Confessions intimes

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-Je ne savais pas.. commençai-je alors que nous marchions dans la rue doucement.

-Quoi ?

-Paul.. il ne te laisse pas indifférente, n'est-ce pas ? Je veux dire.. ça te touche vachement ce qu'il fait ou ce qu'il pense de toi. J'avais pas remarqué.

-Paul était l'un de mes meilleurs amis.

-Arrête. Tu vois ce que je veux dire.

-On s'est embrassé. Chez toi. Quand on a fait le marathon avec Brian et lui. Quand on s'est engueulé. On s'est embrassé et il ne m'en a plus jamais parlé après. Jamais. Pas une seule fois.

Je stoppai net et elle ne tarda pas à le faire, elle aussi.

-Oh le con. Raconte.

-J'avais soif, alors je suis descendue dans ta cuisine pour aller prendre du thé. Et.. je me suis retournée et il était là, il se servait un verre de jus d'orange et on est remonté. Il m'a prise par le bras et il m'a embrassé. Pas un bisou sur la joue. Un vrai baiser. Le lendemain, je me suis excusée et ensuite.. je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Il s'est comporté comme un con et je crois que ça été la goutte d'eau à Halloween. Je suis déçue par lui. Je ne sais pas pourquoi.

-Tu crois pas que tu es un peu.. mais juste un peu amoureuse de lui ?

-Je ne crois pas non. J'ai juste été troublée c'est tout et.. mais qu'est-ce qu'il fout là ??

Paul nous attendait plus bas. Il avait 3 gobelets de chez Starbucks. Il m'en tendit un avec mon prénom dessus. Et il donna à Sophie, celui où il était écrit Sorry.

-Je ne suis pas froide et hautaine.

-Je sais. Tu ne l'es pas. Tu es parfaite comme tu es et j'aurais tort de vouloir te changer. Vous montez ? Je vous ramène chez vous.

-Comment tu sais que j'aime les Caramel Macchiato ?

Paul sourit tout en nous ouvrant la portière.

-Je sais beaucoup de choses sur toi, Sophie.

Elle s'installa devant et moi derrière. Il la laissa devant chez elle et je me mis à la place laissée par Sophie.

-Tu l'as embrassée ?

Paul blêmit et ses doigts se refermèrent sur le volant. Il me regarda.

-Je..

-Et tu ne lui as rien dit après ? Tu es un abruti Paul McDust.

-Elle ne voulait pas de moi de toute façon, je ne vois pas ce que cela change.

-Elle est fâchée parce que tu ne lui as rien dit. Elle est troublée parce qu'un gars qu'elle connait depuis l'enfance l'a embrassée une nuit et ne lui a rien dit le lendemain. Elle vient de me le dire.

Il ne dit rien du tout pendant un court instant. Il méditait sûrement.

-De toute façon, je ressors avec Chris alors, ça n'ira jamais plus loin entre Sophie et moi. J'ai eu un moment de faiblesse. Je m'en veux de l'avoir embrassée.

-Si tu lui avais demandé de sortir avec toi, tu ne t'en voudrais pas. Au moins tu aurais été fixé immédiatement sur ce qu'elle ressent pour toi.

-Si elle n'avait pas couché avec Brian, oui je pense que j'aurais pu lui demander de sortir avec moi, mais clairement, ça m'a refroidi. Et on est passé à autre chose.

C'est alors que je compris. Tout était de ma faute. J'avais dit à Paul qu'elle avait passé la nuit avec Brian et il avait cru comme moi qu'ils avaient fait plus que dormir dans le même lit.

-Oui, vous êtes passé à autre chose, mais juste pour ton information, elle s'est endormie sur le lit de Brian et il a juste eu la flemme de la déplacer dans ma chambre. Ils ont dormi ensemble, pas couché ensemble.

-Ça ne change rien de toute façon. Je sors avec Chris, répéta-t-il avec moins de conviction.

-Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie.

Paul se tourna vers moi et il sourit chaleureusement mais ça me paraissait faux.

-Ce n'est pas le cas. J'adore ma petite amie et je suis heureux avec elle.

-Tu fais quoi ce soir ?

-Hum.. Rien, je dois réviser pour un exam' en histoire demain. Pourquoi ?

-Pour rien de particulier.

-Tu veux que je t'aide à faire quelque chose ? Tu faisais la même tête quand tu avais 10 ans. Qu'est-ce qu'il y a ?

-Y'a un truc que j'ai moyennement compris en algèbre et avec ce qu'il s'est passé avec Marc, je me sens pas prête à lui parler de nouveau sans l'envoyer bouler comme la dernière fois alors.. Tu pourrais me filer un coup de main ?

-Oui. On est bientôt chez moi. Je te ramènerai pour le dîner.

-Je vais appeler mon père alors..

Mon sac était dans le fond, je fis la moue et j'entendis Paul rire un peu. Il prit son smartphone dans sa poche et le plaça dans l'emplacement destiné dans sa voiture. Il avait le numéro de chez moi dedans. Il mit le haut parleur. La voix de mon père résonna dans la voiture.

-Bonjour M. McAllister, c'est Paul.

-Salut Paul.. Brian est pas là par contre..

