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Lorsque je me réveillai, je me sentais un peu pâteuse. Mes volets étaient fermés mais je voyais le soleil en travers. Je me tournai et regardai le réveil. Il était 16h ! Je me levai mais je tombai à genou dans la précipitation. J'entendis des pas dans l'escalier et ma porte s'ouvrit. Je relevai les yeux et je vis mon père. 

-Papa ? Mais qu'est-ce que..
Ma voix me paraissait faible. Il se précipita vers moi et me souleva dans ses bras pour me remettre sur le lit et il posa ma tête sur son torse et m'embrassa.
-Qu'est-ce que tu fais là ? 
-Je travaille de nuit ce soir. Eric m'a appelé hier matin un peu paniqué parce que tu avais beaucoup de fièvre et que ça ne passait pas. 
-Hier matin ? Attends.. on est.. mercredi après-midi ? J'ai comaté pendant près de deux jours ? sérieusement ? Mais je ne m'en souviens pas !!
-Pour faire simple, tu as eu un virus. Je vais t'examiner si tu me le.. permets ? hésita-t-il.
Mon père se leva et ouvrit les volets. Il semblait tellement pâle, comme si il n'avait pas dormi de la nuit. Il me reprit ma température, ma tension et toute sorte de choses que font les médecins mais j'avais l'impression d'être un peu dans un monde un peu parallèle, dans une bulle. Je regardais dehors, il faisait un temps magnifique. 
-Est-ce que je peux avoir un verre d'eau ? 
-Oui, bien sûr, reste là. Eli ? tu peux ramener un verre d'eau pour Choupi ? 
Mon oncle arriva et resta à l'entrée de la chambre.
-Tu ne crois pas que sortir un peu lui ferait du bien ? Un petit tour de quartier..
-Oui, je pense. 
Mon père était fatigué en répondant ça. Je l'observai plus attentivement, il avait des cernes et l'air très malheureux. Je me sentis un peu mal pour le coup.
-J'ai bien envie d'aller faire un tour. Je pense que tu devrais dormir un peu Papa, tu prends ton service à 21h, non ? 5h de sommeil, ça ne sera pas de trop. Je vais juste aller dans le jardin.
Mon père hocha la tête et il s'étira. Je me levai tant bien que mal, j'avais faim et je marchai jusqu'à la porte de la salle de bain. Je me retournai au dernier moment. 
-En fait Papa.. je voulais te dire... Je suis désolée d'avoir insinué que l'accident était de ta faute parce que Maman t'avait envoyé un SMS. C'était mal. Je ne veux pas être ce genre de personne. Je voulais que tu le saches.
-Tu n'es pas ce gen..
-Si je le suis. Mary me l'a bien fait comprendre et c'est vrai que je n'aurais pas dû. 

J'entrai dans la salle de bain attenante pour me débarbouiller un peu. J'étais vraiment pâle et mes yeux ressortaient énormément. J'avais l'air d'un zombie. Une douche brûlante et rapide me fit du bien. Je m'appuyais sur le rebord du lavabo et d'un geste j'essuyais le miroir embué. J'avais l'air tellement crevée ! Je pinçai des lèvres et je revins dans ma chambre. Il n'y avait plus personne. Je m'habillai avec un sweat et un jegging. J'enfilai mes chaussettes et je rejoignis mon père et Elijah. Du moins mon oncle, parce que mon père était parti s'allonger pour quelques heures. J'embrassai Elijah et me hissai sur le bord de la cuisine.
-Tu as faim ? me demanda-t-il très prévenant.
-Oui mais j'ai envie d'un truc bon.
-Je vais te faire des pancakes. Ça te va ? Je ne sais pas si c'est recommandé après une maladie mais je ne suis pas un parent moi. Je n'en sais rien. 
-C'est clairement pas ce qu'il me faut. Papa va te tuer.
-Pourquoi je vais le tuer ? Tu es entrain de faire des pancakes Eli ? Pas question. Sarah tu prends un bouillon de légumes.
Mon père passa à côté de moi pour prendre un verre d'eau. Ça me faisait bizarre de voir mon oncle et mon père ensemble dans la cuisine comme si.. c'était normal. Comme si on avait toujours vécu là tous les trois. Mon père savait même où prendre les verres. 
-Mais Papa j'ai la daaaaaalllle.
-Surveille ton langage, jeune fille. Mange quelque chose de léger si tu ne peux pas tenir et mange un vrai dîner, ce soir. Bon je vais prendre un somnifère. Réveillez-moi vers 20h30 si vous ne me voyez pas. 
-Papa ? Je peux ne pas aller en cours demain ?
-Eric verra selon ton état. Si tu es opérationnelle demain matin, tu iras en cours.. sinon.. WE prolongé, j'ai cru comprendre par Brian qu'il y avait une journée pédagogique vendredi. Bon, je vous laisse. Et pas de pancakes Elijah, ajouta mon père en fronçant les sourcils et en utilisant sa voix la plus sérieuse avant de quitter la cuisine.

