Le conseiller d'orientation

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Le lycée ne m'avait pas manqué, mais pas du tout pendant ces quelques jours de vacances. C'était sûrement dû au fait que j'avais vraiment eu des vacances. Les enfants de Mary étaient tous les deux partis chez leur grand-parents. Ils m'avaient invitée aussi mais clairement, j'avais supplié mon père en off pour qu'il fasse son possible pour ne pas que je termine là-bas. Officiellement, j'avais dit à Mary que Sophie m'avait invitée chez elle. Ma meilleure amie n'avait pas tardé à le faire d'ailleurs et j'avais passé mon samedi chez elle avec son frère aîné avant qu'il ne reparte en France. J'étais revenue chez moi le dimanche comme Brian et Tom. Le cadet m'avait sautée au cou, content de me revoir et il avait entrepris de me raconter toute sa semaine. Brian, m'avait regardée et avait hoché la tête. C'était sa manière de me dire qu'il m'avait vu. Il avait serré sa mère dans ses bras, la soulevant du sol.

-John est pas là ?

-Non, il est parti travailler, il est de garde.

-Okay. Je vais cuisiner pour ce soir, Maman, tu n'as qu'à te détendre un peu avec Tom. Il était hyper excité durant tout le trajet. Il voulait tout te raconter.

Avais-je bien entendu ? Brian ? cuisiner ? Le monde tournait à l'envers. Il embrassa sa mère sur la joue et monta dans sa chambre.

-Qu'est-ce que ça cache ?

J'étais devant la porte de Brian alors qu'il vidait sa valise.

-Que je fasse la cuisine ? C'est ce qui arrive quand on est élevé dans une famille mono-parentale avec une mère qui bosse énormément pour assurer à ses enfants une vie digne de ce nom. Alors oui, quand je peux, je cuisine pour que ma mère puisse se détendre. Tu peux te moquer de moi, je m'en fous royalement McAllister, ajouta-t-il en tournant pour la première fois ses yeux vers moi.

-Tu as une relation privilégiée avec ta mère, constatai-je.

-C'est mon seul parent. Tu devrais comprendre pourtant.

-Oui, je comprends.

-Tu as besoin de quelque chose en particulier, j'imagine, sinon tu ne serais pas encore là.

-Est-ce que je peux te piquer le second tome du Labyrinthe ? J'ai fini le premier.

-Ouais.

Je rentrai dans sa chambre pour reposer le tome que j'avais en main et prendre le second. C'est alors que je vis son ordinateur. Il y avait la vidéo du bal d'Halloween dessus, ouverte dans iMovie.

-Tu peux arrêter de fouiller dans mes affaires ?

-C'est toi qui a fait les vidéos pour Halloween, hallucinai-je.

-Bah.. apparemment.

-C'était une tuerie.. Quand tu as eu le temps de faire ça ?

Brian sourit d'un air énigmatique en remontant un pan de sa bouche, dévoilant sa fossette. Il ressemblait beaucoup à sa mère comme ça.

-La nuit. C'était rapide. Mais tu la fermes. Si j'ai pas mis mon nom, ce n'est pas pour rien. Si les gens apprennent que c'est moi, ils vont commencer à passer commande et clairement je n'ai pas envie de faire ce genre de choses à longueur de journée. Bon, dégage maintenant.

-Merci pour le livre.

Il referma sa porte derrière moi et je filais dans ma chambre. J'avais un mail de Ray. Depuis qu'ils étaient tous partis le mardi matin, il m'envoyait de ses nouvelles et moi des miennes. C'était adorable de sa part de tenir sa promesse, il n'était pas obligé et pourtant, il le faisait sans souci. Chuck, quant à lui m'avait envoyé le mardi soir une photo du groupe dans les coulisses de leur concert avec ce message façon carte postale : Salutation depuis New York, on aurait adoré que tu sois là. Je t'embrasse ! Quand j'avais vu son message, j'avais ressenti la douceur de ses lèvres sur ma bouche et dans mon cou. J'avais répondu un moi aussi. Cela voulait tout et rien dire.

Je restai quelques heures dans ma chambre jusqu'à ce que Brian ouvre la porte sans crier gare. Je refermai mon ordinateur. Il eut un sourire narquois.

-C'est prêt dans 5 minutes, tu as juste le temps de finir de mater ton porno.

Il referma la porte aussi sec. Quel saloperie ! Je me levai et je le suivis dans les escaliers.

-Pour ta gouverne, je ne regarde pas de pornos Miller contrairement à d'autres.

Je passai devant lui dans les escaliers et le narguai avant de filer dans le salon rejoindre ma belle-famille.

-Alors quel est le menu ?

-Le premier truc que j'ai appris à faire en cuisine.

-Des œufs ? essayai-je faisant rire sa mère au passage.

-Non, un Oyakodon. C'est un plat japonais.

-Tu cuisines... japonais ?

-Tu penses que je suis un bon à rien mais c'est pas vrai. Je sais faire beaucoup de choses.

