Chapitre 3

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Guilhem hésita un instant. Devait-il faire confiance à ces deux-là ? Qui étaient-ils après tout ? Ils n’avaient pas l’air de vagabonds ou de bandits. Mais il ne savait pas ce qu’ils venaient faire ici. Ils étaient devant le même problème : ils ne souhaitaient pas livrer d’informations sans être certains de la réciprocité. Il passa l’outre à Imane qui déclina l’offre avec un sourire. Loup prit la parole en se chauffant les mains :

— Bon. Je perçois un trouble dans tes gestes. Tu es en mission pour ton duc. Dans le cas contraire, tu n’aurais pas affronté une si grande distance. Cette mission semble très confidentielle et donc dangereuse, car tu es seul. Je ne crois pas aux coïncidences. Il se trouve que nous sommes aussi en mission pour notre comte. Nous venons du village de Conques.

Le géant blond se redressa en inspirant d’un coup sec. Conques… Le village dans lequel il cherchait à revenir…

— L’abbé du monastère a requis de l’aide pour chasser des bois environnants un « monstre » qui rôde et menace moines et voyageurs qui viendraient s’y aventurer.

Guilhem ne put cacher son vif intérêt.

— La description de la bête est assez simple : un géant couvert de peaux d’animaux, un bouclier sur le dos, et une terrifiante hache à la hanche. Il hante les lieux depuis maintenant deux bons mois, depuis le début des premiers frimas de l’hiver.

— De quoi ? Vous n’allez tout de même pas croire que c’est moi !

— Pourtant tout porte à le croire, non ? glissa Imane.

Guilhem balança négativement la tête, doucement, le regard perdu dans ses pensées soudain devenues confuses. Il avait quitté le duché en secret, à la fin de l’automne, en direction de Conques. Un village qu’il avait réussi à atteindre une seule fois mais qui depuis restait hors de sa portée, arrêté à chaque fois par un rempart invisible qui lui interdisait d’avancer plus loin. Il avait tenté de parler aux gens du coin mais ils s’étaient tous enfuis, terrorisés par son allure. Le décompte des jours était la première chose qu’il avait perdue. Comment leur dire l’incroyable ? Ils le prendraient pour un fou.

— Je ne suis pas un monstre.

— Tends ta main, demanda Loup, tirant son épée au clair.

Guilhem fronça les sourcils, posant la main droite sur le manche de sa hache.

— Je veux que tu t’entailles un doigt sur le fil de la lame. Pas profondément, juste de quoi faire naître une ou deux gouttes de sang. Cette arme est particulière. Si tu es vraiment un être humain, alors il ne se passera rien.

Le Normand considéra l’arme, plus longue qu’une épée ordinaire. La lumière du feu jouait délicatement sur les symboles étranges gravés sur le métal. Sans peur, il fit glisser l’auriculaire de sa main gauche sur le fil, y laissant une fine ligne rouge. Imane lui prit la main et le soigna en désinfectant la plaie avec l’alcool de l’outre. Elle lui adressa un sourire amical et lui demanda d’une voix douce :

— Raconte-nous ton histoire, Guilhem de Normandie, et sans rien omettre…

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