-J'ai connu ton père beaucoup plus insouciant, constata Elijah en rangeant les œufs et le lait.
-Tu as connu mon père quand il était jeune quoi. Je vais dans le jardin devant. Tu peux me passer une grappe de raisin. Je vais manger ça, ce sera mieux. 
Avec ma grappe de raisin en main, je me dirigeais vers la porte d'entrée et je l'ouvris et tombai nez à nez avec Sophie. Je me figeai. Elle avait une queue de cheval et elle devint rose.
-Sarah ? Tu es déjà sortie ? Tu veux un thé ? 
-Oui, merci.
Je pris brusquement le bras de Sophie et je la menai dehors avant de lui faire face.
-Qu'est-ce que tu fais là ? lui aboyai-je presque dessus.
-Je ne t'ai pas vu en cours hier. Alors j'ai demandé à Brian si tu étais malade et il m'a dit qu'il n'en savait rien parce que tu avais quitté la maison pour habiter chez ton oncle. J'ai appelé John pour savoir ce qu'il en était et..
-Tu as appelé mon père ? 
-Bah oui. Tu ne me répondais pas au téléphone alors... je ne savais pas quoi faire pour avoir ton contact. Il m'a dit que je pouvais passer te voir et il m'a donné l'adresse de ton oncle. Je suis passée hier soir, je suis tombé sur lui, il m'a dit que tu n'allais vraiment pas mieux. 

-Je peux savoir pourquoi tu as fait ça ? En quoi mon état te regarde ? 
-J'étais hyper inquiète Sarah. J'ai appris ce qu'il s'était passé avec l'autre conne d'Alexandra lundi dans les gradins et..
-L'autre conne ? l'interrompis-je. Je pensais que vous aviez sympathisé toi et ta nouvelle amie ironisais-je.
-Bien sûr que non ! s'écria Sophie. Tu plaisantes ou quoi ? 
-Vous sembliez très proche en cours lundi matin et quand tu étais aux toilettes aussi.
-Tu rêves, elle m'a juste demandé si je pouvais lui passer une cartouche d'encre et un mouchoir parce que le sien venait de fuir. Je suis une fille gentille, alors je l'ai fait. À la fin du cours, l'une des Alexandrinette m'a demandée si on pouvait faire un truc pour le bal d'Halloween parce que je suis dans le club théâtre. Je t'ai vue sortir, je voulais te rejoindre mais elle m'a retenue par le bras et  j'ai bien vu que tu ne voulais pas me parler... j'ai juste pas insisté. Et si Alexandra est venue me chercher dans les toilettes, c'est parce que je devais leur ouvrir la salle des accessoires pour la déco de la salle de bal. C'est tout. J'ai pas compris pourquoi tu m'avais hurlée dessus dans les couloirs et.. et.. j'aurais pas dû te parler comme ça, chez toi. Après la fête. Je comprends que tu ne veuilles plus me parler, après ce que j'ai dit alors.. tiens. Ce sont tes devoirs. J'ai photocopié mes cours et mes exercices. Salut, rappelle moi si tu veux renouer le contact. J'attendrai ton appel.

