Retour à la réalité !

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1 semaine plus tard.

Envie de rien, juste de rester seule avec moi-même. Susanne a disparu, elle n’est plus là, elle ne me rend même plus visite dans mes rêves, elle m’a complètement abandonné.

Je voudrais pouvoir m’endormir et ne plus jamais me réveiller, mais je n’y arrive pas. Il y a ce balai incessant de gens qui viennent tous les jours me rendre visite et je n’ai même pas la force de les mettre dehors. Chaque jour ils se relaient pour ne pas me laisser seule, chaque jour ils me parlent sans que je les entende vraiment, chaque jour ils me portent à manger sans que j’aie vraiment faim.

Je ne suis plus rien.

Je ne sais même pas quel jour on est et je me demande ce que je fais encore là. Je suis venue pour retrouver ma sœur, mais elle n’est plus là, elle est partie définitivement, laissant mon cœur et mon âme en miette derrière elle.

- Cassandra ?

Mon prénom est prononcé. Je cligne plusieurs fois des paupières en cherchant d’où vient cette voix que je connais, cette voix qui me berce depuis un certain temps tous les soirs, jusqu’à ce que je m’endorme. Je me demande comment elle peut savoir comment je m'appelle, je ne lui ai jamais dit.

- Cassie ?

Mes yeux s’accrochent aux siens et elle me sourit.

- Oui… C’est bien toi ma jolie.

Mais je ne veux pas entendre mon prénom, personne ne doit savoir que je suis ici. Personne ne doit me voir comme ça, ça leur ferait trop de mal à tous. Je les ai tous abandonnés dans l’espoir de me retrouver, mais je crois que je me suis perdue en chemin. Ils finiront par m’oublier.

Mon regard tombe sur l'alliance que je porte et mes pensées dérivent vers lui, mon mari. Celui qui a réussi à me faire revivre, mais aujourd’hui, il ne peut rien faire pour moi, il ne pourra pas me sauver une seconde fois, je suis déjà trop loin, bien trop loin de lui…

Je l’aimais tellement… Je l’aime tellement.

Tout s’embrouille dans ma tête pourquoi je pense à lui maintenant ?

L’intrus ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? Je touche mon ventre qui me semble un peu plus rond avant de fondre une nouvelle fois en larme. Elle me caresse les cheveux en me disant que maintenant tout va bien se passer. Je ne comprends pas pourquoi elle me dit ça et je suis bien trop fatiguée pour me poser trop longtemps la question.

- Susanne ?

Elle se retourne et me souris, je ne comprends pas ce qu’elle peut bien faire ici, elle me paraît si réelle, à moins que…

- Susanne est-ce que je suis…

- Non, Cassie… Vient par-là !

Elle m’ouvre les bras et je vais m’y réfugier avec bonheur, elle m’a tellement manqué ! Je me love contre elle et la sert le plus fort possible, je retrouve le réconfort d’être auprès d’elle, son odeur rassurante, tout ce qui fait d’elle, ce qu’elle est… Où ce qu’elle était. Non ce n’est pas possible. Je me détache de ses bras en secouant la tête.

- Tu ne peux pas être là, c'est impossible !

Elle me fait un petit sourire en coin en me caressant la joue, alors je ferme les yeux et j’incline la tête, de façon à faire durer sa caresse pour essayer de la savourer, le plus longtemps possible.

- Tu as raison petite sœur, je ne suis pas vraiment là, je suis juste un rêve… Il est temps pour toi de reprendre ta vie.

- NON, tu ne peux pas m’abandonner encore une fois.

Je m’accroche à elle le plus fort possible, je ne veux pas la laisser partir. Jamais. Pas maintenant que je l’ai retrouvée. Je n’en ai pas la force.

- Mais je n’ai pas le choix, toi oui… Tu dois le faire pour elle (Susanne touche mon ventre) et pour lui (elle touche mon alliance) et pour tous ceux que j’ai dû laisser derrière moi, ils comptent sur toi.

Je baisse mon regard sur mon ventre qui est bien plus gros que je ne l’aurais cru, je passe ma main dessus durant quelques instants et relève les yeux vers elle.

- Elle tu dis ?

Ma sœur me fait le plus beau sourire qui soit en hochant la tête.

- Oui elle, cette petite fille va avoir besoin d’une maman pour s’occuper d’elle… Je vais devoir te laisser maintenant. Il est tant que tu te réveil et que tu vives ta vie.

- Non Susanne s’il te plait, j’ai besoin de toi.