-Oui je sais, je suis en voiture avec Sarah, je voulais juste vous dire qu'on va étudier tous les deux avant le dîner et je vous la ramène dans.. 2h, ça devrait suffire.

-Oui oui, deux heures ça va amplement suffire, appuyai-je.

-Okay, étudiez bien alors les enfants ! À tout à l'heure.

Paul raccrocha et il éclata de rire.

-Ton père pense qu'on a une liaison maintenant. Il n'a pas du tout cru ce que je lui ai dit.

-Ne t'inquiète pas pour ça. Mon père pense que je suis une petite fille chaste et pure. Il ne croira pas deux secondes que toi et moi on peut passer du bon temps autrement qu'en sautant dans la piscine ou en s'arrosant avec des pistolets à eau comme quand on avait 5 ans. Enfin qu'on pourrait passer du bon temps. Ne me regarde pas comme ça.

-C'est juste que.. non rien.

Il attendit que le portail de son jardin s'ouvre et il s'engagea dans l'allée avant de se garer dans le garage. Je récupérai mon sac à l'arrière et il en profita pour m'ouvrir la portière. C'était gentil.

-Bonjour Mme McDust.

-Sarah ! Comment vas-tu ma chérie ?

-Elle va bien, ça se voit non ? rétorqua Paul. On va étudier dans ma chambre. On a besoin de calme.

Il me prit par la main et m'entraina à l'étage.

-Par contre, c'est le bordel dans ma chambre et je vais aller prendre une douche rapidement, j'ai eu un entrainement.. Fais comme chez toi. Si tu as soif ou un truc dans le genre..

-Tu viens de m'acheter un Macchiato Venti. Sérieusement, je n'aurais pas soif avant longtemps.

-Okay.. je reviens dans 10 minutes.

Sa chambre était « bordélique », il y avait des cartons de pizzas à trainer, des canettes de bières et de soda dans la poubelle, des livres de cours au sol ouverts et deux trois jeans au sol. Même son lit n'était pas fait. Je m'assis sur l'un des fauteuils et je retirai mes chaussures. J'avais mal depuis le matin. J'avais le début d'une ampoule.

-Paaaul ? Tu aurais pas un pansement par le plus grand des hasards ?

La porte de sa salle de bain s'ouvrit et il apparut en caleçon.

-Qu'est-ce que tu as dit ?

-Tu n'aurais pas un pansement ? J'ai presque une ampoule et..

-Attends deux secondes, je reviens.

Il revint effectivement deux secondes plus tard et il me tendit un pansement. Je le remerciai et allais parler quand sa porte s'ouvrit. Et je vis Marc. Il avait bronzé et il se figea quand il me vit. Mon cœur fit un raté. Son regard passa de son frère en caleçon, au lit défait et à moi avec ma chaussette dans la main.

-Maman voulait savoir si tu restais dîner avec nous.

-Non. Je la ramène chez elle après, j'ai oublié de lui dire. C'est tout ?

-J'avais besoin d'aide, mais tu es occupé... apparemment.

Il allait refermer la porte. J'étais horrifiée.. pourquoi ? Parce que j'avais la sensation que Marc m'en voulait, il pensait que son frère et moi nous avions.. que nous avions..

-Marc, attends ?!

Je me levai précipitamment, mais il avait déjà fermé la porte. Je regardai Paul.

-Je..je reviens, habille-toi pendant ce temps là.

Je rouvris la porte et j'allai vers la chambre de Marc. Je ne frappais pas. Je n'en avais pas besoin, je savais qu'il était là et qu'il venait juste d'entrer. Sauf qu'il n'y avait personne. J'entendis des bruits dans la pièce à côté. La porte n'était pas totalement fermé et je vis Marc. Il avait retiré son T-shirt et il donnait des coups dans un sac de frappe. Il donna un coup de pieds dedans, il s'arrêta et quand il se retourna, il me vit.

-Tu as besoin de quelque chose Sarah ?

-Juste te dire que ce n'est pas parce que Paul était en caleçon, que son lit était défait et que je remettais mes chaussures, qu'on a couché ensemble. J'ai des ampoules aux pieds et il est parti se doucher, il n'a pas eu le temps au lycée. On est juste là pour étudier.

-Tu n'as pas besoin de me donner des explications.

-J'en avais envie.

Il refrappa dans le sac suspendu, comme si je n'avais rien dit.

-Je suis désolée.

Il s'arrêta, il parut surpris.

-De quoi ?

-De t'avoir parlé n'importe comment la dernière fois qu'on s'est vu. C'est pas mon genre.

-Si tu le dis.. J'en sais rien, ce n'est pas comme si toi et moi on avait été amis par le passé. Je ne sais pas ce que tu penses Sarah.

Je ne répondis rien à cela. Je ne savais pas quoi dire en fait.

-Je suis une fille bien, je pensais que tu le savais.

-Je ne remets pas en doute ton éducation Sarah ou ton bon sens. Je te dis juste qu'on n'a pas eu vraiment l'occasion de se parler, parce que immanquablement, j'étais attiré par toi. J'avais envie de te prendre dans mes bras, de t'embrasser, de sentir ton odeur. Alors..excuse-moi, je ne devrais pas te dire ce genre de chose.