-Je ne voulais pas te vexer Brian. Je ne t'ai jamais vu cuisiner ou faire mine de vouloir cuisiner c'est pour ça. C'est quoi un Oyakodon en fait ?

Brian sourit et il me fit signe d'attendre. Il arriva avec 4 bol. On aurait dit une omelette posée sur un bol de riz. L'odeur était très alléchante. Brian prit un coussin et se mit de l'autre côté de la table du salon, au sol.

-Ça a l'air super bon en tout cas.

-Ah merde j'ai oublié le thé vert Maman. Je reviens.

Il se releva alors que je prenais des baguettes. Il revint avec un plateau et à ma grande surprise, Mary prit un coussin pour s'assoir juste à côté de son fils. Tom se mit à rire et glissa sur le sol.

-Sans déconner ? On boit du thé et on mange par terre ?

-Tu manges où tu veux ma chérie.

Brian me lança un regard rempli de défi et je glissais au sol. Lorsque je mis la première bouchée dans ma bouche, j'ouvris grand les yeux. Brian leva un sourcil et cessa de manger.

-C'est super bon. Wow. Tu devrais cuisiner plus souvent, tu es doué.

-Serait-ce un.. compliment ?

-Peut-être. Alors, comment ça se fait que tu saches faire ça ?

-Je l'ai appris du meilleur ami de Maman, Gyôsei, quand on habitait encore à San Francisco.

-Vous avez habité à San Francisco ? balbutiai-je

Mary écarquilla des yeux et me sourit.

-Les garçons sont nés à San Francisco. On a déménagé à Los Angeles en janvier.

-Pourquoi en janvier et pas avant le début du lycée ?

-Maman a eu un poste plus intéressant et franchement, plus rien ne nous retenait à San Francisco. Rien du tout. On a bien fait de venir là de toute façon. Je t'ai jamais vu aussi heureuse Maman.

-Et moi je n'avais jamais vu mon père aussi heureux depuis des années, il ne l'était pas quand il sortait avec cette femme super creepy..

-De quoi tu parles ?

-C'est la première et la seule petite amie qu'il m'a présentée. Une connasse, je la détestais, il l'a larguée après deux mois de relation, comme un vrai goujat. Il l'a larguée par SMS. Par SMS quoi ! Tout ça parce que je lui ai dit que je l'aimerai jamais que ce soit maintenant, dans 6 mois ou dans deux ans.

-Tu es entrain de me dire que tu as approuvé notre relation ?

-Genre, Mary. Brian n'a pas donné son avis sur mon père lui qui a toujours un avis sur tout, même quand on lui demande pas ? Alors oui, j'avoue tu as eu ma bénédiction. C'est vraiment hyper bon ce truc. Faudrait que tu m'apprennes à le faire..

-Pourquoi je te filerai mes recettes ? Je ne vois pas en quoi tu le mérites.

-Brian.. sois un peu gentil avec Sarah s'il-te-plaît, le gronda gentiment sa mère.

-Je ne vois pas pourquoi je transmettrais des recettes pratiquement de famille !

-Sarah fait partie de la famille. Je te donnerai la recette.

-Non en fait, il a raison Mary. Je fais partie de ta famille parce que tu as épousé mon père mais lui et moi on est pas de la même famille. Je vais retourner faire chauffer de l'eau. Quelqu'un veut quelque chose ?

-Je vais y aller, fit Brian, reste à ta place.

-Non non. C'est bon, tu as fait à manger, je peux aller faire du thé.

Je me levai pour remettre de l'eau dans la bouilloire et je patientais. Brian avait raison, je n'étais pas de sa famille mais l'entendre dire m'avait fait un choc, étrangement. On cohabitait ensemble et c'était tout. Dès qu'on partirait à la fac, on aurait plus jamais de relations sauf pour les fêtes de famille, tous les deux. J'entendis quelqu'un derrière moi. C'était Brian.

-J'ai ramené la théière. Je ne voulais pas te vexer en fait. Excuse-moi si c'est le cas.

-Tu ne m'as pas vexée. C'est la pure vérité. On est pas de la même famille toi et moi. Je pense juste que tu as vexé ta mère. Tu sais le fameux délire des parents de faire de nous des frères et sœur.. Je crois que ça tient à cœur à Mary qu'on s'entende toi et moi. Alors, quand elle n'est pas dans les parages, je sais ce que tu penses de moi et toi de moi mais devant elle... Vas-y molo. Pour ta peine, ramène la théière, dis-je après avoir versé l'eau chaude sur les feuilles de thé.

Je retournai au salon en souriant, comme pour montrer à Mary que tout allait bien, que tout était okay.

-J'ai pas envie de retourner au lycée demain, tu pourrais pas me faire un mot pour me faire porter pâle...?

-Je pense qu'avec la semaine que tu as loupé avant, tu vas devoir mettre les bouchées doubles pour rattraper ton retard, alors non.

-Ça veut dire que tu serais prête à le faire pour moi, Maman chérie d'amour ?