Elle prend mon visage dans ses mains pour déposer un baiser sur mon front, avant de me prendre dans ses bras et de murmurer.

- Je serais toujours avec toi dans ton cœur et parfois dans tes rêves, à chaque fois que tu auras besoin de moi, regarde devant toi et je serais là.

Elle me relâche pour me tenir à bout de bras devant elle.

- Je te confie ce que j’ai de plus précieux, prends bien soin d’eux pour moi. Tu es beaucoup plus forte et courageuse que tu ne le crois… Je dois partir maintenant et toi tu dois te réveiller.

Elle se tourne et part, je reste figée quelques instants en l’observant.

- Susanne ?

Elle se retourne et incline la tête sur le côté.

- Je ne t’oublierais jamais…

Les larmes coulent sur mes joues alors qu’elle me sourit.

- Je n’en ai jamais doutée ! Réveille-toi !

Elle a disparu…

Réveille-toi !

J’entends toujours sa voix dans ma tête…

Réveille-toi !

Je me réveille en sursaut et je me redresse. Je suis essoufflée, mon cœur bat vite, mes joues sont baignées de larmes. Je me frotte le visage et je suis un instant désorienté, où suis-je ? Je regarde tout autour de moi en clignant plusieurs fois des yeux et je reconnais le chalet… Ce n’était qu’un rêve, juste un rêve.

Je serais toujours là.

Oh Susanne tu me manques tellement. Je pousse un profond soupir en essayant de calmer mon rythme cardiaque et je finis par m'asseoir sur le bord du canapé où je me trouve. J’ai l’impression de flotter dans du coton, je me sens engourdie. Un mouvement à ma droite attire mon attention, je sourie c’est Gisèle qui dort dans un fauteuil dont je n’ai pas le souvenir, elle semble paisible.

J’essaie de rassembler mes souvenirs, mais c’est difficile, je ne sais pas quel jour on est, ni depuis quand je suis ici, ni ce que Gisèle fait là. Après quelques minutes, je cesse de me torturer et je me lève pour préparer le café en me demandant ce que je vais bien pouvoir manger, j’ai tellement faim. En arrivant dans la cuisine, je lance la cafetière et je regarde dans le frigo et en sort une brique de lait. Depuis que je suis ici, je me suis découverte une nouvelle passion pour le café au lait. Je sers deux tasses de café avec un nuage de lait dans chacune d'elles et je retourne au salon pour poser les tasses sur la petite table basse. Je regarde Gisèle quelques instants en me disant que ce fauteuil ne doit pas être très confortable, me demandant toujours ce qu’elle fait endormis, ici.

Je commence à la secouer doucement la main sur son épaule, elle remue un peu avant d’ouvrir les yeux et quand je croise son regard, je me souviens de ce que je lui ai dit, la façon dont je l’ai traitée.

Oh mon dieu, comment j’ai pu en arriver là ?

Je porte les mains à ma bouche en secouant la tête avant de m'asseoir sur le canapé. Je la regarde en me demandant ce qu’elle peut bien faire là, après la manière dont je me suis comportée. Elle se lève et vient s'asseoir à côté de moi avant de prendre mes mains dans les siennes en me souriant.

- Comment ça va ma jolie ?

Elle a l’air tellement sincère que ça me sert le cœur. Comment cette femme peut-elle être aussi adorable avec moi, alors que je me suis comporter comme une moins que rien ? Je reporte mon regard sur elle.

- Je suis désolée, tellement désolée !

Si seulement je pouvais revenir en arrière, si je pouvais effacer ce que j’ai dit. Mais je sais que c’est impossible, comme il est impossible qu’un jour, je puisse à nouveau serrer ma sœur dans mes bras. Je vais malheureusement devoir vivre avec ça, jusqu’à la fin de ma vie. Je ne sais pas encore comment je vais y arriver, mais je sais que je n’ai pas le choix. Je dois remonter la pente ne serait ce que pour l'intrus dans qui grandit mon ventre, cet enfant que l’on a tellement désiré, tellement attendu. Je soupire et Gisèle prend mon visage dans ses mains.

- Ce n’est rien ma jolie, j’ai connu le chagrin, je comprends !

Je secoue la tête en me demandant comment elle sait, je n’ai jamais rien dit à personne, je n’ai jamais mentionné Susanne, ni fait aucune allusion à quoi que ce soit, depuis que je suis ici. Peut-être que je parle en dormant, mais je ne crois pas que cela me soit déjà arrivée !