-Je préfère quand tu es honnête avec moi. Par exemple sur le fait que tu ne voulais pas sortir avec moi. En fait.. je ne sais pas pourquoi je m'excuse ! Parce que.. quand on a des sentiments pour quelqu'un on a pas envie d'être rejetée. Et toi, tu m'as rejetée. Tu m'as fait comprendre que je n'étais pas assez bien pour toi !

-Je t'ai dit que tu étais mineure et moi un majeur, que j'en avais envie mais que.. merde, je peux aller en taule pour ça.

-Mon père.. t'envoyer en prison ? Vu qu'il est lui-même sorti avec une mineure à ton âge, ça m'étonnerait tu vois, mais tu ne sembles pas comprendre à quel point j'ai été blessée ! Tu es le premier gars que j'ai embrassé, je.. tu me troubles depuis que je sais faire la différence entre un garçon et une fille. Mon cœur fait des ratés quand je te vois. Tu es le premier et tu m'as rejetée. Déjà que j'avais pas une haute opinion de moi-même mais alors là, tu m'as.. je me suis sentie rabaissée plus bas que terre. Il fallait que tu saches.

-Tu aurais pu me le dire avant Sarah, si tu avais répondu à mes appels. J'aurais pu te dire que je me suis comporté comme un con. Un vrai con et que au moment où j'ai franchi le seuil de ta maison, j'ai eu envie de remonter dans ta chambre et de te dire que..

-Ah vous êtes là ! lâcha Paul derrière moi me faisant sursauter.

-Oui, murmura Marc. Tu peux nous laisser deux secondes, on était en train de parler.. en privé.

-Sarah ?

-Oui, je te rejoins dans deux minutes, Paul. Qu'est-ce que tu voulais dire ?

-Que.. ça n'a plus d'importance.

-Ça en a pour moi, Marc. Retire tes gants et dis-moi. Qu'est-ce que tu m'aurais dit le jour où Brian t'a foutu dehors ?

-Que tu me troubles. Plus que je saurais le dire. Et jeudi dernier, quand ton ami m'a appelé avec ton téléphone. Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai été paniqué de ne pas t'entendre.. j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose, j'ai été à deux doigts de prendre un billet d'avion et de revenir. Et dimanche, tu as eu l'air.. si froide et hautaine ! Tellement plus..

-Adulte ?

-Oui. Tellement plus adulte, et tu étais tellement..belle dans ta colère. Je sais que ça fait cliché de dire ça mais j'ai.. bref. Je pense que les deux minutes sont écoulées. Tu devrais retourner auprès de mon frère, à moins que tu ne veuilles que je t'aide à étudier. Ton père voulait que je t'aide en algèbre, non ?

-Je ne m'en sens pas.. pas tout de suite. Laisse-moi du temps pour pouvoir être dans la même pièce que toi sans avoir envie de te coller une gifle ou..

-De m'embrasser ?

-Tu es présomptueux un peu non ?

Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire comme une idiote, il m'avait percée à jour et en réalité, j'avais envie de partir de cette pièce avant que mon cœur, qui commençait à faire des bonds depuis qu'il m'avait présentée ses excuses et qu'il m'avait parlée à cœur ouvert, ne me pousse vers lui. J'avais envie de courir me réfugier contre ses muscles et qu'il m'embrasse. Je croyais être fâchée contre lui. J'étais fâchée contre lui mais... en même temps, comment rester longtemps fâché quand Marc McDust vous disait qu'il était désolé ? Il voulait être pardonné. Je le voyais. Il ressemblait beaucoup à Paul pour ça.

-File avant que je fasse quelque chose de vraiment téméraire. Sarah ? Je suis content qu'on ait parlé et ne t'inquiète pas. Je sais que tu as besoin de réfléchir à ce que je viens de dire. Je ne reviendrais vers toi que si tu me rappelles. Et tu n'as pas besoin d'être plus expérimentée pour ça.

Je m'étais tournée et j'avais posé ma main sur la poignée de porte. Je m'étais figée en entendant ça et ma matinée avec Chuck m'apparut devant les yeux. Je déglutis et j'ouvris la porte pour rejoindre Paul dans sa chambre, il était au téléphone tout en rangeant sa chambre.

-Oui.. Non.. Oui..

Il me fit un clin d'œil et je m'assis sur son lit fait.

-Honnêtement je ne sais pas. Pourquoi tu ne lui demandes pas sérieux ? Attends deux secondes. Tu connais le plat préféré de Brian, Sarah ?

Je levai les yeux, Paul me regardait, il attendait que je lui réponde.

-Il mange de tout. C'est un gouffre, pas un garçon. Pourquoi ?

-Il mange de tout, c'est bien ce que je t'ai dit. Et sérieusement Alex.. Brian et moi on est vraiment des supers amis mais je ne le connais pas si bien que ça. Tu devrais vraiment l'appeler. Oui, je suis occupé en fait. Oui.. Et alors.. En quoi ça te regarde ? Tu peux lui dire ce que tu veux, je m'en contrefous en fait. Oui, fit-il sèchement. À demain. Bon, on bosse quoi ? L'algèbre ?

-Oui je veux bien.