-Maman chérie d'amour. Tu n'es pas crédible deux secondes mon ange. Je ne ferai de mots pour personne. Vous allez en cours. Tom, tu veux d'autre thé ?

-Non merci maman. En fait je suis fatigué, c'est quoi le dessert ?

Tom avait déjà fini de manger et il regardait son frère avec de grands yeux gourmands.

-Ton second dessert favori.

-Tu as faaait des makiiiiiis au nutella ??? Tu es le meilleur frère du monde.

-J'ai aussi fait des sushis à la gelée de framboise...

Je regardai Brian avec de grands yeux.

-Où est-ce que tu as trouvé le temps de faire tout ça toi ?

-Je suis organisé, tu sais le truc qui te manque pour avoir une excellente moyenne en algèbre, rétorqua-t-il avant d'éclater de rire. Tu n'as qu'à aller en chercher Tom. Ensuite tu n'auras qu'à aller te coucher.

Était-ce moi où il donnait des ordres à son frère comme si sa mère n'était pas là ? Tom obéit tout aussi vite. Brian plongea son regard dans le mien et cet idiot réussi à me faire rosir.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je n'avais jamais remarqué votre organisation familiale en fait. C'est un peu comme si, vous étiez deux à assurer l'éducation de Tom, c'est marrant.

Brian et sa mère se regardèrent et se sourirent mutuellement. Ils se ressemblaient vraiment beaucoup comme ça. Tom appela son frère et ce dernier en profita pour débarrasser la table.

-C'est sûrement un peu le cas, répondit Mary en regardant son premier-né s'éloigner. Lui et moi, nous formons une très bonne équipe. Je lui fais une confiance absolue et il a tellement été le baby-sitter de Tom. Chéri, tu as fait des folies ! Tu sais que j'adore les sushis à la gelée de framboises et à la mangue.

-Rien n'est trop beau quand on fait quelque chose pour une personne qu'on aime.

-Et comme tu peux le remarquer, j'ai aussi mis au monde un beau parleur. Alors ce séjour chez vos grands-parents ?

-Long, lâcha Brian. Entendons-nous bien, j'adore Grand-mère et le Colonel, mais j'ai cru que j'allais prendre 15 kg à force de manger.

-Je veux bien te croire.

-Pourquoi tu appelles ton grand-père le Colonel ? c'est bien ton père Mary, non ?

-Parce qu'il m'a demandé de l'appeler comme ça, rétorqua Brian d'un ton qui voulait clairement dire qu'il ne voulait pas poursuivre la discussion. En fait Maman, j'ai reçu un mail de l'école, et j'ai pas cours en début d'après-midi, on déjeune ensemble ?

-Avec grand plaisir.. Tom.. tu dors debout... Va te mettre en pyjama et j'irai te border.

Je me levai aussi après avoir mangé des makis au Nutella qui je devais l'avouer étaient excellent. J'allai dans ma chambre pour me brosser les dents et pour enfiler des affaires pour la nuit avant de redescendre. J'entendis de la musique classique depuis mon salon. Je m'arrêtai dans les escaliers un pied dans le vide.

-Brian mais qu'est-ce que tu fais ! gloussait Mary.

-Tu ne te souviens pas ? À San Francisco.. on dansait tous les deux parfois le soir. Je crois que j'ai un peu perdu. Ça me manque nos instants juste tous les deux. John est un homme bien pour toi, je le sais, je l'ai toujours su. Mais... ça me manque.

-Brian. Je t'aime, tu le sais. Je ne veux pas que tu penses que sous prétexte de mon mariage avec John, je ne t'accorderai plus le temps que tu mérites. Je suis désolée de l'apprendre et.. tu aimerais qu'on se fasse un week-end, juste tous les deux ? Je demanderai à John de garder Tom et on irait où tu veux.

-Ça me ferait super plaisir oui.

Je descendis les escaliers et je vis Brian en train de faire tourner sa mère, il la renversa en arrière et elle se mit à rire en me voyant. Brian releva la tête et sa mère aussi par la même occasion.

-Ça vous dit de regarder Avengers avec moi ?

-Oui je veux bien, moi. Brian ?

-Heu.. ouais, tu peux relire ma dissert' pour mardi par contre quand tu auras un moment ?

-Tu me l'as envoyée par mail ?

-Ce matin en PDF.

-Je vais la relire tout de suite, ça ne va pas me prendre plus de 5 minutes. Ne fais pas cette tête Brian, je suis sûre que c'est excellent comme d'habitude. Tu peux aller me chercher mon iPad dans ma chambre sur la table de nuit ?

Je devais regarder Mary bizarrement parce qu'elle me sourit et me caressa la joue.

-Brian a toujours peur de ne pas faire de bonnes dissertations, il ne le dit pas mais je le sais, alors je les relis et je lui donne mon avis, mais généralement, il mérite plus que largement les A que ses professeurs lui donnent. Merci mon chéri.

-C'est moi qui te remercie.

Je téléchargeai Avengers et le passai à la télévision.

-Tu viens de le télécharger.. légalement ? Sérieusement ?