Je regardai Sophie, je ne savais pas exactement quoi dire. Elle ne m'avait pas menti, cette fille était incapable de le faire. Et elle me manquait à moi aussi. Elle était entrain de descendre le pallier, le dos droit, le menton relevé. Je la connaissais par cœur. Elle avait envie de pleurer.
-Attends ! 
Je dévalai les marches et lui sautais au cou.
-Je ne veux plus jamais qu'on se fâche, ni pour Brian, ni pour aucun autre mec. Jamais. Ils n'en valent pas la peine. Tu me manques beaucoup trop.
Les yeux de Sophie se remplirent de larmes et je sentais que les miens s'humidifiaient. 
-Je pensais que je pouvais tenir sans te parler mais tu me manques aussi Sarah.
J'entendis du bruit derrière moi et je vis Elijah avec un plateau, une théière et deux tasses. Il les posa sur le muret du perron et il sourit. 
-Attends Eli ! Tu n'aurais pas un peu de chocolate con churros ? 
-Toi tu es malade et je ne veux pas que ton père m'assassine, alors je peux en faire mais juste pour.. Sophie ? Ciel ! Vous avez grandi depuis la dernière fois que je vous ai vu, mademoiselle. 
Mon oncle descendit le perron et posa ses lèvres sur les joues de Sophie qui devint cramoisie. C'était l'effet Elijah qui commençait à jouer avec ma meilleure amie. Elle lui sourit gentiment.
-J'espère bien, j'avais 11 ans ! Et ne vous inquiétez pas, je ne veux pas vous déranger. Pas la peine de cuisiner. Enfin.. c'est bon le chocolate con churros ? ajouta-t-elle en voyant à ma tête que j'en voulais. 
-Très bon, je vais de ce pas en faire, je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire, toutes les deux. Vous n'avez qu'à rester dehors, mais Sarah, si tu ne te sens pas bien, tu rentres tout de suite. Je ne veux pas que tu attrapes un rhume en plus quand tu es sous ma surveillance.
-Oui oui. Même si techniquement Papa est là alors je suis plus sous sa surveillance à lui mais bon.
Je pris le plateau de thé et j'allais m'assoir sur la balancelle que mon oncle Eric avait fait installer à l'avant de sa maison, dans le jardin, pour faire plaisir à ma cousine. Je tendis une tasse à Sophie et saisis la mienne. Le breuvage chaud me fit le plus grand bien. Je demandai à Sophie des nouvelles du lycée. 
-Rien de particulier. Sauf que j'ai entendu une conversation entre Alex et une de ses copines. Apparemment, elle est dégoûtée parce que tu sais.. pour le stage, elle a demandé à un magazine de la prendre mais.. ils ont refusé, parce qu'ils avaient déjà une stagiaire. Elle était persuadée de l'avoir et du coup, elle n'a pas de stage...Qu'est-ce qu'il y a ?
-J'ai oublié de rendre ma convention ! Je l'ai même pas faite signer par Mary ! Je suis morte, la date limite c'était hier.
-Tu étais malade et je te rappelle que les secrétaires de la scolarité adorent ton père. 
Je souris et elle aussi. C'est vrai que mon père était adoré par les secrétaires de mon école. Il faut dire que mon père était adorable quand il voulait. Quand il souriait, les femmes avaient tendance à se pâmer. 