- Ce n’est pas une excuse… Mais… Comment as-tu su ?

Elle me fait un grand sourire avant de s’emparer d’une des deux tasses et de me la donner. Puis elle se lève en emportant la sienne avec elle jusqu’à la cuisine.

- Je vais tout te raconter, mais d’abord, est-ce que tu as faim ?

- Je meure de faim !

Je me lève et je vais la rejoindre. Je me hisse sur l’un des deux tabourets qui se trouvent devant le comptoir de la cuisine, ma tasse à la main. Je souffle dessus avant de prendre une gorgée de café. Elle est en train de s’activer dans les placards, elle en sort de la farine et du sucre, puis ouvre le frigo et attrape des œufs et du lait. Je me demande d’où vient tout ça, étant donné que je n’ai jamais fait une seule course depuis que je suis arrivée, préférant prendre mes repas à son restaurant.

- Des crêpes au sucre ?

Je lui sourit en hochant la tête et j’en oublie ma réflexion. J’attends maintenant qu’elle me raconte, même si je ne suis pas tout à fait certaine de vouloir entendre ce qu’elle croit être mon histoire. Elle est en train de battre les œufs dans le saladier, quand elle prend la parole.

- Tu sais j’ai tout de suite vu que tu cherchais à fuir quelque chose à la minute ou tu es entrée dans le restaurant, tu avais l’air tellement perdue dans tes pensées, tu étais triste (elle se tourne vers moi et me sourie) Tu es toujours triste. Mais tu sais ici, nous n’avons pas l’habitude de nous mêler de la vie des autres.

Elle verse progressivement et en alternance la farine puis le lait et bat d’un geste maitrisé la pâte. Je suis complètement absorbée par ce qu'elle fait, quand elle reprend la parole.

- Et puis il y a quinze jours, tu n’es pas venue prendre ton petit déjeuner comme tu le faisais chaque jour, alors en fin de matinée, j’ai décidé de venir voir si tu n’étais pas malade. J’ai frappé plusieurs fois, mais comme tu ne répondais pas je me suis inquiétée. Je me suis donc servie du double des clefs pour entrer.

Elle attrape une poêle dans le placard du haut avant d’allumer le gaz et de la faire chauffer dessus. Elle fait fondre une noix de beurre dedans puis verse une première louche de pâte à l’intérieur.

- Je t’ai appelée plusieurs fois en me rendant au salon et je suis tombée sur toutes ces photographies. J’en ai regardé quelques-unes et je suis tombée sur une légende où était vraisemblablement écrit les prénoms des enfants qui se trouvaient dessus et c’est là que tu es entrée et moi, je suis partie en te laissant seule.

Elle fait sauter la crêpe et fait cuire la deuxième face. Soudain, je m’arrête sur ce qu’elle vient de dire. Quinze jours ? Non ce n’est pas possible que ça ne fasse quinze jours, je n’ai pas pu perdre la notion du temps à ce point. Merde ! Elle veut reprendre, mais je la coupe.

- Attends, quinze jours tu dis ? Ce n’est pas possible.

Elle me regarde et je peux lire de la compassion dans ses yeux. Mon dieu dites-moi que c’est un cauchemar ! Merde ça signifie que je n’ai pas donnée une seule nouvelle à Mickaël depuis plus de deux semaines. Il doit vraiment se faire beaucoup de soucis, il faut que je lui dise que je vais bien. Je me lève et récupère mon téléphone qui traîne sur la petite table basse du salon. Je l’allume en sachant très bien que je vais tomber sur tout un tas de messages non lus et d’appels manqués. L’écran s’éclaire depuis quelques secondes à peine, que commence déjà la valse des « tings » qui raisonnent dans le silence du petit chalet. Je fais l’impasse sur tous les messages qui s’affichent les uns après les autres sur le petit écran mais je ne les efface pas, je me promets de les lire plus tard. Il est tant d’affronter la réalité, non pas que j’en ai réellement envie, mais je me dis qu’il est peut-être temps !

« Je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelles avant, mais c’était impossible. Je vais bien et je suis en sécurité, je t’aime »

J’évite soigneusement tout ce qu’il vient de se passer ces dernières semaines, je suis sûr qu’il est déjà très angoissé et ce n’est pas la peine d’en rajouter, je lui raconterais tout le moment venu. J’ai plein de flash dans la tête qui se bousculent, essayant de se frayer un chemin de mon subconscient vers mes pensées rationnelles. Les gens du village qui passent apportant de la nourriture, qui me tiennent un peu compagnie et quels que soient les souvenirs qui affluent, Gisèle est toujours présente. Je me rends compte alors qu’elle ne m’a pas quittée depuis le début, c’est une sensation douce-amère.