-Mon père ne veut pas que je télécharge illégalement parce qu'il considère que tout travail mérite salaire. Alors il me permet de télécharger tout ce que je veux et il me donne le budget pour.

-Et tu obéis toujours à ton papounet ?

-Quand je ne trouve pas les trucs que je veux, je télécharge illégalement mais je finis toujours par l'acheter à un moment donné.. pourquoi tu crois qu'on a une armoire entière remplie de DVD ?

-C'est quoi le budget pour le téléchargement de film au juste ?

-Il est pas défini. Dès que je veux un film, je le prends. Mais si tu ne m'as jamais vu prendre un film comme ça c'est que ça fait longtemps. Je ne pense pas que Papa y verra un inconvénient si tu te télécharges des films. Du moment que ce ne soit pas du porno bien sûr, le taquinai-je.

Il me fusilla du regard.

-Pas besoin de regarder des pornos, j'ai une copine. Enfin.. je veux dire.

Sa mère venait de relever les yeux pour la première fois depuis le début de notre conversation. J'enclenchai le film pendant ce moment de répit.

-Sérieusement Brian ? J'espère au moins que tu te protèges ? Il manquerait plus que tu attrapes une maladie vénérienne.

-Oui c'est vrai ça Brian, j'espère que tu te protèges surtout avec Alexandra.

Là je n'en pouvais plus, j'éclatai de rire.

-Va te faire foutre McAllister. Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas que tu insultes ma copine. Je vais dans ma chambre, lâcha-t-il d'un ton vexé.

-Brian ! C'était une plaisanterie voyons, reste là, s'il-te-plaît.

Ils s'affrontèrent une seconde du regard et Brian se rassit à côté de sa mère et elle mit ses pieds sur lui pour ne pas qu'il bouge pendant qu'elle lisait sa dissertation. Il bascula sa tête en arrière contre le canapé, dévoilant sa gorge. Si j'avais été une vampire, j'aurais probablement planté mes canines dedans et je l'aurais vidé de son sang. Il tourna les yeux vers moi.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

Il réussit à me faire rougir cet idiot mais il semblait sérieux.

-Tu ressembles beaucoup à ta mère en fait.

-J'espère bien. Je vais me faire une tisane. Tu en veux Maman ?

-Hum hum.

-Tu en veux une Sarah ?

-Oui, je veux bien, mais sans crachat dedans de préférence.

Il me sourit et il se leva en décalant délicatement les pieds de sa mère. Il revint 5 minutes plus tard avec trois tasses et une théière.

-Brian, elle est parfaite ta dissertation, par contre, tu n'as pas mis de guillemets p.3 pour la citation de Gandhi, et j'ai noté une ou deux fautes de frappe. Je te l'ai renvoyé par mail avec mes commentaires.

-Merci beaucoup. En fait, on a un match vendredi en extérieur, tu as intérêt à être là.

-Comme toujours. Je suis ta fan numéro 1. Passe-moi ma tasse.

Je regardais le film mais mes yeux regardaient également du côté de Brian et de sa mère. Il avait posé sa tête sur elle comme s'il était un petit garçon et elle le tenait dans ses bras. Elle jouait avec ses cheveux. Ils étaient tellement proches et moi j'étais à l'écart de tout ça. Ils en avaient presque oublié ma présence. Je posai ma tête sur un des coussins du canapé et je plaçai mes jambes sous moi. Est-ce que je m'endormis lors de la bataille finale de Avengers ou juste après ? Je l'ignorais mais en tout cas, quand je me réveillai le lendemain matin, j'étais dans mes draps. Mon réveil n'avait pas encore sonné. Je me glissai hors de mon lit, me pris les pieds dans mes vêtements de la veille et faillis me prendre la porte de ma salle de bain, preuve ultime que le Ciel ne voulait pas que j'aille en cours ce matin là. Après une rapide douche, je me regardai dans le miroir. Après être passée entre les mains expertes de Mary et de son équipe de maquilleur pro, j'avais l'impression d'être un fantôme d'une pâleur extraordinaire. Je mis ma crème et un peu de mascara, ça suffirait pour les cours. Il fallait vraiment que j'investisse dans du maquillage un peu plus élaboré. Mais pour l'heure, je n'avais pas envie d'aller quémander de la poudre à Mary. Il faisait un temps épouvantable dehors. Il ne fallait pas que j'oublie mon parapluie.

Brian n'était pas dans la cuisine quand je me levai alors que sa mère, elle, était déjà entrain de préparer le petit déjeuner. Elle portait une robe bleue marine, une paire de talons. Classique mais parfaite, comme d'ordinaire. Toute sa tenue était maitrisée.

-Salut. Je me suis endormie hier pendant le film, non ?

-Oui. J'ai demandé à Brian de te porter dans ta chambre. En fait, j'ai un cadeau pour toi. Pour te remercier d'avoir prolongé ton stage pour nous dépanner. Tiens.

Elle me tendit un petit sac noir en papier et je l'ouvris, il y avait dedans un Dior Fluid Stick. Mirage et un miroir de sac Yves saint Laurent. Je levai les yeux vers ma belle-mère, elle souriait en faisant cuire les pancakes.

