Chapitre 4

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— Nous étions des guerriers indomptables. Nous n’avions peur de rien. Nous avons voyagé et pillé à travers de nombreuses contrées. C’est ainsi que mon grand-père parlait des Vikings. Il a vécu très vieux, c’était une sorte de mémoire vivante. Il a raconté à mon père une étrange histoire. Lors des raids sur Paris, mes ancêtres ont dû faire face à une résistance farouche. Pour l’emporter, ils ont fait appel au surnaturel mais la puissance invoquée nous a échappé pour s’enfuir et semer le chaos dans les rangs des ennemis et dans les nôtres. La bête a été bannie, loin de ce plan de réalité. Hélas, nous savions qu’elle reviendrait. Ma famille est la gardienne des croyances ancestrales de notre peuple. Il y a quelques mois, des rêves se sont imposés à moi, me forçant à en parler au duc. Dans le plus grand secret il m’a envoyé à la recherche du démon. Quand je suis arrivé dans cette région, j’ai aussitôt su que j’étais au bon endroit. Il absorbe la foi des gens. Plus il y a de croyants, plus il prospère et devient fort. Ici, à Conques, il a de l’énergie à revendre. Je suis arrivé à la fin de l’automne. Avant d’entrer dans la ville, j’ai pris grand soin de cacher mes armes et ce qui trahissait le guerrier en moi. J’ai été accueilli comme un pèlerin mais j’ai posé trop de questions car il m’a repéré. Un jour que j’aidais les villageois à faire du bois dans la forêt, il est arrivé, sous sa véritable forme : celle d’un énorme canidé. Il a dévoré les malheureux qui m’accompagnaient. Je me suis enfui, n’ayant pas mes armes sur moi. Il a eu le temps de me blesser. Avec mon sang il a certainement pu dresser cette barrière magique qui m’empêche de pénétrer à nouveau dans Conques. Je tente encore et encore… En vain…


Un long silence et des regards emplis de compréhension amicale accueillirent son histoire. Loup raviva le feu en arrangeant les bûches. Il mit de la neige à fondre dans un récipient et, une fois que l’eau se mit à bouillir, Imane y jeta une poignée de diverses herbes et feuilles. Aussitôt un parfum sain et vivifiant se répandit autour d’eux. Le Normand releva la tête.


— Nous avons été mandés pour chasser et exterminer le monstre qui terrorise la population et rôde dans les bois et collines autour de Conques, commença Loup. Je comprends maintenant que tu n’es pas la menace. Ton monstre joue un jeu très malin. Il a dû suggérer à l’abbé de faire appel au seigneur qui, impuissant, a demandé de l’aide au comte de Toulouse. Il n’arrive pas à se débarrasser de toi, et c’est à nous de le faire. J’ai rencontré l’abbé il y a deux jours maintenant. Il est convaincu que tu es une sorte de résurgence d’un dieu païen, certainement du temps des Celtes. Je vais y retourner, débusquer le démon et le renvoyer dans les limbes.


— Tu ne pourras pas te servir de ton épée. Elle est souillée par mon sang. La barrière qu’il a dressée à mon encontre ne la laissera pas passer.


Loup ne parut pas le moins du monde affecté par la nouvelle.


— Imane, tu sais ce qu’il te reste à faire.


L’Arabe hocha la tête en souriant.

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