-Pourquoi tu demandes pas à Brian ? Il est hyper bon, genre.. brillant en algèbre. J'ai jamais vu un gars résoudre un exercice aussi vite.

-Parce que la dernière fois, il m'a demandée de le payer, alors que je voulais juste un coup de main pour une équation. Et puis.. je.. non. Il se moquerait de ma faiblesse jusqu'à la fin des temps.

Paul rit et je le regardais bizarrement sûrement parce qu'il se sentit obligé de s'expliquer.

-Vous avez une relation ultra chaotique.

-Je ne vois pas ce qui est drôle.

-Et bah.. vous avez une relation très fraternelle en fait. Tu es un peu son bro. Je pense que Marc et moi on se fighte de la même manière, bon en plus violent parce qu'on hésite pas à utiliser nos poings en général, et Brian taperait jamais une fille..

-Mouais.. pas convaincue, marmonnai-je en repensant à toutes les fois où il m'avait bousculée. On peut arrêter de parler de Brian ?

-Comme tu veux. Bon, qu'est-ce que tu n'as pas compris ?

En fait Paul McDust était un gentil garçon, je l'avais toujours su dans le fond. Il m'avait manqué un peu toutes ses années où il ne nous avait plus parlé. Je m'en rendais compte alors que nous étions tous les deux sur son lit.

-C'est bon, tu as compris ?

-Oui. Merci beaucoup, on a mis moins de temps que je le pensais. Pourquoi tu me regardes comme ça ?

-En fait c'était pas désintéressé comme situation. J'ai un truc à te demander. Tu peux parler à Sophie de moi, mais en bien ? Je n'aime pas savoir qu'elle m'en veut.

-Oui. Je vais le faire.

Alors qu'il allait me ramener chez moi et que nous descendions les escaliers, le père de Paul arriva et je vis ce dernier se raidir. Je ne savais pas pourquoi. J'aimais bien le père de Paul depuis toujours. Il était un peu comme un gros ours. Mais Paul était clairement sur la défensive.

-Bonsoir monsieur McDust.

-Sarah McAllister. Ravi de te revoir, tu es belle comme tout dis-moi.

-Merci.

-Tu restes avec nous ce soir ?

-Non, Paul va me ramener.

-J'ai besoin de Paul. Je vais t'appeler un taxi.

-Je vais raccompagner Sarah. J'ai dit à son père que je le ferai et je compte tenir parole.

-Si ton père a besoin de toi, je suis sûre que..

Paul me lança un regard noir qui me fit rougir bien malgré moi.

-Ne discute pas Paul. Ton frère est là de toute façon, il n'a qu'à raccompagner Sarah. Marc ! appela-t-il.

Le frère de Paul descendit les escaliers et quand il vit son père, lui aussi parut surpris.

-Oui papa ?

-Tu peux raccompagner Sarah chez elle, j'ai besoin de Paul.

-Je.. En fait, on devait aller la conduire tous les deux parce que Paul..

-Vous êtes décidemment, les enfants les plus contrariants que la Terre ait porté. Puisque c'est ainsi, Sarah, je vais te raccompagner, vous n'avez qu'à rester ici et réparer seuls le moteur de la voiture de votre mère.

Il me prit par le bras et je lançai un regard ahuri aux frères McDust dont les deux visages venaient de se refermer en même temps.

-C'est gentil de me raccompagner chez moi, marmonnai-je pour faire la conversation alors que je ne savais vraiment pas quoi dire et que je montai dans sa voiture.

-Tout le plaisir est pour moi. Comment va John ?

-Ça va, ça va.. Il travaille pas mal en ce moment, je n'ai pas trop le temps de le voir en fait.

-Et ta nouvelle belle-mère ? Ça va avec elle ? La première fois que je l'ai vu, j'ai trouvé que c'était une femme magnifique, mais j'imagine qu'elle ne se limite pas à son physique.

-Non, en effet. Elle est très aimable. En fait, ça vous dérange de me déposer chez Sophie ? Je l'aurais demandé à Paul. J'ai un de ses livres avec moi.

J'avais surtout envie d'échapper à cette situation d'interrogatoire forcé.

-Oui, bien sûr. Nous sommes bientôt arrivés.

Il se gara et alla m'ouvrir la portière.

-J'espère que tu traineras plus souvent à la maison, ça m'a fait plaisir de te revoir comme ça, comme avant et puis, je suis sûr que tu auras une bonne influence sur mes fils.

-Ça ne dépend pas de moi monsieur McDust. Bonne soirée.

Il posa sa main sur mon épaule et il la serra avant de me laisser toute seule devant la porte de Sophie. Je sonnai et je vis ma copine ouvrir la porte, elle avait l'air excédée.

-Dis que tu as besoin de moi très fort et tout de suite, please !

-Sophie ! Je suis vraiment désolée, mais est-ce que tu pourrais me ramener chez moi ?

Je vis le père de Sophie passer derrière. Il avait passablement excédé, il ressemblait beaucoup à sa fille comme ça.

-Bonsoir ! Je suis désolée, mais en fait j'étais chez les McDust, j'ai décidé de repartir à pieds chez moi mais je me suis fait mal à la cheville, Sophie peut me ramener ?

-Je vais rester dormir chez Sarah.

-Sophie..