-Tu m'as.. il ne fallait pas. Ça me fait super plaisir Mary. Je vais l'essayer tout de suite.

Il m'allait à la perfection.

-Merci beaucoup. Tu me trouves comment ?

-J'ai toujours trouvé que tu étais une très belle fille Sarah. Maintenant, tu fais plus femme.

-Qui fait plus femme ? McAllister ?

Brian venait d'arriver, il avait des cernes sous les yeux et était en caleçon, les cheveux en bataille. Il avait dû veiller une partie de la nuit. Il bâilla, s'assit à côté de moi et me piqua un pancake dans mon assiette.

-Heu.. je t'en prie, sers-toi ! ironisai-je ne pensant pas deux secondes que monsieur irait en reprendre un second. Mais de toute évidence je me trompais.

-Ils sont trop bons tes pancakes Mum. Tu peux m'en emballer, le temps que j'aille prendre une douche ? Je suis grave en retard. Merci Mummy.

Il se releva et comme je n'entendis pas ses pas dans les escaliers, il avait sûrement dû aller dans la salle de bain du bas. La porte d'entrée s'ouvrit et mon père arriva. Il avait l'air totalement décalqué mais quand il posa ses yeux sur moi, son visage se détendit et il m'ouvrit les bras.

-Tu t'es bien amusée chez Sophie ?

-Oui, c'était super. Tu peux venir me chercher au lycée tout à l'heure ?

-J'ai une opération importante, je ne suis pas sûr d'avoir fini à temps, je t'envoie un SMS. Tu as quelque chose de différent Sarah. Tu as l'air.. plus adulte.

-Hum.. si tu le dis, j'ai oublié mon téléphone dans ma chambre, je vais le chercher, ne me pique pas mes pancakes.

Je plissai des yeux et remontai les escaliers. Quand je redescendis la voix de mon père me parvint.

-Je suis un peu vexé en fait. Je pensais que tu allais dire que tu ne dormais jamais bien sans moi.

-J'ai dormi plus de temps sans toi dans ma vie qu'avec toi.

-Mais tu ne peux pas faire ça sans moi.

Le bruit de mon père embrassant sa femme me parvint et me fit plisser du nez. Je toussai pour signaler ma présence et il s'éloigna d'elle à regret.

-Je t'emmène en cours Sarah. Ça fait un bail que je ne l'ai pas fait. Je te dépose aussi Brian ?

-Non, c'est bon. J'ai besoin de ma voiture. Par contre, si tu pouvais me passer 40$ pour l'essence, je te les rembourse tout à l'heure. J'ai un peu la flemme de remonter pour aller me chercher de l'argent.

Mon père se mit à rire et sortit son porte-feuille avant de lui tendre 50$.

-Tu n'as pas besoin de me rembourser Brian.

-Merci mec mais je te rembourserai, les bons comptes font les bons amis.

Mec ? sérieusement ? Mon père lui fit un clin d'œil et me piqua un pancake.

-Par contre, Maman, je serai pas là ce soir pour le dîner. Je vais chez Alexandra, ses parents m'ont invité. Du coup, on pourra pas aller courir John mais si demain matin tu es okay, je me lève plus tôt.

-Oui oui bien sûr. Vivre en décalé c'est toute ma vie. On passe chercher Sophie ?

-Je viens de lui envoyer un message et elle veut bien.

Mon père se leva, embrassa de nouveau sa femme et il s'étira. Cela me faisait bizarre d'être en voiture avec mon père pour aller au lycée, la dernière fois qu'il l'avait fait.. c'était l'an dernier. Avant l'anniversaire de Sophie où elle avait eu sa voiture.

-J'ai une opération prévue à Seattle dans un mois. J'aimerai que tu viennes avec moi.

-Sérieux ?

-Oui, sérieux. J'aime profondément Mary, tu le sais, mais je t'aime tout autant et moi aussi parfois ça me manque d'être seul avec toi. On en avait tellement l'habitude. Alors..

-En décembre ? À Seattle ? Je vais pouvoir commencer mes cadeaux de Noël comme ça. Et je t'aiderai à trouver un cadeau pour Mary. Premier Noël, tu as intérêt à taper fort..

-Tu penses ?

Mon père a eu l'air inquiet tout à coup. J'éclatai de rire et quand Sophie arriva, je me mis derrière avec elle.

-Merci de nous emmener John, c'est super cool. Vous étiez de garde cette nuit en plus, non ?

-Yep. Vous voulez un Macchiato ou un truc dans le genre ?

-Ouais, Brian et toi, vous m'avez piquée mes pancakes, j'en ai mangé qu'un seul. Je veux aussi un muffin.

Mon père lâcha son volant et sortit son porte-feuille qu'il me tendit, sans pour autant quitter une seule seconde la route des yeux.

-C'est bon j'ai de l'argent sur moi tu sais.

-Comme tu veux sweetie.

