle posa ses mains sur l’évier et se regarda dans le miroir. De la suie s’était déposée sur son visage ce qui renforçait ses cernes sous ses yeux. Elle était décoiffée, si bien que ses longs cheveux noirs semblaient n’être qu’un simple gros nœud. Elle trouva un gant dans une petite armoire et entreprit de se laver le visage rapidement pour éliminer toutes traces de saletés qui venaient probablement des cachots en encore de son escapade en forêt. Tout en prenant soin de ne rien abîmer, elle enfila sa tenue et coiffa rapidement ses cheveux en un chignon lâche. Après tout, elle n’allait que s’entraîner. Des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Elle avait encore du mal à croire tout ce qui s’était passé en une simple nuit. Elle sortit de la salle de bain et déposa ses affaires dans la vieille commode. Elle avait faim et son ventre grondait, mais elle ne pouvait rien y faire, alors elle s’assit sur le fauteuil pendant quelques minutes, contemplant ses armes. Si elle devait s’entraîner avec cet Ameedé, elle s’ennuierait probablement. Il avait été froid toute la soirée de la veille. Lorsqu’on toqua à la porte, Cassiopée essuya ses larmes et ouvrit la porte. Elle ne fut pas surprise de voir le prince qui la regardait sans broncher. Avant qu’elle ne sorte, il lui rappela sèchement :

« Il serait préférable d’emmener vos armes pour vous entraîner. »

Surprise, la jeune fille attrapa son équipement et commença à suivre son entraîneur à pas de cours. Elle tenait son arc dans sa main et avait pris soin de ranger son épée dans son fourreau, lui-même attaché à sa ceinture. Ils arrivèrent dans une pièce vide et le messager expliqua :

« Ne mangez que l’essentiel. Ni trop, ni pas assez. »

Il lui lança une pomme que Cassiopée n’attrapa pas. Cette dernière s’écrasa sur le sol. Ameedé regarda son élève avec hargne. Dans sa tête, il se disait qu’il aurait préféré entraînait un paresseux à la course de vitesse. Il laissa échapper un petit rire qui attira le regard foudroyant de la prisonnière. Celle-ci mangea surtout des fruits qui étaient disposés sur la grande table en bois de chêne. Une fois le repas terminé, les deux jeunes adolescents se mirent en route. Ils traversèrent de nombreux couloirs et descendirent encore des escaliers avant d’arriver dans une grande cour. Du lierre recouvrait les murs. Le professeur commença sur un ton maussade :

« Premièrement, je vais vous apprendre à… »

Cassiopée n’écouta pas la suite. Elle fixait les fleurs rouges qu’elle trouvait magnifiques. Elle fut donc surprise par la question de son interlocuteur :

« Dites-moi si je vous dérange surtout. Vous ne m’écoutez pas, non ?

— Si ! Bien sûr !

— De quoi parlais-je alors ? »

Cassiopée baissa la tête, incapable de répondre. Tout cela commençait bien…

« Je disais que nous apprendrons, en premier lieu, les techniques de défense.

— De défense ? Ne vais-je pas apprendre à attaquer ?

— Si jamais vous entrez en guerre et vous ne saviez qu’attaquer sans savoir vous défendre, vous ne feriez pas long feu. »

Il se crispa au dernier mot et continua :

« Or, si vous savez vous défendre, vous aurez plus de chances de survivre. »

Son regard agressif déconcentra la jeune fille. Soudain, Ameedé lui attribua un violent coup dans le ventre qui obligea la belle adolescente à se replier.

« Première étape de défense, la concentration. Si vous ne suivez pas ce que fait votre ennemi, vous ne pourrez vous défendre. »

Il tenta de lui donner un second coup que sa rivale évita de justesse.

« On progresse. Seconde étape, la réflexion. Savoir lire notre ennemi pour éliminer ses coups. »

Cassiopée avalait ses paroles et ne broncha pas au coup que lui assigna son adversaire.

« Je vois que l’on va devoir travailler cela. Et malheureusement, la concentration et à revoir aussi. »

Soudain, un bruit de branche qui craque se fit entendre. Cassiopée se retourna et manqua de s’évanouir en voyant le fruit de ce vacarme.

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