Elle me poussa et referma la porte d'entrée.

-Maintenant on court jusqu'à ma voiture. Mon père m'a ga-vée, ajouta-t-elle en claquant sa portière et en actionnant la clef de contact. Il a commencé à poser des questions sur mes... comment dit-il déjà ? fréquentations. Sérieux. Uniquement parce qu'il a vu la photo trop conne de Clive qui a pris en photo son caleçon.

-Il a pris une photo de son... caleçon ?

Sophie tourna les yeux vers moi, elle avait du rire dans les yeux.

-Non mais en fait, il était entrain de me dire qu'il était patriote jusqu'aux sous-vêtements qu'il portait. Du coup il a déboutonné son jean et il a pris en photo son caleçon et mon père a regardé dans mon téléphone. Tu te rends compte ? Genre mon téléphone sonne et lui il regarde quoi. Et après il a commencé à péter son câble. C'est quoi cette éducation ? Qui c'est ce Slund' ?

Nous avions remarqué pendant la soirée qu'Owen appelait Clive, Slund, mais uniquement en privé. Ça nous avait fait rire et apparemment Sophie l'avait noté sous ce nom dans ses contacts.

-Je ne le connais pas. poursuivait mon amie tout en imitant son père. De toute façon, depuis que tu as commencé cette année, tu as changé. Je dirais même que depuis que tu es partie à Santa Monica cet été, je ne te reconnais plus. J'ai failli lui dire que c'est parce que je ne suis plus une ado mais une jeune adulte, mais tu es arrivée. Honnêtement Sarah, tu trouves que je suis devenue une pouffiasse depuis le début de l'année ? Genre je suis devenue une salope qui sort tout le temps ? Je ne sais pas. Je ne crois pas avoir changé. On a été à.. quoi, 2 fêtes. 2. Et on est toujours rentré chez toi, on a jamais rien fait, quoi ! Est-ce que je suis une dévergondée ?

Ma sœur de cœur était fâchée. Vraiment fâchée et dégoûtée.

-Non, tu es exactement comme avant. De toute façon, tu sais que mon père te considère comme sa fille bis, que ma belle-mère trouve que tu es sensée et que même Brian t'adore. Alors, tu es toujours la bienvenue.

-Je ne sais pas ce que je ferai sans toi, Sar'.

-Tu serais la même. Tu n'aurais pas de refuge, mais tu serais la même. D'ailleurs, j'ai eu une conversation intéressante avec Paul. Il veut que je te parle de lui, mais en bien. Je pense qu'il craque sur toi mais qu'il n'ose pas, il attend que tu fasses le premier pas.

-Ça n'arrivera pas.

-Il ne le sait pas. Je te parie 50 billets qu'il craque et qu'il te plaque contre un mur avant la fin de l'année scolaire.

-Okay. Prépare ta monnaie dès maintenant.

Nous arrivâmes chez moi et mon père nous ouvrit la porte. Il était en short. Mon père avait racheté pas très loin d'ici un appartement et pour le moment, il s'en servait de salle de sport privée, parce qu'il avait selon ses dires : la flemme d'aller avec d'autres gens pour faire du rameur. J'avais supputé, quant à moi, que c'était pour ne pas révéler au monde entier qu'il écoutait du Hard métal en faisant des abdos. Il allait sortir de la maison.

-Tu restes dormir ?

-Oui, si ça ne vous dérange pas avec Mary.

-Sophie, à une époque, j'ai songé très sérieusement à te donner un jeu de clefs et tu es entrain de me demander si tu me gênes ? Jamais de la vie. je voulais juste aller courir un peu. Je reviens dans 45 minutes. Mary est dans son bain et Tom..

On entendit un boum dans la maison.

-Il est quelque part..continua-t-il en riant. Vous cherchez un film pour ce soir ?

-Oui oui. File.

Mon père m'ébouriffa les cheveux, ce dont j'avais horreur et je montais dans ma chambre avec So'. J'avais envie de lui parler de Marc. De ce qu'il m'avait dit. J'avais envie de lui parler de Chuck. De ce qu'on avait fait ensemble. Je n'en avais parlé à personne. Mais une fois dans ma chambre, je n'en avais plus envie, du moins pas comme ça. Je voulais savoir avant. Savoir la raison pour laquelle elle était si contrariée parce que je me doutais qu'il y avait autre chose. Elle regardait par la fenêtre, plongée dans ses pensées.

-Toi et moi, on est amie n'est-ce pas ? Presque des sœurs ? finit-elle par dire. On se fait une confiance absolue ?

-Oui. Absolue.

-J'ai couché avec Clive. Le soir du Dragon Fly. On a couché ensemble. C'était.. wow. Vraiment super. Mais.. Je ne suis pas amoureuse de lui. Pas du tout même. Je le suis toujours pas, je le considère comme un ami.

Elle allait continuer mais elle s'arrêta. Elle regarda de nouveau dehors, elle avait besoin d'un peu de temps pour trouver ses mots.

-Ça fait de moi une salope ? Tu crois que le sous-entendu de mon père est vrai ? Que je suis une sorte de Marie-couche-toi-là ?