Je retourne m’installer à la cuisine où m'attendent déjà des crêpes disposées dans une assiette à côté de ma tasse à café. Je m’assoie face à elle et prends une crêpe que je porte à mes lèvres

Humm elles sont toujours aussi bonnes !

Je finis par fixer mon regard sur elle en lui demandant de continuer son histoire. Elle hoche la tête et prend une grande gorgée de café, avant de poursuivre son récit.

- Le lendemain tu n’étais toujours pas réapparu, alors je suis revenue m’assurer que tu allais bien et je t’ai trouvé là en train de pleurer. Je suis repartie sans me montrer et je suis revenue le lendemain et tu étais toujours à la même place. Le troisième jour, j’ai commencé à vraiment m'inquiéter alors je me suis approché, mais tu ne répondais pas, j’ai donc fait appel au médecin du village. Il est venu t’examiner, il m’a assurée que toute tes fonctions vitales était bonne et que tu souffrais probablement d’un syndrome post traumatique, mais dû à quoi nous ne le savions pas encore.

Elle fait une pause le regard dans le vague avant de reporter son attention sur sa tasse, le café a déjà refroidit mais ça ne l’arrête pas, elle la vide d’une traite.

- Il m’a clairement fait comprendre que tu pouvais rester dans cet état second durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois et que la meilleure façon pour te faire revenir était de te parler et surtout, il fallait arriver à te faire manger et boire régulièrement. Ce qui me semblait être une tâche compliquée c’est avéré en fait assez simple, tu mangeais et buvais ce que l’on te présenter sans rechigner. Le médecin a conclu que ton instinct de survie était bien plus fort que la dépression dans laquelle tu étais plongeais, ce qui était déjà une bonne nouvelle.

Je la regarde en clignant plusieurs fois des yeux et j’essaie d'assimiler tout ce qu’elle est en train de me raconter. J’ai l’impression de repartir deux ans ans arrière, mais à la différence que là, plus elle me parle plus je me rappelle de ce qu’il s’est passé. Je mange une seconde crêpe mais je laisse mon café qui est bien trop froid maintenant.

- Une semaine plus tard, j'ai décidé d’entreprendre des recherches sur toi, dans l’espoir de pouvoir retrouver ta famille. Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais persuadé que quelque part tu manquais à quelqu’un (elle soupire). Je me suis donc permise de fouiller dans ton sac et j’ai trouvé ton permis de conduire au nom de Cassandra Dubois Wilson. J'ai pensé que si tu t’étais présenté sous un faux nom, c’était que peut-être, tu fuyais un mari violent où…

- Non pas du tout, ce n’est pas ça, ça n’a rien à voir !

Je ne peux pas laisser penser ça de lui, impossible. Elle me fait un petit sourire en prenant ma main dans la sienne, avant de la tapoter.

- Je le sais aujourd’hui… J’ai fait des recherches internet sur ton nom et j’ai appris que tu venais de Bordeaux, j’ai trouvé plein d’informations sur toi mais rien qui n'arrivait à expliquer ta présence ici. Il y avait toujours l’énigme des photographies, je pensais qu’il y avait un rapport, mais je n’arrivais pas à saisir lequel.

Une sonnerie résonne autour de nous, un son que je ne connais pas, je tourne la tête pour découvrir que ça vient de mon téléphone portable que je n’ai pas penser à éteindre tout à l’heure. Je saute du tabouret et me dirige dessus pour découvrir le nom de Mickaël sur l’écran. Je ferme les yeux un instant en me demandant si je dois lui répondre. Ça fait tellement longtemps, une éternité j’ai l’impression, mais je ne suis pas sûr d’être encore prête à lui parler et encore moins à entendre la souffrance dans sa voie.

Je vais mieux, je suis enfin sortie de mon état léthargique, mais je sais que le chemin sera encore long et je ne suis pas sûr d’être encore prête à faire entrer quelqu’un dans ma vie maintenant. Pourtant j’hésite à prendre quelques instants pour le rassurer, je me dis que s’il entend le son de ma voix, il me laissera peut-être le temps dont j’ai besoin, je l’aime tant. La sonnerie s’arrête, je soupire et éteint mon téléphone… C’est peut-être mieux comme ça !

