Chapitre 11

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Le médecin posa le pansement avec délicatesse.


— Votre gentille, elle s’y connait en médecine. J’ai appris beaucoup auprès d’eux quand j’étais en Terre sainte. Heureusement qu’elle ressemble aux femmes de nos contrées du sud, elle peut passer pour une travailleuse des champs qui serait restée un peu trop au soleil.


Loup le remercia et attendit que le chirurgien aille discuter plus loin avec Imane. Le chevalier Martin prit place aux côtés du blessé. Il écouta attentivement l’histoire, sans broncher, sans laisser transparaître la moindre émotion.


— Pour finir, le corps du démon a été entièrement dissous dans les eaux du bassin. Les incantations d’Imane l’auront purifié, béni par la grâce de son dieu, du notre et de celui des hébreux. Par contre, nous ne savons pas quel pourrait être l’effet de cette eau sur quiconque. Il faut éviter de la boire.


Martin hocha la tête en se mordant la lèvre inférieure.


— Je connais cette source, elle s’écoule dans une petite grotte, sous Massa Biella et se jette dans le Gave. Je vais faire en sorte qu’elle soit cachée le plus possible et surtout ne pas en parler. Plus j’interdirai, plus on y viendra. La zone est assez marécageuse, je pense que personne n’y mettra les pieds, à part quelques enfants qui viennent y ramasser du bois charrié par la rivière.


Loup le remercia d’un hochement de tête. Il tenait toujours le médaillon qui l’avait protégé dans le monde des esprits. Il ouvrit la main et le rangea dans sa bourse.


— Qu’est-ce que ce signe ? demanda Martin, intrigué.


— Je ne sais pas exactement. C’est un vieux sage qui m’en a fait don quand je suis revenu de ma première mission, alors qu’une fièvre maligne me rongeait de l’intérieur.


— Le comte de Bigorre souhaite vous récompenser en vous faisant cadeau de certaines terres, par ici…


— Non, je ne souhaite rien. À part de l’aide si jamais je viens à en avoir besoin.


— Oui, c’est entendu. Je me doutais un peu de la réponse, et le comte aussi. Il vous prie d’accepter au moins cette bourse d’or.


Loup serra le poignet que lui tendait Martin.


— Il y a un berger sur la lande de Bartrès, pouvez-vous le faire prévenir que je souhaite me reposer chez lui, le temps nécessaire à mon rétablissement ? Il a été en Orient, il ne doit pas y en avoir des tas…


— Louis le Buté ? C’était le seul berger du coin à avoir été en Terre sainte. Mais il est mort là-bas. Il avait une belle famille, des fils, des filles, mais ils sont tous morts.


Loup gardait le silence, ses yeux dans ceux de Martin qui blêmit.


— La lande de Bartrès est un endroit mystérieux, on y croise parfois des êtres qui ne sont plus. On dit que l’âme du brave Louis y est revenue pour veiller sur les voyageurs dont les âmes se sont égarées… Nous allons vous loger dans une dépendance du château.


Loup le remercia. Il frissonna tout au long du court récit de Martin, une compréhension glaciale s’écoulant dans ses veines.


— Vous partirez pour Toulouse ensuite ?


— Oui, nous partirons faire notre rapport au comte de Toulouse… Ensuite, qui peut bien savoir ?

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