-Non. Je crois que Clive t'a trouvée sexy, ce que tu es, que tu l'as trouvé sexy, c'est ce qu'il est et que.. vous étiez tous les deux consentants. Je crois que tu ressens quelque chose pour lui mais je crois que tu ne sais pas quoi. Y'a tout de suite eu un feeling entre vous. Tu n'es pas une pute pour autant. Crois-moi. Tu n'es pas une pute répétai-je. Et puis.. je crois que toi et moi on est pas si différente.

Elle me regarda sans comprendre et elle finit par ouvrir grands les yeux.

-Tu.. Oh my fu**ing God ! Tu as.. avec.. Chuck ?

-Oui. J'ai perdu ma virginité avec Charles.. enfin Chuck. Tu es la seule à le savoir d'ailleurs. Il a dit qu'il ne dirait rien parce que ce n'était pas son genre de parler de sa vie sexuelle ou de se vanter.

-J'arrive pas à y croire.

-Moi aussi j'ai un peu de mal mais pourtant c'est la vérité.

Sophie se leva et se mit devant moi.

-Et alors ? C'était.. c'était comment ?

-Fantastique.

Elle se mit à pousser un petit cri et elle éclata de rire.

-Je sais pas comment dire autrement, balbutiai-je. Si. Fa-bu-leux. Je me suis jamais sentie aussi bien de ma vie. Comme si.. mon cœur allait exploser tu vois ?

-Je vois trèèès bien.

-Tu peux pas savoir à quel point ça me fait du bien de te le dire. C'est un truc de fou. Je me sens libérée.

-Libéréééeeee, déééélivréééééeee je ne mentiraiii pluuuussss jaaaaaammmmaaais, hurla ma copine en se mettant debout sur mon lit avant de se laisser tomber dessus.

J'hurlai de rire tant et si bien que Tom débarqua dans ma chambre. Il avait cru que j'avais un problème. C'était mignon de sa part.

-Bon, je vais devoir l'enlever de la liste de mes fantasmes, dit-elle alors que nous parlions d'autres choses. Tu sais, le top 10 des mecs avec qui s'envoyer en l'air avant de mourir. Chuck Grass faisait parti de ma liste.. Remarque... il devait aussi faire parti de la tienne. Tu vas devoir le rayer, rit-elle, mais pas pour les mêmes raisons que moi. Je ne peux pas décemment fantasmer sur un mec qui n'en a que pour toi, sans vouloir te vexer.

-Je ne suis pas vexée et il ne pense pas qu'à moi.

-Tu as eu de ses nouvelles, depuis qu'il t'a emmené au septième ciel, je veux dire ?

-Hum.. oui. Il m'envoie des mails.

-Il pense à toi alors, ce n'est pas juste un connard qui voulait passer du bon temps de l'autre côté du pays. Sinon, tu n'aurais pas eu de ses nouvelles.

-En fait, en parlant de ça.. je...

On frappa à ma porte et je me tus alors que mon père passait sa tête.

-Sarah, je peux te parler deux secondes ?

Il avait un ton sérieux et un visage sérieux : donc très mauvais signe. Je me levai et le suivis dans le couloir.

-Oui ?

Je refermai la porte et bientôt j'entendis de la musique dans ma chambre.

-Qu'est-ce que tu voulais ?

-Le père de Sophie vient d'appeler, il n'avait pas l'air d'accord pour qu'elle reste à la maison.

-Il lui a dit qu'elle était une sorte de pute parce qu'on a été au Dragon Fly dimanche. Elle ne peut pas rester chez elle. Je lui ai dit qu'elle pouvait rester.

Mon père fronça des sourcils. Il était mécontent mais pas contre moi.

-Je lui ai dit que c'était prévu de longue date et que je comptais sur elle pour me faire relire son rapport de stage. Je n'aime pas mentir mais je me suis douté de quelque chose comme..

On sonna à la porte.

-Comme ça. Mais la prochaine fois, ne me mettez pas dans une situation pareille.

-Oui papa. Attends, ce n'est pas la voix de..

-John ? Tu peux venir deux secondes ? l'appela Mary.

Mon père me fit signe de rester et il descendit les escaliers.

-So' ? Ton père est en bas.

-QUOI ?

-Il a appelé mon père pour lui dire qu'il n'était pas d'accord pour que tu restes ce soir. Du coup, mon père a menti, il a dit qu'il voulait relire ton rapport de stage.

-On a pas de rapport de stage.

-Maintenant oui.

-J'adore ton père, tu penses qu'il pourrait m'adopter ? Je préfère vivre dans ta famille de dingue que dans la mienne.

Mary frappa à ma porte avant d'entrer. Elle paraissait ennuyée.

-Si j'étais vous les filles, je ne ferai pas de bruit, pour éviter de me faire remarquer. Ton père a l'air particulièrement énervé Sophie.

J'entendis de éclats de voix. Mary nous fit signe de rester et Sophie et moi laissâmes ma porte ouverte. Mon père si calme d'ordinaire avait levé la voix.

-Nick ! Tu as toujours été mon ami, on se connaît depuis le lycée tous les deux, mais soyons bien clair, redis encore une fois que ma fille a une éducation laxiste et je te plante un scalpel dans ta jugulaire, compris ? J'ai fait comme j'ai pu à la mort d'Elena et j'ai élevé une fille bien, plus que bien et ta fille aussi est une fille bien. Tu ne mesures pas la chance que tu as.