Il me déposa devant et je filais avec Sophie pour nous commander, trois gigantesques Latte Vanille et j'en tendis un à mon père. Il éclata de rire en voyant le Dr Papou écrit dessus.

-Je pense que ça vaut un selfie ça, mesdemoiselles.

Il sortit son téléphone et il nous prit en photo. Sur le gobelet de Sophie, il y avait écrit Raiponce et sur le mien Mérida. J'avais également pris des cronuts, si bien qu'en arrivant au lycée, j'en avais plein la bouche. Je vis Brian avec Alexandra, il l'embrassait devant le lycée, assis sur un muret.

-Hey McAllister ! me lança-t-il. Tu peux venir deux secondes ?

Je m'approchai de lui et ignorai Alexandra qui fit de même avec moi, ce qui m'allait très bien.

-Quoi ?

-Tu n'aurais pas de la monnaie sur 20$ ?

Je regardai dans mon porte-feuille.

-Un billet de 10, un de 5 et le reste en pièce, ça te va ?

-Ouais. Ça me va.

Il me tendit son billet de 20 et je me délestai de ma monnaie.

-Tu te trimballes souvent avec autant d'argent sur toi ?

Il regardait l'intérieur de mon porte-feuille. Je devais le regarder bizarrement parce qu'il leva les yeux au ciel.

-Tu as bien 50$ sur toi.. pour aller au lycée, tu crois pas que c'est exagéré ?

-Non. Et puis c'est bientôt l'anniversaire de Tom, je voulais aller lui acheter un cadeau ce soir.

-Tout sauf un sabre laser. Ça fait des mois que je me cotise pour lui en acheter un.

-Je pensais plutôt à un jeu d'échec.

-Un jeu de dames. Il va préférer et il n'en a pas, il est toujours entrain de taxer le mien.

-Okay. Merci pour l'info.

Je m'éloignai pour aller en cours. Je n'avais pas terminé mon Latte Vanille et je l'avalais par grande gorgée tout en parlant avec Sophie. Je m'arrêtaisdevant la porte de la classe et j'avalais rapidement mes dernières gorgées. La matinée de cours me parut d'une longueur.. mais d'une longueur ! C'était probablement la flemme post-vacances qui se jouait de moi. Ou alors le fait que j'avais été deux semaines sans aller au lycée, contrairement aux autres. L'après-midi, nous avions un "retour d'expérience de stage" avec le conseiller d'orientation, créature étrange venu d'un monde où les lycéens étaient joyeux et s'aimaient tous. Il était complètement à côté de la plaque et pourtant plutôt cool quand il voulait. Au lieu du traditionnel « Monsieur Connely » qui aurait été de rigueur, il voulait qu'on l'appelle Rob. Il était très bizarre. Et pour rajouter à cette étrangeté qui le caractérisait, il avait formé un grand cercle dans la salle avec les chaises. On pouvait tous se voir, et il n'y avait aucun moyen de s'enfuir. Ce retour d'expérience devait durer tout l'après-midi en plus. Et très clairement, entendre les autres parler pendant 3 heures, ça ne me faisait pas du tout envie, mais vraiment pas.

-Bon, vous avez passé de bonnes vacances ?

Sophie et moi nous nous regardâmes. Ça allait être très long. Rob portait un jean et une chemise. Qu'est-ce qu'il pouvait être maigre ? on aurait dit une grande tige. Il me faisait presque tort. Il était givré mais je l'aimais bien. Il essayait vraiment d'intéresser les étudiants.

-On va commencer par.. Alexandra. Raconte nous un peu ton stage.

Elle se mit à raconter son stage dans la direction de cette boutique de luxe en ville, dans le commercial. Les filles à côté d'elle était entrain de s'extasier. Finalement elle avait réussi à avoir un stage. Je regardai Sophie, elle dormait. Elle avait fermé les yeux et quand sa tête pencha, elle se redressa. J'avais envie de rire. Je regardai du côté de mon sac et je vis mon téléphone s'allumer à ce moment là. Je me penchai et je regardai qui m'avait envoyée un message. C'était Ray. On avait 3 heures de décalage avec New York. Je pris mon sac sur mes genoux et je regardais le message. C'était une photo de lui, en mode honteux. Il portait un pull avec un écusson.. Il avait un uniforme dans son lycée ?? Ça lui allait bien en plus ! J'ai oublié que tu reprenais les cours toi aussi. Toutes mes excuses ! J'espère que tout se passe bien. Je me tournai vers Sophie et lui fit signe de regarder. Elle sourit.

-Heu.. vous pourriez au moins faire semblant de vous intéresser à ce que dit Alexandra les filles.

Je levai les yeux.

-C'est le cas. Elle a joué à la vendeuse pendant 3 jours dans une super boutique de luxe et elle a rencontré Khloé Kardashian venue s'acheter un slip. Cool. Tu as fait un selfie avec elle pour immortaliser l'instant, tout le monde a pu le voir sur les réseaux sociaux. Je trouve ça super bien que tu t'intéresses au commerce. On sait quel tact tu as avec les gens, je suis sûre que tu serais parfaite dans ce rôle. Il faut avoir la tchatche et tu l'as très clairement. Et tu as le physique pour aussi. Faut savoir utiliser ses atouts dans la vie, alors je pense que la vente c'est parfait pour toi.