Quand Eli apporta le chocolate con churros, je remarquais à quel point elle m'avait manqué. Elle les partagea avec moi et je soupçonnais Eli d'avoir mis plus de churros juste pour que j'en mange. Nous parlâmes, parlâmes, parlâmes. Je voulais savoir tout ce que j'avais manqué. Le soleil finit par se coucher et nous rentrâmes dans la maison. Mon père était debout et il avalait des churros en compagnie de mon oncle et ils riaient à gorge déployée. 
-Salut Sophie ! 
-Salut John ! comment allez-vous ? 
-Très bien ! En fait, j'ai prévu dans ton stage un service de nuit, ça te dérange ? 
-Vous plaisantez ? Je trouve ça trop cool. Vous me direz quand par contre, histoire que je dorme avant. 
Mon père se mit à rire et il m'embrassa sur le front avant de partir. 
-Vous voulez rester dîner Sophie ? 
-Non merci monsieur, je dois rentrer et il est déjà tard. On se voit demain au lycée ? 
-Oui, ça dépendra de mon état en fait.
-Vous voulez que je vous ramène ? 
-Sophie a sa voiture oncle Eli. 
Mon oncle Eric arriva en criant un bonsoir tonitruant et il passa sa tête dans la cuisine et quand il vit Sophie son sourire s'épanouit.
-Sophie. Bon Dieu, vous avez changé ! Vous êtes devenue une jeune femme splendide.
Il s'avança dans la cuisine et lui serra la main. 
-Merci monsieur, vous n'avez pas changé depuis la dernière fois que je vous ai vu.
-Vous restez dîner avec nous ? 
-Je vais rentrer chez moi, je devais le faire depuis des heures déjà.
-Je vais vous raccompagner alors..
-J'ai ma voiture, mais c'est gentil de proposer. Sarah, je passe te voir demain si tu n'es pas remise.
Je la raccompagnai jusqu'à sa voiture. Elle me prit dans ses bras. 
-Je suis désolée encore une fois, c'est bien qu'on se soit expliquée toutes les deux.
-Enfin, tu ne m'as pas parlé de ce fameux gars.. une autre fois, j'imagine.
Sophie baissa les yeux, gênée. 
-On se skype tout à l'heure ? Je te dirai ce que tu veux savoir. Disons.. dans 50 minutes ? Il me faut 30 minutes pour rentrer chez moi et mes parents ne sont pas là ce soir.
-Ok. Envoie moi un message quand tu es chez toi. Je vais charger mon téléphone.
Je rentrai dans la maison, une fois ma copine hors de portée. Eric me prit dans ses bras et me demanda comment j'allais. 
-Ça va. J'ai pas très faim. Je pense que je vais juste prendre du raisin et un yaourt et je vais aller me reposer un peu.
-Tu as pris des couleurs c'est déjà bien.
-C'est l'air frais. Merci d'avoir appelé Papa. J'ai pu un peu discuté avec lui et je crois que notre histoire est réglée alors c'est cool. 
-Je suis content. Il était vraiment mal avec ça et je crois que ça t'a rendue un peu malade aussi. 
Après un frugale repas, j'allais chercher mon téléphone pour le charger. C'est à ce moment là que je remarquais que je n'avais pas mon chargeur. Je grommelai.
-Eric ? Eli ? hurlais-je depuis les escaliers. Vous n'avez pas de chargeur pour iPhone 4 par hasard, je n'ai pas le mien.
-Va voir dans mon bureau en haut à droite ! J'en ai peut-être un dans une boîte grise sur l'étagère.
Je filai dans le bureau de mon oncle. Il y avait des étagères remplis de livres anciens. Mon oncle Eric adorait les livres. Comme moi d'ailleurs. Je m'installais derrière son bureau, sur son énorme fauteuil en cuir. Il y a avait des cadres sur son bureau. J'eus la surprise d'en voir une de mes parents avec Elijah et lui. Ils étaient si jeunes dessus. La seconde photo datait de l'an dernier. J'étais entrain de rire avec ma cousine. J'avais la tête barbouillée avec du rouge à lèvres. Je me souvenais de cette journée. Elle avait décidé de me maquiller et elle m'en avait mis partout. Je me levai du fauteuil pour chercher une boîte grise. Elle était tout en haut de l'étagère. Du moins pour moi elle était super haute. Je sautai pour la récupérer et elle me tomba sur la tête. Je criai, désarçonnée et je vis trouble à un moment. J'entendis des bruits de pas dans le couloir et en quelques secondes, je sentis des mains autour de moi.
-Tu vas bien ? 
-Je me suis pris une boîte, il n'y a pas mort d'homme.
-Ok. Tiens, ton chargeur. 
Eric me souleva dans ses bras et m'emmena dans sa salle de bain personnelle. Il sortit un tube d'arnica et m'en mit sur le côté droit de mon front, comme si j'avais 5 ans et demi. Il me massa le crâne au passage. Mon oncle était un super père lui aussi. Je m'en rendais compte à ce moment là. Il prenait soin de moi comme si j'étais sa fille et cela me fit du bien. Depuis son mariage avec Mary, mon père s'occupait moins de moi et cela me peinait dans le fond. J'aimais bien être chouchoutée et la seule qui comptait à ses yeux, mais maintenant.. il avait une nouvelle famille. Je remerciai mon oncle et je filai dans ma chambre. Je branchai mon téléphone. La première chose que je vis c'était un e-mail de Brian qui datait de 5 minutes avant. Je levai les sourcils. Brian m'envoyant un mail ? Je cliquai dessus, il était gigantesque.. 