Je ne discernais pas ce que répondit le père de Sophie. Mais je regardais ma copine, elle n'était pas bien du tout. J'entendis soudain comme un bruit de chute et la voix de Mary qui criait. Sophie se précipita dans les escaliers et je la suivis en la retenant par le bras. Mon père avait plaqué le père de ma meilleure amie contre le mur et Mary retenait son poing.

-Tu sors de chez moi ! hurla mon père. Tant que tu te comporteras comme un con, elle restera là.

-Papa ?

Sophie avait l'air horrifiée. Son père tourna les yeux vers elle, clairement, il avait picolé, je n'avais pas besoin d'être près de lui pour le voir. Il avait comme un voile devant les yeux. Il avait voulu faire un pas vers elle mais mon père se mit devant l'escalier, devant nous. Le père de Sophie regarda sa fille, mon père et il se détourna avant d'ouvrir la porte et de sortir. Mon père saisit les clefs de sa voiture et le suivit, mais avant, il se retourna vers moi.

-Vous restez là, je le ramène, il est venu à pieds.

-John..

-Tu restes là Sophie, je m'occupe de Nicholas.

Les genoux de Sophie la lâchèrent et elle se rattrapa à la rambarde de l'escalier avant de s'assoir. Mary monta les escaliers et elle la prit dans ses bras.

-Regarde-moi Sophie.

Ma belle-mère lui souleva le menton. Sophie pleurait.

-Ton père avait trop bu, je l'ai vu tout de suite en ouvrant la porte. Vraiment, ne te focalise pas sur ça. Et comme l'a dit John, tu restes là, tu es en sécurité et tu es toujours toujours la bienvenue. Allez, suis-moi.

Elle monta les escaliers avec ma meilleure amie et elle me demanda d'aller éteindre la plaque chauffante. J'obéis sans rien dire. Je n'avais jamais vu le père de Sophie comme ça. Jamais. Elles n'étaient pas redescendues et je ne voulais pas les déranger. Sophie était ma meilleure amie et je savais qu'elle avait besoin de parler à une adulte. Je le ressentais. Quand elles descendirent, Mary me fit comprendre que je devais changer de sujet.

-Vous savez ce qui est arrivé tout à l'heure ? C'était genre énoooorme. J'étais chez Paul et y'a Alex qui lui a téléphoné pour savoir le plat préféré de Brian.

-Vraiment ? Hum. Elle ne trouvera jamais.

-Ah ? fit Sophie en regardant Mary.

-Je n'en suis pas certaine moi-même. Mon fils a une réelle passion pour la cuisine asiatique, c'est sûrement ce qu'il préfère cuisiner. Mais en même temps, Brian et les ribs ? C'est une grande histoire d'amour. Brian et les huitres ? c'est une grande histoire d'amour.

-Mais genre à son anniversaire, il n'y avait pas une chose que vous lui faisiez tout le temps ?

-En fait, je crois que Brian aime tout ce que je cuisine moi-même mais je pense quand même que l'Oyakodon est son plat préféré.

Mon père revint quelques dizaines de minutes plus tard alors nous étions passés à table. Tom nous racontait sa journée et mon père arriva. Il me sourit et se mit à table.

-Pardonnez mon retard.

-Qu'est-ce qu'il se passe avec le père de Sophie ?

-Il avait bu plus que de raison. C'est tout, tu n'as pas à t'inquiéter Sophie. Je l'ai ramené chez vous.

- Il a dit quoi ? insistai-je.

-Je ne veux pas que tu aies une mauvaise impression de Nicholas. Quand on boit, on peut dire des trucs vraiment stupides et c'est le cas avec lui. D'ailleurs à ce propos Sophie, il te présente ses excuses. Je suis certain qu'il t'appellera dès qu'il aura décuvé.

-Je vais attendre longtemps alors. Mon père a tendance à boire plus que de mesures en ce moment. Du moins, quand il est à la maison. Excusez-moi. Je suis désolée. Je ne devrais pas parler de ça.

-Tom ? Tu as fini, tu montes te laver les dents et tu vas te coucher, je vais venir dans 15 minutes.

-Mais Mamaaaaan.

-Dépêche-toi.

L'enfant obéit et je débarrassai la table. Mon père devait parler à Sophie, je le voyais. Je les entendais depuis ma cuisine.

-Ce n'est pas contre toi Sophie. Ton père t'aime, il ne faut pas que tu en doutes un seul instant. Mais je crois qu'il est un peu dépassé par les évènements. Je pense qu'apprendre que ton frère avait l'intention de rester définitivement à l'étranger et te voir bientôt partir à la fac... Je crois que ça lui a fait un choc. Parce que vous n'êtes plus des enfants. Il aimerait que tu restes une petite fille encore quelques temps.

-Je sais oui.

-Il me l'a dit tu sais.

-Il vous a aussi dit que vous aviez mal élevé Sarah. Ce qui n'est pas le cas.

-Nicholas et moi on se connait depuis qu'on a commencé le lycée. Il n'a jamais tenu l'alcool. Alors, ne crois pas ce qu'il dit quand il est sous influence. Ne crois jamais personne sous influence.