Elle était furieuse, les gens qui ne l'aimaient pas tellement dans la salle étaient morts de rire. Rob me jeta un regard qui clairement voulait dire que je venais d'abuser. Mais il se retourna vers Alexandra qui continua son petit résumé tout en me lançant un regard assassin. J'envoyai un message à Ray pour le remercier et lui demander un photo de lui en pied pour les annales. Je reposai mon sac au sol au moment où la copine d'Alexandra finissait d'expliquer son stage et passait la parole à Sophie puisqu'elle l'avait vue comme elle faisait un stage à l'hôpital, elle aussi mais du côté infirmier.

-Alors ? Tu as fait un stage infirmier toi aussi ?demanda gentiment Rob.

-Un peu oui, en fait j'ai fait un stage dans le service de chirurgie, j'ai pu aller au bloc et observer. Ça m'a juste confirmer le fait que la médecine était difficile mais gratifiant.

-Et elle a fait une garde de nuit aussi, ajoutai-je. Elle était totalement claquée le lendemain.

-C'est dur, c'est vrai, mais je pense que c'est surtout parce que je ne suis pas habituée, ce n'est pas comme un marathon de film ou de série, on va dans tous les sens. Ça ne m'a pas fait regretter mon choix d'essayer une école de médecine. J'ai vraiment été entouré de gens biens là-bas.

-Et toi Sarah ? Tu as fait quoi la semaine dernière ?

-Hum.. un stage comme tout le monde apparemment Rob.

-Et sans sarcasme ?

-J'ai été l'assistante de l'assistante de rédaction pour le magazine Eighteen.

-QUOI ?

C'était Alexandra. Elle avait des yeux exhorbités. C'est alors que je me rappelai la conversation que j'avais eu avec Sophie : j'ai entendu une conversation entre Alex et une de ses copines. Apparemment, elle est dégoûtée parce que tu sais.. pour le stage, elle a demandé à un magazine de la prendre mais.. ils ont refusé, parce qu'ils avaient déjà une stagiaire. Elle était persuadée de l'avoir et du coup, elle n'a pas de stage... Elle avait demandé à Eighteen. Et Mary avait refusé parce que je lui avais demandé à la dernière minute. J'avais le dessus sur cette pouffiasse. Ça ne m'était pas arrivée depuis des lustres.

-C'était toi la stagiaire qu'ils ont prise ?

-Oui, apparemment. Du coup je n'ai pas fait 3 jours de stage mais 4.. C'était intéressant parce que j'ai pu voir vraiment le fonctionnement du magazine et les arcanes du 4è pouvoir. J'ai pu suivre pas mal de monde et c'était amusant. Le métier de journaliste est difficile en réalité, je ne pensais pas qu'il l'était autant. Surtout dans un magazine de mode. Tout est étudié et validé, revalidé, re-revalidé. Rien que pour un shooting. C'est hallucinant de voir, non pas les mannequins mais le nombre de fois où tout est réajusté pour atteindre une perfection visuelle. C'est de l'art en fait. C'est pas le genre de magazine que je vais lire, mais maintenant je pense que je le vois d'un autre œil et la rédactrice mode est juste super.

-Alors ça veut dire que c'était bien toi au Dragon Fly dimanche sur le tapis rouge ? lâcha la copine d'Alexandra avant de rosir et de regarder Alexandra d'un air désolé.

Cette dernière ne voulait sûrement pas que l'information se diffuse. Elle eut l'air excédée.

-C'était nous en fait. Sophie et moi. Du coup si y'a bien un truc qu'on a retenu c'est qu'avec les flashes, faut vraiment faire attention. ça vous aveugle rapidement.

-C'est clair, ça reste sur la rétine un truc de fou, approuva Sophie. Et que pour danser toute la nuit, des talons de plus de 12 cm, c'est chaud.

-J'avais une mission, continuai-je, il fallait que je récolte des informations pour un article et que je fasse des photos. C'était une vraie responsabilité et c'est fou comme on se sent plus adulte avec une mission. Comme disait Sophie, c'est gratifiant de se dire que j'ai apporté ma pierre au prochain numéro.. D'autant plus que la rédactrice m'a dit que si je voulais refaire un stage chez eux ou dans un autre service de Fairchild Group elle me recommanderait sans souci.

Alexandra rageait dans son coin. Bon, j'en avais ajouté une couche et je cachais que c'était ma belle-mère, mais bon qui le saurait ?

-Mais c'est vraiment super ça Sarah ! sourit largement Rob. Tu penses continuer dans cette voie ?

-Je n'y avais pas spécialement penser mais oui, j'aimerai bien faire un autre stage dans un autre magazine. C'était positif Rob. Tu as aussi fait un stage dans un journal je crois Steve ?