Petit  Bateau, 
J'espère que tu as bien profité de la stupidité d'un parent inquiet pour te faire porter pâle, je dois t'avouer que sur ce coup là tu m'as un peu épaté. Je ne pensais pas que John croirait deux secondes à ton petit numéro mais tu es une meilleure actrice qu'il n'y paraît. En tout cas, voilà les nouvelles, ma mère est juste à côté de moi et m'a demandé de te transmettre plusieurs informations. On a pas cours vendredi (journée péda) et mother m'a demandé de prendre tes affaires dans ton casier. Je l'ai fait et j'ai plusieurs constats à te faire.

1/ Mettre ta date d'anniversaire pour ton verrou est une belle connerie, n'importe quelle personne qui s'intéresse un minimum à toi peut le trouver.. bon maintenant tu me diras, y'aura pas grand monde. 2/Tu gardes tes affaires de sport dégueulasse dedans ? Tu es sûre que tu es une fille ? Ça puait la mort c'était immonde ... je les ai embarqué aussi mais à contre-cœur. D'ailleurs, on a des casiers de sport, c'est pas pour rien. 

3/Je n'ai pas piégé ton casier, tu pourras le rouvrir. Mais si j'étais toi, je changerais de code de verrou. 

Brian Miller, 
le seul mec cool qui te parle et qui a dû vider une bouteille de désinfectant après avoir manipulé tes affaires.

PS : Ah oui, j'ai oublié, ta colle a été annulée, grâce à moi, tu m'en dois une. 
PPS : Ma mère va venir te voir demain. 

Je levai les yeux au ciel. Je ne savais pas quoi lui répondre alors je lui envoyais un simple merci. Je survolai le reste de mes mails et je regardai tous mes SMS. Il y en avait une bonne vingtaine de Sophie. Ils passaient de la colère à la panique. Cela me fit à peine sourire. La pauvre, elle s'était vraiment inquiétée. Je m'en voulais un peu mais en même temps j'étais malade et je n'en avais pas la moindre idée. J'allumai mon ordinateur, et je remarquai que j'avais des appels manqués de.. Ray ? J'écoutais tout de suite mon répondeur.

Salut Sarah, c'est Ray ! Ça va ? J'ai passé une journée éreintante. Pffffff. On dirait pas comme ça mais faire des répets c'est crevant. Je voulais juste savoir si tu allais bien et si ça te disait qu'on se fasse un scrabble en ligne ce soir pour se détendre. Maintenant je peux comprendre que tu sois occupée, mais dis-le moi ! bisou.
C'était la fin du premier message. Il datait de 21h34. Il y en avait un autre deux heures plus tard. Ray avait une voix un peu moins enjoué sur celui là.

Hey ! désolé de te rappeler encore une fois, j'imagine que ton téléphone est déchargé et que c'est pour ça que tu ne m'as pas répondu.. hum.. mince, je ne sais plus ce que je voulais te dire... Aaaah si, pardon, il faudrait que tu me donnes ton adresse pour envoyer les Pass... remarque je peux demander à Bob, il la sait lui. Heu.. je me sens un peu con, surtout que tu dois être entrain de dormir, tu as cours toi demain. Excuse-moi pour le dérangement.
C'était la fin du second message et il y en avait un autre qui datait de mardi midi.