-Il n'était pas fâché contre vous John, rassurez-moi ?

-Il était furieux contre moi et contre lui-même aussi. Écoute mon enfant, je ne veux pas que tu t'inquiètes plus pour lui. Je ne te laisserai jamais et je ne te mettrai pas dehors.. sauf si tu venais à assassiner Sarah. Mais j'aurais une bonne raison, ajouta-t-il en riant.

J'étais revenue et mon père était mort de rire. J'entendis la porte d'entrée. Cela devait être Brian. Il posa son sac dans l'entrée et il passa sa tête.

-Tout va bien ?

-Salut mon ange, tu rentres plus tôt que je ne le pensais.

-Je voulais pas m'éterniser. En plus, on est lundi et le lundi de la rentrée tu fais toujours du moelleux au chocolat, je pouvais pas louper ça, c'est notre tradition. Ça va Sophie ? Tu as l'air un peu.. désespérée. Mignonne mais désespérée, précisa-t-il en tirant la chaise près de sa mère et en s'y asseyant en choppant une petite fourchette pour prendre du gâteau directement dans le plat. Il déchire ton gâteau M'man.

-Prends une assiette Brian ! Ne mange pas directement dans le plat, le réprimanda sa mère.

-Moi aussi je t'aime Maman. Alors ? C'est quoi le souci ?

-Y'a pas de souci Brian, répondit Sophie. Je me suis juste prise la tête avec mon père, du coup, je squatte chez vous, le temps que ça se calme.

-C'est normal de squatter dans sa deuxième famille, je te console quand tu veux.

Cet imbécile m'énervait avec son sourire pervers.

-Tu n'es pas censé sortir d'un dîner avec ta petite-amie ? rétorquai-je.

-Si et ?

-Tu ne vois pas le rapport ?

-Tout ce que je constate, c'est que ma fibre de chevalier se réveille quand une demoiselle est en détresse. C'est mon côté prince charmant qui ressort.

-Toi ? Un prince charmant ?

-Oui de toute évidence.

Son téléphone sonna et il fit la grimace en regardant qui l'appelait. Il fit un signe à sa mère et décrocha en se levant. Il s'arrêta et eut l'air sérieux tout à coup.

-Ah. Oui. Merci de m'avoir prévenu. Oui. Non.. bien sûr que non. Oui. Moi aussi je t'aime.

Il raccrocha et se tourna vers sa mère. Il avait l'air mal. Il regarda de nouveau son téléphone.

-Brisefer est mort, annonça-t-il d'une voix un peu rauque.

Sa mère eut l'air surprise et elle se leva pour prendre son fils dans ses bras.

-Je suis désolée Brian, je savais que tu aimais beaucoup de cheval.

-C'était le mien, c'est normal que je l'aimais beaucoup. Excusez-moi.

Il se détacha du sein maternel et il monta les escaliers. Mary se tourna vers mon père.

-Mon père a offert Brisefer à Brian quand il avait 3 ans. Un magnifique étalon. Il venait d'avoir 15 ans. Excusez-moi. Je pense que mon fils a besoin de réconfort.

Je regardai les Miller s'éloigner. Mon père avait l'air embêté de voir Mary mal pour son fils. Ce soir-là, je ne me concentrais pas du tout sur le film que je regardais. Sophie non plus d'ailleurs. Mary avait fini par nous rejoindre dans le salon

-Il va bien ? avait murmuré mon père en pensant que je ne l'entendrais pas.

-Non. Il est triste. Il aurait aimé être là-bas. Brian n'a jamais aimé s'épancher en public. C'est pour ça qu'il est parti. Je ne sais pas quoi faire pour le consoler.

J'arrêtai d'écouter. Brian avait donc une faiblesse ? Je ne pensais pas qu'il était du genre à pleurer pour la perte d'animaux. Mais en même temps, pourquoi pas ? Il ne pouvait pas être infaillible. Alors que je montais dans ma chambre, j'allai devant la sienne, sa porte était ouverte. Il était à genou près de son lit, les mains liés en une prière muette. Je ne voulais pas le déranger alors qu'il était entrain de prier. Cela ne se faisait pas. Pourtant il se retourna brusquement. Il y avait de la douleur sur son visage.

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Sophie voulait savoir si tu avais un chargeur à lui passer, comme elle est partie de chez elle rapidement.

Il se retourna et retira son téléphone éteint de son chargeur. Il me le tendit.

-Merci.. En fait Brian.. Je suis désolée pour ton cheval. Ça ne doit pas être facile de..

-Ta fausse compassion, je n'en veux pas, je hais la pitié, tu comprends ? Surtout à mon égard. Ne fais pas semblant d'être triste pour moi alors que..

-Je le suis mais pas pour toi. Ta mère ne sait pas quoi faire pour te consoler et elle en est triste c'est tout. Bonne nuit. Même si tu ne le mérites pas.

Il m'avait énervé cet imbécile. Pourquoi n'arrivait-il pas à être simplement gentil et aimable ? Il n'aurait pas pu se contenter d'hocher la tête et de ne rien dire ? Vraiment je n'en pouvais plus de Brian Miller et de ses brusques changements d'humeur.

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