Je détournai l'attention de moi, et je replongeai sur mon sac pour envoyer un message à mon oncle Elijah : je viens de rabattre le caquet à une connasse, tu aurais été fier de moi. La réponse arriva quelques minutes plus tard : je suis toujours fier de toi ? Elle s'est étouffée sur place ? . J'allais lui répondre quand Rob tourna les yeux vers moi. Je souriais trop pour que ce soit naturel. Il me fit les gros yeux mais il fallait dire que ce gars nous aimait bien Sophie et moi. Je ne savais pas trop pourquoi mais en tout cas, j'en profitais. À la fin du retour sur expérience de stage. J'avais l'impression d'être en vacances. C'était fou.

-Sarah !

Je me retournais et je vis Paul arriver presqu'en courant vers moi.

-Salut, je voulais juste savoir un truc..

Il avait une page à la main et je vis des gens s'arrêter dans le couloir. Ce n'était pas courant que Paul McDust me parle. Ils voulaient sûrement avoir des potins.

-C'est toi là ?

Il brandit la page qu'il avait. C'était Sophie et moi. J'étais pieds nus dans la rue, mes chaussures brandies dans une main et un hot dog dans une autre. Ma robe était remontée pratiquement sous mes fesses. J'avais l'air d'une catin entrain de faire de la tapin et Sophie riait appuyée contre un mur. Ça se voyait vraiment qu'on était saoules. Du moins que moi je l'étais et j'étais très reconnaissable.

-Tu as eu ça où ?

-Ça circule sur Facebook. Tu devrais faire gaffe à ce qui circule sur internet à ton propos. Parce que si ton père voit ça, tu vas morfler. Et encore c'est pas la seule. Sur le profil d'un pote, je t'ai vu entrain de l'embrasser au Dragon Fly. C'était pas très beau à voir, il était entrain de te ploter en plus.

-De qui tu parles ? Montre-moi ça tout de suite ! lui ordonnais-je

Il sortit son téléphone et se connecta sur Facebook. Et il me montra la photo. C'était moi, avec le tripoteur.

-Putain Sophie ! Regarde, c'est l'espèce de taré ?! Et c'est ton.. pote ? Tu as bien changé depuis le collège apparemment. Ce mec m'a tripoté pendant que je dansais sérieusement. C'est un pote qui l'a jarté de la boîte.

-Aaaah c'est le tripoteur. C'est quoi son nom ? C'est bon, je l'ai trouvé sur Facebook. Je vais lui envoyer un message pour qu'il enlève la photo. Non mais c'est quoi ce pervers ?? Il tripote une meuf et il essaye de faire croire que c'est la sienne ? C'est pathétique et tu traines avec ça Paul ? demanda Sophie en le regardant d'un air déçu.

-C'est pas vraiment un de mes potes potes en fait, c'est un mec que Marc connaît..

-Sérieusement ? lâchais-je un peu surprise.

-C'est un mec qui est avec lui en médecine.

-Mon Dieu. Un médecin pareil ? Horrible. Bon Sarah, on y va ? Il va nous falloir longtemps pour rentrer et on est à pieds.

-Je vais vous ramener en voiture.

-Non merci Paul. Ça ira.

-Ne sois pas comme ça Sophie. Il va falloir que je te le répète combien de fois que je ne savais pas pour Halloween ?

Il avait élevé la voix et il semblait fâché. Sophie écarquilla légèrement les yeux.

-Pourquoi tu cries au juste ? Je n'ai pas envie d'aller en voiture avec toi, surtout quand je sais que tu traines avec des gens peu recommandables.

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Tu veux que je le retire de mes amis facebook. Voilà ! C'est fait ! Tu veux que je cesse de suivre sur Twitter ? Voilà ! Qu'est-ce qu'il faut que je fasse Sophie pour que tu arrêtes de me regarder de haut comme ça , comme une statue de glace ?!

-Je regarde tout le monde comme ça et..

Son téléphone sonna. Elle me le tendit. C'était un message de Clive Il avait mis une photo de ses pieds entrain de se servir du thé. C'était hyper drôle. Je me mis à rire et quand je relevai les yeux, je vis que Paul était fâché et Sophie dépitée.

-Tu penses vraiment que je suis une fille hautaine et insensible ?

-Sophie, murmurais-je.

Elle était touchée par ce qu'il disait. Plus que je ne le pensais. Elle regarda autour de nous avant de partir en tournant les talons, le menton haut. Je regardai Paul comme s'il était débile.

-Tu comprends vraiment rien toi. Tu es un cas désespéré Paul McDust. On te retrouve sur le chemin. Son café préféré chez Starbucks, c'est le Caramel Macchiato. Dépêche-toi surtout.

Je rattrapai Sophie alors qu'elle sortait du lycée. Je l'avais rarement vu comme ça. Elle me regarda d'un air froid quand je la touchai avant que ses grands yeux bleus se réchauffent.

-On y va ? Tu es prête.

J'avais l'intention de cuisiner ma copine pour savoir ce qu'elle avait et j'allais le faire maintenant.

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