Salut Sarah, ça te dit de venir à une de nos répets ce soir ? Je sais que tu as dit que tu ne voulais pas avoir de surprise mais ça me ferait plaisir de te voir. Il est midi, tu dois juste finir les cours et je me dis que.. enfin... tu vas voir ce message sur ta pause. Alors.. préviens-moi, j'enverrais Bob pour te chercher.

Le pauvre.. il avait essayé de me contacter plusieurs fois. Et je n'avais pas pu lui répondre. 
Je ne veux pas paraitre pour un harceleur mais je trouve bizarre que tu ne me répondes pas.. J'ai fait quelque chose de mal ou quelque chose comme ça ? Je pensais qu'on s'entendait bien mais je me suis peut-être trompé. J'ai pas l'habitude de l'amitié garçon-fille, je suis toujours avec des mecs et.. et peut-être que j'ai dit ou fait un truc qu'il ne fallait pas alors dis-moi. Je.. enfin ton silence m'inquiète, je t'ai envoyé un MP sur Facebook et tu l'as même pas regardé.. Remarque tu as peut-être perdu ton téléphone au quel cas.. enfin si tu as ce message, dis-le moi, s'il-te-plaît.

Ce message datait de mardi soir et il y en avait un autre de ce midi. Mais ce n'était pas la voix de Ray que j'entendais mais celle de Clive Slunder. Je trouvais bizarre qu'il m'appelle d'ailleurs.
Salut Sarah, je ne sais pas si tu te souviens de moi mais c'est Clive Slunder, le meilleur ami de Ray. Hum.. je sais que ça peut te paraitre bizarre mais il est inquiet parce que tu ne lui réponds pas et que tu ne réponds à personne d'ailleurs.. alors si tu as ce message, envoie lui un signe de vie, okay ? 
J'arrêtais d'écouter le message de Clive et je cherchais le numéro de Ray immédiatement sur la touche d'appel mais je tombais sur son répondeur.Vous êtes bien sur le répondeur de Ray, laissez un message après le biiiip sonore ! Et si vous le faites en chantant ce sera encore mieux pour moi ! Je raccrochais et j'appelais Clive.
-Allllôôôôô ? fit la voix sexy de Clive.
-Clive ? Salut, c'est Sarah McAllister. Est-ce que Ray est avec toi ? 
-Heu.. non. Il est entrain de faire des longueurs dans la piscine de l'hôtel, ça va toi ? On s'est un peu inquiété.
-Je suis désolée, je suis malade depuis lundi soir et j'étais loin de mon téléphone
-C'est bien ce que je pensais, me rassura Clive. Je lui ai dit mais ça va lui faire plaisir de t'entendre. Tu peux le rappeler ou..
-Je suis directement tombée sur le répondeur en fait. 
-Attends deux secondes, on frappe à ma suite.
J'entendis Clive se lever et la porte s'ouvrir. 
-Tu es toujours là ? demanda-t-il après une bonne minute. 
-Oui je suis là.
-Il vient de remonter apparemment. Essaye de le rappeler et si il ne répond pas, dis-le moi, que j'aille l'engueuler un bon coup. En tout cas, j'espère que tu vas mieux.
-Ça peut aller. Merci Clive. 
Je raccrochais et rappelais Ray. Il décrocha immédiatement.
-Sarah. Que puis-je pour toi ? 
Il me parlait d'un ton froid et cela me refroidit instantanément.
-Je t'appelais pour te présenter mes excuses pour ne pas t'avoir joint plus tôt. Mais tu me parles tellement froidement que je pense que c'est une mauvaise idée en fin de compte. Alors je te souhaite une bonne nuit. Je te rappellerais quand tu seras un peu moins grognon.