Je retourne m’installer à ma place pour entendre la suite parce qu'à mesure où elle me raconte l’histoire de ces quinze derniers jours, des morceaux du puzzle se forment dans ma tête. Tout se met en place et j’ai besoin de toutes ces informations pour me reconstruire et avancer. Je croise le regard interrogateur de Gisèle, je sais ce qu’elle pense.

- Pas encore, c’est trop tôt !

Elle hoche la tête pour me signifier probablement qu’elle comprend, mais je vois bien dans son regard que ça l’inquiète, que je l’inquiète. Et je ne peux pas l’en blâmer, je ne sais que trop bien comment c’est difficile d’être en face de cette situation, surtout quand il s’agit d’une personne que l’on ne connaît pas. Je lui fais un petit sourire pour essayer de la rassurer, je suis sur le bon chemin maintenant, j’en suis sûr.

- Continue !

- D’accord ! Quelques jours plus tard, j’ai pris la décision d'appeler le bureau de ton mari…

- Non !

Merde, il sait ? Pourquoi n’est-il pas déjà là ? Mon dieu, je ne suis pas prête, pas encore, qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Je baisse les yeux sur mon ventre qui me semble un peu plus rond que la dernière fois où je l’ai vu, je ne lui ai pas parlé de l'intrus, comment va-t-il réagir ? Je suis complètement perdue dans mes interrogations quand Gisèle reprend ma main.

- Détends-toi, je ne lui ai rien révélé de l’endroit où tu te trouvais, rassure-toi.

Je pousse un gros soupir en fermant les yeux. Je commence à avoir mal à la tête, alors je m’accoude sur le comptoir en la prenant entre mes mains tout en massant mes tempes.

Inspire, expire, inspire, expire...

La douleur s’éloigne doucement. Je me retourne vers elle en lui faisant signe de poursuivre.

- J’ai donc eu son bureau et on me l’a immédiatement passé au téléphone (elle sourit). On peut dire que tu as un mari qui sait ce qu’il veut, ce n’a pas était simple de lui faire entendre raison.

Je sourie, je ne le sais que trop bien, quand il s’agit de moi, il sait se montrer parfaitement irrationnel, mais je suis contente que Gisèle ait réussi à lui tenir tête. Je sais à quel point cela peut être difficile.

- Je lui ai bien fait comprendre que si tu ne lui avais pas révélé l’endroit où tu te trouvais c’est que tu ne souhaitais pas qu’il le sache et que ce n’était pas à moi de le lui dire. Mais que j’avais besoin de connaitre ton histoire, pour pouvoir t’aider. Après l’avoir longuement rassuré sur ton état de santé, il a fini par me raconter la disparition de ta sœur et j’ai fini par comprendre ce que tu faisais ici. J’ai assemblé les morceaux du puzzle, toutes les questions que tu posais, tout est devenu clair. J’ai fini par lui promettre de lui donner des nouvelles régulières, tant que tu ne serais pas capable de le faire toi-même.

Je lui suis extrêmement reconnaissante de tout ce qu’elle a fait pour moi, alors qu’il y a tout juste un mois elle ne me connaissait même pas et que je me suis montrée plus que désagréable envers elle. Qui de nos jours se montre aussi généreux envers une inconnue ? La réponse c’est Gisèle, cette femme incroyable qui ne porte que de l’amour en elle. Je me lève de mon tabouret et je la prends dans mes bras, parce que je n’ai aucuns mots assez forts qui me vienne pour pouvoir la remercier.

- Merci, pour tout !

Elle caresse mon dos d’un geste affectueux en me rendant mon étreinte. Je trouve du réconfort dans ses bras, un réconfort qui je m’en rends compte m’a réellement manqué. Ce n’était peut-être pas une si bonne idée que ça de faire ce voyage seule, j’aurais peut-être dû le faire accompagner. Mais au moment où je suis partie, je crois que j’avais vraiment besoin de me retrouver avec moi-même, alors qu’aujourd’hui, j’ai besoin de partager ça avec quelqu’un.

Quelqu’un qui connaissait Susanne, aussi bien que moi.

- De rien ma jolie.

Ces mots murmurés à mon oreille mettent un peu de baume sur mon cœur meurtri, ils apaisent un peu la douleur que je ressens encore au plus profond de moi, ils réparent quelques fissures de mon âme en miettes. Je suis loin d’être sortie d’affaire, j’en ai bien conscience, mais je sais que je vais y arriver, sûrement pas aujourd’hui, peut-être pas demain mais bientôt !

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