-Sarah.. je..
Je lui raccrochai au nez. Il m'avait mise de mauvaise humeur cet abruti. Avait-il besoin de me parler aussi mal ? Je me connectai sur Skype au même moment que Sophie, je vis bientôt la tête blonde de ma meilleure amie.
-Tu as l'air de mauvaise humeur.
-C'est à cause de Ray. Il.. attends il me rappelle. 
-Mets le sur haut parleur, je veux entendre sa voix.
Je m'exécutai en riant et je repris un air sérieux.
-Ray. Que puis-je faire pour toi ? lui demandai-je du même ton qu'il avait employé.
Je vis Sophie qui commençait à se mordre la lèvre pour ne pas rire.
-Désolé. Je ne voulais pas te vexer. C'est juste que.. j'étais super inquiet et je pensais que tu avais fait exprès de ne pas me répondre. Clive m'a hurlé dessus.
-Bah oui. Je suis une personne franche, je sais qu'on ne s'est vu que 3 fois mais bon, je pensais que tu avais compris.
-Je suis désolé, tu as raison. T'es une fille normale, j'aurais dû m'en rappeler, tu me pardonnes ? J'aimerais que tu me pardonnes, c'est vrai que quand on est une célébrité comme moi, on a pas l'habitude d'essuyer des refus ou que les gens n'agissent pas exactement comme on le voudrait.
-Merci de te rappeler que je suis un être humain avec un libre arbitre.

Sophie leva les yeux au ciel et me tapa dans notre discussion instantanée qu'il fallait que j'arrête de le traiter comme ça et que je lui pardonne, il était tellement mignon de me rappeler pour s'excuser, je devais pas pousser le bouchon trop loin.
-Je te pardonne Ray mais à une seule condition...
-Je t'écoute ? 
-Je pourrais avoir une photo dédicacée de votre groupe ? 
-Tu as décidé de faire ta groupie finalement ? 
Je pouvais l'entendre sourire à travers ses paroles. Je l'imaginais même entrain de s'assoir ou alors s'accouder au balcon. 
-Oui un peu, et puis, je pourrais raconter à mes enfants qu'un jour j'ai vécu un truc fabuleux.
-Peut-être que je leur raconterais moi-même, rétorqua-t-il d'une voix douce.
Je devins toute rouge. Que voulait-il dire par là ? Qu'il voulait faire des enfants avec moi ou alors que nous serions toujours amis d'ici là ? 
-Oui, peut-être, balbutiai-je.
-Alors je suis pardonné ?
-Oui. Tu es pardonné, murmurai-je.
-Cool, ça me rassure que tu ne sois pas fâché contre moi. Tu devrais te reposer, tu es malade, on se parle un autre jour alors.. Quelqu'un frappe à ma porte, il faut que j'y aille. Fais de beaux rêves, ajouta-t-il d'un ton tellement gentil que même Sophie eut l'air attendri.
-Merci, toi aussi.
Je raccrochai et Sophie poussa un hurlement strident de groupie.
-Oh mon Dieeuuuuu. Ray McClunsky vient de te demander de faire de beaux rêves quoi. Le truc improbable. 
-C'est clair. Je suis abasourdie, je peux même faire du chantage affectif avec lui, ça marche quoi.
-Du chantage affectif ? Tu as quelque chose à m'avouer Sarah ?
-Absolument rien. Je peux te l'assurer.
-Tu sais quoi ? Tu as l'air totalement crevée Sarah, si tu veux on parle plus demain ? Je sais que j'avais dit que..
-Oui tu as raison. Je suis fatiguée.. et puis si je veux être opérationnelle demain pour aller au lycée.. en fait, je te transfère le mail de Brian, dis-moi ce que tu en penses.
Je lui souhaitai une bonne nuit et je m'affalai sur mon lit en fermant les yeux. Je repensai aux messages de Ray et je souris. J'avais hâte d'être à son concert de la Toussaint pour le revoir. Et pour revoir Clive aussi. Ces gars là arrivaient à me faire sourire même quand ils n'étaient pas là. Je ne tardai pas à m'endormir, le visage de Ray derrière mes paupières.


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